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Revue Marocaine de Rhumatologie
Manifestations rhumatismales du virus de l’immunodéficience humaine.
mycobactéries atypiques et les infections fongiques. Le
mode d’inoculation est hématogène. Le tableau clinique
est évocateur (èvre, arthrite aiguë, liquide articulaire
purulent) et l’évolution est favorable sous antibiothérapie.
e. Ostéonécrose
L’ostéonécrose peut survenir sur des sites multiples.
Rademeyeret al. [45] ont rapporté une série de 6 patients
infectés par le VIH qui ont développé une ostéonécrose
sans autres facteurs de risque.
2. Vascularites
Leur prévalence est faible, de l’ordre de 0,4 à 1% [22,
27, 46, 47,].Il est difcilede démontrer le rôle direct du
VIH, même s’il a été isolé (ARN viral, antigène P24)
dans l’infiltrat mononucléo-périvasculaire et dans les
cellules endothéliales. Les formes de vascularites sont
multiples avec une grande diversité histologique et
clinique, la forme la plus fréquente est la vascularite
d’hypersensibilité des petits vaisseaux, révélée par
un purpura vasculaire, des vascularites nécrosantes
de type périartérite noueuse (PAN) ou des formes
granulomateuses sont possibles, parfois révélées par
des atteintes viscérales sévères(rénales, neurologiques,
pulmonaires, etc.).
Leur présentation clinique manque de spécificité, parfois
confondueavec une autre complication notamment
uneco-infection par un virusvasculotrope comme le
cytomégalovirus (CMV) ou les virus des hépatites B et
C. Dans les vascularites leucocytoclasiques des petits
vaisseaux, l’origine peut être iatrogène : hypersensibilité
à un sulfamide (Bactrim*, Fansidar*) ou à d’autres
médicaments.Des pseudo-vascularites liées à une
lymphoproliférationangiocentrique (lymphomes malins)
sont possibles.Le traitement repose sur les antirétroviraux,
associés autraitement d’une éventuelle infection ou
d’une co-infectionopportuniste(CMV) et parfois, en
cas d’atteintes viscérales, l’utilisation transitoire d’
immunosuppresseurs.
3. Syndromed’inltration lymphocytaire diuse
(SILD)(« Diuse inltration lymphocyte syndrome »
ou DILS chez les anglosaxons)
C’est la principale manifestationSjögren-likedu
VIHrapportéedans les études les plus récentes,avec une
prévalence autours de 3-8 % selon les populations[48].
Ellese caractérise par unehypertrophie parotidienne (90
% des cas), souvent compliquée d’une xérostomie et d’une
xérophtalmie (80 % des cas). Ce syndrome se distingue
du syndrome de Gougerot-Sjögren primaire par différents
éléments :
• La fréquence (> 50 % des cas) de manifestations
extraglandulaires(pneumopathies interstitielles,atteintes
digestives, rénales, neurologiques et musculaires) liées à
l’infiltrat lymphocytaire ;
• La présence de lymphocytes T CD8 dans l’inltrat
lymphocytaire, en particulier glandulaire,contrairementau
syndrome de Gougerot-Sjögren primaire, où l’on observe
des lymphocytes T CD4.
• La prédisposition génétique au SILD est liée à l’allèle
HLA DR5 et DR6, surtout chez les sujets de race noire.
• Les autoanticorps sont habituellement absents, mais chez
8% des patients qui semblent prédisposés génétiquement
(présence d’HLA DR3), il est possible d’observer des
anticorps anti-Ro/SS-A - La/SS-B [38]. La biopsie des
glandes salivaires accessoires confirme le diagnostic.
Letraitement antirétroviral est habituellement efficace,et
permet d’éviter le recours aux immunosuppresseurs,
avec une tendance à la diminution de la prévalence
de ce syndrome. Parfois, un traitement symptomatique du
syndrome sec, et une corticothérapie àfaible dose, en cas
de manifestations systémiques, peuvent être proposés.
4. Myosites liées au VIH
Il s’agit d’une complication assez rare (moins de 1%).
Souvent, le début est insidieux avec une atteinte musculaire
proximale, parfois douloureuse et décitaire. Dans 50%
des cas, cettepolymyosite est révélatrice de l’infection et
estsouvent associée à une hyperlymphocytose T-CD8. Plus
rarement,elle est associée à des signes généraux avec
dermatomyosite. Les anomalies biologiques (enzymes
musculaires) et électriques ne sont pas spécifiques. Le
diagnostic repose sur la biopsie musculaire. L’histologie
associe des signes peu spécifiques (atrophie des fibres
de type II, aspect vacuolaire, nécrose), mais surtout un
infiltrat périvasculaire et interstitiel mononucléé fait de
macrophages et de lymphocytes T CD8. Des particules
virales sont détectables dans les macrophages, mais pas
dans les fibres musculaires, ni dans les myotubules en
culture[49-51]. Des mécanismes assez proches de ceux
du VIH [52] sont, dans certaines formes, observésen
cas decoïnfectionpar HTLV-1, qui est un autre rétrovirus
humain également capablede déclencher une myosite.
Le traitement repose sur l’utilisation des antirétroviraux, et
exceptionnellement des immunosuppresseurs.