Évangile & Liberté en pays de Loire Sommaire ______________________________________________________________________ 1 Les années obscures de Jésus____________________________________________________________ 1 L’environnement géographique et politique ______________________________________________________ 1 L’environnement culturel _____________________________________________________________________ 2 Jésus – le procès ______________________________________________________________________ 3 Notes préliminaires __________________________________________________________________________ Les forces en présence________________________________________________________________________ Le déroulement des faits ______________________________________________________________________ Notations annexes ___________________________________________________________________________ Question___________________________________________________________________________________ Question___________________________________________________________________________________ Autres questions ____________________________________________________________________________ Dernières remarques _________________________________________________________________________ Considérations d’un autre auteur _______________________________________________________________ 3 3 3 5 5 6 6 6 7 L’environnement géographique et politique Le pays Aux époques préhistoriques, pas de fleuve pour fertiliser la terre, irriguer, etc. seulement l’eau qui tombe des nuages. Donc, le paysan de Canaan se sentait dans l’absolue dépendance des puissances célestes. Le commentaire rabbinique de l’Ecclésiaste dit que « la terre n’est fécondée que par les eaux venant d’enhaut, afin que tous lèvent les yeux vers le ciel et que l’homme puisse constater qu’il en est tributaire ». Les divinités C’était des génies locaux en nombre illimité qu’on adorait sur toutes les collines, sous tous les arbres. Leur nom était Baal accompagné d’un surnom caractéristique de la chose qui le contenait ou du lieu qui l’abritait : Baal Lebanon (seigneur du Liban), Baal Tamar (l’esprit du palmier), Baalat Béer (la dame du puits), Baal Marquod (seigneur de la danse), Baal Marphé (seigneur guérisseur), Baal Zeboub (maître des mouches). Tout cela créait un pays rempli de spiritualité. Les Cananéens adorent aussi les dieux du soleil, de la foudre, du blé, peut-être même un dieu Yahvé qui aurait été antérieur à l’arrivée des Hébreux et qui aurait représenté déjà une sorte de remise en ordre du fouillis de dieux divers (le chaos de la Genèse). Nazareth Nazareth vit à l’écart, pas d’infiltration grecque ou latine. On parle l’araméen, et non pas le grec ou le latin. « Comment quelque chose de bon peut-il sortir de Nazareth ? » (Jean 1 :45-46 : Ensuite, Philippe rencontra Nathanaël et lui dit : « Nous avons trouvé celui dont Moïse a parlé dans le livre de la Loi et dont les prophètes aussi ont parlé. C'est Jésus, le fils de Joseph, de Nazareth. » 46Nathanaël lui dit : « Peut-il venir quelque chose de bon de Nazareth ? » Philippe lui répondit : « Viens, et tu verras. ») Nazareth c’était la ville de la terre, mais la terre est aussi présence de Dieu et réceptacle du sacré. Rome La Palestine est un état satellite de Rome. Elle a un roi qui n’est pas juif (mère arabe, père Iduméen). Hérode a fait mettre à mort un grand nombre de personnes sans procès, ce qui était contraire à la loi juive et qui lui a valu d’être convoqué devant le Sanhédrin. L’environnement culturel Le travail manuel Le travail manuel est sanctifié, honoré par le judaïsme : « l’artisan à son ouvrage n’a pas besoin de se lever devant le plus grand docteur ». Hillel était bûcheron, Rabbi Yeh Ouda boulanger, Rabbi Yohanan cordonnier, Saül de Tarse fabricant de tentes. Il est donc logique et conforme aux Écritures que Jésus ait appris un travail manuel. La langue sémitique Araméen, proche de l’hébreu, qui ne se parlait plus depuis trois siècles, sauf pour les cérémonies. Le pays était trilingue, comme certains pays africains ou d’Afrique du nord (l’écriteau sur la croix était réputé