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EPFL / ENAC / ARCHITECTURE _ ELODIE ROTZER _ 2008-2009
ENONCE THEORIQUE
L’EDIFICE RELIGIEUX MULTIFONCTIONNEL COMME SOLUTION D’AVENIR ?
LE CAS DE L’EGLISE NEO-APOSTOLIQUE
PROFESSEUR RESPONSABLE _ JEAN-PAUL JACCAUD
PROJET DE MASTER
UNE CONSTRUCTION SACREE ET PROFANE A ALBISRIEDEN, ZURICH
DIRECTEUR PEDAGOGIQUE _ JEAN-PAUL JACCAUD
PROFESSEUR _ VINCENT KAUFMANN
MAITRE EPFL _ AGNES PERRETEN
EXPERT EXTERIEUR _ OLIVIER LIARDON
2
Remerciements
Les clés de lecture des plans se trouvent dans le rabat de la
couverture.
J’aimerais remercier toutes les personnes qui m’ont aidé et soutenu durant mon travail: mon
père, ma mère, Daniel Schrepfer et Stephan Baur de la section immobilière de l’administration
suisse de l’Eglise néo-apostolique, Benno Vonplon, l’organisateur du concours, Jean-Paul
Jaccaud et Vincent Kaufmann pour leurs conseils professionnels, Agnes Perreten pour son
soutien, son intérêt, ses compléments et ses corrections très précises et Olivier Liardon.
Introduction
6
1 _ Repères
16
1.1. Faits et chiffres de la religion en Suisse
1.2. La religion néo-apostolique
30
2 _ Forme construite des églises néo-apostolique
2.1.
2.2.
2.3.
2.4.
2.5.
Historique
Organisation de l’espace cultuel
Lumière et couleurs
Acoustique et sonorité
Symbole et signe extérieur
62
3 _ Historique des constructions profanes et sacrées
3.1.
3.2.
3.3.
3.4.
3.5.
Les couvents
Les hôpitaux
Les écoles
L’église centre social
Exemples contemporains
4 _ Réflexion actuelle sur le patrimoine religieux
100
5 _ Etude de cas
112
5.1.
5.2.
5.3.
5.4.
5.5.
5.6.
5.7.
5.8.
5.9.
Géographie de la religion néo-apostolique
L’étude existante
L’église d’Albisrieden
Immersion
Réseaux
Fonctions
Bâti
Espaces verts
Projets existants
154
6 _ Hypothèses de travail pour le projet
6.1. Thèmes architecturaux
6.2. Construction
170
Bibliographie
4
Introduction
« Mes parents, de confession néo-apostolique, se rendent très régulièrement au culte.
Lorsque je les y ai accompagné un soir de semaine, quelle n’a pas été ma stupéfaction de
constater que l’assemblée se résumait à une dizaine de fidèles. Et durant l’heure qui a suivi, je ne
pouvais m’empêcher de penser à ce contraste entre ces quelques personnes présentes et ce
grand volume sacré presque vide. L’église est située dans un quartier calme de la ville d’Yverdonles-bains, proche du centre ville, au bord d’un petit canal, entourée de maisons d’habitations. Je
me dis que l’entretien d’un tel bâtiment demande un grand investissement, disproportionné face
à son utilisation réel. »
Effectivement, en m’intéressant de plus près au phénomène, je lis partout que la fréquentation
globale des lieux de culte diminue sans cesse. D’un côté, les églises doivent se remettre en
question pour devenir plus attrayante, et, d’un autre côté, elles doivent adopter une stratégie
nouvelle pour gérer leur patrimoine immobilier. En Suisse, ce phénomène touche
principalement le christianisme, notamment la confession catholique et la protestante ainsi que
la religion juive.
6
Problématique
Cette problématique existe depuis une trentaine d’années déjà, autant dans l’église néoapostolique que dans les autres confessions en Suisse. Depuis les années 70, les églises font face
à une diminution de plus en plus marquée du nombre de leurs membres. Il n’existe pourtant pas
une grande préoccupation architecturale afin de réfléchir à une solution.
Parmi les travaux de diplôme des années précédentes, il n’y a que l’énoncé théorique de Monica
Knechtle (« Une maison des religions à Berne, un centre de culte et de culture », 2004/2005) qui
traite une nouvelle manière de construire l’espace religieux. Quelques parutions assez récentes
semblent commencer à se préoccuper du problème, mais reste souvent dans le domaine
religieux, sans y introduire des architectes aux autres acteurs (sociaux, culturels, …).
Actuellement, certaines solutions commencent à être envisagées par les Eglises pour parer au
problème des édifices vides :
_ la location ou la vente des églises à des communautés de religions grandissantes en
Suisse et qui manquent de locaux
_ la réaffectation :
o vers une fonction conservant le caractère public et culturel de l’église,
comme un musée, une bibliothèque ou une salle de concert ou de spectacle
o vers une fonction autre telle que logement, poste, discothèque ou bar
_ le remaniement complet de l’existant pour adapter sa taille et son programme aux
exigences liturgiques actuelles
_ la démolition
8
Dans ce travail, je veux me concentrer sur une solution novatrice, encore peu utilisée, qui peut
paraître paradoxale. Mon travail ne va effectivement pas se focaliser sur la réutilisation d’un
bâtiment existant, mais sur la construction d’un nouveau type d’édifice, mêlant affectation
sacrée et affectation laïque. Cette solution a déjà été expérimentée par l’Eglise néo-apostolique
et elle a été concluante. Pragmatiquement, elle permet de rentabiliser la surface bâtie et les
coûts de construction, conceptuellement, elle envisage une vie religieuse de la communauté
actuelle, évoluant avec son temps.
L’Eglise néo-apostolique a déjà réalisé un bâtiment multifonctionnel à Bülach, près de Zurich.
L’édifice contient une partie religieuse avec notamment une salle de culte, et une partie
profane, composée de logements pour familles. Cette expérience a été concluante ; c’est donc
tout naturellement que l’Eglise aimerait poursuivre dans cette optique-là, en lançant un
concours pour un bâtiment de haute densité, en ville de Zurich, dans le quartier d’Albisrieden.
L’édifice religieux qui s’y situe actuellement appartient à l’Eglise mais n’est plus du tout adapté
aux besoins et à l’urbanisme existant. Il est donc prévu de le détruire, et d’y reconstruire un
nouvel édifice. Pour augmenter la rentabilité du terrain, tout en gardant un lieu de culte à cet
endroit, l’Eglise propose un concours d’architecture pour un bâtiment multifonctionnel,
combinant un espace religieux avec des bureaux ou des logements. La qualité de la situation
dans un quartier novateur permet de donner à la société une image positive de la religion néoapostolique
On ne peut, en fait, pas parler de solution novatrice, car cette association de fonction profane et
fonction sacrée existe depuis longtemps déjà. Depuis la naissance du christianisme, il y a ce lien
idéologique entre les fondements religieux et les soins ou l’enseignement par exemple.
J’aimerais donc apporter ma contribution à cette problématique, notamment grâce à mon
expérience personnelle de l’espace religieux, et aussi grâce aux contacts avec les personnes
responsables du patrimoine immobilier de l’Eglise néo-apostolique.
10
Méthode
Le cas de l’Eglise néo-apostolique me permet d’avoir une vue générale sur toute la Suisse, tout
en gardant une échelle saisissable de par sa taille (environ 200 églises en Suisse). Comme la
religion néo-apostolique est chrétienne, elle reste proche des deux confessions majoritaires en
Suisse, le protestantisme et le catholicisme par ces fondements et concepts.
En premier lieu, des tableaux et des statistiques résument l’état actuel de la religion en Suisse,
et y situent plus précisément l’Eglise néo-apostolique. J’explique ensuite ce qu’est la religion
néo-apostolique, par son histoire, son organisation, sa conception de la communauté, sa
doctrine, ses sacrements, la vie quotidienne de ces croyants ainsi que son rôle social.
J’analyse dans une deuxième partie la transposition des fondements religieux néo-apostolique
en formes construites. En passant à travers son histoire, l’organisation de l’espace cultuel, la
question de la lumière, de l’acoustique et des symboles, je vais étudier plus précisément ce que
sont les églises néo-apostoliques et s’il existe une identité architecturale précise.
Dans la troisième partie, un historique et une analyse du patrimoine bâti qui regroupe fonctions
profanes et sacrées seront établis. Pour ceci, je vais m’en tenir au christianisme, en Europe
principalement, et citer quelques exemples parlants. Les références les plus répandus sont bien
entendu les couvents, mais aussi les hôpitaux et les écoles. Quelques références
contemporaines permettent de voir l’émergence de l’église comme centre social religieux et laïc
d’une communauté.
Dans la continuité du deuxième chapitre, je vais réfléchir à une stratégie actuelle pour l’avenir
du patrimoine immobilier de l’Eglise néo-apostolique. Celle-ci possède plusieurs méthodes de
classements des églises, qui façonnent l’avenir du paysage religieux néo-apostolique suisse. Le
principe de réaffectation des lieux de culte est-il une solution valable ? Vers quelle manière de
pratiquer la religion se dirige-t-on actuellement ?
12
Dans la dernière partie, je réalise une étude de cas d’un édifice religieux néo-apostolique
existant. Suite à une analyse déjà effectuée par un bureau d’architecture, sur les différentes
possibilités envisageables, une construction mêlant fonctions profanes et fonction sacrée
s’impose à cet endroit. J’analyse donc ce site en prenant en considération son emplacement
dans la géographie de la religion néo-apostolique, l’étude existante, l’édifice religieux existant,
les réseaux, les fonctions alentours, le bâti du quartier, l’environnement et les projets existants.
Grâce à cette étude de cas, les bases pour la réalisation du projet de master seront posées.
Dans la conclusion, un court résumé ainsi que les hypothèses de travail seront posées pour
démarrer le projet.
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1 _ Repères
La pratique de la religion souffre d’une baisse de fréquentation des édifices religieux depuis une
trentaine d’années déjà. La société actuelle valorise la satisfaction personnelle, psychique et
physique, sans y inclure la pratique d’une confession, étant souvent perçue comme
contraignante. D’un autre côté, l’Eglise peine à s’adapter à cette société changeante, qui est à la
recherche d’une nouvelle spiritualité.
Dans ce chapitre, des statistiques et des tableaux permettent de comprendre l’évolution des
religions en Suisse, l’évolution des membres de l’Eglise néo-apostolique, des places assises et
des budgets de construction. Puis une explication de la religion néo-apostolique permet de
s’immerger dans le contexte et est nécessaire à la bonne compréhension du travail.
16
1970
Sans indications
Eglise évangélique réformée
1980
1990
2000
24’287
69’097
101’899
315’766
2'910’461
2'792’616
2'646’723
2'408’049
Eglise évangélique méthodiste
10’861
5’925
10’101
8’411
Eglise néo-apostolique
30’832
29’028
30’607
27’781
Témoins de Jéhova
10’369
14’442
19’584
20’330
Autres Eglises protestantes
26’084
23’725
90’997
104’553
Eglise catholique romaine
3'096’654
3'030’069
3'172’321
3'047’887
Eglise catholique du Christ
20’268
16’571
11’748
13’312
Eglise orthodoxe chrétienne
20’967
37’203
71’501
131’851
Autres commun. chrétiennes
3’087
18’945
8’310
14’385
Communautés juives
20’744
18’330
17’577
17’914
Communautés islamiques
16’353
56’625
152’217
310’807
Autres Eglises religieuses
Aucune appartenance
Total
7’237
11’833
29’175
57’126
71’579
241’551
510’927
809’838
6'269’783
6'365’960
6'873’687
7'288’010
1.1. Faits et chiffres de la religion en Suisse
Selon le dernier recensement fédéral, réalisé en 2000, plus de 70% de la population résidant en
Suisse est de confession chrétienne. La grande majorité de ces personnes appartiennent à l’une
des deux grandes Eglises reconnues : l’Eglise évangélique réformée et l’Eglise catholique
romaine.
membres en augmentation
membres en diminution
Tableau: Population résidante en Suisse selon l’apparte nance religieuse, 1970-2000.
Source: BOVAY C. / BROQUET R., Religionslandschaft in der
Schweiz.
Depuis les années 70, les religions traditionnelles les plus répandues (les Eglises évangéliques,
l’Eglise néo-apostolique, les Eglises catholiques et la communauté juive) font face à une
diminution de plus en plus marquée du nombre de leurs membres. Même si le tableau ci-contre
(« Appartenance religieuse de la population suisse ») ne montre pas un net recul des membres
des différentes Eglises, c’est surtout la fréquentation régulière des lieux de culte qui baisse. Ce
fait est difficilement démontrable par des statistiques, il faudrait, pour cela, consulter les
chiffres que possède chaque Eglise sur sa fréquentation.
Cette analyse ne va pas s’atteler à trouver une explication à ce phénomène, ni au phénomène
inverse qui touche certaines églises comme les Témoins de Jéhova ou l’Eglise orthodoxe.
18
40000
35000
30000
25000
20000
15000
10000
5000
0
1930
1940
Membres
1950
1960
1970
Membres actifs
1980
Places assises
80
60
40
20
0
2007
2012
Budget
Besoins
1990
2000
Le premier tableau est un recensement des membres de l’Eglise néo-apostolique réalisé par
elle-même. La courbe bleu foncé (membres) montre le nombre de membres total, la courbe
bleu (membres actifs) représente les fidèles qui assistent régulièrement au culte, et la courbe
bleu clair (places assises) reproduit la quantité de places assises que possède l’Eglise. Suite à la
forte augmentation des membres entre les années 30 et 50, l’Eglise doit construire des
bâtiments, pour accueillir tous ses fidèles. Mais, lorsque dans les années 70, le nombre de
places assises dépassent le nombre de fidèles assistant au culte, la stratégie de l’Eglise ne
change pas : elle continue de "produire" de l’espace religieux. Ainsi donc, l’Eglise se retrouve
actuellement avec un nombre de places assises plus que double du nombre de fidèles qui les
occupent.
Tableau 1 : Membres de l’Eglise néo-apostolique en Suisse,
de 1930 à 2000.
Source : ENA, Suisse.
Tableau 2 : Budget et besoins en millions pour le parc
immobilier de l’Eglise néo-apostolique en Suisse.
Source : ENA, Suisse.
L’Eglise possède un parc immobilier qui excède ses besoins, elle n’a pourtant pas les moyens
d’assurer les coûts d’entretien de ces bâtiments à long terme. Dans le deuxième tableau, une
comparaison est faite entre le budget à disposition jusqu’en 2012 et les besoins réels si tous les
bâtiments actuels sont conservés. L’écart entre besoin et budget se situera autour des 25
millions de francs suisses.
Il est donc vital de trouver une solution pour le parc immobilier des édifices religieux de l’Eglise
néo-apostolique dans ces prochaines années, qui passe immanquablement par une réduction
des lieux de culte.
20
1.2. La religion néo-apostolique
Histoire
Au 19ème siècle, en Angleterre et en Ecosse, suite à des prophéties et des guérisons, de fervents
chrétiens catholiques se réunissent pour créer la communauté catholique-apostolique. Ils
croient à la remise en fonction d’apôtres, comme au temps de Jésus. Dès 1832, la communauté
se développe, dirigée par des apôtres. En raison de divergences d’opinion portant sur quelques
interprétations de la Bible, la « Mission Générale Apostolique Chrétienne » est crée en 1863, il
s’agit de la racine de l’actuelle Eglise néo-apostolique.
En 1893, un chrétien néo-apostolique d’Allemagne du Nord fonde la première communauté en
Suisse, à Zurich. La communauté grandit et s’étend dans la ville de Zurich, puis sur tout le
territoire du pays. En 1940, on compte plus de 20'000 membres et 191 communautés, en Suisse.
Organisation territoriale
L’autorité suprême et spirituelle de l’Eglise est l’apôtre-patriarche. Sa position est comparable à
celle qu’occupait en son temps Pierre dans le cercle des apôtres. Les collaborateurs les plus
étroitement liés à l’apôtre-patriarche sont les apôtres de district, qui dirigent des églises
territoriales. A leur côté travaillent d’autres apôtres. Les évêques, anciens et évangélistes de
district assistent les apôtres dans l’accomplissement de leurs tâches. Le territoire mondial est
donc partagé en diverses zones, regroupées sous la tutelle d’un responsable. Ces zones
contiennent les différentes communautés, constituées des fidèles.
Dans la notion globale, les 11 millions de chrétiens néo-apostoliques, qui vivent au sein de
66'000 communautés réparties sur les cinq continents, appartiennent à toutes les catégories
sociales, peuples et générations.
22
-
Dieu est Trinité, il veut que tous les hommes soient sauvés;
Jésus-Christ gouverne son Eglise qu'il a dotée de l'apostolat, ministère indispensable à la
préparation des fidèles en vue de son retour;
Jésus-Christ a institué trois sacrements qui sont également dispensés aux enfants: le
saint baptême d'eau, la sainte cène et le saint-scellé;
le retour de Jésus est proche, c'est un événement sciemment intégré dans la vie des
chrétiens néo-apostoliques;
Jésus-Christ ne reviendra pas siéger pour le Jugement Dernier, mais prendre les siens
auprès de lui;
avant le Jugement Dernier, au cours d'un règne de paix assuré par le Fils de Dieu, tous
les hommes, ici-bas et dans l'au-delà, se verront proposer grâce et rédemption;
aux âmes de ceux qui n'auront pas obtenu grâce et rédemption ici-bas, seront aussi
dipensés les trois sacrements au cours de services divins particuliers (les services divins
en faveur des défunts qui ont lieu trois fois par année).
Communauté locale
Le centre de la vie de l’Eglise se trouve dans les différentes communautés. Pour les diriger, les
apôtres mandatent des bergers, évangélistes et prêtres. Les responsables de communauté sont
soutenus dans leur tâche par d’autres prêtres, par des diacres et des sous-diacres.
Les communautés sont de différentes tailles. Les plus petites recensent quelques dizaines de
membres se rendant au culte régulièrement, tandis que les plus grandes regroupent plusieurs
centaines de membres. Cette taille relativement restreinte permet d’avoir un contact privilégié
autant avec les autres fidèles, qu’avec les responsables de communauté. Ces contacts
développent un sentiment d’appartenance et d’identité à la communauté. La visite régulière du
prêtre dans chaque famille de la communauté crée des liens forts. La présence d’un portier, qui
reçoit les fidèles au seuil de l’église avant le culte, fortifie l’idée d’accueil au sein d’un groupe.
