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Le café de la victoire
par Jean Richard
Le 30 novembre 1908 Georges Fauvin et Berthe Petitpas célébraient leur
union à Beaune la Rolande. La traditionnelle photo de famille a été prise devant le
« CAFE DE LA VICTOIRE », situé au n° 9 de la place du marché.
Le cliché remonte au temps l’établissement était tenu (depuis 1891 ou en-
deçà, jusqu’en 1918) par la famille Ducloux-Philippot.
Doc : M. Fauvin
Le 5 juin 1920, toujours à Beaune la Rolande, deux mariages unissaient le
même jour, de gauche à droite : Marcel Cotelle avec Germaine Chesnoy ainsi que
Raymond Chesnoy avec Marthe Cimetière. La photo des familles a également été
prise devant le « CAFE DE LA VICTOIRE », situé sur la place du marché.
La photo remonte cette fois-ci au temps où il était tenu (de 1919 à 1929) par
Emérentine (appelée également Mérentine) Aubert née Soudane.
Doc : R. Braconne
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De nombreuses familles Beaunoises ont certainement encore dans leurs
archives ce type de cliché immortalisé devant ce café lors du mariage d’un ou d’une
de leurs ancêtres.
Les témoignages les plus anciens que nous ayons sur le « Café de la
Victoire » remontent à 1891. Il était alors tenu par la famille Ducloux-Philippot,
comme nous l’avons mentionné plus haut, qui affichait les professions de cafetier et
de charpentier.
Il est fort probable que ce Case fut appelé ainsi antérieurement mais nous
n’avons malheureusement pas trace de son origine
Nommé ainsi donc depuis au moins 1891 jusqu’à 1936, le « Café de la
Victoire » est devenu le « Café des Sports » de 1937 à 1970, puis ensuite il prit le
nom de « La Ruche » (faisant également Restaurant), nom qui lui demeure encore.
Bar Restaurant « La Ruche » en 2000
Photo : Les AHB
Mais pourquoi cette appellation « Café de la Victoire » ?. Il semblerait bien
que cette décision ait du justifier un évènement important….
- En l’honneur de la victoire de la France et des Alliés lors de la Grande
Guerre… affirment encore certains. Ceci est impossible car le café portait
déjà ce nom bien avant en 1918.
- En référence à l’autorisation des syndicats en France le 21 mars 1884 ?
Notre village ne comptait pas de milieux ouvriers qui puissent justifier une
telle décision.
- En l’honneur des lois de 1881 et 1882 sur la gratuité totale de
l’enseignement primaire et la laïcité des programmes ? Pourquoi pas…
Nous connaissons les tensions qui existaient dans nos petits villages entre
les partisans des éducations religieuses et les pro-laïques, mais il fallait
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quand même avoir une bonne dose de prétention pour s’afficher ainsi sur
une place de village.
- Pour célébrer le retour en France de la République avec l’amendement
Wallon (30 janvier 1875) impliquant un caractère durable et non pas
transitoire du régime républicain ? (le Président était élu à la majorité
absolue des suffrages par le Sénat et par la Chambre des Députés réunis
en Assemblée nationale. Il était alors élu pour 7 ans et ré-éligible). La
défaite impériale du 2 septembre 1870 avait certainement laissée des
traces dans la majori des villages de France et la victoire de la
République sur l’Empire méritait bien à cette époque qu’on la hisse sur le
fronton d’un café mais pourquoi eut-il fallu que cela soit principalement à
Beaune la Rolande ….
- Ou bien tout simplement du fait du nom ou du prénom d’un ou d’une
ancienne propriétaire ? Nous n’avons rien trou en archive qui puisse
attester cette hypothèse. Cela paraît d’ailleurs peu vrai semblable, le Café
s’appellerait alors logiquement Café « de Victoire » et non pas « de la
Victoire ».
Alors quoi ? Il ne peut s’agir de 1870 et qui plus est à Beaune, car les
Français ont été battus clament d’autres… Et pourtant…et pourtant !! Laissons nous
transporter par cette hypothèse à défaut d’évidence.
I ) Une victoire militaire à Beaune la Rolande…
Pour comprendre cette affirmation, nous devons faire un bref rappel historique
avant de nous reporter au soir du 27 novembre 1870 au château des Marais à
Montliard où l’élaboration d’un plan de bataille devait avoir des conséquences
capitales sur le destin de la France.
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Doc : Comité des fêtes de Montliard
Le 19 juillet 1870, la France déclarait la guerre à la Prusse !
Depuis la victoire prussienne sur l’Autriche à Sadowa en 1866, la diplomatie
française cherchait à opposer les états allemands du sud Bavière, Wurtemberg,
Hesse, Bade – à la Confédération de l’Allemagne du nord dominée par la Prusse.
L’impératrice Eugénie, convaincue avec son entourage de la supériorité de
l’armée française et de plus en plus influente aux cotés de Napoléon III souhaitait
mener une action militaire victorieuse pour assurer entre autres l’accession au trône
du prince impérial Louis-Napoléon.
Le chancelier prussien Bismark était convaincu de son coté que l’unification
allemande, celle du territoire avec un empereur prussien et celle des esprits, devait
passer par une victoire militaire sur la France.
Pour amener celle-ci à prendre l’initiative de la guerre et ainsi faire jouer
l’alliance défensive qui lie les états du sud à ceux du nord, il saisit l’occasion d’un
incident diplomatique fortuit concernant la candidature d’un prince Hohenzollern au
trône d’Espagne ; incident qu’il rendit public de façon délibérément provocatrice : ce
fut l’épisode de la dépêche d’Ems.
Le 19 juillet, le but recherché par Bismarck était atteint : la France déclarait
aveuglément la guerre à l’Allemagne, une guerre qu’elle croyait gagnée d’avance.
En août les allemands envahissaient l’Alsace et la Lorraine.
. L’armée de Mac Mahon, battue à Froeswiller, se repliait sur le camp de
Chalons.
. L’armée de Bazaine, battue à Forbach, Gravelotte, Mars-la-Tour, St Privat,
se trouvait enfermée dans Metz.
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. L’armée de Chalons, que Napoléon III avait rejointe, cherchant à secourir
Bazaine, se laissait encercler dans Sedan et capitulait le
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er
septembre soit un
mois et demi après la déclaration de la guerre.
Aussitôt un Gouvernement de Défense nationale était constitué à Paris (Louis-
Jules Trochu était nommé Président ; Jules Favre, Ministre des Affaires Etrangères).
Une entrevue eut lieu à Ferrières dans les environs de Paris entre Favre et
Bismarck, le gouvernement français refusa les conditions allemandes et décida de
poursuivre la guerre tandis que les allemands encerclaient déjà Paris qui sera
totalement investi le 14 septembre.
Le nouveau régime politique français, du 4 septembre, allait quelque peu
contrarier les plans des prussiens. Le Gouvernement de Défense Nationale, dirigé
par Léon Gambetta était bien décidé à poursuivre, au nom de la France et de la
République, cette guerre que l’empire avait déclarée et perdue.
Gambetta suscita la création d’une armée de Paris, tandis que la capitale était
placée sous l’autorité du général Trochu, et d’armées de province bientôt dites de la
Loire, du Nord et de l’Est.
La plus importante, tant par ses effectifs que par ses opérations stratégiques,
sera l’armée de la Loire.
Dès le 14 septembre, deux personnages importants dominèrent désormais
toute la politique Française : Léon Gambetta et Charles de Freycinet.
Le 7 octobre Gambetta quittait Paris en ballon et venait prendre avec les
pleins pouvoirs la tête de la délégation de Tours.
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