être en trois langues, grec, latin et hébreu). La langue sémitique a des caractéristiques qu’il est utile de connaître : o d’abord, la répugnance à l’abstrait ; une langue sans abstraction, aujourd’hui, donne une double impression, poésie et liberté d’une part mais d’autre part vertige et effarement o il n’y a pas de voyelles, jugées inutiles parce que les juifs avaient « entendu » la Torah avant de l’avoir vue écrite. Dans ce cas, la mémoire et la tradition restituent l’écriture complète des mots o il y a peu d’adjectifs, sauf ceux que l’on peut toucher (grand, lourd) ou qui sont constatables facilement (sage) ; les autres ont remplacés par des substantifs : lieu saint se dit lieu de sainteté, roi clément se dit roi de clémence. On ne va pas dire « la partie la plus sainte du temple de Jérusalem », mais « le saint des saints », « un cantique excellent » mais « le cantique des cantiques ». Autre caractéristique : les noms propres sont d’inspiration divine. Adam a reçu le pouvoir de nommer chaque créature (crier leur nom). Les noms représentent la nature de chaque être, Emmanuel « Dieu avec nous », Jésus « il sauve ». Le nom est important par l’émotion qu’il éveille. Autre caractéristique, encore : l’imprécision, « Shalom » désigne à la fois la paix et la perfection « Tsédek » désigne la justice et la charité,. Dernière idée, le temps. Le Talmud dit « il n’y a pas d’avant ni d’après », le temps n’est jamais objectif, il n’a pas de valeur fixe en-dehors de celui qui le vit. Citons une phrase en hébreu, qui dit « Dis-leur que Je fus dans le passé, que Je suis dans le présent, que Je serai dans l’avenir » ; dans cette phrase, les trois verbes sont à l’imparfait. Imparfait, en hébreu comme en araméen, n’évoque pas un moment du temps, pour le Juif biblique, comme pour l’Arabe de nos jours, ce qui importe c’est de savoir si le fait est achevé ou non. Et l’imparfait dans cette phrase nous fait savoir que Dieu ne saurait être achevé. Une des conséquences, la plus importante sans doute, c’est que le Juif biblique vit toujours en compagnie des grands hommes du passé, les patriarches, les prophètes, les rois, tout ce qui s’est accompli depuis la création d’Israël est sur un même plan et on le différencie uniquement de ce qui n’est pas encore accompli. D’où peut-être l’espèce de fébrilité, d’insistance, chez certains, à vouloir que Jésus ne soit que l’accomplissement des prophéties. Jésus pratique la religion d’Israël Jésus, comme son père Joseph respectait les rituels juifs, notamment en prononçant des bénédictions à toute occasion (« Béni sois-tu, Éternel, d’avoir appris au coq à distinguer le jour de la nuit »). En tant que fils premier-né, il était consacré à la synagogue, lieu d’étude et de prière. Le rabbi n’est pas un prêtre professionnel mais un homme qui aime Dieu et qui a étudié la Loi. Jésus s’en prend souvent au clergé du Temple, mais jamais à la synagogue. Le Temple est unique pour l’ensemble de la nation juive, il dispose d’un clergé professionnel, qui effectue les sacrifices, alors que les synagogues conduisent des prières, elles sont un peu comme des assemblées paroissiales. Alors, pourquoi l’a-t-on tué ? Jésus a été jugé, par les autorités religieuses de son temps, comme un danger à éliminer. Et pourtant ce qu’a fait ou dit Jésus ne diffère en rien de ce que disait ou faisait n’importe quel rabbi de son temps, sauf que Jésus accordait le pardon des péchés sans demander préalablement une conversion. Alors, y a-t-il dans la prédication de Jésus quelque chose qui annonce le déchirement qui va se produire entre judaïsme et christianisme ? Les interventions suivantes, dont celle d’Anne-Marie à propos du procès de Jésus pourront apporter des éléments de réponse. Notes préliminaires o o o Les travaux des historiens juifs recensés dans ce livre se situe à l’intérieur d’une période qui va de 1838 à 2006. Ils ont pour sources les quatre évangiles, estimés non fiables historiquement parlant Tout autant que les évangiles, la recherche des historiens juifs est teintée de subjectivité visant à relativiser l’accablement des Juifs dans la responsabilité