Marie sent
son é-
paule un
peu moins souple
que d’habitude,un
peu douloureuse dans certains
mouvements.Curieux à 35 ans.Elle
attribue cette gêne à un faux
mouvement. Ou encore au char-
gement d’une valise dans son
coffre.Danstouslescas,ilyabien
une cause etMarievalatrouver,
la débusquer, cette bonne raison.
Les semaines passent, la douleur
devrait s’estomper avec le temps
et le repos, et bien non, au con-
traire elle s’intensifie et devient
quasi permanente. Marie espère
trouver un refuge dans le sommeil,
mais la douleur l’empêche de
s’endormir et la réveille une dizaine
de fois par nuit. Elle est majorée la
nuit. Impossible de se coucher du
côté de l’épaule souffrante, dom-
mage, elle dormait de ce côté-là.
Le matin, elle ne peut plus se coif-
fer et doit utiliser la main gauche
pour bon nombre des actes de la
vie quotidienne.L’épaule est dimi-
nuée dans ses amplitudes. Impos-
sible d’agrafer le soutien-gorge
autrement que devant, impossi-
ble d’enfiler un pull ou une veste.
Depuis près de deux mois, elle ne
porte plus ses enfants.
Marie demande mon avis. L’exa-
men de l’épaule montre une limi-
tation des mouvements de rotation
interne et externe,même lorsqu’ils
sont recherchés doucement et de
façonpassive.Lebrasrefusedese
laisser porter dans le dos et derrière
la tête.Les diagnostics différentiels
sont vite éliminés : les tendinites,
bursites, ostéonécrose de la tête
humérale ne limitent pas les rota-
tions. Pas de signes de névralgie
cervico-brachiale.La radiographie
est normale,l’échographie égale-
matisme, sportif ou autre. Ou en-
core, une maladie telle qu’un
infarctus du myocarde, un ulcère
duodénal, une pancréatite, une
hémiplégie. Parfois, une origine
médicamenteuse, barbituriques.
Liste non exhaustive, donnée uni-
quement à titre indicatif.
Dans un tiers des cas,pas de cause
palpable. Il est alors indispensable
de questionner le patient sur sa vie
affective,ses enfants,sa famille,ses
amis, son activité professionnelle,
ses relations avec sa banque… Très
souvent un ou plusieurs de ces
éléments de vie se sont dégradés
récemment. Donc pas de cause
authentique mais un faisceau de
facteurs favorisants et déclen-
chants.
ON EST BIEN AU CŒUR
DE LA MÉDECINE INTÉGRATIVE.
Marie, adepte des médecines
alternatives et complémentaires,
refuse les infiltrations intra articu-
laires de corticoïdes. On s’oriente
conjointement vers l’acupuncture,
la micro kinésithérapie, la méso-
thérapie, l’ostéopathie, l’homéo-
pathie… Il faut se rendre à
l’évidence,l’ankylose progresse,la
douleur devient insomniante,
l’épaule complètement gelée.
Pourtant, la mésothérapie type
algodystrophie (calcitonine et
Piroxicam) est souvent efficace en
phase débutante des algodystro-
phies. La kinésithérapie n’est pas
très bénéfique et même aggra-
vante si trop énergique. Après
plusieurs mois de tentatives théra-
peutiques infructueuses, le moral
se dégrade, une dépression s’ins-
talle.
En l’absence de traitement, l’af-
fection évolue en trois phases :
Une phase d’installation des
douleurs, de un à trois mois, les
ment, les signes d’inflammation
biologique absents : la vitesse de
sédimentation et le CRP sont
normaux. C’est assez rare de voir
des douleurs à recrudescence
nocturne associées à l’absence
d’inflammation biologique.
Que se passe-t-il ? La capsule arti-
culaire s’épaissit et se rétracte. Elle
perd sa souplesse, les replis en
accordéon se soudent les uns aux
autres et cela se répercute sur la
mobilité de l’articulation qui, de ce
fait, est très réduite.
Le diagnostic est « capsulite rétrac-
tile », ou encore « épaule gelée ».
C’est une affection fréquente, à
l’âge moyen de la vie : 30 à 70 ans.
Bon nombre de personnes souf-
frent des épaules. Heureusement,
la plupart ne vont pas développer
une capsulite rétractile,et bien peu
vont évoluer vers le stade ultime :
l’épaule gelée (on ne peut plus
mobiliser l’épaule qui est complè-
tement ankylosée). La mobilité est
quasi nulle, en dehors de celle
donnée par le jeu de l’omoplate
sur le thorax. Un signe d’examen
permet de dépister très tôt les cap-
sulites : la restriction de mobilité
passive en rotation, le membre
étant en élévation latérale à 90 °
et coude fléchi à 90°. Il faut
comparer au côté sain (on ne fait
jamais de capsulite des deux côtés
à la fois).Dommage de ne pas faire
le diagnostic très précocement, en
matière d’épaule gelée, le temps
perdu ne se rattrape pas.
La cause en est inconnue,mais on
retrouve dans 2/3 des cas un fac-
teur déclenchant comme une in-
tervention chirurgicale, qui peut
porter sur l’épaule mais aussi à
distance (vésicule biliaire,estomac,
colon, poumon, thyroïde, etc), un
accident de la route ou un trau-
Une douleur de l’épaule
L’épaule gelée réagit plus ou moins bien à la mésothérapie. Ce n’est pas une panacée. Les échecs
existent. Les infiltrations de corticoïdes écourtent l’évolution. Diagnostic précoce indispensable.
MÉSOTHÉRAPIE
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SPASMAGAZINE
N°24 - Novembre/Décembre 2007