L`impact des maladies non transmissibles

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AFRICAN UNION
UNION AFRICAINE
UNIÃO AFRICANA
SA9427
CONFÉRENCE DES MINISTRES DE LA SANTÉ
DE L’UA (CAMH6)
Sixième session ordinaire,
22-26 Avril 2013,
Addis-Abeba (ÉTHIOPIE)
CAMH/Exp/6(VI) iv
THÈME: «L'impact des maladies non transmissibles (MNT) et des maladies
tropicales négligées (MTN) sur le développement en Afrique».
RAPPORT SUR LE DIABÈTEi
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CONTEXTE
A.
Définition:
1.
Le diabète sucré est une maladie chronique dont la propagation mondiale lui a
donné les caractéristiques d'une pandémie. Le diabète est défini par un niveau élevé
chronique de la glycémie. Il existe deux principaux types de diabète. Le Diabète de type
1, causé par un manque absolu d'insuline. Sans insuline, le diabète de type 1 est
rapidement fatal. La forme la plus fréquente est le diabète de type 2, avec plus de 85%
de cas, qui est lié à un poids excessif et à l'inactivité physique. Le diabète est 5 à10 fois
plus fréquent chez les personnes obèses que chez les personnes ayant un poids
normal. [1]. D'autres formes sont le diabète spécifique et le diabète gestationnel (5%).
2.
Cette maladie présente des anomalies dans le métabolisme caractérisées par
une hyperglycémie chronique, due à une défaillance de sécrétion d'insuline et / ou de
l’action de l'insuline (résistance à l'insuline) ou les deux. Il est confirmé par une
glycémie veineuse supérieure à 2g / l (11,1 mmol), ou glycémie à jeun plus élevée que
1,26 g / l (7,0 mmol / l) après deux tests, ou une glycémie à jeun supérieure à 2g /l (11,1
mmol) 2 heures après un apport de glucose.
3.
Le diabète est une maladie grave en raison des complications qu’elle peut
entrainer, à savoir: les affections cardiovasculaires, les accidents vasculaires
cérébraux, l'insuffisance rénale, la cécité, l'impuissance sexuelle et la gangrène des
pieds menant à l'amputation.
B.
Épidémiologie:
4.
Le diabète sucré n’est plus rare en Afrique. Au cours des dernières décennies, le
diabète sucré a émergé comme une grave maladie non transmissible (MNT) en Afrique
sub-saharienne. En 2010, la mortalité attribuable au diabète dans cette région était
estimée à 6% de la mortalité totale1 ;2 ;3. L’enquête de surveillance (STEPS) entreprise
dans de nombreux pays africains a révélé une prévalence du diabète sur la base de la
glycémie à jeun, de 3 à 15%4. Les Seychelles et Maurice ont certains des taux les plus
élevés de diabète dans la région. Le diabète non diagnostiqué en Afrique est de l'ordre
de 60% à 80% des cas diagnostiqués au Cameroun, au Ghana et en Tanzanie. Le taux
d'amputation de membres varie de 1,4% à 6,7% des cas de diabétiques qui souffrent
des pieds.
1
Motala AA, Omar MAK, Pirie FJ. Epidémiologie des diabètes en Afrique. En: Ekoe J-M, Rewers M, Williams R, Zimmet P, eds.
L’épidémiologie des diabètes mellitus (2ème edn). Chichester: Wiley, 2008: 133–146.
2
Levitt NS. Les Diabètes en Afrique: épidémiologie, gestion et défis des soins de santé. Le cœur 2008; 4: 1376–1382.
3
Organisation mondiale de la santé. Programme pour le Diabète. Genève: OMS; 2008
http://www.who.int/diabetes/facts/world_figures/en/index2.html
4
Mendis S et al. Entraves à la gestion des risques cardiovasculaires dans un système à faible ressources en se servant de l’hypertension comme
point de départ. J Hypertens. 2004; 22:59-64.
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5.
Les facteurs qui entraînent l'apparition du diabète sont bien connus. Ils
comprennent des facteurs modifiables et non modifiables. Les facteurs non modifiables
comprennent la vieillesse (plus de 45 ans), l'hérédité (garantie directe) et les causes de
diabète pendant la grossesse. Les facteurs modifiables sont l'obésité, l'inactivité
physique et la consommation excessive d'alcool.
6.
L'Afrique, qui est confrontée au double fardeau des maladies transmissibles et
non transmissibles, est témoin des changements dans les modes de vie traditionnels
qui ont perturbé les habitudes alimentaires. Ces changements ont, à leur tour, mené à
l'inactivité physique qui favorise l'obésité. Le diabète émergent de type 2 observé chez
les enfants et les adolescents est lié à l'obésité.