Lorsque, pour ce travail, j’ai visité quelques églises où je ne connaissais personne, les fidèles
m’ont toujours accueilli très chaleureusement, en me serrant la main et me posant des
questions. D’une manière générale, les fidèles se connaissent et se tutoient, ils se réunissent
après le culte pour se rencontrer dans un cadre amical. Beaucoup de membres soignent ces
liens d’amitié aussi en dehors de la religion, en se rencontrant pour des sorties ou des repas.
Doctrine
Confession de foi de l’Eglise néo-apostolique.
Source : www.nak.ch
L’Eglise néo-apostolique se définit comme étant l’Eglise de Christ à l’instar des communautés
apostoliques du temps des premiers apôtres. L’écriture sainte et la parole opportunément
suscitée par l’esprit constituent, ensemble, le fondement religieux de son enseignement qui vise
à proclamer le plan de rédemption divin et à préparer les âmes parvenues à la foi en vue du
retour promis du Christ.
24
Sacrements
L'Eglise néo-apostolique reconnaît les trois sacrements prescrits par Dieu.
- Le sacrement du saint baptême d’eau
- La sainte cène
- Le sacrement du saint-scellé
Vie du croyant
La religion néo-apostolique ressemble d’avantage au protestantisme qu’au catholicisme s’il faut
la comparer à des éléments connus. Elle s’est aussi détachée du catholicisme par réaction
contre son interprétation de la bible et son faste. Ses bâtiments religieux sont donc sobres et
simples, sans iconographie, ressemblant parfois aux temples réformés.
Les collaborateurs de l’Eglise ne sont pas des personnes ayant suivi une formation théologique.
N’importe quel fidèle peut théoriquement obtenir un poste à responsabilité, qui reste non
rémunéré jusqu’au niveau des apôtres. Par contre, ce ne sont que des hommes qui peuvent
occuper ces postes.
La dispense de l’école du dimanche, le nettoyage des locaux, la visite aux personnes âgées, la
participation au chœur et à sa direction, l’accompagnement musical tout comme la décoration
florale sont effectués par les fidèles volontaires. Toutes les biens économiques de l’Eglise
proviennent uniquement des dons des fidèles, déposés dans le tronc à la sortie de l’église.
Photos : La vie de communauté : choeur, fêtes, repas et
sorties mêlant toutes les générations.
Source : www.nak.ch
Le culte a lieu tous les dimanches matins et les mercredis soirs dans chaque communauté.
Durant le culte du dimanche matin, il y a une « école du dimanche » pour les enfants, où
l’histoire de dieu leur est racontée par des jeux. Quant aux adolescents, l’instruction religieuse
les prépare à leur confirmation.
26
Rôle social
La Fondation d'utilité publique de l'Eglise néo-apostolique de Suisse contribue principalement
au financement de projets sociaux et humanitaires en Suisse, en Italie, en Espagne ainsi que
dans les pays de l'ex-Bloc de l'Est et du tiers-monde. Environ deux tiers des fonds servent à
financer des projets en Suisse; un tiers des recettes est affecté à l'aide d'urgence internationale
en faveur de régions touchées par les catastrophes et la guerre.
Cette fondation verse des aides financières sur demande à des institutions publiques et privées,
telles que maisons de retraite, établissements médico-sociaux et centres d'accueil et de
consultation.
Photos : Les actions caritatives néo-apostoliques : aide aux
handicapés, visites de personnes âgées, construction d’écoles
ou de centre de vacances.
Source : www.nak-caritativ.de
La Fondation pour la mission de l'Eglise néo-apostolique de Suisse soutient la propagation de la
foi néo-apostolique à l'étranger, notamment dans les pays de l'ex-Bloc de l'Est et dans les pays
en voie de développement en tant que tâche humanitaire. A cette fin, elle peut acquérir ou
louer, à l'étranger, des biens immobiliers qu'elle laisse à la jouissance des Eglises territoriales
des pays concernés. Les locaux sont affectés à divers usages: célébration de services divins,
centres de soins ambulatoires, écoles, foyers, hôpitaux. Au moyen de ses fonds, la Fondation
peut en outre aider les membres nécessiteux de l'Eglise néo-apostolique à l'étranger en leur
accordant des soutiens financiers, des bourses, etc.
28
2 _ Forme construite des églises néo-apostolique
L’Eglise néo-apostolique d’Allemagne a publié un document sur la construction d’églises et leur
entretien. Elle y décrit des instructions pratiques pour la planification et la construction
d’édifices religieux, mais aussi des recommandations pour concevoir ces espaces. Ces
indications insistent sur quelques points comme la valeur architecturale permanente, le signe
collectif, l’image publique convaincante. Il précise que l’architecte d’une église néo-apostolique
doit traiter de thèmes comme les valeurs émotionnelle, sentimentale et sensationnelle de
l’édifice en rapport avec les fidèles.
Les églises néo-apostoliques allemandes n’ont cependant pas une grande ressemblance avec les
églises suisses. Certains types se retrouvent parfois, mais l’Allemagne étant le pays où la religion
néo-apostolique s’est le plus développé, l’attention à une architecture de qualité a pris une plus
grande importance.
Dans ce chapitre, je vais traverser l’histoire, très jeune, des bâtiments de l’église néoapostolique en Suisse, pour en comprendre l’évolution. En m’attardant sur l’organisation de
l’espace cultuel, la lumière, les symboles et l’acoustique, je vais essayer de faire ressortir une
permanence du type, une identité propre qui différencie les églises de cette confession par
rapport aux autres. Par la transposition en architecture des fondements religieux de l’Eglise néoapostolique, une forme spécifique prend naissance, reconnaissable et identifiable.
30
2.1. Historique
Le foyer
Tout comme les premiers chrétiens, les fidèles venant de se détacher de l’Eglise catholique se
réunissent dans le foyer de l’un d’eux pour y célébrer le culte. A ses débuts, les membres de
cette nouvelle église devaient souvent se cacher, car ils faisaient partie d’un mouvement illégal
de protestation. Le fondement religieux selon lequel le Christ viendra chercher ses fidèles pour
les emmener au ciel, oblige l’Eglise à n’avoir aucune attache physique sur terre. La religion
chrétienne était à ces débuts aussi « illicite » et l’on se réunissait dans une maison particulière.
Le foyer d’un membre se transforme donc en salle de réunion pour les fidèles le temps du culte.
Tant que la pièce était assez vaste pour accueillir la prédication, le culte dans une habitation ne
demandait pas de dispositions particulières. Cette ambiance familiale va caractériser l’espace
religieux néo-apostolique, et les fidèles s’y identifient fortement, encore aujourd’hui.
Location de salles
Image noir-blanc : Maison dans laquelle l’Eglise loue un local
pour le culte, Heiden.
Source : Album photo de la communauté de Heiden.
Images couleurs : Célébration du culte dans le foyer d’un
fidèle.
Source : Album photo de la communauté de Stäfa.
Rapidement, les communautés s’agrandissent et ont besoin d’espaces plus grands. Elles louent
donc des locaux dans des maisons privées, souvent uniquement durant le temps nécessaire au
culte, le dimanche matin. Une table couverte d’une nappe et décorée d’un bouquet de fleurs
fait office d’autel. Des chaises sont installées en face, pour les participants. La communauté ne
possédait donc pas de locaux permanents auxquels elle pouvait s’identifier. Elle était
constamment en mouvement, ce que demandait en fait clairement l’un des fondements
religieux. Comme le retour de Jésus est attendu prochainement, l’attachement aux objets
physiques de la terre est proscrit.
32
L’exemple, encore récent, de la communauté d’Oron-la-Ville (VD) montre bien ce manque de
lieu permanent auquel s’identifier. L’Eglise commence par louer une salle à manger du
restaurant villageois pour ses cultes du dimanche matin. Avec l’agrandissement de la
communauté, elle se déplace dans le village d’à côté, pour y louer l’annexe d’un bâtiment, qui
est en fait un petit logement meublé. Les lits, les tables, les armoires et autres sont amassés
dans l’entrée et recouvert d’un drap. Avec la diminution des membres de cette communauté,
elle est dissolue et les fidèles sont distribuées dans d’autres communautés, comme Vevey,
Lausanne, Payerne ou Fribourg, selon la proximité. Une autre communauté se forme à Bulle (Fr),
qui louera pendant une dizaine d’années un logement dans un petit immeuble pour célébrer ces
cultes. Cette communauté existe encore aujourd’hui. Ses membres sont très attachés les uns
aux autres, seule constante de leur vie religieuse. En se déplaçant de lieu en lieu, ils avaient pour
seul identité le groupe de fidèles composant la communauté.
Achat de bâtiments
Et puis, avec le temps, l’Eglise devient propriétaire de certains de ces bâtiments, qui n’avaient
rien de religieux à leur origine. Encore aujourd’hui, l’Eglise possède des édifices profanes qu’elle
a transformés en lieu de culte.
Image 1 : Petite maisonnette qui a été l’église d’Oron-la-Ville.
Photo personnelle.
Image 2 : Maison louée pour la communauté d’Huttwil.
Image 3 : Maison louée pour la communauté d’Erstfeld.
Image 4 : Maison louée pour la communauté de Bienne.
Source : www.nak.ch
L’évolution de l’espace de culte de l’Eglise néo-apostolique se dirige toujours plus vers un lieu
spécifique. Il commence par le nomadisme, l’éphémère, la mobilité, avec une communauté sans
attache physique, donc sans lieu de réunion précis. Puis il passe par l’adaptation et
l’appropriation de différents espaces laïques, par pragmatisme, mais aussi à cause d’une prise
de conscience que Jésus ne reviendra peut-être pas aussi rapidement que prévu. Les fidèles
adaptent et transforment les édifices afin qu’ils répondent à leur besoin de se réunir et
d’entendre la parole de Dieu. La prise de conscience de leur présence à plus long terme sur la
terre induit logiquement l’étape suivante qu’est la construction d’églises.
34
Premières constructions type « salle de réunion »
Dans cette logique, dès les années 1920, l’Eglise néo-apostolique construit ses premiers édifices,
mais toujours en gardant l’idée de leur présence éphémère sur la terre. Ce qui se traduit par des
bâtiments de type « salle de réunion », très simples et sobres, avec quelques locaux annexes. Ils
ne rappellent en rien une église, avec son caractère immuable, mais plutôt une espèce de
hangar habitable, éphémère. Ces constructions ne symbolisent en rien une église de l’imaginaire
populaire. Elles conservent l’image d’une maison ou d’une caravane, toujours avec cette idée de
mobilité.
Images 1 à 4: Les fidèles aident à la construction de la
nouvelle église de Heiden.
Source : Album photo de la communauté de Heiden.
Image 5 : Eglise de Heiden (1961)
Image 6 : Eglise de Glarus (1966)
Source : Archive de l’ENA, Zurich.
Image 7 : Eglise de Saanen (1961)
Image 8 : Eglise de Rorschach (1950)
Source : www.nak.ch.
Image 9 : Eglise de Morges (1955)
Source : Archive de l’ENA, Zurich.
Image 10 : Eglise d’Olten (1947)
Source : www.nak.ch.
Comme le nombre de membres de l’Eglise augmente fortement jusque dans les années 1950,
d’autres églises sont construites, principalement sur le même modèle des « salle de réunion »,
mais plus grandes. Un plan de base est réutilisé pour chaque nouvelle construction, en évitant
au maximum les changements, pour des raisons de coûts et de simplification. Sur les images cicontre, la ressemblance entre les différentes églises est vraiment importante.
La seule caractéristique rappelant qu’il s’agit d’une église, est le symbole affiché sur la façade.
Ce symbole est nécessaire pour déterminer le lieu, pour le différencier des constructions
alentours. L’entrée se fait de face ; des locaux annexes sont disposés de part et d’autres ; puis,
en continuité, se trouve la salle du culte. Cette salle est simplement éclairée par des fenêtres
latérales. Dans les bâtiments plus grands, la salle de culte se trouve à l’étage, pour établir une
séparation visuelle et physique avec l’espace public extérieur. L’intérieur reste très simple,
proche de celui d’une habitation.
Comme on peut le voir sur les photos ci-contre, les fidèles s’investissent pour la construction de
leur église. Cette participation affirme le sentiment d’appartenance à un nouveau lieu. Non
seulement les fidèles possèdent un espace, mais en plus ils ont aidés à sa construction.
36
Architecture de référence
Avec l’évolution de l’espace de culte décrit précédemment, apparaissent, à partir des années
1960, les bâtiments qui vont être la référence principale des chrétiens néo-apostoliques de
Suisse. Enormément d’églises seront construites comme celle de Fribourg par exemple, avec
deux pans de toiture, très raides et longs. Cette forme très typique rappelle sans équivoque le
foyer, la maison originelle, la cabane primitive, nomade ou sédentaire. Cette ambiguïté entre
permanent et éphémère se retrouve dans toute l’histoire des espaces de culte néo-apostolique.
Le fondement selon lequel il ne faut pas avoir d’attache sur terre et le besoin naturel d’identité
se contredisent sans cesse. La référence à la maison, au foyer, est ici un symbole très fort
d’identité, d’appartenance à un groupe, à une famille, à un lieu.
Le statut de l’Eglise néo-apostolique a toujours une place spéciale dans le paysage religieux de la
Suisse. Depuis son apparition en Suisse en 1893, ses membres n’ont cessé d’augmenter, jusqu’à
atteindre en 1970, 0.49 % de la population suisse. Elle devient ainsi la plus importante des
petites Eglises en Suisse, avant de se retrouver devancer par d’autres durant les années
suivantes. Les membres de l’Eglise éprouvent un profond besoin d’identification, dans un pays
où le 90% des habitants fait parti des deux plus grandes confessions. Lorsque ce type, différent
des églises traditionnelles, a émergé, les fidèles s’y sont donc fortement identifiés, et l’ont
reproduit à profusion.
A gauche :
Image 1 : Eglise de Meiringen (1978)
Image 2 : Eglise de Regensdorf (1968)
Image 3 : Eglise de Hunzenschwil (1972)
Image 4 : Eglise de Lachen (1976)
Image 5 : Eglise d’Amriswil (1978)
Image 6 : Eglise de Gossau (1970)
Image 7 : Eglise de Teufen (1975)
Source : www.nak.ch
A droite :
Image 8: Une tente nomade
Image 9:«La hutte primitive» de Marc-Antoine Laugier (1755)
Source : internet
Ce type est présent particulièrement en Suisse. On le retrouve ponctuellement en Allemagne,
mais il n’y est pas aussi répandu. Outre les considérations anthropologiques, il ne faut pas
oublier le pragmatisme de l’époque. L’Eglise néo-apostolique suisse ne possédait pas de
personnel administratif rémunéré, encore moins de secteur immobilier. Certains architectes
appartenant à la confession ont imposé leur type, par les constructions massives qu’ils ont dû
réaliser à une certaine époque. Il se trouve que l’architecte ayant développé ce type a connu pas
mal de succès parmi les fidèles des communautés. Ceci ne veut pas dire que lui-même ne s’est
pas fait ces réflexions sur l’identité néo-apostolique, mais je ne connais pas la pondération entre
pragmatisme et réelle recherche.
38
L’église de Fribourg, construite en 1975, fait partie de cette typologie. Les architectes H.
Schaffner + F. Schlup sont les auteurs de plusieurs églises de cette configuration en Suisse.
L’édifice se situe dans un quartier d’habitations. Il est entouré par une surface végétale, comme
les autres maisons. Une grande place de parc fait face à l’église. Le petit auvent accueille les
fidèles avant et après le culte. La configuration intérieure est très simple, et toujours la même
que dans les églises précédente. De part et d’autre du hall d’entrée se trouvent des locaux
annexes. En sous-sol il y a les sanitaires et quelques autres locaux. La salle de culte, fermée par
une porte, se place dans la continuité de l’entrée. Dans cette salle, les bancs sont placés de
manière à laisser un dégagement au centre et dans les côtés de l’espace. Au fond se trouve
l’autel, à quelques marches de hauteur. L’orgue se positionne à droite de l’autel, et de l’autre
côté s’assoient les prêtres de soutien. L’arrière de la salle contient une galerie, afin d’avoir la
possibilité d’accueillir un plus grand nombre de fidèles.
Images, plan et coupe : Eglise de Fribourg (1975)
Source : Photos personnelles et Archive de l’ENA, Zurich.
Pages suivantes : Typologies principales des églises néoapostoliques en Suisse.
P. 41 : Glarus (1966)
Hütwangen-Wil (1958)
P. 42 : Gossau SG (1977)
Pratteln (1971)
P. 43 : Roggwil
(1987)
Schaffhausen-N (1970)
P. 44 : Niederbipp (1979)
Gossau ZH (1981)
Source : Archive de l’ENA, Zurich.
Sur les pages suivantes sont présentées les différentes typologies d’églises que l’on retrouve en
majorité en Suisse, dans l’ordre à peu près chronologique de leur apparition : tout d’abord les
constructions de types « salle de réunions » de petites puis de grandes tailles ; puis les édifices
avec grandes toitures à 2 ou 4 pans ; ensuite les configurations de deux plans carrés décalés ;
puis à nouveau des construction de types « salle de réunions » mais dans un style plus
moderne ; et en dernier lieu, des édifices plus complexes, avec un plan en L et une toiture à
divers pans. Certaines églises n’entrent pas dans ce classement, car elles sont le résultat d’une
conception plus spécifique, soit en lien avec le contexte ou alors avec le programme. Quelques
édifices religieux sont de qualité architecturale reconnue, comme l’église de Neuchâtel ou de
Genève (décrite plus loin) par exemple, étant toutes les deux inscrites au patrimoine moderne.
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42
44
2.2. Organisation de l’espace cultuel
Personne n’a jamais fait émerger une similitude commune à tous les édifices, un principe
d’organisation qui soit typique de la conception néo-apostolique. Mais un schéma
organisationnel type est bel et bien susceptible d’être mis en évidence. Il s’est visiblement
imposé à l’ensemble des églises néo-apostoliques comme un principe à respecter pour
concevoir l’organisation intérieure. Rien ne me permet de dire comment il s’est répandu. Je
peux imaginer qu’un dispositif s’est imposé presque partout, avec les nuances et les adaptations
que voulait chaque communauté. Ce schéma est une sorte de confession de foi architecturale,
comme une expression signifiante de la conception que les néo-apostoliques ont de l’Eglise, des
sacrements et de la Sainte Cène.
