La dépendance chez les adolescents Par Karen Fortin Psychoéducatrice Centre Dollard-Cormier Institut universitaire sur les dépendances Objectif Faciliter la compréhension des divers facteurs pouvant intervenir dans le développement d’un trouble de dépendance ou d’abus chez les adolescents (présentation de notions théoriques et cliniques) Continuum de la dépendance Processus impliquant une interaction entre personne, son environnement et les substances. la Les facteurs impliqués ont une relation dynamique entre eux. Seule une vision globale permet de percevoir le phénomène dans sa complexité. Les divers aspects de l’individu sont à évaluer… Aspects neurobiologiques Aspects d’adaptation psychosociales Aspects de la dynamique familiale Aspects des stress de la vie et de l’environnement L’état de santé mentale comme «terreau fertile» à l’émergence d’une problématique de dépendance «La santé mentale est un continuum qui va de la santé mentale optimale aux troubles mentaux graves et persistants en passant par les problèmes émotifs (Adlaf et coll.,2002).» «Les problèmes de santé mentale entraînent une altération des habiletés cognitives, sociales et affectives…» (Tupker, 2004) Quelques exemples de troubles qui peuvent influencer l’émergence d’une dépendance L’anxiété social z Symptômes: crainte d’être humilié et jugé, préoccupations intenses, activité cérébrales constantes centrés sur soi et les autres. Conséquences: Cherche à éviter l’école ou autres lieux anxiogènes, mauvaise image de soi, isolement. Stress post traumatique z Symptômes: souvenirs répétitifs et envahissants, sentiment intense de détresse psychologique, difficultés d’endormissement. Conséquences: Évitement de situations qui rappelle l’évènement, efforts pour éviter les pensées et sentiments négatifs, irritabilité et excès de colère. Quelques exemples de troubles qui peuvent influencer l’émergence d’une dépendance Déficit de l’attention avec/sans hyperactivité z Symptômes: impulsivité, inattention, hyperactivité et distractivité. Conséquences: Faible performance scolaire, difficultés relationnelles, intégration sociale déficiente, faible estime de soi. Dépression Symptômes: tristesse, irritabilité, douleurs physiques, insomnie, incapacité d’avoir du plaisir. z Conséquences: difficulté de socialisation, concentration diminuée, anxiété. La santé mentale sur un continuum Santé mentale optimale Santé mentale Problème de santé mentale Trouble mental Santé mentale non optimale (Chabrol, 2011) Les tâches développementales de l’adolescent… des défis qui peuvent altérer l’état de santé psychologique Rapports au corps: Puberté de 10 à 14-15 ans · Adopter une identité de genre · Construire une image corporelle sexuée · S’engager progressivement dans l’intimité sexuelle Rapports à autrui: Vie sociale de 12 à 17-18 ans · Se défaire des liens de la dépendance avec les parents · S’engager dans les relations de proximité avec les pairs Rapports à soi: Identité de 13 à 19 ans Se situer et se structurer à travers des enjeux cruciaux: · les plans de vie · les relations interpersonnelles · les valeurs et croyances · les perspectives professionnelles (Gaonac’h et Golder, 2011) La dynamique familiale peut faire partie du problème… «Le jeune toxicomane serait impliqué dans un double bind du type : «Soit autonome en restant près de nous, sois indépendant en rendant des comptes. L’adolescent se verrait investi d’une mission où il lui faudrait acquérir sa liberté tout en restant proche d’un parent pour le soutenir ou le soigner.» (Reynaud, 2006) Terminologie L’usage expérimental ou irrégulier «Usage peu fréquent et irrégulier qui est motivé par la curiosité au sujet des effets de la substance.» «Usage qui se limite habituellement aux occasions spéciales ou lorsque l’occasion se présente.» (Tupker,2004) Terminologie L’usage régulier «Usage qui a lieu de façon prévisible et qui peut être fréquent ou espacé. Le jeune cherche activement à ressentir l’effet de la substance ou à participer aux activités de son groupe de pairs liées à l’usage de drogue. Il a habituellement l’impression de contrôler son usage (il peut arrêter et le poursuivre).» (Tupker,2004) Terminologie La dépendance «Usage régulier, gulier prévisible et habituellement fréquent. quent Le jeune ressent un besoin physique ou psychologique pour la substance. Il a l’impression de ne pas contrôler son usage et poursuivre cet usage malgré ses conséquences nocives.» (Tupker, 2004) L’abus «Usage perturbant l’adaptation sociale ou scolaire; scolaire usage dans des situations dangereuses comme conduire un scooter; problèmes légaux; poursuite de la consommation bien qu’elle entraîne des problèmes avec la famille ou l’entourage» (Chabrol, 2011) Les raisons comme indicateur de gravité RAISONS EXTRINSÈQUES: Par curiosité, pour le plaisir, pour faire une nouvelle expérience, pour appartenir à un groupe. RAISONS