Annexe : détail de la demande
L'objectif de ce projet d'Archéologie Galactique est d'identifier les enregistrements fossiles des diverses
phases d'accrétion de matière qui se seraient produites au cours de la formation et de l'évolution de notre
Galaxie. Cet objectif sera atteint grâce à la caractérisation physico-chimique automatique des dizaines de
milliers de spectres stellaires archivés par l'Observatoire Européen Austral (ESO) et qui vont nous être
fournis par cet organisme européen. Ce projet sera également bénéfique à la mission Gaia de l'Agence
Spatiale Européenne dans laquelle nous sommes fortement engagés, puisqu'il pourra nous servir de base
référence lors de l'analyse des données recueillies par ce satellite.
------------------------------
La formation et l'évolution de la Voie Lactée est un des problèmes majeurs de l'astrophysique contemporaine.
Le scénario le plus accepté actuellement pour la formation de notre Galaxie fait appel à l'effondrement de la
matière baryonique dans le puits de potentiel de la matière noire (Abadi et al., 2003) et à l'accrétion d'objets de
taille modeste constitués d'étoiles ou de gaz. Dans ce contexte, la Galaxie grossirait autour d'un corps central
et le disque et le halo se formeraient plus tardivement lors de l'accrétion de matière (Gilmore & Wyse, 2001).
Cependant, les échelles de temps de formation des galaxies et, par exemple, les mécanismes qui ont formés
leur disque et leur bulbe, composants primaires des galaxies actuelles, sont encore très mal connus.
Ces accrétions successives de matière ont certainement joué un rôle important dans la formation et l'évolution
de la Voie Lactée. Or, les signatures de ces phases d'accrétion peuvent être retrouvées grâce à l'identification
et la caractérisation (dynamique et chimique) des populations stellaires qui composent notre Galaxie (Helmi &
White, 1999). Nous pouvons qualifier cette approche scientifique d'Archéologie Galactique. Eggen, Lynden-
Bell et Sandage (1962) ont été les premiers à montrer qu'il est possible de faire de l'archéologie galactique en
utilisant les abondances chimiques et la dynamique stellaire. En particulier, les populations du disque épais et
du halo sont des fossiles uniques des événements qui se sont produits lors de la formation de la Galaxie.
Cependant, les projets d'archéologie galactique requièrent l'analyse de très grandes quantités d'étoiles afin
d'obtenir une bonne estimation des propriétés physico-chimiques des diverses populations stellaires de notre
Galaxie. Il est donc nécessaire de collecter de très grandes quantités de données spectrales. Cela peut dès à
présent être mené à bien grâce à l'avènement des spectrographes de nouvelle génération au sol (comme
FLAMES attaché au Very Large Telescope de l'ESO), à l'exploitation des archives spectrales des grands
observatoires (comme celles de l'ESO sur lesquelles ce projet est basé), et/ou des missions spatiales dédiées
comme la mission Gaia de l'Agence Spatiale Européenne (ESA) dont un des principaux objectifs scientifiques
est justement de reconstruire l'histoire de notre Galaxie grâce à la caractérisation de ses populations stellaires.
Gaia, qui doit être lancé fin 2011, est une mission astrométrique dont le but est de cartographier un milliard
d'étoiles de notre Galaxie (soit 1% du nombre total d'étoiles dans la Voie Lactée). A bord de Gaia se trouvera
également le Radial Velocity Spectrometer (RVS, Wilkinson et al. 2005) qui nous délivrera les spectres de
plusieurs dizaines de millions d'étoiles. Grâce à ces diverses informations sur la dynamique des étoiles et leurs
abondances chimiques de surface, il sera alors possible de caractériser les diverses populations stellaires de la
Voie Lactée et donc de mieux comprendre sa formation et son évolution.
Or, l'analyse de très grandes quantités de spectres (104-107) fournis par ces instruments ne peut se concevoir
que grâce au développement d'algorithmes d'analyse spectrale automatique. Nous développons ainsi
depuis quelques années l'algorithme MATISSE (MATrix Inversion for Spectral SynthEsis, Recio-Blanco et
al., 2006) qui permet de caractériser automatiquement les propriétés physico-chimiques de grandes quantités
d'étoiles, et donc d'identifier les populations auxquelles elles appartiennent. Le développement de cet
algorithme bénéficie directement à la mission Gaia puisque notre groupe est en effet en charge (i) de délivrer
au consortium de traitement et d'analyse des données Gaia (DPAC) un tel algorithme d'analyse spectrale
automatique et (ii) de caractériser, grâce à cet algorithme, les millions d'étoiles qui seront observées par ce
satellite.
Dans le cadre du développement de MATISSE, nous avons mis en place un projet avec l'ESO afin d'analyser
automatiquement de très grandes quantités de spectres réels, c'est-à-dire plus d'une centaine de milliers de
spectres collectés par les principaux spectrographes de l'ESO. Nous allons donc réaliser, pour la première
fois, une analyse spectrale détaillée appliquée à un ensemble de données comparable à ce que Gaia fournira.
Ce projet va, en effet, nous permettre de tester MATISSE dans un contexte très voisin de celui que nous allons
rencontrer lors de l'analyse des spectres Gaia. Nous allons ainsi acquérir une expérience unique. Suivant