7.
Dans la région, la vulnérabilité au diabète chez les groupes d'âge de 45-65 ans
les expose à des complications et à des décès prématurés. Elle entraîne une baisse de
la productivité, et la hausse du coût économique, qui, ajoutées au coût de traitement
d'autres types de diabète (de type 1 et du diabète gestationnel), constituent une charge
supplémentaire pour les systèmes de santé déjà fragilisés.
8.
L’Afrique sub-saharienne connait le taux d'urbanisation le plus rapide dans le
monde, avec un taux annuel moyen d’augmentation du nombre de citadins de plus de
3%. À l'heure actuelle, plus du tiers de la population de l'Afrique subsaharienne vit dans
les zones urbaines. Ce taux devrait passer à 45% d'ici 2025. Cette urbanisation rapide
en Afrique sub-saharienne a été considéré comme un déterminant majeur du fardeau
croissant du diabète et d'autres maladies cardio-vasculaires. Les résultats de
nombreuses études ont clairement montré une baisse positive rurale-urbaine dans la
prévalence du diabète et de ses facteurs de risque, notamment l'obésité. Il est estimé
que la résidence urbaine expose de deux à cinq fois au risque accru de diabète ou à
une glycémie élevée à jeun.
9.
Pour la plupart des communautés africaines, la prestation des soins du diabète
est intégrée dans la structure globale nationale des soins de santé. L'idée d'un centre et
d’une équipe spécialisés pour les soins du diabète est nouvelle et, le cas échéant, le
financement limité rend cette éventualité impossible. Les patients atteints de diabète en
Afrique sont confrontés au problème majeur de manque d'accès constant aux
médicaments antidiabétiques, notamment l'insuline, à un coût abordable, résultant à
une sous utilisation et à des complications métaboliques pourtant évitables. S’agissant
de la plupart des maladies non transmissibles décrites, l’accès aux médicaments
nécessaires à un coût abordable s’avère essentiel pour la gestion et la prévention des
complications. Par exemple, malgré le fait de figurer dans la liste des médicaments
essentiels sur le modèle de l'OMS, l'insuline n'est ni disponible, ni suffisamment
accessible aux personnes atteintes de diabète dans le monde en développement. De
même, les seringues, les hypoglycémiants oraux et le matériel de surveillance de la
glycémie, y compris les bandelettes réactives, ne sont pas disponibles pour beaucoup
d’individus.
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C.
Coûts économiques:
10.
L'apparition du diabète dans les pays africains et son lourd fardeau de morbidité
et de mortalité prématurées qui en découle, entraînent d'autres coûts socioéconomiques, tant en termes de soins médicaux que de perte de ressources humaines.
Des études ont révélé que le coût direct des soins du diabète par personne affectée est
d’environ 25% du revenu national brut par habitant pour les 12 pays les plus riches, et
de presque 125% du revenu national brut par habitant pour les 34 pays les plus
pauvres du globe. Le coût total (coûts directs et indirects) du diabète par personne dans
ces pays pauvres représente plus du double du revenu national brut par tête d’habitant.
11.
Un diagnostic tardif du diabète ajouté aux inégalités dans l'accès aux principaux
médicaments antidiabétiques (dont l'insuline, un médicament déclarée par l'OMS
comme étant essentiel pour le traitement de la maladie), conduisent à la présentation
précoce des complications du diabète et aux décès prématurés. En effet, des agents
tels que les médicaments génériques hypoglycémiants et les traitements
antihypertenseurs devraient être financés tout comme pour le traitement du VIH / SIDA,
avec le soutien des mécanismes de prestation de soins et l'éducation en matière de
maladies chroniques et de modèles de soins.
D.
Questions et défis:
12.
L’engagement politique limité pour la prévention et la lutte contre le diabète et
les MNT dans la région, parce que les MNT sont sous-estimées en tant que questions
de développement et en tant que maladies ayant des conséquences économiques
profondes. L’insuffisance des données récentes et complètes. L’insuffisance de
données précises sur le diabète. Des données précises sur la morbidité et la mortalité
résultant des MNT en Afrique sont rares et généralement basées sur les données et les
estimations des hôpitaux. L’enregistrement des cas de diabète et des MNT dans la
plupart des pays qui sont confrontés à des problèmes de ressources est entravé par
l’inadéquation des systèmes de santé en général et des systèmes nationaux
d'information sanitaire en particulier. Les bases de données démographiques sont rares
ou alors les données existantes ne sont pas fiables.
