phylogéographique pour A. radiata ont été étudiées en utilisant le même fragment de
290 pb du cytochrome que lors de l’étude sur R. clavata (Chapitre 7). En excluant
les Kattegat, aucune différentiation génétique significative n’a été trouvée, montrant
que A. radiata a une très forte capacité de dispersion. Au total, 34 haplotypes ont été
identifiés et la diversité haplotypique est relativement forte et uniforme (h=0.8) pour
l’ensemble des sites à l’exception de la Mer du Nord (h=0.48). Le réseau
d’haplotype montre un réseau en étoile avec un haplotype majoritaire central et
présent dans tout l’Atlantique Nord. La distribution géographique des haplotypes et
différents clades suggère que l’espèce est en expansion continue. L’analyse de la
démographie historique appuie cette conclusion puisque l’espèce semble être en
expansion depuis 1.1 million à 690,000 années, suggérant aussi que le dernier
maximum glaciaire a eu très peu d’effet sur la démographie de A. radiata.
Amblyraja radiata et Raja clavata ont un certain nombre de points communs
mais aussi de différences. Ce sont deux espèces avec des traits d’histoire de vie très
similaires, une distribution géographique qui se chevauche, et de plus elles ont été
très peu affectées par le dernier maximum glaciaire. Toutefois, dans le cas de R.
clavata, à l’échelle océanique, la structure des populations était très forte et la
signature de refuges glaciaires claire. Pour A. radiata, au contraire, aucune
différentiation génétique ni de trace de zone refuge n’ont été démontrées. Cette
différence dans les résultats est probablement due à la plus forte capacité de
dispersion de A. radiata qui n’est pas limitée par la profondeur des eaux, cette
espèce peut en effet être très souvent pêchée à plus de 500 m de profondeur.
Discussion et Conclusions
Si nous nous plaçons à l’échelle océanique, nous pouvons constater que le degré de
structure génétique chez la raie bouclée est à peu près équivalent à celui de la plie
(Pleuronectes platessa) malgré des différences importantes dans les traits d’histoire
de vie. A l’opposé, A. radiata qui possède des traits d’histoire de vie similaire, a un
degré de différentiation génétique nettement inférieur (FST 30 fois inférieur). Ainsi
les traits de vie comme la faible fécondité, la croissance lente, la faible distance de
migration sont de mauvais indicateurs prévisionnels du patron et du degré de
structure génétique chez les Rajidae. Ici les barrières édaphiques et la capacité de
l’espèce à se déplacer en milieu profond plus que les traits de vie expliquent la
structure génétique.
A une échelle plus régionale, quelques centaines de kilomètres, la structure
génétique chez R. clavata devient beaucoup moins claire et le patron ne correspond
pas à ce qui était attendu, avec les baies, les côtes, les courants jouant le rôle de
barrières. D’une manière générale, il semble que les individus se déplacent en effet
sur des distances relativement courtes entre 50 et 130 kms telles que le suggère les
données de marquage/recapture, mais une portion significative des individus migre
sur de plus grandes distances. Ces migrations sur de longues distances sont-elles le
fait d’une partie des individus ou de chaque individu à un moment particulier de sa
140