La Palestine est un état satellite de Rome. Elle a un roi qui n’est pas juif (mère arabe, père Iduméen).
Hérode a fait mettre à mort un grand nombre de personnes sans procès, ce qui était contraire à la loi juive et
qui lui a valu d’être convoqué devant le Sanhédrin.
L’environnement culturel
Le travail manuel
Le travail manuel est sanctifié, honoré par le judaïsme : « l’artisan à son ouvrage n’a pas besoin de se lever
devant le plus grand docteur ». Hillel était bûcheron, Rabbi Yeh Ouda boulanger, Rabbi Yohanan
cordonnier, Saül de Tarse fabricant de tentes. Il est donc logique et conforme aux Écritures que Jésus ait
appris un travail manuel.
La langue sémitique
Araméen, proche de l’hébreu, qui ne se parlait plus depuis trois siècles, sauf pour les cérémonies. Le pays
était trilingue, comme certains pays africains ou d’Afrique du nord (l’écriteau sur la croix était réputé être
en trois langues, grec, latin et hébreu).
La langue sémitique a des caractéristiques qu’il est utile de connaître :
o d’abord, la répugnance à l’abstrait ; une langue sans abstraction, aujourd’hui, donne une
double impression, poésie et liberté d’une part mais d’autre part vertige et effarement
o il n’y a pas de voyelles, jugées inutiles parce que les juifs avaient « entendu » la Torah avant de
l’avoir vue écrite. Dans ce cas, la mémoire et la tradition restituent l’écriture complète des mots
o il y a peu d’adjectifs, sauf ceux que l’on peut toucher (grand, lourd) ou qui sont constatables
facilement (sage) ; les autres ont remplacés par des substantifs : lieu saint se dit lieu de
sainteté, roi clément se dit roi de clémence. On ne va pas dire « la partie la plus sainte du
temple de Jérusalem », mais « le saint des saints », « un cantique excellent » mais « le cantique
des cantiques ».
Autre caractéristique : les noms propres sont d’inspiration divine. Adam a reçu le pouvoir de nommer
chaque créature (crier leur nom). Les noms représentent la nature de chaque être, Emmanuel « Dieu avec
nous », Jésus « il sauve ». Le nom est important par l’émotion qu’il éveille.
Autre caractéristique, encore : l’imprécision, « Shalom » désigne à la fois la paix et la perfection « Tsédek »
désigne la justice et la charité,.
Dernière idée, le temps. Le Talmud dit « il n’y a pas d’avant ni d’après », le temps n’est jamais objectif, il n’a
pas de valeur fixe en-dehors de celui qui le vit.
Citons une phrase en hébreu, qui dit « Dis-leur que Je fus dans le passé, que Je suis dans le présent, que Je
serai dans l’avenir » ; dans cette phrase, les trois verbes sont à l’imparfait. Imparfait, en hébreu comme en
araméen, n’évoque pas un moment du temps, pour le Juif biblique, comme pour l’Arabe de nos jours, ce
qui importe c’est de savoir si le fait est achevé ou non. Et l’imparfait dans cette phrase nous fait savoir que
Dieu ne saurait être achevé. Une des conséquences, la plus importante sans doute, c’est que le Juif biblique
vit toujours en compagnie des grands hommes du passé, les patriarches, les prophètes, les rois, tout ce qui
s’est accompli depuis la création d’Israël est sur un même plan et on le différencie uniquement de ce qui
n’est pas encore accompli. D’où peut-être l’espèce de fébrilité, d’insistance, chez certains, à vouloir que
Jésus ne soit que l’accomplissement des prophéties.
Jésus pratique la religion d’Israël
Jésus, comme son père Joseph respectait les rituels juifs, notamment en prononçant des bénédictions à
toute occasion (« Béni sois-tu, Éternel, d’avoir appris au coq à distinguer le jour de la nuit »).
En tant que fils premier-né, il était consacré à la synagogue, lieu d’étude et de prière. Le rabbi n’est pas un
prêtre professionnel mais un homme qui aime Dieu et qui a étudié la Loi. Jésus s’en prend souvent au
clergé du Temple, mais jamais à la synagogue. Le Temple est unique pour l’ensemble de la nation juive, il
dispose d’un clergé professionnel, qui effectue les sacrifices, alors que les synagogues conduisent des
prières, elles sont un peu comme des assemblées paroissiales.
Alors, pourquoi l’a-t-on tué ?
Jésus a été jugé, par les autorités religieuses de son temps, comme un danger à éliminer. Et pourtant ce
qu’a fait ou dit Jésus ne diffère en rien de ce que disait ou faisait n’importe quel rabbi de son temps, sauf
que Jésus accordait le pardon des péchés sans demander préalablement une conversion.