13.
Lourd fardeau économique et psychologique. Maladies non transmissibles
diagnostiquées à des stades avancés de la maladie lorsque des complications sont
déjà installées avec un impact physique, psychologique et social dévastateur sur les
patients, leurs familles et leur communauté.
14.
Inadéquation des systèmes de santé et insuffisance des ressources humaines et
autres pour entreprendre des interventions de prévention primaire, secondaire et
tertiaire du diabète. Manque de collaboration et de coordination des interventions. La
collaboration entre les différents acteurs est insuffisante et les rares initiatives prises
manquent de coordination. Toutes les parties prenantes, à savoir les communautés, les
professionnels de la santé, les États membres et les partenaires, devraient par
conséquent œuvrer de concert pour surmonter ces obstacles et lutter efficacement
contre le diabète et les MNT.
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E.
Voie à suivre:
15.
La voie à suivre est basée sur un certain nombre d'initiatives mondiales et
régionales qui ont été prises pour lutter contre le diabète et les MNT. Ces initiatives
comprennent les Résolutions WHA53.17 sur la prévention et la lutte contre les maladies
non transmissibles et la Résolution WHA61.14 sur la prévention et la lutte contre les
maladies non transmissibles: mise en œuvre de la stratégie mondiale; Résolution
AFR/RC57/7 du comité régional sur la stratégie régionale pour la prévention et la lutte
contre le diabète (2007), Le Rapport de la Commission de l'OMS sur les déterminants
sociaux de la santé (2008), la Déclaration de Ouagadougou sur les soins de santé
primaires et les systèmes de santé en Afrique (2008), la Déclaration de Libreville sur la
santé et l'environnement (2008), l’Appel à l'action de Nairobi pour la promotion de la
santé (2009); l'Appel de Maurice pour l'action sur le Diabète, les maladies
cardiovasculaires et les MNT (2009).
16.
Les chefs d'État et de gouvernement devraient faire montre de leadership, grâce
à la participation du secteur public en partenariat avec les organisations de la société
civile, le secteur privé et les communautés, dans le cadre de la prévention et de la lutte
contre le diabète et les maladies non transmissibles. Les chefs d'État et de
gouvernement devraient de même promouvoir la bonne gouvernance de sorte à
prévenir les conflits et les perturbations des services de santé.
17.
Les systèmes nationaux d'information sanitaire devraient être renforcés et
normalisés pour produire des données ventilées par sexe sur les MNT, leurs facteurs
de risque et leurs déterminants, et surveiller leur ampleur, leurs tendances et leur
impact.
18.
Les systèmes nationaux de santé devraient promouvoir et soutenir des modes
de vie sains par les individus, les familles et les communautés dans le contexte des
soins de santé primaires, afin de répondre de manière efficace aux problèmes sociaux,
culturels et comportementaux complexes liés au diabète et aux MNT.
19.
Les systèmes de santé devraient être renforcés en accordant l’attention, entre
autres, au : financement de la santé, à la formation, à la rétention des travailleurs, à
l'approvisionnement et à la distribution des médicaments, des vaccins, des fournitures
et des matériels médicaux, à l'amélioration des infrastructures et à la prestation de
services pour le diabète et les MNT basés sur des preuves et rentables. Il convient de
plaider en faveur de l'intégration de la santé dans toutes les politiques et dans tous les
secteurs afin de faire face aux facteurs de risque et aux déterminants des MNT.
20.
La gestion des maladies transmissibles dans de nombreux pays, y compris les
initiatives de santé mondiales, peut offrir des possibilités d’accélérer la prévention et la
lutte contre les MNT. Ces opportunités devraient être identifiées et exploitées pour offrir
des soins intégrés dans le contexte des soins de santé primaires et des systèmes de
santé, en renforçant les partenariats, les alliances et les réseaux, et en coordonnant les
acteurs nationaux, régionaux et mondiaux, y compris les institutions universitaires et de
recherche. Les secteurs publics et privés et les organisations de la société civile
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devraient être encouragés et soutenus afin de collaborer à la prévention et à la lutte
contre les MNT et de mener des recherches novatrices adaptées au contexte africain.
21.
Les ressources financières en rapport avec le fardeau du diabète et des MNT
devraient être prévues dans les budgets nationaux en vue de soutenir la prévention
primaire et la gestion des cas, grâce à l'approche de soins de santé primaires et à
l’établissement de nouveaux mécanismes durables et novateurs de financement aux
niveaux national et international.
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