Corrigés - Littérature et société - classes de 2

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Corrigés - Littérature et société - classes de 2nde
La pagination renvoie à l’édition Folioplus classiques (n° 149) de Suite française, d’Irène
Némirovsky.
I. Du livre au film, le travail d’adaptation
1. À quel moment du film le réalisateur insère-t-il un événement présent dans le chapitre
intitulé « Tempête en juin » ? Selon vous, comment peut-on expliquer ce choix ?
Au début du film, Mme Angellier et sa belle-fille font le tour de leurs fermes afin de récupérer
l’argent que leur doivent les métayers. Lors de leur parcours en voiture, elles se retrouvent
bloquées dans la file continue de personnes qui se dirigent vers le sud pour fuir l’arrivée des
Allemands. Cet exode est décrit dans « Tempête en juin ». De même, les deux femmes
assistent à un bombardement de civils par les avions allemands. Cet épisode renvoie à la
crainte suscitée par le survol d’avions dans le chapitre 9 de « Tempête en juin ». Le
réalisateur a fait le choix d’adapter le chapitre « Dolce », qui décrit l’occupation allemande,
mais le fait de représenter l’exode et un bombardement permet de recréer le contexte de
désespoir et de crainte qui affecte la population française à l’époque.
2. Le film apporte certaines modifications au livre, qui sont davantage des transpositions de
certains détails du récit. Donnez au moins un exemple de transposition d’un élément du livre
dans un autre contexte.
Lorsque Mme Angellier se trouve chez ses métayers, elle se plaint de la faible somme
d’argent que ces derniers sont en mesure de lui verser. Or elle remarque que l’une des
femmes, Cécile, porte des bas de soie, ce qui est coûteux. Elle en déduit donc que ses
métayers essaient de la voler. Ce détail des bas de soie portés par Cécile est également
présent dans livre, mais dans un contexte différent. En effet, la jeune femme fait face au
soldat allemand qui est arrivé à la ferme et elle se satisfait d’être dans une tenue élégante :
« elle avait sa robe des dimanches, un chapeau et des bas de soie » (p. 302). En outre, nous
pouvons relever une autre transposition plus conséquente. Dans le film, le maire est retenu
en otage après le meurtre de Bonnet par Benoît Labarie. Il est ensuite fusillé. Ce n’est pas le
cas dans le livre. Néanmoins, lors d’une conversation avec sa femme, le vicomte évoque le
cas d’un maire emprisonné comme otage car « un soldat allemand avait été tué » (p. 402), et
d’un autre qui « avait bien failli y passer » (p. 402)
à cause d’une altercation entre un
adolescent et une sentinelle. Ainsi le réalisateur enrichit son scénario à l’aide d’éléments du
livre qu’il transpose dans un autre contexte.
3. Qu’aperçoit-on à l’écran pendant le générique de fin ? Que rappelle ainsi le réalisateur ?
Nous apercevons le manuscrit de Suite française. Le réalisateur rappelle ainsi le travail
effectué par Irène Némirovsky. Le spectateur peut se rendre compte de l’élaboration du
texte : écriture resserrée en raison du manque de papier, ratures, construction du plan du
récit qui renvoie au caractère inachevé de l’œuvre. Cette image est un dernier hommage
rendu à l’auteur.
II. Les choix cinématographiques
1. Pourquoi peut-on dire que la musique joue un rôle important dans le film ? Appuyez-vous
sur des exemples précis.
Les premières images du film font apparaître un piano lorsque Lucile se réveille. La musique
devient ensuite un leitmotiv, car il s’agit d’un lien entre la jeune femme et Bruno Von Falk. Ce
dernier est compositeur. Il incite Lucile à se remettre à jouer du piano même si cela déplaît à
sa belle-mère. Une même sensibilité unit ces deux personnages. Le piano accompagne
souvent la voix off de Lucile dans le film. Enfin, on aperçoit une partition posée sur
l’instrument. Le titre du morceau est Suite française. Le réalisateur justifie ainsi le titre de
l’œuvre.
2. Quelle modification importante est apportée à la fin du récit ? Comment peut-on expliquer
ce parti-pris du réalisateur ?
