Blois 2015 - L’empire comanche du XVIIIe au XIXe s.
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Comanche possède en moyenne dix chevaux.
Les Comanches deviennent ainsi les interlocuteurs obligés au centre de l’Amérique du nord, entre
le Mississipi et le Rio Grande. Des comptoirs occidentaux sont ouverts pour commercer avec eux.
Cela oblige aussi à repousser vers le nord les courants migratoires américains, des Appalaches vers
Saint-Louis et vers l’Oregon. Cela contredit l’image d’une marche frontale et massive qui auraient
conduit les caravanes américaines vers le Pacifique.
Une hégémonie culturelle
Leur hégémonie politique est telle qu’une sorte de pax comancha s’instaure, qui s’impose à
quiconque veut s’immiscer dans les territoires contrôlés. Mais la société comanche pratique aussi
l’esclavage, qu’ils vendent dans les territoires voisins, notamment celui des femmes à qui
incombent toutes les tâches : éducation des enfants, repas, traitement des peaux animales et des
viandes, montage et démontage des tipis, etc. Les filles sont mariées à quinze ans, au plus tard. La
polygamie vient encore renforcer leur relégation au statut de main-d’œuvre productive et
reproductrice. Mais la compétition qu’elle induit amène les hommes à renforcer leur agressivité,
puisqu’il leur faut entretenir non seulement leurs femmes mais aussi les belles-familles ; ils ont
alors à se lancer dans des raids plus lointains et plus violents pour subvenir aux besoins de tous, et
préserver leur prestige.
Cette société pratique aussi les massacres, les enlèvements, la torture, les mutilations dans le cadre
d’une vengeance ritualisée.
La domination d’un vaste territoire et de l’économie du centre de l’Amérique du Nord permet aux
Comanches d’imposer leur langue, laquelle a évolué vers une lingua franca utilisée aussi bien par
les Mexicains que les Américains, et tous les habitants des grandes plaines du sud. Leur style
vestimentaire est imitée, notamment par les mountains men, ces trappeurs français qui vont
jusqu’en Oregon, et qui s’intègre parfois aux Comanches, prenant femme : le métissage est donc
accepté. L’ethnicité est ouverte, à telle enseigne que des captifs (pratique des otages) veulent rester
au sein de leur famille comanche quand ils sont parvenus à un statut social plus enviable que dans
leur système d’origine, y compris pour les Occidentaux. Les prisonniers sont parfois adoptés, ce
qui compense certains besoins, que ce soit pour la main-d’œuvre qu’ils apportent, ou par le
renouvellement démographique qu’ils offrent. Cela permet aux Comanches de relativement mieux
résister aux épidémies que d’autres groupes amérindiens, grâce à un renforcement bactériologique.
Il n’empêche que les crises démographiques provoquent des pertes importantes, de l’ordre de 50 %
à chaque fois.
Une organisation politique autochtone protéiforme
Les Comanches respectent un cycle annuel de déplacements qui alterne dispersion et
regroupements, ce qui favorise la tenue de conseils inter-bandes, très ritualisés. La pastoralisme
équestre n’est docn pas un facteur de dilution. Au contraire, on a là une certaine centralité du
pouvoir comanche, ce qui contredit complètement le présupposé de marginalité qu’on a prêté à
cette société.
Des chefs peuvent ainsi s’imposer temporairement à la tête de rancherias, c’est-à-dire de groupes
de plusieurs dizaines de personnes ; le chef unique est un paraibo.
Avec le renforcement de leur emprise économique, une élite commerçante s’est dégagée,
constituées de Big Men.
Enfin, la société comanche est en paix avec elle-même, car la violence est reportée vers
l’extérieur : on parle alors d’enculturation conflictuelle.
L’effondrement
Les Comanches vont céder sous l’effet d’éléments externes mais aussi du fait de leurs propres
faiblesses. Il s’agit notamment de la pression excessive exercée sur les ressources en bisons,
considérées comme inépuisables ; or, le cheptel s’affaiblit à partir du début du XIXe s., d’autant
que les femelles sont chassées pour la qualité de leur peau. Une série de sécheresses, dans les
années 1840-1860, va décimer des millions de bisons, tout en raréfiant les ressources en eau
nécessaires aux chevaux, aux pâturages et aux hommes.