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Introduction
La convention sur la diversité biologique établie lors de la conférence de Rio en 1992
vise à stopper la destruction des habitats naturels et des écosystèmes et invite les pays
contractants à élaborer des stratégies nationales. De plus, les pays membres de l’Europe ont
adopté en 1995 une stratégie paneuropéenne pour la diversité biologique et paysagère validant
ces objectifs et réaffirmant plus tard la nécessité « d’enrayer la diminution de la biodiversité à
l’horizon 2010 et au delà » (Lieutaud, 2007). Or, à l’échelle mondiale, la destruction des
habitats et la fragmentation des milieux, la plupart du temps d’origine anthropique, ont été
identifiés comme étant les principales menaces pesant sur la biodiversité (Conférence de
Rio, 1992 ; Bennett et Mulongoy, 2006) et la durabilité des populations (Baghli, 2006).
A long terme, il est insuffisant de maintenir la biodiversité dans des milieux naturels
certes protégés, mais isolés les uns des autres (OFEFP, 2001 ; Bennet, 2002). La connexion
des habitats, par l’intermédiaire de corridors écologiques
*
, joue un rôle important dans la
viabilité des espèces (Hargrove et al, 2005). Les notions de corridor et de réseau écologique
*
sont conséquents de la théorie de la biogéographie des îles (Maccarthur et Wilson, 1967 dans
Riecklefs et Miller, 2005), du concept de métapopulation (Levins, 1969 dans Riecklefs et
Miller, 2005) et d’écologie du paysage (bennett, 2004). Les bénéfices directs et indirects des
corridors interviennent dans les domaines de :
- l’écologie (principalement sur le long terme) :
o En facilitant les déplacements des espèces afin de répondre à l’ensemble de
leurs besoins vitaux (Spinelli-Dhuicq, 2005) ;
o En augmentant les effectifs par immigration dans une population en déficit
démographique (Bennett, 1999 dans Vuilleumier, 2003) ou même en favorisant les
recolonisations d’habitats perturbés ou inoccupés (« rescue effect ») (Burel et Baudry, 1999 ;
Hargrove et al, 2005) ;
o En maintenant les flux génétiques (Bennett, 2004) et donc en diminuant
l’érosion génétique qui revêt 2 aspects (Rieckelf et Miller, 2005 ; SETRA, 2005) : La
consanguinité, qui caractérise la reproduction entre individus apparentés. Ses conséquences
sont la hausse de la mortalité juvénile, la diminution de la fertilisation et une plus grande
sensibilité aux agents pathogènes ; la dérive génétique qui survient lorsque l’effectif est trop
réduit. La perte d’allèles diminue le pourcentage de gènes polymorphiques et le taux
d’hétérozygotie. Ce second aspect est toutefois moins sensible chez les espèces de type r
(fécondité élevée, durée de vie courte, maturité précoce, régime alimentaire généraliste) que
celles de type K (le contraire) (Rieckelfs et Miller, 2005).
D’après les faits énoncés précédemment, les chances de survie des espèces menacées et des
espèces spécialistes seront ainsi augmentées (Bennett et Mulongoy, 2006 ; SETRA, 2005).
- l’économie, l’écologie du paysage et la pédagogie :
o En aidant à la création de « réseaux verts et bleus » ou « infrastructures
vertes et bleues » qui mettent en valeur le patrimoine à la fois au niveau biologique mais aussi
paysager, favorisant ainsi la qualité du cadre de vie et l’attractivité des agglomérations
(DIREN FC, 2002) ;
o En donnant des bases de travail pour les nombreuses études traitant des
continuités écologiques, procurant ainsi un gain de temps non négligeable ;
o Egalement en facilitant la communication sur notre vision qualitative du
territoire régional à tous les partenaires par le biais d’une représentation cartographique claire.
- la sécurité routière et la santé publique : en permettant une visualisation par
cartographie des secteurs à risque pour la circulation automobile et ainsi disposer
*
Les termes suivis d’un astérisque sont définis en 1.1.