La base de ce schéma-type (voir ci-contre) est constituée par un rectangle, occupé à 4/5 des
bancs des fidèles, faisant face à l’autel du prêtre. D’un côté de l’autel se trouvent les chaises
pour les musiciens ou l’orgue. De l’autre côté, d’autres responsables de la communauté
assistent le prêtre dans sa fonction. Cette partie où se trouve l’autel est légèrement surélevée,
par quelques marches. C’est en fait un schéma assez traditionnel, d’un espace de réunions ou de
conférences basique. L’intervenant se situe frontalement, face à ses auditeurs.
Schéma: Typologie de base avec les déplacements d’un fidèle
durant le culte.
Croquis personnel.
Si je complète ce schéma en esquissant le parcours des échanges visuels, je peux constater que
les fidèles ont un contact direct et uniquement avec le prêtre. Celui-ci peut embrasser son
auditoire d’un seul regard, de manière à mieux retenir son attention et mieux le contrôler. Les
serviteurs, tout en étant en lien avec le prêtre, peuvent quand même voir l’assemblée.
Le dispositif est donc cérémoniel, l’écoute d’une prédication est le centre du culte. L’autel, le
prêtre et le sigle en-dessus de lui ont une grande importance. C’est donc une disposition
frontale d’échange à sens unique entre ceux qui ont un message à délivrer et ceux qui sont
censés être là pour le recevoir.
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L’entrée centrale et le couloir processionnel permet de saisir d’un seul coup d’œil l’espace, et
conduit le regard vers cet espace et vers l’au-delà lointain qu’il cherche à signifier. Le plus
souvent, on s’est même mis à surélever cet espace spécifique de quelques marches pour mieux
le mettre en évidence, mais en accentuant d’autant la séparation entre fidèles et prêtre. Mais
cette disposition semble logique, dans le sens où le prêtre y assume une fonction liturgiquement
irremplaçable. Sans lui, la célébration de l’eucharistie ne peut avoir lieu. De plus, l’autel vers
lequel toute l’assemblée est orientée permet de localiser symboliquement la présence du Christ,
surtout parce que les hosties consacrées sont conservées dans son environnement immédiat.
Dans un lieu de rassemblement, la notion de proxémique est fondamentale : c’est la science des
distances entre les êtres vivants. Comme dans le train, où les passagers s’installent loin les uns
des autres, les fidèles ont tendance à ne pas s’installer sur le même banc, ni en son milieu.
Quelle que soit leur nature, les sièges et la manière dont ils sont disposés influent fortement sur
la perception des espaces où le culte a lieu. L’espace cultuel, comme son nom l’indique, a besoin
d’espace, à l’entrée comme au cœur même du dispositif cérémoniel. Les lieux de culte étriqués
donnent à penser que la spiritualité de l’assemblée le sera aussi.
A la page 45, les déplacements types d’un fidèle durant le culte sont schématisés. Il entre dans
le foyer, y dépose sa veste, puis pénètre dans la salle et s’y assoit, souvent à sa place habituelle.
Pour la distribution de l’hostie, le fidèle se lève et se rend en face de l’autel en passant par le
centre, puis il regagne sa place par l’extérieur. A la fin du culte, il retourne devant l’autel pour
prendre congé de l’officiant et des autres prêtres présents, dans le même sens que pour la
Sainte Cène.
Plan et coupe : Eglise d’Adelfingen (1993)
Source : Archive de l’ENA, Zurich.
Le culte nécessite tout un programme de locaux secondaires, pour son bon fonctionnement. Ces
besoins ont évolués avec le temps. Depuis le début de la construction d’églises, il y a deux
annexes principales : la salle des prêtres (sacristie), où ils se préparent pour le culte, et la salle
des parents-enfants, où ils peuvent se rendre pour ne pas déranger l’assemblée, tout en
assistant au culte. A ces locaux se sont ajoutés avec le temps des locaux d’enseignement. Selon
la taille de la communauté, un local est réservé pour l’enseignement aux petits, un local pour les
enfants en âge de scolarité, et un autre pour les adolescents.
48
2.3. Lumière et couleurs
Lumière
L’environnement construit de l’espace cultuel de la religion néo-apostolique cherche à laisser
pénétrer dans ce lieu un maximum de lumière. La lumière du jour est nécessaire pour que la
Bible puisse être lue sans peine et que chacun soit en mesure de s’associer au chant des
psaumes. Mais c’est aussi par conviction que la clarté, spécialement la clarté du jour, convient
par définition au culte néo-apostolique.
Les architectes des églises néo-apostoliques se sont toujours ingéniés à laisser la lumière du jour
pénétrer le plus directement possible dans les églises qu’ils construisaient, tout en essayant de
conserver une atmosphère sacré. Ils y ont ménagé des fenêtres toujours plus nombreuses,
munies du verre le plus transparent possible. L’usage de lanternes zénithales leur a permis
d’améliorer encore la luminosité intérieure des édifices.
Image 1 : Eglise d’Yverdon-les-bains (1983)
Image 2 : Eglise de Fribourg (1975)
Source : photos personnelles.
Image 3 : Eglise de Wil (1965)
Image 4 : Eglise de Vevey (1976)
Source : Archive de l’ENA, Zurich.
L’éclairage zénithal de l’autel de l’église d’Yverdon-les-bains met en valeur le prêtre et sa parole.
La lumière vient du ciel, l’autel est comme éclairé par la lumière divine. Mais la lumière est
dirigée de telle manière à ne pas éblouir l’auditoire, elle est présente par une sorte de halo.
Pour compléter l’ouverture au jour, les murs intérieurs sont peints de tel sorte qu’ils
réfléchissent la lumière du jour sans aveugler : les peintures et enduits sont blancs ou dans des
teintes pastel très claires.
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Couleurs
Tout comme les protestants, les catholiques dissidents qui deviendront les néo-apostoliques
refusent la richesse démonstrative des peintures et des sculptures présentes jusqu’alors. Leurs
églises se distinguent nettement par une sobriété perceptible. Aucune peinture ne figure dans
l’église. Les architectes ont toujours essayé de donner un caractère dépouillé aux espaces, en ne
gardant que l’effet des matériaux utilisés pour leur construction.
Image 1 : Eglise d’Yverdon-les-Bains (1983)
Photo personnelle.
Image 2 : Eglise de Wohlen (1964, rénové en 2003)
Source : Archive de l’ENA, Zurich.
Image 3 : Eglise de Fribourg (1975)
Photo personnelle.
Pourtant, pour quelques églises, les architectes ont utilisés les encadrements de verres de
couleur à motifs géométriques. Ces vitraux permettent une très grande transparence à la
lumière du jour, à la différence des vitraux de style médiéval qui, eux, la captent plutôt que de la
laisser passer. En fait, le désir de « faire église » est resté très souvent le plus fort et les
communautés ont été toujours plus nombreuses, de manière croissante au fur et à mesure que
les ressources financières sont devenues plus importantes, à désirer parer à leur tour de vitraux
aux apparences réellement « religieuses » les lieux de culte.
Vu l’emplacement de ces églises dans des quartiers d’habitations parfois assez denses, des
vitraux translucides permettent de cacher les éléments perturbateurs de l’extérieur aux fidèles.
Ils empêchent aussi aux maisons voisines de voir directement à l’intérieur de l’espace de culte.
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Référence
L’église néo-apostolique (1947-1950) de la Rue Liotard à Genève, des architectes Haefeli, Moser
et Steiger, se glisse discrètement dans les arbres et les bâtiments voisins. Pourtant, sa façade
percée d’une multitude de petites fenêtres rondes attire l’attention. Ces ouvertures forment
une couche translucide, qui protège des regards extérieurs. Mais elles donnent aussi une
indication sur la conception de l’espace sacré, qui se définit en premier lieu par la lumière.
Durant la journée, la lumière naturelle module la salle de culte ; et durant les soirées de
cérémonies, la salle devient une lanterne brillant vers l’extérieur.
L’architecte Moser, qui aspire à des murs de lumière sans fenêtre, conçoit des surfaces en
éléments préfabriqués, de béton et de verre. Au centre de chaque cube de béton se trouve une
ouverture ronde qui module l’entrée de lumière naturelle. Ces ouvertures sont remplies de
verre, qui filtre la lumière et donne un ton changeant vert selon l’intensité du soleil. En plus de
celles-ci il y a quatre autres variantes d’ouvertures : la rosette stylisée, les fenêtres ouvrables, la
lanterne centrale et dans chaque coin une colonne d’éléments préfabriqués, qui dématérialise
les angles.
L’éclairage artificiel se compose d’un filet cruxiforme de câbles tendus, auxquels sont suspendus
des lampes métalliques. Ce système a été conçu par les architectes et souligne les qualités
mystiques et spatiales de la salle. Il flotte au-dessus des fidèles comme un voile et accentue la
centralité. La faible intensité des lumières soutient l’atmosphère de célébration du culte.
Photos et plan : Eglise néo-apostolique de Genève (1950)
Source : Photos personnelles et Archive de l’ENA, Zurich
Cette église est protégée par le registre du patrimoine genevois. Elle a subit des transformations
et des rénovations durant ces 50 ans d’existence. Elle est un symbole de la religion néoapostolique, très visible dans la ville. Elle participe à l’image de qualité voulue par l’Eglise.
54
2.4. Acoustiques et sonorités
La perception auditive joue un rôle décisif dans la découverte d’un espace intérieur.
L’acoustique est, dans une église, un élément déterminant pour inciter au recueillement, au
chant communautaire, à l’écoute attentive. Mais bien entendre et comprendre le prêtre ne
suffit pas. Le culte est un fait communautaire. Les fidèles doivent pouvoir s’entendre les uns les
autres quand ils chantent ou prient d’une même voix.
A la naissance des premières églises néo-apostoliques, c’est la parole du prêtre qui est l’élément
le plus important du culte. L’acoustique de l’édifice se focalise donc l’oraison. Tout bruit parasite
est étouffé, par exemple le claquement des chaussures sur le sol grâce à l’emploi de moquette
dans les salles de culte. Mais depuis une dizaine d’années, la tendance s’inverse. On considère
ces bruits comme faisant partie de la vie de la communauté, et donc important à conserver.
Avec le temps, la musique a pris une certaine importance dans la liturgie. L’orgue devient
rapidement l’instrument principal, à côté d’autres instruments de musique. L’Eglise investit de
plus en plus dans des orgues de qualité et de grande taille. Elles prennent parfois, dans certaines
églises, une ampleur exagérée, comme dans celle de Bülach par sa taille, et dans celle de
Neuchâtel par son emplacement. Un chœur, composé de fidèles, existe dans la plupart des
communautés. La qualité du chant est exacerbée dans une architecture qui en tient compte. Les
chanteurs sont regroupés dans un endroit précis de l’assemblée. Le chœur fait donc partie
intégrante des fidèles, et n’est que la version améliorée et entraînée des psaumes des fidèles.
Image 1 et 2: Eglise de Bülach (2002)
Photos personnelles.
Image 3 : Eglise de Neuchâtel (1958)
Source : Archives ENA, Zurich.
Aujourd’hui, tous les lieux de culte sont pourvus de micros et de haut-parleurs. On peut se
demander si cette utilisation est adaptée à un espace de culte. Cependant, des exigences
comme la retransmission téléphonique à des personnes âgées ou handicapées ainsi que les
retransmissions télévisuelles d’un service divin important dans plusieurs communautés la
rendent nécessaire.
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2.5. Symboles et signes extérieurs
« Tu ne feras pas d’images taillées »
L’Eglise néo-apostolique se situe dans la lignée des réformés, en ce qui concerne les symboles et
les images. Aucune représentation de Dieu ou d’autres figures religieuses ne figure dans ses
bâtiments. Par rapport au catholicisme, la piété visuelle est substituée par une spiritualité de
l’écoute. Les images sacrées devenant une tentation pour la foi, il fallait par conséquent y
renoncer.
L’Eglise néo-apostolique possède un sigle, auquel les fidèles s’identifient fortement. Il est très
ancré dans la mémoire collective et relient les membres de l’Eglise du monde entier. Il est
présent sur la façade principale de tous les bâtiments, dans la salle de culte, sur tous les livres et
documents. La croix rappelle le christianisme, auquel appartient l’Eglise néo-apostolique. L’ajout
du lever (ou coucher) du soleil sur les vagues stylisées représente le renouveau de cette religion
par rapport au catholicisme fastueux duquel elle s’est détachée, un retour aux sources
originelles de la Bible et des premiers chrétiens.
Image 1 : L’emblème de l’Eglise néo-apostolique.
Source : www.nak.ch.
Image 2 : Eglise de Grindelwald (1965)
Image 3 : Eglise de Teufen (1975)
Source : www.nak.ch.
L’exemple de l’église de Grindelwald est très parlant. Il s’agit en fait d’un simple chalet, comme
il y en a beaucoup dans cette région. Uniquement grâce à l’ajout du symbole néo-apostolique
sur la façade, l’édifice est reconnu comme église.
Ci-contre l’église de Teufen est à peine reconnaissable dans ce quartier d’habitations, si ce n’est
pas le symbole néo-apostolique sur sa façade.
58
Lorsque la religion présente dans un lieu en est la religion d’état, l’église possède souvent un
clocher affichant des airs dominateurs, que ce soit le catholicisme ou le protestantisme.
L’importance du clocher pour une église pourrait être discutée longuement, mais comme
l’église néo-apostolique n’a jamais eu l’importance et la puissance d’une de ses religions, elle
n’a jamais édifiée de clocher, je ne vais donc pas m’arrêter sur ce thème.
D’ailleurs, aujourd’hui, un clocher ne suffit plus pour reconnaître de quelle religion il s’agit.
Souvent, pour savoir de quelle famille spirituelle relève un édifice religieux, il faut s’en
approcher et lire les inscriptions qui s’y trouvent. L’usage très généralisé de plaques semblables
à celles qui permettent aux sociétés commerciales de signaler leur présence et d’annoncer leur
raison sociale à l’entrée des immeubles qu’elles occupent.
Image 1 : Eglise de Wohlen (1964, rénové 2003)
Image 2 : Eglise de Gränichen (2006)
Source : www.nak.ch
Image 4 et 5: Eglise de Soleure (2003)
Source : Photo personnelle et Archive de l’ENA, Zurich.
Selon la théorie de Venturi, il existe deux moyens de communications opposés pour distinguer
la fonction d’un bâtiment : le «canard » (duck) et le « hangar décoré » (decorated shed). L’église
de Wohlen est un cube très simple, où la fonction est écrite sur un support, alors que l’église de
Soleure est un signe dans la ville, une sculpture qui doit indiquer sa fonction. Avec ce bâtiment,
l’Eglise suit la mode du bâtiment-œuvre d’art, comme un objet posé dans la ville, hors contexte.
L’objet existe par lui-même. La direction que prend l’Eglise avec cette construction se distancie
de son identité caractéristique dans le paysage religieux de Suisse. Bien que l’église de Soleure
ait des qualités de transparence, d’ouverture au monde, l’identité du foyer, la référence à la vie
de communauté comme une famille tend à disparaître.
60
3 _ Historique des constructions profanes et sacrés
Les constructions mêlant profane et sacré existent depuis toujours, dans la majorité des
religions du monde entier. Je vais pourtant, question de temps, devoir me limiter au
Christianisme, en Europe. Les références les plus anciennes et les plus répandues de cette
combinaison de fonctions sont les couvents. Je passe en revue les différents ordres
ecclésiastiques par les exemples les plus connus. Les fondements religieux que sont
l’enseignement et le soin, ont été mis en forme dans des écoles religieuses et des hôpitaux.
Durant le 20ème siècle, les nouvelles églises se combinent de plus en plus avec un programme
social, laïque, en devenant des centres sociaux. Je vais, pour finir, analyser le premier bâtiment
multifonctionnel de l’Eglise néo-apostolique.
62
3.1. Les couvents
La forme la plus exemplaire d’association du culte à la résidence est l’abbaye, type originel de
l’architecture romane couplant l’église au cloître. Institution privilégiée de la papauté et de
l’empire, édifiée de préférence au cœur de contrées encore sauvages, elle fixe un territoire
constitué par le pape (et par l’empereur) comme diocèse. Elle forme ainsi un poste avancé, mais
également un lieu de rencontre un jalon dans les circuits de pèlerinage qui entraînent chaque
chrétien dans des périples d’un lieu saint à l’autre. Les abbayes surgissent donc partout. Elles
sont reliées entre elles par un « réseau abbatial » qui dessine les itinéraires des pèlerins en
marquant leurs étapes.
Le programme du couvent est intimement lié à la règle monastique et naturellement à
l’importance de la communauté. Le monachisme existe depuis le 4ème siècle dans les pays
orientaux. Déjà, à cette époque, il était une réaction contre la richesse des villes. En Occident,
les ordres furent très nombreux et leurs règles ont toutes été puisées à la même source : la
règle de St-Benoît (480-543). Il écrivit la règle de son ordre « les bénédictins ». Les églises de ces
couvents devenaient des « abbatiales ».
Les bénédictins
Plan: Abbaye de Saint-Gall (~820)
Source : NEWMAN JOHN-HENRY (CARDINAL) / OURSEL
RAYMOND / MOULIN LEO, L’Europe des monastères.
Photo (haut) : Eglise de St-Gall.
Photo (bas) : Eglise et couvent de Disentis, Grisons.
Source : internet.
L’abbaye de Saint Gall (820 environ) représente le plan type de l’abbaye bénédictine. L’allure
schématique du plan donne à penser qu’elle ne fut jamais réalisée. Mais il pourrait s’agir d’un
canevas didactique, susceptible de recevoir, sur le terrain, des applications nuancées et moins
sèchement linéaires. C’est en fait une figure qui montre les prescriptions et recommandations
de la Règle.
Sur ce plan on peut voir que tous les éléments qui vont être traités dans ce chapitre sont déjà
présents. Les bâtiments de soin à l’arrière, l’enseignement au centre à gauche, l’accueil à
l’avant, le logement et la vie monastique en communauté au centre, à côté de l’église. Le cloître
est le lieu de rencontre entre les moines, reliant les autres fonctions réservées à la vie privée.
