CHRONOLOGIE NOTIONNELLE ET AUXILIARITÉ EN PORTUGAIS : L’EXEMPLE DU VERBE TER
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(représentée par le verbe ter) ; 2) l’existence autonome et tautochrone
(représentée en portugais par le verbe ser) ; 1) l’attribution d’existence à un
moment et/ou à endroit quelconque (représentée par le verbe haver). 8
Le verbe existir (exister) semble occuper la première position après le
seuil séparateur des verbes de puissance et des verbes ordinaires. Il représente la
persistance de la personne cardinale en tant que support spatial obligé de tout
événement, mais sans la discuter, sans opérer aucune discrimination concernant
soit la nature de l’événement en cause soit le rôle d’opérateur éventuellement
attribuable à la personne cardinale. Si je dis que X (moi, toi, la pluie, le Soleil,
l’Europe, la langue portugaise, le boson de Higgs, l’euro, le Minotaure, etc.) existe,
je dis seulement que cet X est un site ou être où se trouvent rassemblées sinon
toutes à tout le moins une (ou quelques-unes) des conditions d’existence
effective de tout événement : haver, ser, ter, estar, fazer.
On peut donc exister sans rien fazer (faire), mais on ne peut pas exister
sans estar (être quelque part). Pour estar il faut à son tour ter (avoir) de quoi
exister en continu ne serait-ce que pendant un laps de temps très court. La
physique, la plus générale des sciences cosmologiques, appelle « énergie » la
grandeur physique qui caractérise l’état d’un système matériel (corps ou
particule) 9 de l’univers et qui est, de manière globale, conservée au cours des
transformations. La cosmologie physique contemporaine ne s’arrête pas là. La
plupart des cosmologistes attribue l’existence de l’univers ou cosmos à une
« singularité » gravitationnelle, lieu d’origine d’un “événement” fort obscur
(nommé de manière facétieuse Big Bang), indescriptible par la physique actuelle,
qui aurait eu lieu il y a 13,82 milliards d’années10, sans que cela préjuge, ajoute-t-
on, de l’existence d’un « commencement absolu » à son histoire, car il y a « le mur»
ou l’« ère» de Planck. Dans la théorie du Big Bang, l’univers (le cosmos), tel que
nous le connaissons, a donc un âge fini, calculé à partir de son taux d’expansion et
de sa variation depuis le mur de Planck, la période de l’histoire de l’univers au
cours de laquelle les quatre interactions (/« forces ») fondamentales étaient
unifiées, ce qui empêche de la décrire à l’aide de la relativité générale ou de la
physique quantique, puisque ces théories sont incomplètes et ne sont valables
que quand la gravitation et les effets quantiques peuvent être étudiés séparément.
Supposons que cela soit vrai. On peut alors dire, en portugais, que há
(« présent de l’indicatif » du verbe haver) cosmos depuis cette date. Quant au
verbe ser il représente tout corps ou particule, tout phénomène de l’univers
dont on peut concevoir l’existence autonome et tautochrone. De ce fait, il est la
quintessence ou l’épitomé de la notion de réalité.
8. L’espace manque pour élucider l’ordonnancement des verbes du groupe B.
9.Particule : « A body so small that, for the purposes of our investigation, the distances between
its different parts may be neglected, is called a material particle ». J. Clerk Maxwell.1925 : p.3.
10. D’après l’interprétation que cette théorie fait des observations du fond diffus cosmologique
(le rayonnement fossile micro-ondes du Big Bang) obtenues au moyen des satellites WMAP
(cf. http://map.gsf.nasa.gov/ universe/) et Planck (cf. http://www. esa.int/ESA).