Université Pierre et Marie Curie Master de Mathématiques, M1 Analyse réelle, MM003 Année universitaire 2014-2015 Ayman Moussa [email protected] TD no 8 – Produits tensoriels et convolutifs. 1 Produits tensoriels Exercice 1.1: Pour α P Nd , et a P Rd que vaut Âd pαi q i“1 δai ? Exercice 1.2: Distribution ne dépendant pas d’une variable Soit T P D 1 pRd q (d ě 2). 1. Démontrer que, s’il existe S P D 1 pRd´1 q tel que T “ 1 b S, alors Bx1 T “ 0. 2. Réciproquement on suppose que Bx1 T “ 0. (a) Démontrer que, pour tout ψ P DpRd´1 q il existe une unique constante Spψq telle que ż @ϕ P DpRq, xT, ϕ b ψy “ Spψq ϕpxqdx. R Indication : La fonction ψ étant fixée, démontrer que la forme linéaire ` définie sur DpRq par @ϕ P DpRq, x`, ϕy :“ xT, ϕ b ψy est une distribution et que `1 “ 0. (b) Démontrer que l’application ψ ÞÑ Spψq est une distribution sur Rd´1 et que T “ 1 b S. Indication : Soit χ P DpRq d’intégrale 1. Alors Spψq “ xT, χ b ψy. Exercice 1.3: 1. Résoudre dans D 1 pRq, xT “ 0. Indication : Fixer θ P DpRq valant 1 en 0. Vérifier alors que pour toute fonction test ϕ P DpRq, ϕ ´ ϕp0qθ s’écrit xψ où ψ P DpRq. 2. Résoudre maintenant x1 T “ 0 dans D 1 pRd q. Exercice 1.4: Heaviside On note H :“ 1R` la fonction de Heaviside. Âd 1. Pour J Ă t1, . . . , du, on considère H J :“ i“1 HiJ où HiJ “ H si i P J, δ0 sinon. De quel opérateur différentiel H J est-elle une solution fondamentale ? 2. Calculer la dérivée d’ordre n de fn pxq “ xn Hpxq (dimension 1). 3. En déduire une solution fondamentale de l’opérateur B α pour α P Nd . 2 Convolution Même si ce n’est pas explicitement mentionné, on vérifiera systématiquement que les produits de convolution manipulés sont bien définis. 1 Exercice 2.1: Généralités 1. Soit T P D 1 pRd q. Soit θ P DpRd q, égale à 1 dans un voisinage de 0, on note θn pxq :“ θpx{nq. Soit pαn qnPN P DpRd q une approximation de l’unité que l’on suppose paire (pour simplifier, mais ce n’est pas nécessaire). Vérifier que ϕn :“ pT ‹ αn qθn P DpRd q et que pϕn qnPN á T dans D 1 pRd q. Remarque : On a bien sûr un résultat similaire pour un ouvert Ω quelconque. 2. Vérifier que pour tout a P Rd , l’opérateur de translation τa est en fait un opérateur de convolution, i.e. qu’il existe une distribution Sa tels que τa T “ T ‹ Sa . Indication : Calculer T ‹ δa ... 3. Reprendre la question précédente avec les opérateurs de dérivations B α , où α P Nd . 4. Pour x, y P Rd , calculer δx ‹ δy . Calculer (en dimension 1) δ01 ‹ δ01 . 5. En considérant la fonction de Heaviside (i.e. H :“ 1R` ), la dérivée de la masse de Dirac et la fonction constante égale à 1, montrer que, sans hypothèses sur les supports, le produit de convolution de trois distributions peut ne pas être associatif. Remarque : On peut étendre la définition de « convolutivité » au cas d’un nombre fini quelconque de distributions. Dans ce cas, si la famille est convoluable (dans son ensemble), alors le produit est bien associatif. Le problème ici est justement que 1 et H ne sont pas convoluables et du coup la famille p1, H, δq non plus ! Exercice 2.2: Densité des polynômes 1. Soit T une distribution de D 1 pRd q. Montrer qu’il existe une suite de distributions pTn qnPN à support compact tendant vers T dans D 1 pRd q. 2. Soit T une distribution et m un entier naturel non nul tels que pour tout multi-indice α vérifiant |α| ě m, B α T “ 0. Montrer que T est une fonction polynômiale (de plusieurs variables) de degré total inférieur ou égal à m ´ 1. Indication : Le cas m “ 1 est en fait un résultat du cours, que l’on pourra utiliser tel quel : si Bxi T “ 0 pour tout i P J1, dK, alors T est une constante. 