64
Cluny
En 910, se fonda l’abbaye bénédictine de Cluny, qui va devenir une des plus grandioses
institutions de la chrétienté, un « système urbain » autosuffisant, suivant le modèle dicté par le
plan de Saint-Gall. Dans les régions occupées par une nature encore intacte, les couvents
formaient autour du cloître et de l’église des îlots de culture et de civilisation propres à attirer
les hommes, car ils étaient aptes à produire des biens et à prodiguer du savoir.
Le principe était de juxtaposer dans une synthèse monumentale des éléments multiples, et deux
structures à finalité bien différente :
-Des locaux résidentiels à l’usage d’une communauté d’effectif très variable, de 12 à plusieurs
dizaines, et parfois centaines de membres adonnés successivement à l’oraison, à la recherche
intellectuelle et travaux matériels
- Un édifice dont la pierre célébrât, de ses fondations jusqu’à la couverture, la louange et la
grandeur de Dieu l’Unique, et dans l’alvéole sacré de laquelle fût offert chaque jour le sacrifice
eucharistique avec le faste, le déploiement et le recueillement nécessaires, en présence de la
communauté priante et chantante.
Pour les bénédictins, les locaux destinés à abriter la vie matérielle (cuisine, réfectoire, dortoir et
dépendances sanitaires) étaient indispensables, mais n’avaient pas à empiéter sur les espaces
sacrés ou spirituels, ni à interférer avec eux, ni même à les côtoyer de trop près. Et plus isolée
encore devaient être les bâtiments réservés aux deux catégories sociales, les voyageurs et les
pèlerins, les malades.
Plan: Abbaye de Cluny (1043)
Source : NEWMAN JOHN-HENRY (CARDINAL) / OURSEL
RAYMOND / MOULIN LEO, L’Europe des monastères.
Photo : Cluny
Source : internet.
Son plan rassemble autour du couvent toutes les fonctions urbaines, suivant un ordre rigoureux
défini par les axes de l’église. Palais, hospices, maisons d’artisans et de paysans, étables,
moulins, pressoirs, greniers et jardins dessinent le cadre de vie d’une collectivité autosuffisante,
capable d’assurer l’hospitalité aux fonctionnaires impériaux et aux pèlerins, l’instruction des
administrateurs publics (et des artisans), l’exercice de la médecine, les études littéraires et la
conservation des textes anciens. L’abbaye a ainsi pu être un véritable substitut de ville là où
régnait une nature totalement inculte.
66
On voit immédiatement que tout s’y ajuste autour des galeries du cloître dont le plan carré
rappelle celui des portiques des villas romaines. Le cloître, de par son emplacement et sa forme,
constitue bien le cœur géographique et spirituel du monastère, un lieu méditatif et clos sur luimême.
Les dominicains
En tant qu’ordre prêcheur étroitement lié aux évêchés, les dominicains s’installent dans les
cathédrales dont ils font le lieu de diffusion de leur doctrine, ex cathedra, « loin » du peuple, en
recourant à la prédication verbale et à l’instruction scolastique religieuse. Ils héritent des
bénédictins leur passion de la culture et alimentent l’essor des universités (Scholae) et de
l’écriture, et ils participent également à la divulgation des textes sacrés et du credo religieux
dans tout le monde alors connu, grâce à l’usage du latin comme langue officielle de l’Eglise. La
capitale religieuse des dominicains sera Paris.
Les franciscains
Photo 1: Couvent dominicain de Guebwiller, Alsace (1312)
Photo 2, 3 et 4 : Couvent franciscain de Dubrovnik.
Source : Internet.
Les franciscains professent en revanche la prédication directe et touchent les franges les plus
pauvres de la population, dont ils portent les aspirations. Leur église ne peut être la somptueuse
cathédrale, et leurs prêches ne se fondent pas sur des textes philosophiques, mais sur des
épisodes de la vie de saint François, sur des mots très simples qui se transmettent comme des
récits, en comité restreint. Ils fondent donc de nouvelles églises, dont le modèle sera, à partir de
la mort du saint, celle d’Assise, maison mère de toutes les affiliations dispersées dans le monde.
En règle générale, le couvent urbain annexé à l’église ne se présente pas comme un monument,
mais comme un édifice civil quelconque, qui contribue à former un élément du tissu urbain.
L’ensemble est habituellement constitué de deux bras dessinant un L – dont l’un est l’église et
l’autre le monastère – autour d’une place qui constitue un meilleur lieu de rencontre que le
parvis de la cathédrale. La grande référence du couvent, urbain ou rural, reste toutefois le
complexe abbatial de Cluny.
68
Les cisterciens
L’expansion du pouvoir des abbés prit fin avec la création de l’ordre cistercien, hostile à la
splendeur d’un microcosme clunisien qu’il voyait comme un ordre totalement corrompu par les
mœurs raffinées de la vie citadine. Saint Bernard reprit le projet clunisien d’unification des
territoires chrétiens par un réseau d’abbayes – à partir des maisons de Cîteaux (1098), La Ferté
(1113), Pontigny (1114), Clairvaux et Morimond (1115), Fontenay (1119), Thoronet (1169)- ,
mais dans une optique de vie rustique et de pénitence, en purgeant le monastère des
compléments « urbains » qui l’avaient « dénaturé ». La colonisation du nord-est de l’Europe fut
presque entièrement l’œuvre des cisterciens, qui créèrent autour des volumes longs et
particulièrement sévères de leurs architectures de caractéristiques paysages agricoles. Place
forte et colonie, l’abbaye cistercienne était condamnée à devenir un lieu exclusif, en raison de
sa grande cohérence. Elle représentait l’alternative radicale à la ville.
Plan : Abbaye de Fontenay (1119)
Source : GUTTON ANDRE, Conversations sur l’architecture 3A.
Photos : Cloître de Fontenay.
Source : internet.
Le monastère cistercien typique est composé d’une clôture qui renferme l’église et la sacristie,
d’un cloître, d’une salle du chapitre, d’un réfectoire, etc. Le plan général de l’enceinte est
habituellement carré. Le cloître est toujours en communication directe avec l’église. Le cloître
contigu est l’élément le plus typique de la construction des abbayes et l’image de l’accord
spirituel et temporel du monastère. Son utilité pratique très grande ne lui enlève pas pour cela
son caractère profondément religieux, il est à la fois la plaque tournante de l’abbaye et un lieu
de promenade et de méditation. Il communique avec toutes les parties du monastère qui
l’entourent étroitement. L’hôtellerie et l’infirmerie sont à part.
70
Plan et texte : l’abbaye de Clairvaux
Source : D’ALFONSO ERNESTO / SAMSA DANILO,
L’architecture, les formes et les styles de l’Antiquité à nos
jours.
« Clairvaux est le modèle de l’architecture cistercienne. Pour une société qui croit au pouvoir de
la parole, son nom – solaire, comme celui de nombreux autres couvents du même ordre – a été
certainement de bon augure. Optant pour la campagne, en opposition ouverte à l’opulence
urbaine, le couvent cistercien est conçu comme une structure autarcique, en quasi-compétition
avec la ville. Ecartant toute manifestation urbaine pour se consacrer totalement à la terre mère,
il ne favorise pas les arts et s’enferme, telle une aire sacrée, à l’intérieur de remparts qui
symbolisent la défense de la règle plus que celle des hommes. Le noyau central formé par
l’église, plus dépouillée que jamais, est entouré de champs cultivés et de bois. Pour accéder à
cette enceinte sacrée, où ne résident que des religieux, il faut traverser un espace bordé d’un
mur qui fait office de filtre entre l’enclos des « intouchables » et le monde extérieur. Les
communautés, qui vivent chacune dans leur propre enceinte, sont autosuffisantes et travaillent
toutes deux en fonction du couvent. Le plan prévoit un axe principal qui traverse l’entrée du
couvent proprement dit pour arriver jusqu’à l’église. En croisant cet axe principal, le mur entre
les deux enclos forme symboliquement une croix latine. La « nef principal », lieu de
rassemblement des fidèles, est représentée par la zone qu’occupent les résidents laïcs ; le
« transept » abrite les logements des travailleurs de la première enceinte, des hôtes religieux
occasionnels et de l’abbé prieur ; la « zone de l’autel et du chœur » comprend l’église elle-même
et les bâtiments strictement monastiques. C’est un jeu continu de symboles, une cité construite à
l’image du ciel, avec des divisions et des classifications hiérarchiques. La cosmologie remplit un
rôle important à côté des Saintes Ecritures. La règle veut que l’organisation soit claire,
rigoureuse et simple, que les voies de passage et les formes des salles soient géométriques et
pures, les matériaux bruts et non peints. L’orthogonalité implique des croisements d’axes
(rappelant la Croix), et la création d’espaces rectangulaires et carrés. Le cloître, carré comme la
cité de Dieu, évoque les quatre fleuves de l’Eden, les évangélistes, les points cardinaux, les quatre
dimensions : les trois de l’espace sensible (largeur, longueur et hauteur) et la quatrième, divine,
la profondeur. Le portique du cloître donne accès aux principaux édifices : l’église, la salle
capitulaire (carrée), le parloir, la bibliothèque, le réfectoire, les caves et les greniers. Le « cloîtreparadis » est l’espace, physique ou religieux, de la transition entre l’ombre et la lumière, l’endroit
où le moine se rend chaque jour, le livre à la main. Dans la perfection de ce lieu, avec le ciel et la
lumière pour toit, il est symboliquement guidé dans sa progression vers la connaissance et la
compréhension des Ecritures. »
72
Hans Van der Laan
Par sa double fonction de prêtre et d’architecte, les réflexions de Hans Van der Laan sont
intéressantes dans le cadre du couvent contemporain. Hans Van der Laan a consacré une grande
partie de sa vie à la recherche des origines primitives de l’architecture. Après des études
d’architecture (1923-1927), il prononce ses vœux monastiques en 1929 et est ordonné prêtre.
En 1939 il projette et dirige la construction d’une nouvelle aile de l’abbaye. Il a réalisé peu de
projets : il a dirigé la construction de trois couvents en Allemagne, en Suisse et en Belgique, un
monastère pour des religieuses en Suisse, une chapelle octogonale, et une habitation privée.
Hans Van der Laan tente de définir ce que doit être la demeure humaine à travers la définition
d’un système de proportion basé sur le nombre d’or. Le nombre plastique serait une réponse au
gouffre qui existe entre l’intelligence humaine et le monde insaisissable des phénomènes
naturels. Grâce à ce nombre et à son interaction avec l’intelligence humaine que la maison
devient pour celui qui y habite un bien non seulement matériel mais aussi spirituel.
La demeure humaine doit rassembler les trois espaces qui composent notre « espace
d’expérience » :
- La Cella (espace individuel de l’action)
- La Cour (espace de la locomotion)
- Le Domaine (espace du champ de vision)
Plan et images : Abbaye de San Benedetto, Vaals, Olanda
(1956-86)
Source : FERLENGA ALBERTO / VERDE PAOLA, Dom Hans van
der Laan, le opere, gli scritti.
Chaque cella correspond à une pièce habitable, une maison est composée de plusieurs cellas,
juxtaposées ou superposées. Les maisons se rassemblent autour de places, puis autour de
grandes places, ce qui forme des quartiers, puis enfin la ville. Pour que la place paraisse
réellement le dehors de la maison, sa dimension doit être au minimum sept fois supérieure à la
dimension de la cella de base laquelle – dans cette circonstance – sert d’unité de référence. Le
plus étonnant est de se rendre compte que tout l’enchaînement numérique des proportions
vient de la cella, qui elle-même se trouve directement en relation avec l’épaisseur de ses murs.
En conséquence la proportion de la ville est en liaison numérique avec la proportion du mur de
la cella, la pièce habitable.
74
3.2. Les hôpitaux
Dès le début du 4ème siècle, à peine reconnue, l’Eglise chrétienne d’Europe est à l’origine de la
naissance de nombreuses institutions caritatives. Ces fondations, rattachés ou non à des
monastères, offraient des services allant du simple accueil à la prise en charge médicale de
personnes issues, le plus souvent, de milieux défavorisés. Il s’agit d’hôtels-Dieu, d’hospices,
d’hôpitaux, d’aumôneries, de léproseries, d’infirmeries. L’assistance aux pauvres est du ressort
de l’Eglise. Ainsi, le concile d’Aix-la-Chapelle de 816 sanctionne la règle posée par saint
Chrodegang, évêque de Metz en 750 : les évêques doivent établir à leurs frais un hôpital pour y
recevoir les pauvres.
De nombreux hôpitaux et hospices sont créés ou administrés dès les 11 et 12ème siècles par des
ordres hospitaliers ou chevaleresques qui s’établissent le long des grandes voies de
communication pour accueillir pèlerins, croisés et voyageurs.
Plan : Hôpital St-Nicolas (1451-1458) à Bernkastel-Kues an
der Mosel, Allemagne.
Image 1 : Hôtel-Dieu de la cathédrale Notre-Dame de Paris
(18ème siècle).
Images 2 et 3 : Hôpital St-Nicolas.
Source : HERMANN CLAUDIA, Das Luzerner Armenspital
En Suisse romande, l’hospice le plus célèbre est celui du Grand-Saint-Bernard fondé au milieu du
11ème siècle par saint Bernard d’Aoste. Situé au plus important passage à travers les Alpes
occidentales, il accueille principalement des voyageurs, parmi lesquels des pèlerins de Rome.
L’importance de cet ordre religieux ne provient pourtant pas de son hospice principal mais du
réseau très vaste de prieurés, d’églises et d’hôpitaux qui est le sien dans l’ensemble de la chaîne
alpine. Bien qu’administrés par des chanoines, ces hospices sont généralement créés par de
tierces personnes qui en remettent la gestion entre les mains de religieux. On observe de
nombreuses fondations d’hôpitaux de la part de la noblesse. Ces créations se généralisent au
cours des 13 et 14ème siècles et sont conférées à l’Eglise.
Toutes ces institutions sont destinées aux nécessiteux dans leur ensemble. D’essence
chrétienne, l’hôpital médiévale réunit toute les fonctions de l’assistance que l’on ramènerait
volontiers aux œuvres de miséricorde : nourrir les affamés, donner à boire à ceux qui ont soif,
loger les pauvres et les voyageurs, vêtir les sans-abris, soigner les malades et ensevelir les morts.
Il s’agit donc d’une institution qui accorde des secours de toute nature et qui n’est pas
prioritairement destinée aux malades.
76
La vision du fondateur d’un hôtel-Dieu pour l’édification de son hôpital est la suivante: il veut
avant tout une chapelle pour soigner les âmes et une salle des pauvres, partie jugées
traditionnellement indispensables à tout établissement. Conformément à des habitudes
précises en matière de construction hospitalière, il décide la construction d’un édifice
rassemblant sous le même toit une chapelle consacrée et une nef pour les pauvres, afin de
mêler exigence de secours spirituel et soulagement du corps. Son hôpital se veut véritablement
une « maison de Dieu » répondant à la souffrance des indigents au sens le plus large du terme
et offrant avant tout un réconfort à l’âme.
Plan : Hôpital St-Jean à Angers (1175-1180).
Image : Salle de l’hôpital St-Jean.
Photo : Hôpital des Innocents à Florence (1419-1455).
Plan : Hôpital des Innocents.
Source : HERMANN CLAUDIA, Das Luzerner Armenspital
L’hôpital est donc une invention des couvents, qui avait déjà en leur sein un espace dédié aux
soins, à l’accueil des malades et des pauvres. La religion avait donc la double responsabilité du
soin de l’âme, mais aussi du corps. On voit que ces hôpitaux sont bâtis sur la même
configuration que les couvents. Le cloître central est le lieu de rencontres, de promenades, qui
relie l’ensemble des espaces annexes, les dortoirs des malades, l’église, les cuisines et autres.
L’espace des malades est en fait une nef, comme celle de l’église.
78
3.3. Les écoles
L’université médiévale avait eu pour but principal de former des clercs qui occupaient ensuite
diverses charges ecclésiastiques et administratives. A l’époque de la Renaissance, l’université se
sécularise. Les étudiants qui la fréquentent appartiennent de plus en plus à la haute bourgeoisie
et à la noblesse, qui forment ainsi les cadres dont elles ont besoin. Parallèlement, on assiste à
un grand développement de l’enseignement secondaire prodigué par des collèges universitaire.
Les Académies protestantes prirent également le relais des études supérieures. Tous les
Réformateurs ont insisté sur la nécessité de donner aux jeunes une éducation approfondie de la
connaissance théologique. Ainsi de nombreuses Académies ou Hautes Ecoles, auxquelles étaient
associés souvent des « collèges latins », sortes de classes préparatoires, furent créées au 16ème
siècle.
Des premiers lieux d’enseignement, nous ne savons presque rien, et il semble que, malgré le
nombre élevé d’élèves, les locaux libérés par les désaffectations de la Réforme aient suffi à
l’usage des professeurs et des élèves pendant cette période.
La Sorbonne est fondée par Robert de Sorbon, chapelain et confesseur de saint Louis. Elle a
pour seule but de donner des leçons gratuites aux élèves dont le manque de ressource empêche
de pourvoir à leurs logements. A partir de 1885, la Sorbonne devient laïque. Mais les vertus du
nouveau régime sont reprises du catholicisme : patriotisme, respect de la famille, charité ou
fraternité.
Plans : La Sorbonne (19e siècle)
Source : RIVE PHILIPPE, La Sorbonne et sa reconstruction.
Images 1 et 2: Oxford College Magdanela
Source : internet
Le fait religieux se manifeste dans la composition par la présence de l’église comme élément
principal. En réalité, anciennement et dans certains cas encore actuellement, le séminaire fait
partie intégrante d’un couvent, ce qui semble normal. Pourtant, la nécessité de cultiver la
vocation ecclésiastique et de former de nombreux prêtres a fait séparer le séminaire du
couvent.
80
Le Collège d’Espagne à Bologne (1365)
Le Collège d’Espagne à Bologne fut édifié pour de jeunes nobles espagnols qui se destinaient à
occuper de hautes fonctions dans leur pays. Il était tout à fait autonome du point de vue de son
organisation. Le choix du lieu d’implantation d’un collège sera toujours, au cours des siècles,
l’objet de réflexions poussées. Comme pour certains couvents, on obéit à des impératifs précis
pour la construction. Le choix se porta sur un endroit loin du centre et de son marché, à l’abri du
bruit de la ville, dans un quartier tranquille, près du mur d’enceinte sud.
