La Dre Wendy Levinson, coprésidente et l’une des instigatrices de l’initiative Choisir avec soin, a
expliqué la raison d’être du programme dans un commentaire paru récemment dans le JAMC :
« Pendant des années, autant les médecins que les patients ont cru que "plus c’est mieux". Il est
temps de commencer à "y penser deux fois" et d’éviter les examens, les interventions et les
traitements inutiles et qui pourraient être nuisibles. »
La Dre Levinson, spécialiste en médecine interne générale de l’Université de Toronto, a décrit
plus en détail le programme au cours de la réunion MFA : « C’est une question de changement
de culture, a-t-elle dit. … Parfois, il est tout simplement plus facile [pour les médecins] de cocher
la case et de prescrire l’examen que d’expliquer pourquoi le patient ne devrait pas le subir. Cette
campagne vise à aider les médecins et les patients à échanger au sujet du recours excessif aux
examens et aux interventions. Nous avons créé un monde ou plus, c’est mieux, et nous devons
commencer à expliquer que plus, ce n’est pas toujours mieux et que cela peut même causer un
préjudice. »
Elle a déclaré que Choisir avec soin est une initiative dictée par les médecins parce que c’était
nécessaire – et que si c’étaient plutôt les gouvernements qui avaient lancé le projet, la population
canadienne le considérerait tout simplement comme un effort de réduction des coûts. Le
lancement du programme a obtenu l’appui de l’AMC et de huit associations médicales
provinciales. « La campagne a soulevé un enthousiasme général, a-t-elle dit. Le défi réside
maintenant dans sa mise en œuvre. »
Les Dres Laurie Mallery et Paige Moorhouse de Halifax ont le même défi à relever. Leur stratégie
clinique PATH (People Assessing Their Health – Autoévaluation de la santé) doit encourager les
travailleurs de la santé à aider les patients et les membres de leur famille à choisir un éventail de
mesures thérapeutiques et palliatives pour préserver la qualité de vie à la fin de la vie (www.cfhi-
fcass.ca/sf-docs/default-source/tq2014/tq2014-1-laurie-mallery-paige-moorhouse.pdf?sfvrsn=2).
Elles offrent essentiellement leur propre stratégie pour choisir avec soin, mais elles s’adressent
aux patients vulnérables (http://pathclinic.ca/).
Elles sont à l’origine d’un des moments les plus émouvants au cours de la réunion MFA de 2014
lorsqu’elles ont présenté une vidéo d’un patient vulnérable âgé de 85 ans, atteint d’un cancer de
la vessie qui, à cause de problèmes de cognition, ne pouvait se rappeler le nom de son père. « Il
est mort de vulnérabilité et non du cancer », a déclaré la Dre Moorhouse.
Les Dres Mallery et Moorhouse ont soutenu que le système de santé rend souvent le processus de
traitement trop compliqué pour les patients vulnérables en fin de vie. Au lieu d’une longue série
de rendez-vous avec des spécialistes comme des diététistes, elles proposent un processus en trois
temps avec ces patients : comprendre, communiquer et responsabiliser. Il en découlera une
« voie à suivre » pour les patients vulnérables. Sur les 150 premiers patients qui ont terminé le
programme, 71 avaient 77 interventions prévues et 75 % de ces actes et interventions ont été
annulés. Elles ont affirmé que leur modèle offre une solution de rechange aux soins agressifs.
Est-il possible de produire de meilleurs résultats tout en maîtrisant les files d’attente? En un mot :
« Oui. »