La démocratie en débat

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Année universitaire 2016-2017
Master Théorie politique
Semestre d’automne et semestre de printemps
La démocratie en débat
Astrid von BUSEKIST et Jean-Marie DONEGANI
Séminaire annuel de recherche
Description du cours :
La typologie des régimes politiques, remarquablement stable depuis Aristote, n’a été bousculée qu’au 20ème siècle. L’irruption du
totalitarisme a modifié la balance dont l’équilibre était certes régulièrement modifié, à la marge et à la faveur des événements, mais
jamais véritablement mis en cause. Est-ce un régime politique ? Une forme corrompue ? Fallait-il le classer au-dehors et au plus loin
des régimes proprement politiques comme le suggérait Hannah Arendt ?
Mesurer le caractère politique des régimes n’est pas chose aisée et nous aimerions, dans ce séminaire, interroger la question du
régime en prenant pour aune la démocratie. « La démocratie et ses doubles » renvoie à ce questionnement. Quels rapports la
démocratie entretient-elle avec ce qui la contrarie mais aussi avec ce qui la complète ou la parachève ? La démocratie doit-elle être
qualifiée (« démocratie libérale », « démocratie populaire ») ? Cette qualification est-elle, au contraire, contradictoire avec son
essence ? En bref, comment penser l’écart entre le principe et ses manifestations historiques ?
Si la démocratie se définit avant tout par ses conditions institutionnelles d’existence, par sa méthode et non par son
aboutissement, elle est aussi pédagogie aléthique en ce qu’elle mime la discussion argumentée de la philosophie. C’est ainsi que,
pour nombre d’auteurs, il y a concordance entre le développement de la démocratie politique et celui de l’éducation, de la croissance
économique et du progrès social. Surtout, parce que la démocratie peut se résumer au « pouvoir de n’importe qui », elle réalise,
sous les formes de l’interchangeabilité potentielle de toutes les places, une certaine forme d’union sociale.
La légèreté d’esprit que recommande Rorty, et dont il dit qu’elle a fait bien plus pour le progrès moral des sociétés que la
lourdeur des débats métaphysiques, n’est donc pas suffisante. Nous ne pouvons renoncer aux doctrines religieuses ou
philosophiques censées répondre aux questions existentielles qui nous importent, ni douter de la cohérence et de la valeur de ces
questions ; nous ne doutons pas davantage de la nécessité de la démocratie ou de la valeur du débat contradictoire ; nous pouvons
croire enfin au lien consubstantiel entre philosophie et politique, entre philosophie et démocratie. La culture politique, issue de
l’éducation démocratique, est la principale source du savoir commun des citoyens et de leurs représentants. Placée au fondement
même de l’accord démocratique, la philosophie politique est, contrairement à l’idée de Rorty, non seulement possible mais encore
indispensable. Ses tâches ? Une tâche pratique – démêler, évaluer, et ordonner justement les revendications concurrentes de liberté
et d’égalité ; une tâche d’orientation parmi les différentes fins raisonnables et rationnelles ; éventuellement une tâche de
réconciliation que nous tenterons de mettre en scène dans ce séminaire en étudiant les auteurs classiques et contemporains, les
partisans et les adversaires de la démocratie, les rapports entre la démocratie et les autres types de régime, les qualifications de la
démocratie.
Nous examinerons ainsi la question du public et du privé (religion) ; de l’individu et du peuple (nation) ; de la représentation
(libéralisme) ; de la violence et du sacré (anthropologie), de l’égalité et de la liberté (justice)
Langue principal de l’enseignement : français
Lectures principales :
J.M. Donegani, Marc Sadoun, Critiques de la démocratie, Paris, PUF, 2012
J.M. Donegani, Marc Sadoun, Qu’est-ce que la politique, Gallimard, 2008
N. Urbinati, Democracy disfigured, Harvard U Press, 2014
A. v. Busekist, Penser la politique, Presses de Sciences Po, 2010
C. Lefort, L’invention démocratique, Fayard, 1981
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