L’organisation interne du Collège est d’une grande rigueur et se traduit par une exacte symétrie.
Les Statuts donnent une affectation précise à toutes les chambres. Un certain nombre d’espaces
sont en effet nécessaires. Toutes ces pièces sont disposées avec une grande régularité et
forment un axe de symétrie est-ouest. Le bâtiment comporte deux étages identiques du point
de vue de la grandeur des salles mais différents en ce qui concerne l’affectation des espaces.
La chapelle se trouve face à l’entrée. Elle est coiffée d’un clocher-arcade sur le pignon duquel se
perche une horloge. La présence d’une horloge sur un clocher ou un clocheton sera l’un des
principaux archétypes de l’architecture scolaire.
Plan: Le collège d’Espagne à Bologne (1365-7).
Source : PRADERVAND-AMIET BRIGITTE, L’ancienne académie
de Lausanne,…
Photos : Collège d’Espagne, Bologne.
Source : Internet.
Il y a une volonté explicite de la part du constructeur de différencier l’architecture de l’intérieur
du collège, riche et aérée, de celle de l’extérieur, très sobre et fermée. Cette volonté de
repliement est encore accentuée par la présence de murs élevés qui entourent l’ensemble des
bâtiments.
A nouveau la typologie est la même : le cloître comme espace central, entouré par les autres
fonctions, les logements, les salles d’enseignement, et l’église bien sûr.
82
Collège Saint-Joseph à Salzburg-Aigen (1961)
Architectes : W. Holzbauer, F. Kurrent et J. Spalt de Vienne.
La congrégation des missionnaires « du Précieux Sang de Jésus » a construit de 1961 à 1964 sur
son terrain entouré de murs, un collège pouvant recevoir 40 étudiants et permettant le
développement d’une communauté religieuse par une recherche rationnelle des chambres, de
la chapelle et de tous les locaux nécessaires. Toutes les fonctions sont prévues dans un seul
corps de bâtiments à deux étages de forme carrée. L’accès depuis la route, se fait par une
ouverture dans le mur dans l’axe du bâtiment.
La grandeur de la construction (40 x 40 m) a été définie par les chambres individuelles des
étudiants en théologie prévues à l’est, au sud et à l’ouest de l’étage supérieur. La disposition de
ces chambres au milieu de la construction, libère un grand espace servant au passage central
avec les escaliers et la galerie ainsi qu’à la chapelle dont les dimensions sont de 15 x 15 m. La
chapelle et le passage central s’étendent sur deux étages et reçoivent la lumière du jour par
cent coupoles. Tous les locaux communautaires sont au rez-de-chaussée.
Plan de l’étage supérieur et du rez-de-chaussée du collège StJoseph.
Source : PETERS PAULHANS, Eglises et centres
communautaires
La chapelle est visible de tous côtés depuis le passage central et la galerie. Cette construction
est très introvertie : la vie communautaire se situe au centre (l’église) et autour de celle-ci. Les
cellules privées sont dirigées vers l’extérieur, pour une méditation individuelle dirigée vers la
nature.
84
3.6. L’église centre social
En 1956, dans son cours de théorie de l’architecture professé à l’école nationale supérieure des
Beaux-Arts, André Gutton se pose la question du programme de l’église de demain, qu’il qualifie
d’« Eglise communauté sociale ». Il souligne qu’une nouvelle forme d’église particulièrement
attachée à une conception nouvelle de la vie de son temps est en train de naître.
« L’Eglise a maintenant, plus que jamais, conscience de son rôle social et la maison de Dieu tend
à devenir le centre de certaines activités communautaires et c’est ainsi que le centre paroissial
tend à accompagner de plus en plus l’église. »
Ces nouvelles formes d’églises sont similaires à l’église byzantine. L’église est redevenue la
maison-église. Non plus la maison d’une vie journalière en commun, mais la maison centre de
réunions d’une même famille.
André Gutton rajoute : « Mais ce centre restera à l’échelle de la paroisse, échelle mineure, et ne
devra pas être un abus du pouvoir spirituel sur le temporel, c’est-à-dire qu’il ne devra pas, par
une architecture grandiloquente et prétentieuse, faire sentir à la ville que tous les éléments
actuellement « services publics » sont nés de l’église (hospices, écoles, état civil ou théâtre). »
Dans les années 60, il y beaucoup de concours d’architecture qui combine une église à un centre
paroissial. Ici, en 1966, l’exemple d’un concours pour un centre commercial et un centre
paroissial évangélique et catholique. Les architectes ont prévus un espace central (forum)
reliant toutes les fonctions.
Plan : Concours « Baunatal » 1966, Centre commercial, centre
communautaire évangélique et catholique.
De Peter Lehrecke, Siegfried Radtke, Werner Hessberger
Source : KIMMIG ERDMANN, Kirchen, Churches, Architektur
Wettbewerbe
Dans le centre social, l’église reprend le rôle de ses débuts, c’est-à-dire qu’elle accueille à
nouveau les hommes, pour leur apporter un élément qui leur manque dans leur vie
quotidienne, le soin des âmes, le réconfort, le soutien, le rassemblement, la communauté. Les
églises construites à partir des années 50 se préoccupent de la communauté, mais non plus
seulement religieuse, elle s’ouvre vers le monde en accueillant aussi les laïcs ou membres
d’autres religions.
86
Centre Communautaire Catholique à Munich-Fürstenried-Ost (1960)
Architecte : H. Groethuysen, Munich
Collaborateurs : B. Hübner et D. Fischer
Cet ensemble communautaire contient en plus de l’église, la maison communale et un jardin
d’enfants. Les divers accès se joignent sur le parvis sur lequel débouchent les entrées de l’église,
de la sacristie, du presbytère et de la maison communautaire. Pour fixer la situation des diverses
constructions sur le terrain, il y avait lieu de tenir compte non seulement des voies d’accès, mais
aussi des relations internes nécessaires, du problème d’orientation pour le presbytère et le
jardin d’enfant et d’une position aussi calme que possible pour le jardin du presbytère et les
aires de jeux du jardin d’enfants.
Plan de situation
Vue d’ensemble de la partie sud-est.
Vue de la tour.
Source : PETERS PAULHANS, Eglises et centres
communautaires.
Comme on peut bien le voir dans ce plan, bien que ce soit un centre communautaire unifié,
l’entrée vers la partie religieuse est bien distincte et séparée de l’entrée vers la partie laïque
composée ici du jardin d’enfants.
88
Centre communautaire, Saint Josef, Wels, Autriche (1960-7)
Architectes : F. Riepl, O. Sackmauer
Bien que les fonctions religieuses et laïques soient clairement séparées, une cour intérieure unie
ces différents corps de bâtiments, en offrant un lieu de rencontre commun. Le patio d’entrée
est aussi un espace commun. La disposition des différents corps de bâtiment ressemble
clairement à l’abbaye de Fontenay (p. 69).
Centre communal à Hyrylä, Finlande (1965-7)
Architectes : K. Mikkola, J. Pallasmaa
Plan : Centre communautaire St-Josef, rez-de-chaussée.
Plan et coupe : Centre communal d’Hyrylä.
Photo : Espace de culte d’Hyrylä.
Source :GIESELMANN REINHARD, Neue Kirchen.
L’église et la salle communale sont côte à côte, et possède une entrée commune avec un foyer
et les locaux annexes. La salle de gymnastique sur deux étages et l’habitation du prêtre sont
séparés de l’autre partie par une cour. Les différentes fonctions sont peut-être un peu trop
séparées, et on pourrait regretter l’absence d’un espace commun, de rencontre.
90
Centre communautaire évangélique à Stuttgart-Sonnenberg (1963-6)
Architecte : E. Gisel.
Sonnenberg est un quartier composé de maisons familiales individuelles ; pour les proportions
du centre, on a décidé d’utiliser l’échelle des constructions alentours. Même si l’église est plus
grande que le reste, elle fait tout de même partie de l’ensemble, très fermé.
Ici, quatre fonctions principales se côtoient. Tout d’abord le lieu de culte, qui se différencie par
son volume. Cet espace est le point principal de l’ensemble, de par sa qualité sacrée. Le jardin
d’enfants est une utilité publique, qui éduque les petits. Dans la suite, les locaux pour les jeunes
permettent de maintenir un lien entre habitants de même âge, toujours dans la continuité du
rôle de l’église. La salle communale est un espace de réunion et de rassemblement, tel l’église,
mais l’utilisation y est laïc. Le logement, un peu à l’écart, permet de lier ces lieux communs avec
l’habitat, privé.
Coupe et plan du centre.
Source : GIESELMANN REINHARD, Neue Kirchen.
L’espace central a, à nouveau, la même fonction que le cloître : il lie les locaux entre eux, et
permet le rassemblement, la promenade. Cette configuration du plan me paraît tout à fait
efficace. De plus, l’entrée se faisant aussi par l’espace central, c’est une assurance qu’il ne reste
pas vide.
92
3.7. Exemples contemporains
Eglise néo-apostolique de Bülach, Dürig & Rämi, 2002.
Le projet poursuit trois buts. Tout d’abord, il s’agit de concevoir une église comme espace pour
la communauté et comme lieu sacré. La typologie du plan et le choix des matériaux sont les
instruments principaux pour atteindre ce but. Deuxièmement, les lois spécifiques de cette zone
à bâtir doivent être respectées. Les logements demandés dans le règlement de construction
seront intégrés dans le bâtiment de l’église, de sorte que la maison soit un tout, mais reste
reconnaissable comme église. Finalement le projet doit se préoccuper des coûts, qui peuvent
être réduits grâce à la superposition des fonctions.
Les espaces religieux et les logements se trouvent dans le même bâtiment. Le rez-de-chaussée
est principalement occupé par l’Eglise. La salle de culte s’étire sur trois étages. Autours de cet
espace, aux deux étages supérieurs, se situent les logements. Il résulte une cour intérieure qui
éclaire les logements et les relie.
Le corps simple et cubique est uniformément matérialisé. Le bâtiment de l’église intègre les
logements et donne une image unie. La lumière et la matérialité prend donc beaucoup
d’importance. Le volume est couvert d’une enveloppe translucide de briques en verre. Durant la
journée, le bâtiment a un aspect de verre, unifié. Mais la nuit, les différents espaces s’illuminent
à travers la façade translucide. La salle de culte dans le coin se reconnait aisément.
La maison est organisée de telle manière que la fonction religieuse et la fonction d’habitation ne
se gênent pas. Les entrées se font de différents côtés du bâtiment.
Image 1 : Bâtiment multifonctionnel de Bülach (2002)
Source : www.nak.ch.
Images 2 à 6 : Vues intérieurs.
Source : photos personnelles.
Le rez-de-chaussée est réservé à la fonction religieuse. Le plan est carré, et dans chaque coin il y
a un élément important du programme : la salle de culte sur trois étages, les espaces
d’enseignement. Au centre se situe un grand espace (foyer) qui peut être divisé par des rideaux.
Ce foyer offre aux fidèles un centre et un sentiment d’appartenance. Il est très flexible.
94
La cour intérieure commune des logements est accessible par deux escaliers de part et d’autre
du volume. Il y a en tout six appartements, orientés vers l’extérieur, mais aussi vers la cour
intérieure. Cette cour a le même rôle social que le foyer de l’église.
Plan :rez-de-chaussée et étage avec affectation
Coupes avec affectation
Source : Dürig & Rämi, Zurich.
A la base, le concours prévoyait deux bâtiments distincts pour l’église et les logements. Le
gagnant Dürig & Rämi a d’ailleurs rendu un projet comme tel. Cependant, pour des raisons de
coûts et de taille de la parcelle, le projet a été complètement modifié pour devenir un volume
unique regroupant les deux fonctions. Cette configuration unique permet l’ouverture du débat
autour de la multifonctionnalité d’un édifice religieux ou profane.
96
Evangelisches Kirchenzentrum Kronsberg, Hannover, Bernhard Hirche, 2000.
Ce projet regroupe une église et 15 logements sociaux ou pour handicapés et 6 logements pour
familles. L’architecte a relié ces différentes fonctions à la manière d’un couvent, autour d’un
cloître. L’église accueille en plus du culte différentes conférences, expositions ou réunions de
regroupement.
Image et plan: Kirchenzentrum Kronsberg, 2000,
Source : www.kirchekronsberg.de
Le lancement du concours demandait un nouveau concept pour un complexe de bâtiment. Pour
les différentes utilisations prévues, l’architecte a travaillé avec la typologie du cloître.
Différentes volumes cubiques sont liés par une structure en béton. Au centre se trouve une cour
introvertie, végétalisée, qui relie les fonctions. L’ouverture et la transparence sont obtenues
grâce à des passages, des axes visuels et des espaces de tailles variables.
98
4 _ Réflexion actuelle sur le patrimoine religieux
La fréquentation globale des lieux de culte diminue sans cesse. Pour les Eglises, l’évolution
sociale et démographique constitue donc un double défi. D’une part, elles se trouvent
contraintes de renouveler leur langage pour annoncer l’Evangile. D’autre part, elles doivent
envisager la gestion de leur patrimoine immobilier sous un nouvel angle.
Dans ce chapitre, je ne vais pourtant pas réfléchir à la façon dont les Eglises pourraient se
renouveler. Ce thème relève d’une approche plus sociologique et théologique qu’architecturale.
Je me trouve ici en possession de moyens trop limités pour traiter cette question. J’essaie donc
de rendre compte des réflexions au sujet du patrimoine immobilier des grandes Eglises de
Suisse, puis de celles de l’Eglise néo-apostolique, en finissant par une critique plus personnelle.
100
Réaffectation
Bon nombre d’Eglises se trouvent dans une situation délicate à double titre. D’une part, elles
possèdent un parc immobilier qui excède leurs besoins. D’autre part, elles ne sont plus en
mesure d’assurer les coûts d’entretien de ces bâtiments sans réduire d’autant le budget alloué à
d’autres domaines.
Les Eglises ont donc différentes solutions à leur portée, qu’elles devront évaluer, pour choisir la
plus pertinente, qui n’empiète pas sur les fondements même de celle-ci. Les diverses possibilités
à disposition sont les suivantes :
La réaffectation :
- un élargissement de l’usage initial ou usage mixte
- un usage par des tiers (location)
- la vente
Actuellement, il existe plusieurs communautés réformées qui, pour la survie de leur église, en
élargissent l’usage. C’est-à-dire qu’elles louent leur espace de culte à d’autres communautés
chrétiennes qui sont en expansion, comme l’Eglise orthodoxe serbe par exemple. Un partage du
temps d’occupation mais surtout des frais, permet de conserver le bâtiment. Cette option
nécessite un espace et un ameublement modulable, pour s’adapter à chaque liturgie. Les églises
qui ne sont plus du tout utilisées, sont elle aussi louées à d’autres confessions, mais à temps
complet. Cette solution est très majoritairement pratiquée par les confessions réformée, qui
possèdent des bâtiments plus neutres du point de vue religieux.
Photos : église romane de Feldbach (France, 1144) avec un
mobilier interchangeable, pouvant accueillir des expositions,
comme ici une œuvre de landart.
Source : internet.
Certaines communautés mettent leurs locaux à disposition d’événements culturels, comme des
concerts, des expositions temporaires, des conférences ou débats, des événements caritatifs.
L’église est en fait un vaste espace, qui peut accueillir des rassemblements de toute sorte. Mais
elles tiennent toujours compte de la valeur de cet usage, pour qu’il n’interfère par avec la
symbolique de l’édifice. On n’imagine effectivement mal un concert de rock ou un débat
politique dans un espace sacré.
102
La dernière solution est actuellement encore très peu utilisée par les Eglises en Suisse, la vente.
Beaucoup de responsables ecclésiastiques insistent sur le fait qu’il est hors de question de
vendre un lieu de culte. Dans d’autres pays d’Europe, on peut voir des exemples d’églises
transformées en musée, bibliothèque, bar, discothèque, mur d’escalade, logement, ou autres.
Ces réaffectations sont pourtant marginales pour les édifices sacrés, car elles ne respectent plus
la valeur symbolique du bâtiment, et sont plutôt mal vues des responsables religieux.
Il est intéressant de noter qu’il y a quelques siècles encore, les églises étaient aussi utilisées
pour des actes de la vie publique et politique, qu’il était fréquent d’y voir des chiens ou des
cochons, qu’on y affichait les plaques commémoratives en l’honneur des soldats tombés à la
guerre, qu’on y entreposait du grain durant les crises, alors que de nos jours, ces églises sont
perçues comme des monuments d’où émane une sacralité diffuse. On n’ose plus y toucher, ce
sont devenu des objets de musée, qu’on regarde et qu’on admire, mais qui n’accueille plus
l’essence même de la « vie » de communauté.
Photo 1 : Bar et restaurant dans une église, Dublin.
Photo 2 : Librairie dans l’église Saint-Bartholomée, Pays-Bas.
Photo 3 : Appartement dans une église, Utrecht.
Source : internet.
Actuellement, vu la constante évolution de notre société à une vitesse relativement élevée, il
me semble prioritaire que l’espace sacrée s’adapte à son temps, et ne reste pas figée dans une
forme et une liturgie rigide. Il doit pouvoir être modulé selon les besoins, être agrandi ou réduit,
et même accueillir des activités parallèles au culte, comme des réflexions théologiques
communes, l’enseignement aux jeunes, la pratique du chant ou autres. Le principal problème
aujourd’hui est l’utilisation très limitée de l’espace sacré, qui est uniquement destiné au culte
du dimanche matin, et qui reste vide le reste de la semaine. Si cet espace avait des possibilités
d’adaptation, il pourrait peut-être abriter d’autres activités. Les constructions de nouvelles
églises devraient établir une réflexion allant dans ce sens.
