
Thème spécial
disposition et des prévisions quant à leur épuisement. Mais ces baisses de
prix ont lieu du côté de l'offre et n'ont aucun caractère déflationniste.
La déflation intervient à partir du moment où la demande s'affaiblit pendant
une période prolongée. Il faut en outre que les ménages et les entreprises
adoptent une attitude déflationniste, c'est-à-dire qu'ils s'attendent à ce que les
prix évoluent à la baisse pendant une période prolongée. Ces facteurs
déflationnistes peuvent induire une dynamique endogène, la baisse des prix
engendrant une baisse de la demande et vice versa.
Il s'agit d'analyser pourquoi, à partir du moment où une évolution
déflationniste se déclenche, celle-ci peut générer une sous-exploitation des
ressources économiques pendant une période assez longue.
Effets négatifs sur la
consommation et les
investissements
Les taux d'intérêts
nominaux ne peuvent
pas être négatifs...
...et les salaires
nominaux ne peuvent
en général pas être
revus à la baisse.
Solvabilité réduite des
débiteurs
Les attentes déflationnistes ont des effets dévastateurs pour la conjoncture
économique. Lorsque les attentes vont dans le sens d'une inflation, les biens
durables acquièrent un statut de valeur refuge, ce qui peut constituer un motif
d'achat. Celui qui renonce à consommer aujourd'hui pour pouvoir mieux
consommer demain, n'a plus besoin d'investir, mais doit simplement
thésauriser. Il en résulte une certaine retenue du côté des consommateurs.
Les investissements sont moins attrayants, parce que les prix des biens dont
la vente devrait servir à financer les investissements évoluent à la baisse sur
le long terme. En bref, la valeur actualisée des investissements diminue.
En règle générale, les attentes déflationnistes ne peuvent pas être
compensées par des taux d'intérêts bas, voire négatifs: en effet, aucun
créancier n'est enclin à prêter de l'argent à un taux qui ne couvre ni la prime
de risque, ni les frais. Dans ce cas, il a tout avantage à thésauriser.
Lorsque les prix des marchandises baissent, on peut en principe rétablir
l'équilibre économique en abaissant les salaires nominaux. Ce serait toutefois
un long et douloureux processus d'adaptation. La tendance à la baisse des
salaires et les attentes allant dans ce sens contribueraient à déstabiliser
encore davantage la demande autochtone.
Comme nous l'avons déjà formulé, la baisse des prix entraîne une diminution
de la valeur actualisée du produit du capital réel. Ainsi, les prix de ces valeurs
patrimoniales baissent, même si elles sont escomptées à un taux d'intérêt
inférieur. Par conséquent, la solvabilité des débiteurs se détériore. Une telle
évolution peut plonger le système bancaire dans une situation difficile, ce qui
freinerait inévitablement l'attribution de nouveaux crédits.
Potentiels de la
politique monétaire
Les instruments dont dispose la banque d'émission sont moins efficaces en
phase de déflation qu'en temps normal: même avec une politique monétaire
expansive, les intérêts réels peuvent rester clairement positifs à cause de la
limite du taux d'intérêt zéro. De même, l'influence des instruments de politique
monétaire sur la masse monétaire (par ex. M3) peut se diluer. En revanche, la
banque d'émission peut directement agir sur les attentes. Si elle arrive à
communiquer de manière convaincante qu'elle entend combattre la déflation
en prenant des mesures radicales et qu'elle a pour objectif un taux d'inflation
positif, elle est en mesure de palier ces difficultés.
Potentiels limités de la
politique budgétaire
Une politique budgétaire expansive pourrait offrir un échappatoire, mais
seulement jusqu'à un certain point. La déflation est un phénomène qui touche
en général l'ensemble de l'économie. Il faut donc faire appel à des moyens
financiers très importants, ce qui aurait pour effet d'alourdir considérablement
le déficit de la collectivité publique et d'augmenter fortement l'endettement de
l'Etat.
La politique budgétaire arrive à ses limites lorsque l'augmentation des impôts
sert à anticiper l'augmentation future des déficits: les consommateurs
réagissent immédiatement en réduisant leurs dépenses. Cette retenue