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lumière quelques caractères généraux de ce qui fut l’un des complexes palatial les plus grands
de la Crète minoenne. On appréciera à l’inverse les plans très pédagogiques de la Santorin
d’alors, site majeur étudié comme Délos par l’Ecole française d’Athènes, partenaire de
l’exposition.
La seconde partie est celle des premiers bourgeons de la Grèce continentale et surtout, une
place importante est donnée aux Mycéniens du second millénaire avant Jésus-Christ et à la
Troie d’alors. Ici, la figue de découvreur est évidemment celle de H. Schliemann.
L’archéologue allemand a en effet, dans le dernier tiers du XIXe siècle, été l’un des plus
grands constructeurs de l’archéologie moderne en Grèce, recherchant les traces des
affrontements homériques. Mycènes et Troie sont ainsi l’essentiel du propos. Le trésor
mycénien, avec le masque dit d’Agamemnon et ce qu’on a considéré longtemps comme son
tombeau marquent particulièrement la section.
Le troisième grand mouvement est consacré aux franges nordiques de la civilisation grecque :
Macédoine et Bulgarie actuelle dominent. Ces foyers finissent en effet par participer du monde
égéen avec la conquête de Philippe de Macédoine et surtout avec Alexandre. Nombre de
sources archéologiques y sont d’ailleurs encore à découvrir. Ainsi près de la frontière gréco-
macédonienne a été découvert un grand tombeau lié à Alexandre en cette rentrée 2014, les
recherches mettant en avant le syncrétisme entre symboles macédoniens et représentations
typiques de la Grèce classique finissante.
Déceptions scientifiques
De prime abord, on voit donc les différentes sources de la culture grecque classique et
hellénistique être mise à découvert dans des vitrines très pourvues. Mais le problème est que
l’exposition est construite sur la promesse de l’étude de la Grèce des origines, en partenariat
avec le musée du Louvre et l’Ecole française d’Athènes. On pourrait donc parier sur la rigueur
scientifique du discours, voir même, pour une exposition sur un thème plus que classique, sur
une argumentation fouillée, solide. On le déplore, mais il n’y a rien de cela ici…
Tout d’abord, à trop embrasser on se perd un peu. Pourquoi négliger, hors Troie, la place de
l’Asie mineure dans la naissance de la civilisation grecque ? A l’inverse, pourquoi donner une
si grande place à la Bulgarie et à la Macédoine ? Les éléments égéens y sont en effet
longtemps mineurs et ce n’est que tardivement que l’hellénisation s’y produit, les cités
grecques ne s’y trompant pas au IVe siècle et s’opposant souvent à la monarchie
macédonienne considérée comme barbare, et d’ailleurs alliée des Perses durant les guerres
médiques. Il aurait au moins été salutaire de rappeler le débat sur la participation de la
Macédoine à la culture grecque, débat qui fut houleux et qui est encore discuté par les
spécialistes. Ensuite, cette accumulation s’apparente souvent à une juxtaposition qui ne
permet pas de mettre en relief les structures fondamentales de ces sociétés (palatiales…), de
comprendre leurs évolutions ou d’expliquer les césures fondamentales qui expliquent
l’évolution des foyers civilisationnels et des cultures matérielles. Enfin, que dire du mythe de la
Grèce blanche ? Il est à peine évoqué. La question des Doriens, des peuples de la mer
semblent trop complexes et délaissés si bien qu’apparaissent sur le même plan les vestiges
des différents foyers.
On appréciera cependant une certaine mise au point en fin de parcours sur l’état des lieux de
l’archéologie égéenne aujourd’hui, là aussi très « basique » mais au moins accessible au plus
grand nombre à défaut d’être précise.
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