104
Malgré la baisse de fréquentation des espaces sacrés, de nouvelles églises sont toujours
construites. Ce sont de moins en moins des grands édifices de rassemblement. On voit la
renaissance d’une typologie, celle des petites chapelles de recueillement situées sur les nœuds
importants de la société actuelle : les aires de repos des autoroutes, les gares et les aéroports,
les centres commerciaux. Avant, ces chapelles se trouvaient dans la nature, comme un arrêt sur
la route du voyageur et du pèlerin, aujourd’hui, elles viennent à la rencontre de l’homme
moderne, qui emprunte les réseaux de transports et qui consomme. La religion n’est plus
pratiquée de la même manière, on ne veut plus se contraindre à se lever le dimanche matin
pour aller au culte, on préfère passer un moment à méditer et à se recueillir dans un endroit
adapté, si possible sans effectuer un grand détour. Ces chapelles ne sont plus associées à une
confession, elles sont un lieu sacré pour la population en général, identifiable par tous.
Centre commercial ou commerce de proximité
Aux Etats-Unis, ainsi que minoritairement en quelques endroits d’Europe, se développent des
espaces de rassemblement sacrés à échelle gigantesque. Tout y est démesuré : le parking peut
accueillir des milliers de voitures, la prédication se fait par un prêtre aux qualités d’acteur, avec
un microphone et amplificateur, la scène est presque celle d’un théâtre avec notamment des
figurants, la musique est celle d’un concert de rock ou de gospel, le culte lui-même est
grandiose, ponctué des témoignages des fidèles et des miracles accomplis en direct, et durant
des heures. Ces lieux génèrent un puissant flux de fidèles, dont beaucoup de jeunes.
Photo 1 : Greenbriar Mal, Atlanta, 1966.
Photo 2 : Christ Life Church, Petra Baptist Church, Hope
Community Church, Dallas, Texas.
Source : internet.
Ces deux perspectives du lieu sacré peuvent être comparées, par exemple, aux lieux de
consommation. La chapelle a ses ressemblances avec le petit commerce de proximité, dans
lequel on passe souvent car il est juste à côté, mais seulement pour un court instant, alors que
le grand espace de rassemblement partage ses caractéristiques avec le centre commercial. Il y
ressemble fortement d’ailleurs, de part son architecture, mais aussi parce qu’il est loin du
domicile et que c’est un lieu de réunion dans lequel on passe du temps, entouré par d’autres, à
la recherche de ce qui nous manque. Comme pour les commerces, ces deux variantes attirent
diverses personnes, qui sont plutôt favorables à l’une ou à l’autre. Mais souvent, l’utilisation des
deux en complémentarité est nécessaire pour les besoins et envies de chacun.
106
L’Eglise néo-apostolique
Dans les années 90, suite à un changement de personnel important dans la section
« Immobilier » de l’Eglise néo-apostolique suisse, une prise de conscience a eu lieu quand à la
stratégie adoptée. Durant longtemps, il a fallu construire le plus d’églises possibles pour
accueillir tous les fidèles. Certaines années voyaient l’inauguration de plus d’une dizaine
d’églises, ce qui est énorme par rapport au nombre total (églises néo-apostoliques en Suisse :
environ 220). On ne s’est pas rendu compte qu’il aurait fallu freiner cet engouement avant
d’arriver dans des proportions irréalistes. Sur le tableau de la page 19, on peut voir
qu’actuellement, l’Eglise possède le double des places assises nécessaires. Une stratégie a donc
été mise en place, afin d’enrayer ce phénomène. Elle permet de réduire le parc immobilier en
approchant de plus en plus le nombre de places assises nécessaires. Mais elle offre aussi un
nouveau visage à l’Eglise, qui doit, tout comme les autres Eglises de Suisse, s’adapter à la société
en évolution.
Toutes les églises ont donc été répertoriées dans un programme nommé « Stratus ». Les
caractéristiques y ont été introduites et catégorisées. Selon les manques programmatiques, les
manques fonctionnels et les manques énergétiques, chaque église est notée selon une échelle
de priorité de financement. Ces catégories de priorités sont ensuite comparées avec les besoins
des fidèles, puis les résultats indiquent de quels bâtiments il va falloir se débarrasser à court,
moyen ou long terme. Le paysage suisse des églises est déjà prévu pour chaque période de
l’avenir.
Certaines églises ont déjà été vendues. Comme elles se situent souvent dans des quartiers
d’habitations, sont à la taille d’une maison individuelle, et en possèdent l’expression, elles
peuvent facilement être réaffectées à des usages privés. L’une d’elle a été transformée en
logement, une autre en atelier d’artiste, et une dernière en garage à vélos. La réaffectation en
logement est en somme un juste retour des choses, car l’Eglise néo-apostolique elle-même a
commencée à se réunir dans un foyer. L’identité familiale de son architecture facilite cette
réaffectation.
108
Alors que certaines églises sont vendues, d’autres sont rénovées ou complétées par des
annexes. Plus les églises vieillissent, moins elles sont adaptées à la société actuelle. Beaucoup
possèdent la salle de culte à l’étage, et ne permettent donc pas l’accès aux handicapés et aux
personnes âgées. Souvent il manque aussi des locaux annexes, pour l’enseignement ou la garde
des enfants durant le culte. De plus en plus, les communautés différencient leur activité, c’est-àdire qu’elles accordent une importance majeure à l’enseignement, la technique son et image qui
permet aux personnes invalides d’assister aux cultes par des canaux virtuels, ainsi que
l’importance des activités en communauté, qui demande une flexibilité des espaces.
La construction de nouvelles églises a donc été abandonnée depuis une dizaine d’années.
Cependant, on peut se demander pourquoi, dans certains cas, il se construit encore des églises.
Une nouvelle église remplace souvent plusieurs petites églises qui ne valaient pas la peine d’être
rénovées, qui manquaient de locaux annexes, et ne permettaient aucune flexibilité. Ces
nouveaux édifices deviennent un moyen de se faire connaître dans la société par la parution
dans des revues d’architecture ou liturgiques, de donner une image moderne de la confession
néo-apostolique, d’insister sur sa transparence et son ouverture au monde. Les églises de
Soleure, Gränichen et Bülach sont les premières à avoir été l’objet d’un concours d’architecture
sur invitation. Le rayonnement de la construction n’en est que plus grand.
Photos : Eglise de Glarus originale (1966) et après rénovation
et ajout d’annexe.
Source : Archive de l’ENA, Zurich.
Cependant, il faut faire attention à ne pas oublier l’identité des églises néo-apostolique, ce qui
les différencie des autres confessions. Revenons à la caractéristique principale de ces églises et
de leur communauté : la notion d’attachement au groupe, à la famille, au foyer. Dans une
construction comme celle de Soleure par exemple (voir page 59), cet aspect n’est pas mis en
exergue ; l’importance est donnée à la transparence, à l’ouverture au monde. Pourtant, les
fidèles de la communauté sont attachés à retrouver l’intimité du foyer, de la famille. En suisseallemand, on peut utiliser la notion de « heimelig », qui traduit bien l’atmosphère familiale
recherchée par les fidèles, entourés par les siens, dans la joie et le bonheur, dans la maison.
Dans la nouvelle église de Bülach, l’architecte a essayé de recréer cette ambiance si
caractéristique, qui peut bien être ressentie au niveau du foyer, mais aussi de la salle de culte.
Tout en s’ouvrant sur le monde par la lumière, l’intimité de la vision est conservée.
110
5 _ Etude de cas et analyse du site
Pour le projet de diplôme, j’ai choisi de travailler sur un site de la ville de Zurich, dans le quartier
d’Albisrieden. L’Eglise néo-apostolique est propriétaire de la parcelle et de l’édifice religieux
existant. Une étude succincte, réalisée par un architecte indépendant pour trouver la solution la
mieux adaptée à appliquer à l’église existante, arrive à la conclusion suivante : l’église existante
sera détruite, car elle ne répond plus du tout aux règlements et aux besoins. Pour la remplacer,
il est prévu la construction d’un édifice mêlant fonctions profanes et sacrées. Ce projet se fera
sous la forme d’un concours sur invitation, dans le courant de l’année 2009.
Je vais donc commencer par situer cette église dans la géographie de la religion néo-apostolique
de Suisse. Puis je vais expliquer la conclusion de l’étude réalisée et les besoins programmatiques
pour l’église. Ensuite j’analyse l’édifice religieux existant d’Albisrieden, pour expliquer la
démarche du concours prévu. Après un compte-rendu des bâtiments de l’îlot, j’étudie le site et
son contexte par une immersion en images, une analyse des réseaux, des fonctions, du bâti et
de l’environnement. Les projets et aménagements prévus dans le quartier seront exposés dans
une dernière partie.
112
Zürich-Hottingen
1 Austr. 24, Adliswil
2 Sommeraustr. 6, Hombrechtikon
3 Einsiedlerstr. 17, Horgen
4 Aastr. 5, Lachen SZ
5 Kreuzstr. 57, Rapperswil SG
6 Im Chramen 2, Stäfa
7 Speerstr. 42, Wädenswil
8 Ebmatingerstr. 18, Zumikon
9 Gemeindestr. 32, Zürich
10 Butzenstr. 3, Zürich
Zürich West
11 Zeughausstr. 3, Affolten am Albis
12 Altenburgstr. 19, Wettingen
13 Schachenmatten 16, Bonstetten
14 Fliederweg 3, Bremgarten AG
15 Klosterzelgstr. 7a, Windisch
16 Austr. 26, Dietikon
17 Wallisstr. 12, Mellingen
18 Langacherstr., Mettmenstetten
19 Rohrstr. 7, Schlieren
20 Bärholzstr. 15, Wohlen AG
21 Anemonenstr. 41, Zürich
Zürich Wiedikon
22 Oberdorfstr. 92, Dübendorf
23 Buchwiesenweg 11, Kloten
24 Mühlestr. 86, Regensdorf
25 Schmittenackerstr. 2, Wallisellen
26 Zehntenhausstr. 12, Zürich
27Hertensteinstr. 27, Zürich
28 Bühlstr. 18, Züri
Administration ENA Suisse
29 Kasinostr. 10, Zürich
Administration ENA International
30 Ueberlandstr. 243, Zürich
5.1. Géographie de la religion néo-apostolique
Le canton de Zurich possède une forte densité d’églises néo-apostoliques. Le siège de l’Eglise
néo-apostolique suisse et internationale se trouve à Zurich, depuis l’année où fut nommé le
premier apôtre patriarche suisse. On peut dire que cette ville est devenue la capitale de la
religion, même si ce n’est pas officiel.
La communauté d’Albisrieden, sise à l’ Anemonenstrasse 41 (no 21 sur la carte ci-contre), fait
partie du district de Zurich-West, avec dix autres communautés. Elles sont dirigées par un
apôtre, H. Lang, secondé par un évêque, J. Zbinden. Ce district se situe dans la partie
alémanique de l’Eglise territoriale suisse, qui regroupe l’Autriche, l’Espagne, l’Italie, la
République tchèque, la Slovénie, la Croatie, la Hongrie, la Roumanie, la Bulgarie et la Moldavie.
Un apôtre est à la tête de chaque Eglise territoriale, dans ce cas, M. Fehlbaum.
Carte : emplacements des églises dans les alentours de
Zurich.
L’église étudiée se trouve dans le district de Zurich West. Elle se situe dans la ville même de
Zurich, à proximité des deux autres districts. La solution envisagée réunira la communauté
d’Albisrieden et celle de Wiedikon, à la Bühlstrasse 18 (no 28 sur la carte), se trouvant tout à
proximité. Elle va donc regrouper deux communautés de différents districts.
114
5.2. L’étude existante
L’Eglise néo-apostolique possède son taux le plus élevé en Suisse d’édifices religieux dans le
canton de Zurich. Suite à l’évolution de la fréquentation, il y a un problème de surplus de places
assises dans le canton. Le nombre d’églises va donc être réduit dans les prochaines années. Les
communautés d’Albisrieden et de Wiedikon devront fusionner dans un avenir proche.
Le bureau d’architecture e2a « eckert eckert architeckten ag » a réalisé une étude sur les
différentes possibilités s’offrant à ces deux églises. Ils ont testé plusieurs variantes en en
établissant un coût approximatif global :
-
Pour Albisrieden :
-
Pour Wiedikon :
- une nouvelle construction de logements (rentabilisation)
- une nouvelle église
- la rénovation de l’église actuelle
- une nouvelle construction de logements et bureaux (rentab.)
- une nouvelle construction (rentabilisation)
- une nouvelle église
- la rénovation de l’église actuelle
La solution retenue par les responsables de l’Eglise en collaboration avec les architectes, est la
vente de l’église de Wiedikon, la démolition de l’église d’Albisrieden et son remplacement par
un bâtiment multifonctionnel, groupant une église et une fonction plus « rentable » comme du
logement, des bureaux ou des services.
Ci-contre le programme existant dans chaque église, ainsi que le programme envisagé pour le
nouvel édifice. Ci-dessous on peut voir que la surface d’Albisrieden est largement sous-utilisée.
Figure: Programmes.
Situation
Existant
Albisrieden
Parcelle : 2'313 m2
Surface construite : 1’100 m2
Parcelle : 2'230 m2
Surface construite : 1'400 m2
Wiedikon
Source (modifiée) : e2a, Standortstudie.
Surface
constructible max
4'626 m2
Différence avec
le maximum
3'526 m2
Bilan
152 % sous-utilisé
2'007 m2
600 m2
27 % sous-utilisé
116
Les deux communautés actuelles seront regroupées en une seule, qui atteindra environ 400
membres actifs. L’indice d’utilisation du sol permet de construire un bâtiment beaucoup plus
dense que l’existant. L’Eglise veut profiter de la popularité grandissante de ce quartier pour y
implanter un signal identitaire fort de son existence. Tout à proximité, la présence de l’ensemble
« James » augmente l’intérêt du lieu. Ce projet sera détaillé dans la dernière partie de ce
chapitre.
L’importance et la densité du lieu ont amené l’Eglise a organisé un concours d’architecture pour
cet édifice. Il se situera dans la lignée du bâtiment de Bülach, conçu par Dürig Architeckten, mais
dans un contexte nettement plus urbain. Ce concours sur invitation sera lancé dans le courant
de l’année 2009. Il n’existe donc actuellement pas encore de programme précis.
La parcelle du concours se limite à celle qui appartient à l’Eglise néo-apostolique (le bâtiment en
gris foncé sur la carte). Pour mon projet de master, je ne vais cependant pas suivre au pied de la
lettre les données du concours. Je veux m’en détacher, pour ne pas être limitée par des
règlements ou autre. Je vais donc travailler sur l’îlot entier où se trouve l’église (la zone colorée
sur la carte).
Plan de localisation de l’église d’Albisrieden et de la parcelle
étudiée.
Les adjudicateurs du concours, les responsables de la section construction de l’administration
de l’Eglise néo-apostolique suisse, ont souhaité que je sois impliquée dans son organisation et le
jugement des candidats. A travers le travail et les recherches effectuées dans le cadre de mon
énoncé théorique, je posséderai les connaissances et instruments nécessaires au jury du
concours. Cette participation est, pour moi, une bonne expérience professionnelle afin de tester
l’analyse réalisée dans le cadre de mes études.
118
5.3. L’église d’Albisrieden
En 1954, l’Eglise néo-apostolique acquiert le bâtiment de logements de l’Anemonenstrasse 41,
dans le quartier d’Albisrieden. Elle le transforme et y ajoute une annexe à l’arrière, dans laquelle
se trouvera la grande salle de culte. Elle possède 435 places assises, sans possibilité d’extension.
En 1998 une rénovation intérieure est réalisée. Le statut de la communauté en 2005 est le
suivant : 371 membres, dont 267 membres actifs, soit 165 fidèles assistant au culte du
dimanche matin et 100 au culte du mercredi soir, en moyenne.
Le corps de bâtiment faisant face à l’Anemonenstrasse est la partie existante lors de l’achat par
l’Eglise néo-apostolique. C’était un édifice entièrement consacré à l’habitat. Lors de l’acquisition
par l’Eglise, elle transforme le rez-de-chaussée pour y accueillir les locaux annexes (la sacristie,
une cuisine, les toilettes), tandis qu’une salle de culte est rajoutée à l’arrière du bâtiment. Cette
construction est clairement détachée et légèrement décalée de l’axe de l’existant, car elle suit
les limites de la parcelle. Une liaison est constituée entre les deux corps, pour permettre le
passage tout en restant à l’intérieur. Une aile annexée de chaque côté de l’existant permet
d’accueillir l’école du dimanche.
Le premier et le deuxième étage de l’existant accueillent quatre logements. Au premier étage, la
cage d’escalier dessert un appartement de 4 pièces et un autre de 2.5 pièces. Sous le toit, il y a
encore deux appartements de 2 pièces chacun. Ces logements n’ont pas été modifiés depuis
l’acquisition par l’Eglise. Les habitants ne font pas parti de l’Eglise.
Photos de l’église d’Albisrieden.
Pages suivantes : Plan, élévations et coupe de l’église
d’Albisrieden.
Source : ENA, Zurich.
Au sous-sol de la salle de culte, des abris de protection civile ont été construits. Le reste de la
parcelle, à l’arrière du bâtiment existant, a été aménagé afin d’offrir un ensemble de verdure
soignée, et un chemin qui contourne la salle de culte.
120
122
1
2/3
4/5
3/4
5
6
7
4
124
3/4
3
2
3
4
5
2
6
1
7
La parcelle
La parcelle étudiée mesure environ 105 mètres de long, 75 mètres de large à l’arrière et 65
mètres à l’avant. Sa surface totale est d’à peu près 7400 m2. Elle est actuellement composée de
7 bâtiments.
Le bâtiment 1 fait front à la Rautistrasse, composé de 7 étages, avec un garage et une station
service au rez-de-chaussée. Il est de couleur vert foncé. Le bâtiment 2 longe la Flüelastrasse
dans la continuité de l’édifice 1. Il a la même hauteur que le précédent, sa façade est bleue. La
construction suivante, la 3, longe toujours la rue mais se distance du bâtiment précédent, et est
rose. Ces trois bâtiments présentent un front de rue assez compacte et haut, leur façade est
composée d’éléments horizontaux. Tous trois abritent des bureaux.
Photos et numérotation des bâtiments de la parcelle.
