Note de recherche - Mai 2015
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Améliorer la prise en charge et réduire les inégalités de santé
Les traumatismes constituent un nouveau problème de santé publique dans les pays à faibles revenus. Majoritairement causés
par les accidents de la circulation, ils viennent alourdir le fardeau des morbidités (1).
À Ouagadougou, 85% des traumatismes sont causés par les accidents de la circulation (7). En 2011, 155 victimes sont décédées
sur le lieu de l’accident, plus de 1 500 blessés graves et 3 300 blessés légers ont été recensés à Ouagadougou (8). Les pompiers
interviennent environ 15 fois par jour pour des accidents de la circulation et le service des urgences traumatologiques du
CHU-YO prend en charge environ 25 patients victimes d’accidents de la circulation par jour (4)(7).
Faute de personnel et de matériel médical suffisant, les pompiers
prennent en charge les victimes sans pouvoir apporter tous les gestes
thérapeutiques de premiers secours (9). Pourtant, un nombre impor-
tant de décès survenant durant le transport aux urgences pourrait
être évité. La majorité des victimes sont transférées aux urgences
traumatologiques du CHU-YO, quel que soit leur état de gravité alors
que certains cas pourraient être traités dans un centre de santé
de proximité, réduisant ainsi la durée de prise en charge.
Avec 14 lits et moins d’une dizaine d’agents de santé,le service des
urgences se retrouve rapidement saturé, alors que 62,1% des lésions
pourraient être traitées dans les structures sanitaires de district,
notamment les Centres Médicaux avec Antenne chirurgicale (CMA)
(9). Les cas de « réelles urgences » sont défavorisés car les prises
en charge d’urgences vitales devraient être inférieures à 15 minutes.
Les taux de mortalité et de complications secondaires sont relati-
vement élevés dans le service des urgences par rapport aux types
de traumatismes pris en charge. Les causes sont notamment le
manque de matériel pour désinfecter et traiter les fractures ouvertes,
l’absence de procédures pour estimer le diagnostic, les retards
dans l’obtention des résultats d’examen pré-opératoire et donc
les retards ou reports d’interventions chirurgicales, le manque
quantitatif de personnels soignants, et l’abandon fréquent des
soins de la part du patient au cours de la prise en charge (9)(10).
Le rôle de l’accompagnant va orienter le processus de prise en charge
de son malade. Sa connaissance des locaux, son habileté à obtenir
les kits d’urgence ou les médicaments rapidement, son aptitude à
établir des liens avec les personnels et sa capacité financière peuvent
réduire ou au contraire augmenter le délai de délivrance des soins
(7)(9). La position sociale et l’appartenance « ethnique » de l’ac-
compagnant va jouer un rôle primordial dans la façon dont va
se dérouler le séjour du patient. Tout en humanisant les soins,
CHL permet de réduire les inégalités de traitement des individus
abandonnés sans regard pour l’âge, le sexe ou l’appartenance
sociale.
Figure 3: Les deux-roues sont impliqués dans 70% des accidents. Sans casque, le risque
de traumatisme crânien est important. Source : IRD centre de Ouagadougou.
Figure 4: Le manque de matériel et de personnel est problématique pour les conditions
de prise en charge dans le service des urgences traumatologiques du CHU-YO.
Source : Dossier de présentation technique de CHL.