TD5 : Équations de Tolman-Oppenheimer-Volkoff 10 novembre 2015 Nous cherchons une métrique statique, solution de l’équation d’Einstein, décrivant l’intérieur d’une étoile à symétrie sphérique, que nous supposerons constituée d’un fluide parfait. Cette métrique doit prendre la forme générale que nous avons établie lorsque nous avons dérivé la solution de Schwarzschild. Il existe donc un système de coordonnées (x α ) = (t , r, ϑ, φ) tel que gαβ dx α dx β = −e 2α(r ) dt 2 + e 2β(r ) dr 2 + r 2 dϑ 2 + sin2 ϑ dφ 2 , où α(r ) et β(r ) sont deux fonctions à déterminer. Le tenseur énergie-impulsion d’un fluide parfait de quadrivitesse u a , de densité d’énergie ε et de pression P a pour expression Ta b = (ε + P ) ua u b + P ga b . À En utilisant le fait que la quadrivitesse u a du fluide doit nécessairement être colinéaire au vecteur de Killing (∂ t )a , ainsi que la normalisation de la quadrivitesse, exprimer les composantes Tαβ du tenseur énergie-impulsion Ta b en fonction de α, β, ε et P . Á En posant e −2β(r ) ≡ 1−2m(r )/r , montrer que la composante t t de l’équation d’Einstein peut s’écrire sous la forme dm = 4πr 2 ε . dr (1) Comment interpréter physiquement la variable m(r ) ? Â En utilisant la composante r r de l’équation d’Einstein, montrer que 2m −1 m dα = 1− + 4πr P . dr r r2 (2) Ã En utilisant la conservation du tenseur énergie-impulsion, établir la relation suivante : dP dα = − (ε + P ) . dr dr (3) Les relations (1)–(3) forment un système de trois équations différentielles du premier ordre pour les variables α(r ), m(r ), ε(r ) et P (r ), les équations de Tolman-OppenheimerVolkoff (TOV). Ce système doit être complété par une équation d’état P = P (ε) reliant la pression et la densité d’énergie. Ä Monter que, dans la limite newtonienne où m(r ) ≪ r et P ≪ ε, les équations TOV se réduisent aux équations usuelles de l’équilibre hydrostatique. Comment interpréter α(r ) dans cette limite ? Considérons à présent le cas d’une étoile incompressible, c’est-à-dire une étoile dont la densité d’énergie est uniforme : ε(r ) = ε0 = const. Quoique irréaliste, cette hypothèse va nous permettre de résoudre analytiquement les équations TOV. 1 Å Pour un fluide de densité p d’énergie ε et de pression P , la vitesse du son locale est donnée par l’expression c s = dP /dε. Que vaut-elle pour notre étoile incompressible ? En quoi ce résultat est-il irréaliste ? Æ Intégrer l’équation différentielle (1). Pourquoi doit-on fixer la constante d’intégration de sorte que m(0) = 0 ? Exprimer le résultat en fonction du rayon (de coordonnée) R de l’étoile et de sa masse totale M = m(R). Que vaut m(r ) lorsque r > R ? Ç Donner l’expression de la métrique à l’extérieur de l’étoile. En déduire la valeur des fonctions α(r ) et β(r ) lorsque r > R. È Montrer que l’Éq. (3) se réduit à l’expression (ε0 + P ) e α = const. Que valent P et α p à la surface de l’étoile ? En déduire que la constante vaut ε0 1 − 2M /R. É À l’aide des réponses aux questions précédentes, montrer que l’on peut mettre l’Éq. (2) sous la forme s 2M r 2 −1 3 −α 1 dα 2M 2M = 3 1− e 1− −1 . r dr R R3 2 R p En posant x ≡ 1 − 2M r 2 /R 3 et N ≡ e α , montrer que cette équation différentielle est équivalente à s dN 3 2M x −N =− 1− . dx 2 R ⃝ 11 Quelle est la solution générale de l’équation homogène associée ? Donner une solu- tion particulière. En déduire la forme de la solution générale de l’équation complète. Montrer qu’en fixant la constante d’intégration grâce à la valeur de α(r ) à la surface de l’étoile, on trouve (pour tout 0 ⩽ r ⩽ R) s s 3 2M 1 2M r 2 α(r ) e = . 1− − 1− 2 R 2 R3 ⃝ 12 Déduire des réponses aux questions È et ⃝ 11 l’expression du champ de pression P (r ). Que valent P (0) et P (R) ? Exprimer alors P (0) en fonction de ε0 et du paramètre de compacité Ξ ≡ M /R de l’étoile. Que se passe-t-il lorsque Ξ = 4/9 ? En déduire que la compacité d’une étoile incompressible est nécessairement inférieure à une certaine valeur critique¹. En déduire également que, pour ε0 fixé, la masse de l’étoile ne peut excéder une certaine masse limite Mmax . ⃝ 13 Calculer le décalage spectral gravitationnel subi par un photon émis depuis la surface de l’étoile et reçu par un observateur situé à grande distance (r → ∞) et immobile par rapport à l’étoile. Quelle est la valeur maximale de ce décalage spectral ? ¹Comme l’a montré Hans Buchdahl en 1959, ce résultat est en fait valable pour toute étoile statique et à symétrie sphérique, indépendamment de l’équation d’état. 2