de la mise à mort de Jésus Un fait indiscutable : la crucifixion décidée par Pilate et l’inscription Roi des Juifs Les forces en présence Organisation politique et administrative o le Sanhédrin : magistrats locaux. Corps quasi législatif et exécutif siégeant pour les questions religieuses et politiques lesquelles étaient irrémédiablement imbriquées. Il pouvait condamner à mort (lapidation) mais uniquement pour des infractions religieuses. Les cas litigieux ou affectant la « Pax Romana » devaient être transmis au pouvoir romain qui décidait. On suppose que des tensions existaient entre les autorités juives et les autorités romaines, les lois de ces deux juridictions ne fonctionnant pas selon les mêmes modalités. Par exemple : l’apostasie, le blasphème, l’infanticide étaient condamnables du point de vue juif mais non du point de vue romain. L’organisation interne du Sanhédrin exige l’unanimité du témoignage de deux témoins. Ces témoignages devaient être entendus individuellement et obligatoirement s’accorder. Les juges émettaient ensuite leur vote individuellement les uns après les autres o le Gouverneur : il instruit sur plainte déposée par magistrats indigènes ou instruit directement en cas de troubles à la Pax Romana. Il n’apparaît pas clairement que les membres du Sanhédrin soient nommés par l’occupant romain mais plutôt qu’ils ne peuvent fonctionner sans l’accord de l’occupant o Le roi Hérode : il gouverne la Judée et apparaît seulement et très épisodiquement dans l’évangile de Luc. Aucun rôle dans le procès fait à Jésus. o Institutions religieuses : - le Temple - le grand Prêtre - la fonction sacerdotale comporte des aspects politiques importants dans une Judée occupée par les romains. Certains vont jusqu’à dire que le Grand Prêtre et les officiants ne pouvaient exercer leur ministère qu’avec l’accord ou pire leur nomination par le pouvoir romain Le déroulement des faits Arrestation o o arrêté par les gardiens du Temple (soldats romains ? ou police privée, les contributions divergent) envoyés par les grands Prêtres et dirigés par Judas. selon un évangile, Jésus est conduit chez l’ex grand prêtre Anne (beau-père de Caïphe) pour y être interrogé, lequel l’envoie chez Caïphe où il est gardé toute la nuit. Les autres évangiles mentionnent son interrogatoire uniquement devant Caïphe. Comparutions 1. autorités religieuses juives : Sanhédrin - Le vendredi matin (ou la nuit selon un évangile), le Sanhédrin interpelle Jésus. 2. autorité romaine : Pilate instruit, suite au transfert de Jésus par le Sanhédrin, et selon la procédure romaine en vigueur, il pose la question : Es-tu le roi des Juifs ? Après avoir entendu les accusations politiques portées par le Sanhédrin et les réponses de Jésus, Pilate décide de traiter le cas par une amnistie, mais la « foule » demande la libération de Barabbas. Pilate condamne alors Jésus à la crucifixion comme « Roi des Juifs ». Accusations et charges Devant le Grand Prêtre et le Sanhédrin Charges d’ordre religieux et invalidation des charges : o le pardon assuré aux foules : on trouve dans la littérature talmudique des propos similaires sur les épreuves qui remettent les fautes des hommes o manquements aux règles de la purification (ablutions) : cette pratique n’était obligatoire que pour ceux qui pénétraient dans le Temple ou consommaient de la nourriture sacrée. o guérison des malades le jour du sabbat : les pharisiens étaient très permissifs là-dessus. En cas de danger de mort, la transgression de l’observance du sabbat est recommandée. o expulsion des démons par des paroles murmurées : pratique qui se retrouve dans la littérature talmudique et qui n’est pas une faute. o arrachage des épis pour s’en nourrir le jour du sabbat : permis. A noter une différence subtile entre couper et arracher. Arracher est permis, couper est assimilé à moissonner qui est interdit. o mépris des jeûnes. Avant la destruction du Second Temple, certains jeûnes n’avaient pas un caractère obligatoire. o s’insurger contre l’autorité du Temple : - 1er cette infraction est inconnue des sources juives - 2e la déclaration de détruire et