3. Soit T une distribution à support compact et P un polynôme. Montrer que la distribution T ‹ P est en fait un polynôme. 4. On considère la suite de polynômes de d variables nd Pn pxq :“ ? d π ˆ ˙n3 }x}2 1´ . n (a) Montrer que, pour tout u P Rd , lim n´d Pn pu{nq “ nÑ`8 ? π ´d ´}u}2 e . (b) Montrer que la suite pPn qnPN converge dans D 1 pRd q et calculer la limite. ż 2 e´t dt “ Indication : On pensera au changement de variable u “ nx. On rappelle que ? π. R 5. Déduire de tout ce qui précède la densité des polynômes dans D 1 pRd q. Exercice 2.3: Commutants 1. Soit L : DpRd q Ñ C 8 pRd q une application linéaire continue qui commute avec les opérateurs de translations τx . Démontrer qu’il existe une distribution T P D 1 pRd q telle que pour tout ϕ P DpRd q, Lpϕq :“ T ‹ ϕ. Indication : Observer que, nécessairement, xT, ϕy “ Lpϕ̌qp0q. 2 2. Soit maintenant M : DpRd q Ñ C 8 pRd q une application linéaire continue qui commute avec les opérateurs de dérivations Bxj , j P J1, dK. (a) On fixe ϕ P DpRd q et u P Rd . On pose hpxq :“ pτ´x M τx qpϕqpuq. (i) On considère la fonction Φ : Rd ˆ Rd ÝÑ R ” ı pa, bq ÞÝÑ pτ´a M τb qpϕqpuq “ M z ÞÑ ϕpz ´ bq pu ` aq. Vérifier que Φ est dérivable par rapport à ses d premières variables et calculer l’expressions des dérivées partielles correspondantes. (ii) Faire de même pour les d dernières variables. Indication : On reviendra à la définition à partir des taux d’accroissements directionnels. On rappelle que pour ϕ P DpRd q, h´1 pτ´hei ϕ ´ ϕq ÝÑ Bxi ϕ dans DpRd q. hÑ0 (iii) En déduire que h est constante puis que M commute avec les opérateurs de translations. (b) Prouver finalement l’existence de T P D 1 pRd q telle que pour tout ϕ P DpRd q, M pϕq :“ T ‹ ϕ. 3 Solutions fondamentales Exercice 3.1: Hypoellipticité Le but de cet exercice est de démontrer qu’un opérateur différentiel à coefficient constant admettant une solution fondamentale dont le support singulier est réduit à t0u vérifie une propriété de régularisation intéressante. Soit donc P pBq un tel opérateur, E une solution fondamentale supposée égale à une fonction C 8 sur Rd zt0u. Nous allons montrer que si T P D 1 pRd q vérifie P pBqpT q “ f P C 8 pRd q, alors T P C 8 pRd q. 1. Soit η P DpRd q égale à 1 sur Bp0, 1q. Montrer que ψ :“ P pBqpηEq ´ δ P DpRd q. 2. Prouver que pour T P D 1 pRd q, on a T “ pηEq‹P pBqpT q´ψ‹T et en déduire que si P pBqpT q P C 8 pRd q alors T est effectivement une fonction C 8 pRd q. 3. Donner des exemples d’opérateurs différentiels vérifiant cette propriété. Remarque : De manière un peu plus générale, un opérateur différentiel P pBq est dit hypoelliptique si pour toute distribution T on a SingSupppP pBqpT q “ SingSupppT q. On peut remarquer que l’inclusion SingSupppP pBqpT q Ď SingSupppT q est toujours vérifiée, si bien que l’hypoellipticité se ramène à montrer l’inclusion inverse. C’est ce que nous avons fait dans cet exercice, dans le cas particulier où P pBqpT q est une fonction lisse, ce qui veut dire que son support singulier est l’ensemble vide. 1 Exercice 3.2: L’algèbre D` 1 On pose D` :“ tT P D 1 pRq : SupppT q Ă r0, `8ru. 1 1. Montrer que D` est une algèbre de convolution unitaire contenant H, la fonction de Heaviside 1R` . 1 1 2. Déterminer l’inverse (pour ‹) dans D` de H, δ 1 et δ 1 ´ λδ pour λ P C. Lorsque l’inverse de T P D` ´1 existe on le note T . 3. Si P pdq est un opérateur différentiel à coefficients constants (une variable). Que représente l’élément rP pdqpδqs´1 si il existe ? 4. Soit P un polynôme non nul de racines z1 , . . . , zm . Exprimer P pdqpδq comme un produit de convo1 1 lution de m éléments de D` . En déduire que P pdqpδq possède un inverse dans l’algèbre D` que l’on déterminera. Qu’en déduit-on ? 3