Imène BENKARA, Réda DJAOUAHDOU
Proceedings of the Marketing Spring Colloquy (URAM), Vol. 5. May, 2016.
L’approche téléologique
Dans cette approche – qui est celle
d’Aristote notamment – on considère que
chaque acte doit être évalué selon ses
conséquences soit pour l’acteur (égoïsme
éthique) soit pour autrui (utilitarisme). On
peut ainsi relier l’approche téléologique à
la prudence dans la mesure où il s’agit
d’agir afin de parvenir au meilleur résultat
plutôt que de faire ce qui est juste et bon :
sinon « on serait honnête homme quand
le risque d’être démasqué est trop grand
et on mentirait, par exemple par politesse
ou par pitié ».
Cette vision est celle de Alexander
Bergmann8, qui peut se résumer sous la
forme du tableau (3) suivant:
Tableau (3) : la différence entre
l’approche déontologique et l’approche
téléologique (voir annexe)
Axe 2 : L’éthique dans le
commerce et le marketing :
1) L’éthique dans le monde des
affaires :
Dans les études menées sur l’honnêteté
ou la déontologie professionnelle, ce sont
généralement la vente et le marketing qui
se trouvent en bas de l’échelle. Il s’agit
encore une fois du mythe de l’amoralité
du monde des affaires, c’est-à-dire que le
commerce et le marketing répondraient à
d’autres règles que celles de l’éthique :
l’homme d’affaires peut transgresser les
8 Alexander Bergmann (1997), Ethique et gestion,
Encyclopédie de Gestion, Yves Simon et Patrick
Joffre, 2ème édition, Economica, article 62.
règles de l’éthique et s’en sentir tout à fait
à l’aise puisqu’il obéit à d’autres règles qui
sont celles des affaires. Et en affaires on
parlera davantage de méfiance que
d’amitié, de capacité à tromper, cacher sa
force et ses intuitions que de sincérité.
Ce mythe de l’amoralité du monde des
affaires implique également qu’il existe
une frontière entre la vie professionnelle
et la vie privée. Mais peut-on prétendre
mener une existence honnête si cette
attitude ne s’étend pas à la vie
professionnelle ? Cette réflexion conduit
de nouveau à la notion de sensibilité
éthique. Car, même si l’entreprise prétend
obéir à d’autres règles que celles de
l’éthique, celle-ci n’évolue pas dans un
espace éthiquement neutre qui ne serait
défini que par les lois du marché et par le
droit. L’entreprise – que le droit a
d’ailleurs personnifiée en lui conférant
une personnalité juridique et morale – fait
partie de la vie sociale. Or, – et cela est
d’autant plus vrai pour les grandes
structures – l’entreprise est souvent
considérée dans son aspect collectif et par
là se déresponsabilise et favorise
l’anonymat des décisions ainsi que la
perte de conscience morale. Pour
résoudre les questions éthiques posées à
l’entreprise, il faudrait prendre en compte
de façon cumulative tous les organes et
employés ayant participé à créer une
situation qu’on peut attribuer à
l’entreprise9.
2) L’éthique et le marketing :
Bon nombre de questions éthiques sont
soulevées en matière de marketing parce
qu’on n’a pas prêté une attention
suffisante à sa déontologie. Il s’agit là
encore du problème de la sensibilité
9 Samuel Mercier (1999), L’Ethique dans les
Entreprises, La Découverte, collection Repères.