reconstruire en trois jours n’est qu’une façon charismatique de s’affirmer et ne contrevient en rien aux lois du judaïsme o le blasphème non retenu : les témoignages ne concordent pas o s’être qualifié de fils de Dieu : accusation sans fondement : être fils de Dieu est une qualification répertoriée dans l’AT et ne constitue pas une faute o incité à pratiquer l’idolâtrie : accusation des sages largement postérieure à Jésus et concernant les chrétiens de l’époque. o messianité : elle foisonnait avant Jésus et a continué après lui. Jésus ne prétendait pas au titre de Messie mais les « foules », elles, pouvaient voir en lui, un Messie. En conclusion : la condamnation de Jésus n’a pu avoir qu’un motif politique et non un motif religieux. La véritable raison pour laquelle Jésus fut livré aux instances romaines est politique : il soulève les foules et est une cause de désordre dans le peuple. Devant Pilate o Il se produit alors un glissement de l’accusation. La messianité est détournée de son sens spirituel. Elle est transformée en royauté des Juifs et est à comprendre en opposition au pouvoir de Rome ; ceci suite à une question perverse posée devant le Sanhédrin : Es-tu le fils de Dieu ? Vous le dites, je le suis o refus de payer l’impôt (fausses accusations) o destruction du Temple : vue non plus comme une attaque des prérogatives des Sadducéens mais comme une destruction d’un édifice cultuel affectant la Pax Romana dont Pilate est le garant et le gardien Évènements à charge non mentionnés dans le procès L’entrée triomphale à Jérusalem (les rameaux) L’acclamation spontanée comme Messie par les pèlerins arrivant à Jérusalem, associée à la ferveur religieuse et à l’espérance messianique, a pu créer une effervescence dans une période particulièrement propice, et a engendré la croyance en la messianité de Jésus. Jésus aurait donc été condamné à cause des acclamations de la « foule » et du caractère messianique qu’elle lui a attribué. Ces acclamations ont été jugées dangereuses en particulier au moment de la Pâque. Il a été crucifié non pas parce qu’il représentait un péril mais parce que la réaction de la foule à son égard représentait un péril. C’est cette ferveur qui aurait entraîné sa mort et Caïphe, responsable religieux du maintien de l’ordre en aurait informé Pilate. Pilate décide alors la mort par crucifixion et lui attribue à Jésus le titre de : « Roi des Juifs » pour ruiner et ridiculiser les espérances messianiques du peuple. Le renversement des tables des marchands. Jésus se faisait une haute idée de l’impureté morale et considérait que celle-ci engendrait une transgression religieuse. L’activité des marchands revenait à faire servir le pouvoir pervers de l’argent pour acheter des animaux expiatoires qui devaient effacer les carences morales. Cet argent d’usage impur entachait ainsi la sainteté du Temple. Le renversement des tables fut perçu comme une menace contre le sanctuaire de Jérusalem. A la tête d’un faible mouvement galiléen, Jésus est soudain présent dans le lieu le plus saint et le plus majestueux du monde juif de ce temps : Le Temple. Hypothèse L’expulsion des marchands du Temple a pu se produire à l’occasion d’une autre fête de Pâques et éventuellement être suivie d’une période de clandestinité pour Jésus et ses proches leur donnant une réputation de brigands au grand cœur. De là, on glisse insensiblement vers l’idée d’un Messie qui se prépare au désert pour la grande bataille eschatologique. Du côté des autorités romaines et juives, la diffusion d’une telle image de Jésus ne pouvait être considérée que comme un élément de désordre grave, alors même que l’expulsion des marchands n’avait pas suscité grande réaction de leur part. Un personnage considéré comme un hors-la loi sympathique ou comme un Messie potentiel par la population n‘était, pour les responsables du maintien de l’ordre, qu’un bandit ou un agitateur nationaliste qu’il fallait réduire à l’impuissance. Le supplice de la croix en compagnie d’authentiques brigands, est donc l’aboutissement des réactions populaires à l’expulsion des marchands du Temple, beaucoup plus