Dans le film, le réalisateur a fait le choix de ne pas s’arrêter sur le départ des troupes
allemandes. On assiste en effet à la fuite de Lucile et Benoît vers Paris. La jeune femme se
retrouve finalement avec un laissez-passer qui prend la tournure d’un piège puisqu’il contient
un avertissement écrit en allemand. Au premier barrage, sa voiture est donc fouillée et
Benoît, caché dans le coffre du véhicule, tue les soldats présents à la barrière. Lorsque
Bruno Von Falk apprend le piège tendu à Lucile, il se rend au barrage et l’aide à prendre la
fuite avec Benoît. Cette fin est donc un parti-pris du réalisateur, mais qui présente une
cohérence avec le projet de suite du roman évoqué dans les plans élaborés par Irène
Némirovsky. Seule la présence de Bruno sur les lieux est surprenante. Cela permet toutefois
de montrer que le soldat allemand est prêt à se sacrifier et à prendre des risques pour Lucile.
En outre, le choix de cette fin met en avant l’idée que Suite française présente une histoire
d’amour pendant la Seconde Guerre mondiale. Toutefois, le récit offre aussi une véritable
réflexion sur le conflit et son issue.
3. Selon vous, pourquoi le réalisateur a-t-il intégré au film l’épisode sur l’arrestation de la
femme juive ?
On peut voir dans l’ajout de cet événement un hommage rendu à Irène Némirovsky. Le
réalisateur rappelle ainsi le sort tragique de l’écrivaine, ainsi que la persécution des juifs par
les nazis.
III. Du personnage romanesque au personnage cinématographique
1. Pourquoi peut-on dire que Mme Angellier prend une dimension plus humaine au fil du
film ?
Mme Angellier apparaît au début du film comme une femme froide, stricte et dure. Elle ne
semble éprouver aucun sentiment et fait preuve de rigueur à l’égard de sa belle-fille.
Néanmoins, cette femme prend une dimension plus humaine lorsqu’elle apprend que Benoît
Labarie est caché dans sa maison. Elle s’efforce de sauver cet homme en le mettant à l’abri.
De plus, elle prend part au projet de Lucile de rejoindre Paris avec Benoît. On retrouve cette
vision dans le livre car en aidant Benoît, Mme Angellier a l’impression de s’occuper de son
propre fils. Enfin, à la fin du film, elle recueille et cache chez elle une enfant juive. Mme
Angellier prend donc une autre dimension. Elle devient une femme capable de venir en aide
aux autres.
2. Comparez le portrait de Lucile dans le livre avec le personnage incarné par Michelle
Williams.
Dans le livre, Lucile apparaît comme une jeune femme effacée qui subit la tyrannie de sa
belle-mère. Elle semble également plus résignée (face à la vie cachée de son mari). Dans le
film, Lucile est plus indépendante et transgresse les interdits. Ainsi elle n’hésite pas à
préparer un dîner pour un tête-à-tête avec Bruno. On ressent un caractère plus fort. Elle
affronte le regard des villageois lorsqu’elle se rend à la fête organisée par les Allemands.
L’issue du film révèle également son courage et sa capacité à affronter le danger.
3. Selon vous, pourquoi le réalisateur a-t-il profondément modifié le personnage de Bonnet
dans son film ?
Dans le film, le personnage de Bonnet apparaît comme un jeune homme antipathique et
violent, ce qui n’est pas le cas dans le livre. Lorsque le soldat arrive à la ferme des Labarie, il
provoque Benoît et essaye de séduire Madeleine. Le réalisateur a peut-être ainsi souhaité
créer un schéma actanciel plus manichéen. Le film doit faire apparaître des forces opposées
pour susciter un dynamisme dans l’action. Bonnet est ainsi l’incarnation du soldat sans pitié.
Le spectateur en vient à comprendre le geste de Benoît.
4. Comment le personnage de Bruno Von Falk prend-il une dimension romantique dans
l’adaptation cinématographique ?
Cet homme prend une dimension romantique dans le film par sa sensibilité. Il perçoit la
nature comme le reflet de l’âme. Elle semble symboliser la beauté de ce qu’il pourrait vivre
avec Lucile. De plus, Bruno est insatisfait par son existence. Il ne paraît pas avoir sa place
dans ce monde de violence. La vie est une source de déception. Son mariage est un échec
et il rêve d’un nouveau départ.
IV. S’entraîner à l’oral
On pourra proposer aux élèves un débat en classe sur la manière dont ils ont perçu le film
par rapport au livre d’Irène Némirovsky.
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