Le bâtiment 4 est donc l’église. Il fait face à l’Anemonenstrasse, et sa partie arrière pénètre à
l’intérieur de l’îlot. La salle de culte est donc un peu à l’étroit et entouré de hautes
constructions. Les bâtiments 5 et 6 sont des constructions de 2 étages, abritant pêle-mêle des
bureaux, ateliers et logements. Ils représentent bien la mixité caractéristique de tout le quartier
d’Albisrieden. Le dernier immeuble, le 7, contient des logements, et fait en quelque sorte le lien
entre les bâtiments bas de l’arrière de l’îlot avec les constructions de front de rue. Grâce à son
toit en terrasse, une partie de l’immeuble montre 3 étages en façades alors que la partie sur la
grande route possède à nouveau 7 étages, comme les bâtiments 1, 2 et 3.
126
5.4. Immersion
A travers l’expérience physique du quartier, j’essaie ici de transcrire quelques constatations
simples et impressions du quartier en question. Par une immersion en images, je vais tenter de
faire part de mes observations.
Comme on peut le voir sur l’image 1, cet angle de la parcelle a une importance conséquente. Le
bâtiment actuel offre une sorte de panneau d’affichage faisant face au flot de véhicule circulant
vers le centre de Zurich. Il indique le numéro du bâtiment dans cette rue, ainsi que les diverses
entreprises présentes dans l’édifice. L’image 2 montre le front compact du bâti sur la rue. Une
rangée de places de parc sépare la rue des bâtiments de bureaux et de logements. Aucune
distinction n’est visible depuis la Flüelastrasse, si ce n’est le corps de circulation verticale. Ces
deux côtés de la parcelle (Rautistrasse et Flüelastrasse) présentent un front de constructions
lisse et compact, tandis que les deux autres côtés ne sont pas du tout reconnaissables comme
une bordure.
Les images 3 et 4 présentent les deux autres côtés de la parcelle, la première est une vue depuis
la ruelle qui traverse l’îlot, et la deuxième une vue depuis l’Anemonenstrasse. A côté de l’église
se trouve un petit bâtiment industriel. Ce front change totalement d’échelle par rapport aux
autres. Ce sont des petites constructions irrégulières, qui s’ouvrent sur la rue. La ruelle séparant
l’îlot est à peine de largeur à laisser passer une voiture. Des logements avec balcons se dirigent
vers cette ruelle, faisant face à d’autres logements.
Les images 5 et 6 montrent d’une part la Flüelastrasse séparant les logements des industries,
d’autre part les habitations de la Dennlerstrasse. L’image 7 offre une vue sur le croisement des
routes près du stade, tandis que l’image 8 marque l’importance de l’entreprise Siemens, que
beaucoup de zurichois connaissant le quartier savent localiser.
Plan : Prises de vue des photos des pages suivantes.
Pages suivantes : Photos du quartier.
Les images 9 et 10 font état du logement présent dans ce quartier, de l’ancien au nouveau.
L’image 11 donne son importance au stade du Letzigrund, très connu et l’image 12 donne un
aperçu de la très fréquentée Badenerstrasse.
128
130
132
134
5.5. Réseaux
Le site du projet est desservi par quatre lignes de transports publics :
- Le tram 2 relie « Bahnhof Tiefenbrunnen » à « Farbhof ». Depuis l’arrêt le plus proche
« Freihofstrasse », le centre ville de Zurich « Paradeplatz » est atteignable toutes les 8 minutes,
de 5h00 à 1h00 du matin, en l’espace d’environ 13 minutes. Cette ligne ne passe pas par la gare
centrale de Zurich, elle traverse la ville du nord ouest au sud est.
- Le tram 3 relie « Klusplatz » à « Albisrieden ». Depuis l’arrêt « Siemens », le centre ville de
Zurich « Bahnhofplatz » est atteignable toutes les 7 minutes, de 5h00 à 1h00 du matin, en
l’espace d’environ 18 minutes. Cette ligne relie le centre du quartier d’Albisrieden à la gare
centrale de Zurich, elle traverse la ville d’est en ouest.
- Le bus 95 est une ligne qui effectue une petite boucle depuis la gare d’ « Altstetten » jusque
dans ce quartier. Elle ne fonctionne que de 7h à 9h et de 16h à 18h, du lundi au vendredi. Elle
est donc spécialisée dans le transport de travailleurs et d’écoliers.
- Le bus 89 est une ligne plus importante qui relie la gare d’ « Altstetten » à « Sihlcity ». Il circule
de 5h30 du matin à 20h. Avec une moyenne de quatre bus par heure, la fréquence est baissée le
samedi et supprimé le dimanche et les jours fériés. Cette ligne est donc aussi ciblée sur les
personnes actives, le travail et les achats.
Plan : transports publics.
Le site est donc relié facilement au centre-ville de Zurich, et à sa gare centrale. Une liaison avec
la gare d’Altstetten est à disposition pour les travailleurs, mais malheureusement pas en
d’autres temps. Les lignes ciblées sur les actifs traduisent la présence de logements et de places
de travail dans le quartier.
136
Au nord du site se trouve la « Badenerstrasse », qui relie d’est en ouest le centre de Zurich et sa
périphérie. A 1.5 kilomètres en voiture, il est possible de rejoindre l’autoroute A3 en direction
de l’ouest de la Suisse ; Bâle, Berne, Neuchâtel, Thoune, Genève et Sion. A la même distance se
trouve la gare d’Altstetten. A l’ouest, la « Badenerstrasse » permet de se rendre dans la
périphérie de Zurich ; Spreitenbach, Dietikon, Schlieren. Là-bas se trouvent les ensembles de
logements subventionnées, l’habitat individuel, mais surtout les grands centres commerciaux. A
l’est, la route permet de se rapprocher du centre ville, mais ne s’y rend pas entièrement.
L’ « Albisriederstrasse », qui effectue un angle de 90 degrés à quelques dizaines de mètres du
site, conduit au quartier d’Albisrieden, puis, en montant, rejoint la Birmensdorferstrasse qui
traverse la forêt pour rejoindre Uitikon et Birmensdorf. Ces deux villages se situent à la
campagne, mais restent toutefois très proche de la ville de Zurich.
Le site se trouve au bord de la « Rautistrasse ». Cette route conduit un flux important de trafic.
Elle arrive à l’ouest depuis le quartier d’Altstetten, pour rejoindre l’Albisriederstrasse devant
l’entreprise Siemens. Le bâtiment (image 1, page 129) qui se trouve dans l’angle de la
Rautistrasse et la Flüelastrasse, offre son front comme un panneau de signalisation aux
utilisateurs de cette route. Cet angle de la parcelle a un caractère public, qui indique l’entrée de
la ville. La présence des stations services, des lavages d’automobiles, des garages et de l’autoécole sur cette route, renforce l’importance du véhicule privé à cet endroit.
La « Flüelastrasse », la « Dennlerstrasse » et l’ « Anemonenstrasse » sont des rues de quartier,
qui desservent directement les bâtiments. Elles sont classées dans une zone limitée à 30km/h
pour les véhicules. Elles possèdent de larges trottoirs, ainsi qu’une rangée de places de parc
latérales de chaque côté, classées en zone bleue.
Plan : réseaux routiers.
Le site est axé sur le véhicule privé. Il se trouve entre la ville de Zurich et sa périphérie d’où on
vient pour travailler et où on se rend pour habiter et consommer. Le quartier lui-même laisse
une place importante aux piétons grâce au classement en zone piétonne.
138
5.6. Fonctions
Le site a une position clé dans l’urbanisme du quartier. Il se trouve clairement sur la limite de
deux zones de fonctions. A l’est il y a majoritairement des logements, tandis qu’à l’ouest sont
implantés les activités, comme les industries, les bureaux, les ateliers et entrepôts. Cette mixité
de fonctions fait la particularité du quartier. Il est un des nombreux endroits « tendances » de
Zurich, qui se développent actuellement avec des réaffectations d’anciennes friches, dépôts ou
usines, en lofts, ateliers ou salles de concerts.
Des équipements sportifs offrent leur service à proximité de la parcelle : le stade du
« Letzigrund », à la renommée internationale depuis l’Eurofoot, le terrain de sport « Utogrund »
ainsi que la piscine publique de plein air « Letzigraben ». Des crèches, des écoles enfantines, des
écoles primaires et secondaires accueillent les enfants du quartier. Le centre commercial Letzi
au nord, est, quand à lui, un grand pôle d’attraction, bien au-delà du quartier.
Plan : fonctions.
Les églises ou centres communautaires ponctuent le territoire, comme le faisaient à l’époque les
abbayes, qui accueillaient les fidèles sur leur pèlerinage.
140
5.7. Bâti
Le bâti, dans ce quartier, est tout à fait hétérogène. Les petites constructions d’habitations
individuelles côtoient les ensembles de logements, ainsi que les grands volumes d’entrepôts,
d’ateliers ou d’entreprises. Ce sont les routes qui structurent et quadrillent le territoire, créant
des « îlots », pourtant difficilement visibles, car ils ne sont pas mis en évidence par le bâti. Ce
mélange entre récent et ancien, entre haut et bas, entre dur et mou introduit des tensions
intéressantes dans le quartier, et le rend unique.
Plan : bâti.
La parcelle étudiée (colorée sur la carte) possède un bâtiment qui essaie de souligner un côté de
l’îlot, offrant un front aux rues attenantes. Les constructions de la parcelle et des parcelles
alentours se dirigent principalement dans le sens sud-ouest nord-est, parallèlement à la
« Flüelastrasse » et la « Dennlerstrasse ». Certains bâtiments en front de la route principale
suivent celle-ci.
142
5.8. Espaces verts
Les espaces verts sont relativement rares dans ce quartier. À l’est et à l’ouest, la présence de
jardins familiaux offrent une nature reconstituée et travaillée par l’homme. Au sud, le cimetière
est un espace vert calme, une espèce de pause dans l’urbanisation de la ville, mais que le public
ne fréquente pas pour se divertir. Le triangle de verdure au centre droit est le seul « parc »
ouvert au public, se situant au centre d’un îlot, lié aux ensembles de logements alentours.
Comme nous avons pu le voir sur les photos précédentes (pages 129 à 134), la végétation est
tout de même assez présente dans le quartier, entourant bon nombre d’immeubles.
Plan : espaces verts.
Le nom des rues du quartier donne une touche de poésie en rappelant la nature. Ce sont des
noms de fleurs comme « Anemonenstrasse », « Gladiolenweg », « Schneeglöggliweg »,
« Edelweisstrasse », « Campanellaweg », « Cyklamenweg », « Enzianweg », « Fuchsiastrasse »,
« Soldanellastrasse » ou encore le tout nouveau « Bambusspur » de l’ensemble « James » (décrit
à la page suivante). C’est vrai que le territoire où se concentrent majoritairement ses noms de
rues est une zone d’habitations individuelles d’une cinquantaine d’années, qui privilégient « les
géraniums sur le bord des fenêtres et les nains de jardins devant la porte».
144
5.9. Projets existants ou prévus, aménagement du territoire
« Gebietsentwicklung Letzi »
Pris entre les blocs du bord de ville du 19ème siècle et la structure villageoise d’Albisrieden et
d’Altstetten, une zone du sud-ouest zurichois a vu émergé, durant l’industrialisation, de
nombreuses places de travail. Le développement de ce territoire agricole a commencé avec de
grandes industries comme la fabrique d’automobile Arbenz et l’abattoir de la ville. D’autres
industries, des activités, des complexes sportifs et de loisirs, des bureaux et des logements ont
vu le jour plus tard.
Planification : La zone de « Letzi » (sur la carte ci-contre) est le point d’intersection des quartiers
grandissants d’Altstetten, d’Albisrieden, d’Aussersihl et de Wiedikon. Un mélange de diverses
formes de bâti caractérise le territoire et lui donne un charme. La planification se construit sur
cette identité, renforce ses qualités et offre de nouvelles « îles » attractives.
Photo : Site du « Letzi ». La parcelle étudiée est en jaune.
Projets : Divers projets ont déjà été réalisé, notamment l’ensemble « James » (décrit à la page
suivante). Un point central de cette planification est le processus engagé pour le « ZollfreilagerAreal » au sud de la zone. Ce terrain de 76'000 m2 sera transformé en un ensemble vivant, avec
une mixité sociale élevée : environ 1000 logements pour une vaste couche de la population (des
appartements de luxe ne sont pas adaptés), des ateliers et des magasins. De nouvelles places,
surfaces et liaisons vont le relier au quartier. Les édifices ayant une valeur architecturale seront
conservés et intégrés dans l’ensemble.
146
Tiré du complément « Spécial Habitat » de l’Hebdo du 14.02.08 :
« JAMES » OU L'APPARTEMENT SERVICES COMPRIS
L’architecte Patrick Gmür a construit un élégant complexe immobilier doté d’une superconciergerie. Une réussite !
« Novateur et intelligent, « James » est un nouveau concept de services calqué tout à la
fois sur le modèle de l'hôtellerie et des conciergeries à l'ancienne. II fonctionne depuis l'automne
2007 à Zurich dans un vaste complexe immobilier tout neuf situé dans le quartier d'Albisrieden,
entre la Flüelastrasse et l'Anemonenstrasse, non loin du stade du Letzigrund. Composé de trois
bâtiments de différentes hauteurs - le dernier, encore en construction, sera achevé en 2009 propose en location 6400 m2 de bureaux ou locaux commerciaux et 283 appartements de 1,5 a
5,5 pièces, dont une partie sous forme de « maisonnettes » familiales a deux étages. Les
logements sont équipés d'un « Tablet PC » qui, par le biais d’intranet, permet aux locataires de
communiquer directement entre eux et bien sûr avec le portier.
But de l’opération: offrir aux citadins actifs, et donc très occupés, une alternative de qualité à la
propriété privée et au développement des zones villas si gourmandes en terrain. Et le succès est
au rendez-vous. « Tout est loué et pour la deuxième étape, la liste d'attente est déjà longue », se
réjouit Urs Kung, d'lntercity.
Un nouveau paradis urbain pour riches zurichois retraités ou étrangers de passage? Justement
pas, et c'est bien l'originalité de ce projet qui associe étroitement travail et habitat, et dont la
moitié des locataires ont entre 26 et 35 ans. Avec son environnement hétéroclite de petites
entreprises, de bureaux et d'entrepôts, le quartier, en pleine évolution, est très éloigné d'une
zone résidentielle avec verdure et piscines. Situé à moins d'une demi-heure de tram du centre ou
de la gare, il offre toutefois de nombreux avantages tant au niveau des commerces que des
infrastructures scolaires ou sportives.
Plan de situation et plan de l’ensemble « James ».
Photos de l’ensemble « James ».
Source : Photos personnelles.
Les loyers, qui varient en fonction de l’étage, restent relativement accessibles pour Zurich. On
peut en effet déjà obtenir un quatre-pièces et demie pour 2060 francs par mois. Mais il existe
différents types de configurations avec, en attique, des logements particulièrement luxueux de
177 m2 pourvus d'un patio. Les locataires disposent par ailleurs au rez-de-chaussée d’une
148
buanderie-salon dernier cri qui, conçue comme un lieu de rencontre, s'ouvre largement sur
l'extérieur. Sans sortir de chez eux, les habitants peuvent également accéder à une ancienne
halle industrielle qui, réhabilitée, abrite diverses manifestations publiques ou privées.
Conçus comme un morceau de ville dans la ville (plus de 23000 m2 de surface au sol), les
bâtiments eux-mêmes s'inscrivent avec subtilité et élégance dans le contexte un brin chaotique
du quartier. Ils sont séparés par une allée de bambous plantés dans des bacs qui offrent tout à la
fois verdure et mouvement.
Photos de l’ensemble « James ».
Source : Photos personnelles.
C'est là, face à la porte, que se trouve la loge du concierge. Et derrière le desk, impeccable et
attentif, le fameux « James » en personne. Qui, bien sûr, ne s'appelle pas ainsi et dont la
fonction, actuellement, est remplie par quatre personnes. Les locataires viennent auprès d'elles
chercher leur courrier et leurs recommandés, déposer la clé pour le réparateur ou la femme de
ménage. De leur côté, ils se chargent d'envoyer un costume au pressing, de commander un taxi
ou de réserver un billet pour un spectacle. Tout ce qui peut être fait du desk est gratuit, le reste
devient payant mais là aussi relativement avantageux. Faire arroser ses plantes, déposer son
courrier chez soi, aérer et nourrir un animal coûte en effet 70 francs par semaine. Six mois après
l'ouverture, le système fonctionne bien. »
150
« Wohnüberbauung Dennlerstrasse »
Maquette, plan de situation et photos de l’ensemble de
logement « Dennlerstrasse ».
L’ensemble de logements de la Dennlerstrasse de Theo Hotz est composé d’un bâtiment de 130
mètres de long, bordant la rue, un autre corps le long de l’Anemonenstrasse, ainsi que cinq
blocs carrés décalés. Il y a 164 appartements à loyers moyens, dont plus de la moitié sont des
4.5 pièces, un cabinet de médecin, deux jardins d’enfants et une crèche. Tous les appartements
ont deux côtés vers l’extérieur. Les rez-de-chaussée surélevés, les balcons couverts et la grande
distance entre les bâtiments permet une certaine privacité malgré les grandes ouvertures. La
cour intérieure piétonne végétale est un environnement favorable pour les familles. En effet, les
grands balcons garnis de plantes en pots, les jouets et les meubles donnent une atmosphère
très familiale au quartier. La proximité des écoles et de la piscine favorise l’établissement de
familles à cet endroit.
152
6 _ Hypothèses de travail pour le projet
Ce chapitre conclura l’énoncé théorique, en essayant de reprendre quelques points importants.
Il pose surtout les bases pour débuter le projet de master. A travers un court rappel des thèmes
clés de chaque chapitre, je mets en évidence les sujets qui vont structurer le projet. Ensuite, je
vais énoncer brièvement le programme prévu pour le projet.
154
6.1. Thèmes architecturaux
Identité au foyer _ la maison
Les premiers chrétiens néo-apostoliques se réunissent dans une maison, seul lieu à disposition
immédiate. Un fidèle offre son foyer en guise de salle de culte le dimanche matin. En outre, une
parole de Dieu préconise de ne pas s’attacher aux éléments terrestres, car Jésus viendra
prochainement ramener les siens au ciel. Par la tenue des services divins dans des maisons ou
des locaux loués, les fidèles sont en constant mouvement, sans possibilité de s’identifier à un
lieu. Ce sont des nomades qui n’ont d’attachement que la communauté. L’identité se situe à
l’intérieur des liens forts entres les fidèles, qui se déplacent en permanence ensemble pour se
réunir en différents endroits.