qu’une conséquence de l’événement lui-même. Notations annexes Les motifs du Grand-Prêtre o la volonté de sauver sa vie et de préserver l’intégrité du Temple o la volonté d’éviter de funestes conséquences pour les autres membres de la classe sacerdotale. Les éléments religieux ou doctrinaux n’auraient joué aucun rôle (ex. blasphème) le Grand Prêtre voulait se prémunir et prémunir les autres membres sacerdotaux de toute mise en cause par les Romains. Les Romains accordaient une grande importance à l’ordre public, ils châtiaient non seulement les individus qui collaboraient avec les séditieux mais également leurs dirigeants. Un des auteurs a osé une comparaison avec l’attitude de certains dirigeants responsables pendant la dernière guerre mondiale : « années 41/42, duplicité des dirigeants des peuples conquis par les nazis. Ils sont contraints d’informer les autorités allemandes de ceux qui complotent contre la tyrannie des nazis. Certains se vendent aux allemands et trahissent leur propre peuple !!! » Le statut spécifique du temple de Jérusalem sous l’occupation romaine Le Temple de Jérusalem avait un statut semblable à un temple païen romain. A l’époque de Jésus, le Grand Prêtre était nommé par les Romains et les différentes instances en fonction dans le Temple étaient sous contrôle voire dirigées par le pouvoir romain. Comme dans tous les temples païens de l’empire romain un sacrifice était quotidiennement offert dans le Temple de Jérusalem en l’honneur de l’empereur. Des soldats romains postés sur le Mont du Temple montaient la garde devant le sanctuaire. Petit rappel historique : c’est en l’an 6 que la Palestine devient romaine et c’est dans le Temple de Jérusalem que les soldats romains ont stationné. Toutes ces considérations amènent l’auteur à considérer que le Temple de Jérusalem était du point de vue politique, et dans l’esprit des Romains, l’égal des temples païens dont ils dirigent l’administration. Menacer le Temple était alors une atteinte très grave aux yeux des juifs et des Romains. Attenter à un Temple dans une province romaine équivalait à atteindre Rome. Si Jésus a été déclaré Roi des Juifs par Pilate ce pourrait être à cause de son hostilité au Temple (au sens du bâtiment). Étant donné la façon dont les Romains considéraient le Temple, Jésus a été qualifié de subversif parce qu’on l’a accusé de vouloir s’approprier le pouvoir et de détrôner la présence romaine. Question Le rédacteur du plus ancien évangile que nous détenons (Marc) a-t-il eu connaissance de la destruction du Temple en 70 ? Si tel est le cas, les propos sur la chute du Temple fait de main d’homme, qu’il attribue à Jésus, pourraient être ceux de la réalité historique de Marc. Autrement dit, Marc ne prête t-il pas à Jésus, et de manière rétroactive, une annonce et des intentions qui ne cadrent pas avec l’époque du procès ? Hypothèse L’idée que Jésus détruise le Temple, aurait pu circuler sous forme de rumeur du vivant même de Jésus puis avoir été utilisée contre lui lors de son interrogatoire devant les autorités juives. L’attribution de cette parole est le fait des adversaires de Jésus et, voyant en lui un personnage dangereux , les autorités juives se seraient empressées de le livrer aux Romains. Question Quel danger représentait donc Jésus pour les autorités juives ? pas d’autre explication que son caractère messianique et prophétique car c’est précisément pour ce motif qu’il a été interpellé par les autorités juives. Mais… pour quelles raisons profondes Jésus aurait-il été hostile au Temple ? Le geste et la parole de Jésus s’inscrivent plutôt dans un élan prophétique qui comporte réprimande et récrimination, et s’inscrivent dans une dimension messianique. Le geste de Jésus contre les marchands, les changeurs peut-il renseigner sur les raisons pour lesquelles Jésus annonçait la destruction du Temple ? Hypothèse L’expulsion des marchands du Temple a pu être suivie d’une période de clandestinité, ou au moins de retrait hors des grandes agglomérations pour Jésus et ses proches, leur donnant une allure de brigands au grand cœur. De là, on a pu glisser