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d o c u m e n t a t i o n - u n i t e d e s c h r e t i e n s . f r
LA COMMUNION RÉGIONALE DES ÉGLISES
11. Il existe une abondance de preuves que les évêques, aux débuts de l’Église, étaient
conscients d’avoir une responsabilité commune envers l’Église dans son ensemble.
Comme a dit saint Cyprien, « l’épiscopat est un tout, qui s’étend au loin dans une multitude
harmonieuse de tant d’évêques ». Ces liens d’unité figuraient dans les dispositions qu’au
moins trois évêques participent à l’ordination (cheirotonía) d’un nouvel évêque; ils
apparaissaient clairement aussi lors des multiples rencontres d’évêques en conciles ou
synodes quand il y a discussion sur des questions communes de doctrine (dógma,
didaskalía) ou de mise en pratique, et dans leurs fréquents échanges de lettres ou visites.
12. Déjà, au cours des quatre premiers siècles se formèrent divers regroupements de
diocèses en régions particulières. Le prótos, premier des évêques de la région, était
l’évêque du premier siège, la métropole, et sa charge métropolitaine toujours liée à son
siège. Les conciles œcuméniques attribuèrent certaines prérogatives (presbéia, pronomía,
díkaia) au métropolite, toujours dans le cadre de la synodalité. Ainsi, le premier concile
œcuménique (Nicée, 325), tout en demandant à tous les évêques d’une province leur
participation ou consentement par écrit à une élection et consécration épiscopale — acte
synodal par excellence — attribuait au métropolite la validation (kýros) de l’élection d’un
nouvel évêque. Le quatrième concile œcuménique (Chalcédoine, 451) réitéra de nouveau
les droits (díkaia) du métropolite — insistant sur le fait que cette charge devait être
ecclésiale et non politique — comme le septième concile œcuménique (Nicée II, 787).
13. Le Canon apostolique 34 propose une description canonique de la corrélation entre le
prótos et les autres évêques de chaque région [éthnos] : « Les évêques de chaque nation
doivent reconnaître leur primat [prótos], et le considérer comme chef [kephalé] ; ne rien
faire qui dépasse son pouvoir sans son avis [gnóme]; et que chacun ne s’occupe que de ce
qui regarde son diocèse [paroikía] et les campagnes dépendant de son diocèse. Mais, lui
aussi, le primat [prótos], qu’il ne fasse rien sans l’avis de tous ; car la concorde règnera
ainsi sera glorifié le Père et le Fils et le Saint- Esprit ».
14. L’institution de la métropole est une forme de communion régionale entre les Églises
locales. D’autres formes se développeront par la suite, soit les patriarcats comprenant
plusieurs métropoles. Tant le métropolite que le patriarche étaient des évêques
diocésains dotés de pleins pouvoirs dans leurs diocèses. Mais pour des questions liées à
leurs métropoles respectives, ils devaient agir en accord avec les autres évêques. Cette
façon d’agir est à la racine des institutions synodales au sens strict du terme, comme le
synode régional des évêques. Ces synodes étaient convoqués et présidés par le
métropolite ou par le patriarche. Lui et les autres évêques agissaient en se complétant
mutuellement et ils étaient tous responsables devant le synode.
L’ÉGLISE AU SENS UNIVERSEL
15. Entre le quatrième et le cinquième siècle, l’ordre (táxis) des cinq sièges patriarcaux
commence à être reconnu. Tel ordre était fondé sur les conciles œcuméniques et dictés
par eux, donnant au siège de Rome la première place, soit un rôle de primauté d’honneur
(presbéia tes timés), devant Constantinople, puis Alexandrie, Antioche et Jérusalem, selon
l’ordre établi par la tradition canonique.
16. En Occident, la primauté du siège de Rome fut comprise, surtout à partir du IVème
siècle, en rapport avec le rôle de Pierre parmi les apôtres. La primauté de l’évêque de
Rome par les évêques fut peu à peu interprétée comme une prérogative qui lui revenait