Mots clés
EPHEMERE - PERMANENT
NOMADE - SEDENTAIRE
Pourtant, le besoin naturel d’identité et la prise de conscience de leur existence permanente sur
terre conduisent à l’appropriation et la transformation de lieux existants afin de les adapter aux
besoins du culte et de la communauté. Ces édifices gardent leur aspect originel ; seul le symbole
néo-apostolique y est apposé. Cet emblème identifie et différencie les chrétiens néoapostoliques des autres.
Les premières constructions conservent l’aspect de l’éphémère, grâce à un type très simple,
ressemblant plutôt à un hangar ou une caravane qu’à une église. La participation des fidèles à la
construction fortifie leur sentiment nouveau d’appartenance à un lieu, en plus de
l’appartenance à une communauté.
MOBILITE - ANCRAGE
TRANSITOIRE - LIEU
FOYER – EGLISE
L’architecture de référence des néo-apostoliques de Suisse reprend le thème de la maison, avec
les deux pans de toitures très escarpés. La tente nomade et la cabane primitive ont pu être un
exemple pour cette architecture. Depuis la naissance de l’Eglise néo-apostolique, les fidèles ont
toujours été tiraillés entre deux contraires : le fondement de la proscription des attaches
terrestres, et le besoin naturel d’identité à un lieu, pour se différencier des autres chrétiens.
156
Accueil et rencontre _ le cloître
Le ciment de base de la vie de communauté des fidèles néo-apostoliques est l’accueil et la
rencontre. Le croyant recherche le contact et le rassemblement au sein de l’Eglise. Ce temps
passé ensemble entre membres de la communauté fortifie les liens et le sentiment
d’appartenance.
Dans le couvent, comme dans la plupart des hôpitaux et écoles religieuses, le cloître est le lieu
central de rencontre de la communauté. De par son emplacement et sa forme, il constitue le
cœur géographique et spirituel de l’ensemble. C’est un lieu de méditation et de promenade,
clos sur lui-même, entouré par toutes les fonctions.
Le « cloître-paradis » est l’espace, physique ou religieux, de la transition entre l’ombre et la
lumière, l’endroit où le moine se rend chaque jour, le livre à la main. Dans la perfection de ce
lieu, avec le ciel et la lumière pour toit, il est symboliquement guidé dans sa progression vers la
connaissance et la compréhension des Ecritures.
L’Eglise a retrouvé depuis une cinquantaine d’années son rôle social, qui accueille non
seulement ses membres, mais devient un lieu de rencontre pour la société, y compris les
membres d’autres religions et les non-croyants. Ce rôle est repris par l’Eglise, comme il l’a été
dans le temps, car les hommes ressentent le besoin de se réunir, de se sentir entouré et
accueilli. Cette notion sociale permet de redéfinir le rôle de l’Eglise dans la société, qui dépasse
dorénavant la communauté de membres privilégiés afin de s’ouvrir à tous.
158
Soin de l’âme et du corps _ l’hôpital
Le soin de l’âme est le rôle principal de l’Eglise. Mais à cela s’ajoute le soin du corps, qui était
déjà présent dans les premiers couvents. L’Eglise a toujours été une institution caritative, qui se
doit d’aider les pauvres, les malades, en leur prodiguant bien-être et réconfort. Les dons des
fidèles de l’Eglise néo-apostolique sont distribués en partie dans la Fondation d’utilité publique
de l’ENA et la Fondation pour la mission de l’ENA.
Enseignement _ l’école
Tout comme les soins, l’enseignement est présent dès le début du christianisme. Pour assurer la
formation des clercs, il se crée des séminaires. Par la suite, des étudiants sont instruits sur la
parole de Dieu, puis l’enseignement concerne tous les domaines. L’Eglise a ce rôle de participer
à l’éducation des enfants. L’Eglise néo-apostolique a aussi mis en place un enseignement de
l’histoire biblique et de la parole de Dieu pour ses enfants, l’école du dimanche.
Eléments à retenir
-L’importance de l’identité : L’architecture devra rappeler la notion de foyer, d’appartenance à
une communauté, de lieu spécifique.
-L’accueil et la rencontre : Ce rôle principal que l’architecture peut endosser face à la ville, et ses
habitants. Elle doit offrir un lieu exceptionnel, comme le cloître, qui réunit les fonctions et les
êtres humains, tout en offrant le calme et la possibilité de la réflexion.
-Le rôle social : Le soin et l’enseignement se refléteront dans le programme de cet îlot, qui doit
compléter et étoffer l’offre actuelle du quartier et de la ville.
160
6.2. Construction
Symbole
La stratégie actuelle de l’Eglise néo-apostolique consiste à donner une image positive,
attrayante, ouverte sur le monde à une société qui a souvent des préjugés négatifs face aux
Eglises minoritaires - L’Eglise néo-apostolique étant souvent vue comme une secte. Elle veut se
démarquer par une haute valeur architecturale, une conception agréable des espaces, une
intégration dans la ville et la société existante. Elle veut aussi être un signe, pour marquer
l’existence d’un lieu sacré, d’un espace de rencontre et de soin.
Situation
La parcelle du projet a un emplacement central autant dans la géographie de la religion néoapostolique que dans la ville de Zurich elle-même. Elle se trouve sur la limite de deux fonctions,
du logement et des activités. Elle devra donc être une liaison entre ces deux, s’intégrant autant
dans l’une que dans l’autre, et se nourrir de ces tensions. Les accès sont portés sur le véhicule
privé, par des routes qui relient le centre de la ville de Zurich à la périphérie, ses logements et
ses centres commerciaux. Les transports publics sont axés sur les travailleurs et les écoliers,
mais permettent un lien facile avec le centre ainsi que la périphérie. La parcelle se situe par
ailleurs dans une zone limitée à 30 km/h, ce qui favorise les piétons.
162
EMOTIONNEN …
GEDANKEN …
INTENTIONEN …
ZUM KIRCHENBAU
Weg vom profanen Detail…
… hin zur Vision
Vom vergänglichen Trend…
… zum beständigen Wert
Vom individuellen Geschmack…
…zum kollektiven Zeichen
Vom eher scheuen « Hinterhofdasein »…
… zum Glaubensmässig überzeugten Auftritt an der Oeffentlichkeit
Ein Kirchenbau für emotionale Werte, Impressionen, Empfindungen und Gefühle
Lichtführung, Raumform, Akustik, Materialien und Oberflächen als Instrumente für eine sakrale
Wirkung
Ein Sakralraum für die Begegnung mit Gott in Ehrfurcht, Stille und Kontemplation
Ein Oeffentlichkeitsauftritt von Prägnanz, als erhabenes Denkmal des Glaubens
Eine Kirche als öffentliches Gebäude mit kultureller Verpflichtung
Das Kirchengebäude als funktionale Hülle für Anlässe der Gemeinschaft und Freundschaft
Die Kirche als mitgestaltender Teil der Oeffentlichkeit, transparent und offen
Die Kirche als Landmark und Leuchte im beliebigen, gesichtslosen Umfeld
Stille und Ruhe…
…zur Selbstreflektion und Zwiesprache mit Gott
Programme
L’Eglise néo-apostolique suisse a établi un document « Immobilienleitbild » dans lequel sont
énumérés les éléments à retenir pour la planification d’une église. Elle insiste sur la perception
publique de l’Eglise néo-apostolique, qui passe principalement par l’architecture. Mais ces
églises cherchent aussi une identification de la communauté par les membres. La conception de
l’espace influence l’expérience du service divin et la vie de la communauté. Ci-après (pages 145
et 146), un extrait de l’annexe traduit de ce document.
Ces prescriptions ont été édictées dans le cadre de la construction d’une nouvelle église. Le cas
de l’église combinée à d’autres fonctions n’est ici pas évoqué. Dans le document
« Ideenwettbewerb Kirchenneubau Bülach », qui a été distribué aux participants du concours
pour le bâtiment déjà réalisé de Bülach, l’ENA insiste sur le fait que le résultat devra présenter
deux bâtiments distincts, l’un pour l’église et l’autre pour les logements. L’architecte ayant
proposé une solution originale combinant les deux fonctions, le bâtiment a été accepté et
construit selon ce plan.
Extrait du powerpoint « Immobilienleitbild » présenté par
l’administration de l’ENA en novembre 2006.
Pages suivantes : traduction du document «Ergänzungen zum
Leistungsauftrag für den Immobilienbereich innerhalb des
Verwaltung der NAK Schweiz »
L’ENA Internationale en Allemagne a édité un document d’une cinquantaine de pages
« Richtlinie KIRCHENBAU UND –UNTERHALT », dans lequel tous les règlements et les
prescriptions concernant la construction et l’entretien des églises sont décrits. Ce document
peut être consulté sur le site internet www.kirchenbau.nak-sued.de
164
Prescriptions
-
-
Les espaces et leur taille suivent les instructions de l’ENA Internationale pour le culte,
l’enseignement aux enfants, les réunions et séminaires, ainsi que les manifestations
musicales.
Les finances doivent être utilisées avec parcimonie. Les investitions dans des nouveaux
bâtiments doivent être combinées avec des desinvestitions.
Situation
-
Les lieux de constructions se basent sur une stratégie de planification du territoire.
La situation d’une église doit être centrale, visible, accessible en transports publics. Il
doit y avoir suffisamment de places de parc à proximité.
Espaces
-
Les locaux annexes et la circulation doivent être conçus de manière flexible pour
permettre une utilisation multifonctionnelle.
L’accès doit être permis aux handicapés.
Architecture et forme
-
Les édifices doivent manifester l’ouverture de l’église, mais aussi montrer la sacralité du
bâtiment.
L’Eglise préfère une architecture de qualité, mais sobre. Le contexte est à prendre en
compte.
L’Eglise aimerait contribuer à l’encouragement de la culture architecturale.
L’utilisation du symbole est régit par l’ENA Internationale.
L’espace du culte doit être sobre et sacré, sans dérangement de l’extérieur. Il doit
permettre la concentration sur la rencontre avec Dieu. L’importance sera mise sur la
lumière et l’acoustique.
Ecologie
-
Economie
-
Technique et équipement
-
L’ENA insiste sur la protection de l’environnement et de la nature, comme cadeau de
Dieu. L’écologie doit avoir une importance primordiale dans la conception et la
construction.
Les standards en vigueur doivent être appliqué.
Des bonnes valeurs de construction ainsi qu’un bas coût d’entretien sont à adopter par
une construction et des matériaux adéquats.
Un changement de fonction dans le futur est à prendre en compte lors de la
planification.
Les nouvelles normes ne sont applicables que sur les nouveaux bâtiments.
Les progrès technique sont à utilisé avec parcimonie.
Le mobilier doit être facilement déplaçable, et avoir du sens.
166
Conclusion
Ce travail de recherches m’a passionné. Il a pourtant été difficile pour moi de poser des limites
claires à mon sujet depuis le début. Ce thème étant assez peu étudié il n’existe pas une
bibliographie définie, et j’ai dû analyser certains éléments, sans aucune base littéraire,
notamment l’analyse de la forme construite des églises néo-apostoliques. J’espère donc que ce
travail servira aussi à l’Eglise néo-apostolique, comme contribution à l’historique de leurs
édifices. Les connaissances et la disponibilité des responsables du secteur de l’immobilier de
l’ENA, Monsieur Baur et Monsieur Schrepfer m’ont apportés une grande aide. Leur souhait de
m’inclure dans le jury du concours pour cet ensemble multifonctionnel d’Albisrieden est une
opportunité très intéressante pour tester mon énoncé théorique, ainsi que le futur projet de
master.
Programme schématique prévu pour le projet de master.
A SUIVRE…
168
Bibliographie
Ouvrages
BOUTTIER MICHEL
- Monastères, Des pierres pour la prière, Ed. Remparts, Paris, 1997.
BOVAY CLAUDE / BROQUET RAPHAEL
- Religionslandschaft in der Schweiz – Eidgenössische Volkszählung 2000, Ed. Bundesamt
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CAMPICHE ROLAND-J.
- Urbanisation et vie religieuse, Ed. Payot, Lausanne, 1968.
D’ALFONSO ERNESTO / SAMSA DANILO
- L’architecture, les formes et les styles de l’Antiquité à nos jours, Ed. Solar, Paris, 1996.
DOM HANS VAN DER LAAN
- Der architektonische Raum, Ed. E. J. Brill, Leiden, 1992.
DONZE PIERRE-YVES
- Bâtir, gérer, soigner, Histoire des établissements hospitaliers de Suisse romande, Ed.
Médecine et Hygiène département livre, Chêne-Bourg/Genève, 2003.
EGLISE NEO-APOSTOLIQUE
- Le chrétien néo-apostolique en Eglise et en société - Règlement interne à l’usage des
membres de l’Eglise néo-apostolique, Ed. F. Bischoff Sàrl, Francfort-sur-le-Main, 1997.
- Histoire du royaume de Dieu, Tome 1, Ed. F. Bischoff Sàrl, Francfort-sur-le-Main.
- Histoire biblique, Ed. F. Bischoff Sàrl, Francfort-sur-le-Main, 1984.
170
GUTTON ANDRE
- Conversations sur l’architecture III A, Ed. Vincent, Fréal & Cie, Paris, 1956.
- Conversations sur l’architecture III B, Ed. Vincent, Fréal & Cie, Paris, 1959.
JETTER DIETER
- Das europäische Hospital, Von der Spätantike bis 1800, Ed. DuMont, Cologne, 1986.
KIMMIG ERDMANN
- Kirchen, Churches, Architektur Wettbewerbe, Internationale Vierteljahresschrift, Ed. Karl
Krämer, Stuttgart / Bern, 1968.
PAHUD DE MORTANGES RENE / ZUFFEREY JEAN-BAPTISTE
- Bau und Umwandlung religiöser Gebäude – Le patrimoine religieux face à l’immobilier et
la construction, Ed. Schulthess Juristische Medien AG, Zürich / Basel / Genf, 2007.
PETERS PAULHANS
- Eglises et centres communautaires, Ed Eyrolles, Paris, 1966.
PRADERVAND-AMIET BRIGITTE
- L’ancienne académie de Lausanne, Innovation et tradition dans l’architecture scolaire du
16ème siècle, Ed. Université de Lausanne, Lausanne, 1987.
REYMOND BERNARD
- L’architecture religieuse des protestants, Ed. Labor et Fides, Genève, 1996.
ZEINDLER MATTHIAS
- Der Raum der Kirche - Perspektiven aus Theologie, Architektur und Gemeinde, Ed. SSL,
Horw, 2002.
172
Documents de recherches
E2A, ECKERT ECKERT ARCHITEKTEN AG/ CARETTA + WEIDMANN
- Standortstudie für die Neuapostolische Kirche Schweiz in Zurich-Albisrieden/Wiedikon,
par les auteurs, novembre 2006.
EGLISE NEO-APOSTOLIQUE
- Ideenwettbewerb Kirchenneubau Bülach, Zürich, 12.01.00.
- Neubau Kirche Bülach, Wettbewerb, Jurybericht, Zürich, 07.06.00.
- Ideenwettbewerb Kirchenneubau Solothurn-Zuchwil, Zürich, 27.06.02.
- Neubau Kirche Solothurn-Zuchwil, Zürich, 28.03.02.
- Immobilienleitbild, Zürich, novembre 2006.
- Ergänzungen zum Leistungsauftrag für den Immobilienbereich innerhalb der Verwaltung
der Neuapostolischen Kirche Schweiz, Zürich, 30.11.06.
- Richtlinie KIRCHENBAU UND –UNTERHALT, Stuttgart, 11.06.08.
Articles
SALVIONE DESCHAMPS MARIE-DINA
- Eglise néo-apostolique, 14, Rue Liotard, Genf, p.341-4, in : « Haefeli, Moser, Steiger, Die
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WUETHRICH MATTHIAS D. / SAHLI MARKUS
- Maison de Dieu ou bâtiment tous usages ? – Une contribution à la question de la
réaffectation des édifices religieux dans la perspective protestante, Ed. Fédération des
Eglises protestantes de Suisse FEPS, Berne, 2007.
- Des espaces sacrés ?- La conception théologique des bâtiments et des espaces
ecclésiaux, in : Bulletin sek feps 2/2008, Ed. Organe d’information officiel de la
Fédération des Eglises protestantes de Suisse, Berne.
174
Sites internet
www.architekt-b-hirche.de
www.james-wohnen.ch
www.kirchekronsberg.de
www.kirchenbauten.org
www.nak.ch
www.nak.org
www.stadtplan.stadt-zuerich.ch
www.kirchenbau.nak-sued.de
176
Sources des images
ARCHIVE DE L’EGLISE NEO-APOSTOLIQUE, ZURICH.
COOK ROBERT
- The Palace of Westminster, Ed. Burton Skira, London, 1987.
FERLENGA ALBERTO / VERDE PAOLA
- Dom Hans van der Laan, le opere, gli scritti, Ed. Electa, Milan, 2000.
GIESELMANN REINHARD
- Neue Kirchen, Ed. Gerd Hatje, Stuttgart, 1972.
HERMANN CLAUDIA
- Das Luzerner Armenspital, Ed. Schwabe & Co, Bâle, 2004.
LEROUX-DHUYS JEAN-FRANCOIS / GAUD HENRI
- Les Abbayes cisterciennes en France et en Europe, Ed. Place des Victoires, Paris, 1998.
LUDWIG MATTHIAS / MAWICK REINHARD
- Gottes neue Häuser - Kirchenbau des 21. Jahrhunderts in Deutschland, Ed. Hansiches
Druck- und Verlagshaus GmbH, Frankfurt am Main, 2007.
NEWMAN JOHN-HENRY (CARDINAL) / OURSEL RAYMOND / MOULIN LEO
- L’Europe des monastères, Ed. Zodiaque, 1985.
PEVESNER NIKOLAUS
- A History of Buiding Types, Ed. Thames and Hudson, London, 1976.
PETERS PAULHANS
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- La Sorbonne et sa reconstruction, Collection « L’œil et la Main », Ed. La Manufacture,
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- The hospital : a social and architectural history, Ed. Yale University, New Haven/Londres,
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- Archéologie et Architecture Hospitalières, de l’Antiquité tardive à l’aube des temps
modernes, Ed. La Boutique de l’Histoire, Paris, 2004.
180
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