INTRINSÈQUES: Besoin d’oublier des conflits, problèmes familiaux, mésestime personnelle. ¾ RISQUE de surconsommation ou de dépendance LES EFFETS RECHERCHÉS STIMULANTS Hausse de l’énergie Suppression de la fatigue et de la faim Sentiment de puissance Confiance en soi Désir de communiquer Euphorie Augmentation de la concentration et de la vigilance Désinhibition PERTURBATEURS Euphorie Sensations DÉPRESSEURS Détente corporels diverses Perturbation des perceptions Rires spontanés Apaisement Ralentissement moteur et parfois cérébral Amplification des sens Créativité et spiritualité accrue Apaisement de la souffrance/anxiété Sensation de bien-être Bonne humeur Sociabilité accrue Désinhibition Moins de gêne Moins de contrôle Évaluer la présence de ces symptômes lorsqu’on soupçonne un trouble anxieux Aspects corporel Fonctionnement du cerveau Agitation Difficultés Tensions musculaires Difficultés d’endormissement Réveils nocturnes Spasmes Douleurs au ventre Perturbations alimentaires de concentration Trous de mémoire Sentiment d’insécurité Idées qui se bousculent Anticipation du pire Réactions Niveau d’énergie irritabilité Fatigabilité hyper vigilance Sursauts Évitement de situation anxiogène Angoisse face à la nouveauté Épuisement Qui est plus enclin à prendre des dépresseurs du système nerveux central? Qui est plus enclin à prendre des stimulants du système nerveux central? physique Épuisement mental Fébrilité Découragement Évaluer la présence de ces symptômes lorsqu’on soupçonne un trouble dépressif Aspects corporel Fonctionnement du cerveau Perte d’énergie Perte d’appétit Fatigue Irritabilité Pleurs Difficultés Réactions Niveau d’énergie Humeur triste Perte d’intérêt Perte d’espoir Insomnie ou hypersomnie Sentiment d’inutilité (perte de sens de la vie) Baisse Qui est plus enclin à prendre des dépresseurs du système nerveux central? Qui est plus enclin à prendre des stimulants du système nerveux central? de concentration Ralentissement cognitif Difficultés à prendre des décisions Anxiété (préoccupations) Pensées associées à la mort de la motivation Ralentissement moteur Semble indifférent Apathie Faible estime de soi Les sphères à explorer Portrait d’un jeune consommateurs de cannabis Les interactions possibles entres les divers problématiques Déficit de l’attention Ennui en classe Fume du cannabis démotivation Faible résultats scolaires anxiété Outil de dépistage DEP-ADO Feu vert: aucun problème évident de consommation (entre 0 et 13 points) Feu jaune: problème en émergence intervention souhaitée (entre 14 et 19 points) Feu rouge: problème évident, intervention spécialisée (20 points et plus) Éléments évalués Clientèle visée: jeunes de 12 à 18 ans Mode de passation: 7 questions face à face Temps de passation: 15 minutes Codification: environ 1 minute Interprétation: environ 1 minute Fréquence de consommation des différents produits (12 derniers mois) Consommation des 30 derniers jours Précocité de la consommation régulière Injection de drogues Boire excessif (calage) Problèmes associés Les jeunes du secondaire au Québec Suite à la passation du DEP-ADO 88% 6% 6% feu vert (pas de problème évident de consommation) feu jaune (présence d’un problème en émergence ou à risque de le devenir) feu rouge (présence d’un problème important de consommation) (Dubé, 2009) Le concept du rétablissement Le rétablissement : « un processus par lequel les personnes retrouvent leur estime de soi, leurs rêves, leur confiance en elles, leur capacité, leur fierté, leur dignité et un sens à leur vie » (O’Grady et Skinner, 2007) Le rétablissement est une conception personnalisée de son mieux-être •Le cheminement personnel est unique. unique •Il permet de se libérer de ses symptômes par des moyens multiples. multiples •La rechute est un aspect courant et prévu du rétablissement. •L’espoir en l’avenir est un aspect qui se développe dans la relation thérapeutique. •L’importance d’avoir des conditions de vie acceptables. •Avoir accès à des traitements de qualité et des groupes d’entraide. BIBLIOGRAPHIE CHABROL, Henri (2011). Traité de psychopathologie clinique et thérapeutique de l’adolescent. Paris. Dunod. DUBÉ, Gaëtan, et autres (2009). Enquête québécoise sur le tabac, l’alcool, la drogue et le jeu chez les élèves du secondaire, 2008. Québec. Institut de la statistique du Québec. GAONAC’H, D. et GOLDER, C. (1995). Profession enseignant: Manuel de psychologie pour l’enseignant. Paris. Hachette Education. O’GRADY, C.P. et SKINNER, W.J.W. (2007). Guide à l’intention des familles sur les troubles concomitants. Toronto. Centre de toxicomanie et de santé mentale. REYNAUD, Michel (2006). Traité d’addictologie. Paris. Médecine‐Sciences Flammarion. TUPKER, Elsbeth (2004). Les jeunes, les drogues et la santé mentale: ressources pour les professionnels. Centre de toxicomanie et de santé mentale. Toronto Pour le DEP-ADO Consulter le www.risqtoxico.ca