insensiblement vers l’idée d’un Jésus-Messie qui s’apprêtait au désert pour la grande bataille eschatologique. Du côté des autorités romaines et juives, la diffusion d’une telle image de Jésus ne pouvait être considérée que comme un élément de désordre grave, alors même que l’expulsion des marchands n’avait pas suscité grande réaction de leur part. Un personnage considéré comme un hors-la loi sympathique ou comme un Messie potentiel par la population était, pour les responsables du maintien de l’ordre, un bandit ou un agitateur nationaliste qu’il fallait réduire à l’impuissance. Le supplice de la croix en compagnie d’authentiques brigands, serait donc lié aux réactions populaires à l’expulsion des marchands du Temple plutôt qu’une conséquence de l’événement lui-même. Autres questions Sont-ce vraiment les prêtres qui ont arrêté Jésus ? Pilate a-t-il fait condamner Jésus à cause des foules ou parce que sa personne elle-même représentait un danger ? Si Jésus avait conscience du danger qu’il encourait après son entrée triomphale dans Jérusalem, pourquoi n’a-t-il pas quitté la ville ? Et pourquoi les autorités juives ou romaines ne lui ont-elles pas demandé de quitter la ville ? Pourquoi alors l’autorité romaine n’a-t-elle pas pris des mesures qui s’imposaient contre la foule ? Les romains si enclins à préserver la Pax Romana ne devaient-ils pas craindre qu’une condamnation de Jésus ne provoque un véritable soulèvement de la foule ? Dernières remarques 1) les deux scènes d’interrogatoire de Jésus (grand prêtre + Pilate) mentionnent des éléments littéraires semblables 2) après chaque interrogatoire Jésus est maltraité verbalement et physiquement. Cela indiquerait que les scènes ont pour source un même document et qu’il a été retravaillé ultérieurement. 3) dans l’évangile de Marc, le nom de Caïphe n’apparaît pas mais il en est fait mention dans les autres évangiles plus tardifs 4) les éléments constitutifs du procès ne peuvent en rien être comparés à un procès mené selon la juridiction romaine (selon un auteur) 5) les échanges verbaux entre le grand prêtre et Jésus ne sont qu’une construction littéraire ultérieure qui ne peut nous renseigner sur la réalité du procès. 6) les dénominations de Jésus durant son interrogatoire sont de type christologique. Elles font partie des motifs juridiques pour lesquels les rédacteurs des récits de la passion ont été interpellés. Cela s’apparente à une projection des réalités de leur époque introduites après coup lors de la rédaction des évangiles. 7) le motif d’accusation ne peut nullement être une prétention messianique, Jésus avait-il une conscience messianique de sa personne ? est-il un messie prétendant (revendiqué ?) ou bien a-t-il été défini ainsi par ses disciples (messie prétendu ?) 8) trois éléments sont erronés : o Pilate présenté comme un personnage plein de bonté o Juifs présentés comme haineux car il semble difficile de comprendre pourquoi ils désiraient si ardemment son exécution o le procès de Jésus ne ressemble en rien à la procédure appliquée dans une juridiction juive (selon un autre auteur) 9) les Sadducéens était un parti très fortement politisé, une caste aristocratique qui présidait au Temple et cherchait à préserver ses prérogatives politiques et religieuses. Ils ont considéré Jésus comme un agitateur sévissant dans le Temple et potentiellement fomenteur de troubles 10) Pilate a seul le pouvoir de décider du sort de Jésus. Sa décision est celle du préfet de l’Empire. L’inscription « Roi des Juifs » est destinée à anéantir les espérances juives de libération et montrer ce que peut faire Rome de quiconque se voudra roi des Juifs Considérations d’un autre auteur Il est logique qu’un juif galiléen qui prêchait la fin imminente de l’ordre naturel et entraînait dans son sillage de nombreuses personnes ne puisse prétendre avoir l’estime du pouvoir romain. Il pouvait logiquement prévoir qu’il finirait exécuté sur une croix et vraisemblablement envisager sa mort comme une conséquence de ses actes. On peut ajouter à ce schéma le fait que Jésus avait certainement en mémoire l’exécution de Jean le Baptiste.