Sensibilités multiples
et convergence pastorale dans le clergé
Une interpellation
Le Conseil presbytéral francophone de Bruxelles m’a
invité récemment à rééchir avec lui au problème
posé par la multiplicité des orientations et sensibilités
dans le clergé paroissial face à l’exigence d’une réelle
cohérence sur le plan pastoral. Ce problème n’est pas
neuf. Après le Concile Vatican II, le clergé a perdu le
caractère monolithique qu’il pouvait avoir parfois dans
le passé. Les sensibilités personnelles et les diverses
priorités pastorales ont pu davantage s’exprimer. Et
c’était un bien. Au l des années et des décennies,
ce foisonnement de diérences s’est accentué. Très
probablement en sera-t-il ainsi, et peut-être davantage
encore, à l’avenir. Ces diérences au sein d’un même
clergé paroissial se situent à de multiples niveaux.
Un large éventail de différences
Souvent, quand cette interpellation surgit, elle vise
la présence dans nos paroisses de prêtres issus de
communautés ou de mouvements nouveaux. Mais,
en fait, l’éventail est beaucoup plus large. Sans
prétendre à l’exhaustivité, voici, sur base de mon
expérience de 19 ans dans le diocèse de Namur et
de 4 ans dans notre diocèse, une liste de différences
notables et significatives dans le clergé de nos
paroisses :
• entre les prêtres jeunes et les plus anciens;
• entre les prêtres d’origine belge et ceux d’ori-
gine étrangère, éventuellement naturalisés;
• entre les prêtres diocésains et les prêtres appar-
tenant à un ordre religieux;
• entre les prêtres « simplement » diocésains
et ceux (diocésains également !) qui, en plus,
appartiennent à des communautés, mouve-
ments, fraternités ou itinéraires spécifiques
(Emmanuel, Verbe de Vie, Tibériade, Fraternité
des Saints Apôtres, Chemin néocatéchuménal,
etc.);
• entre ceux qui portent un signe distinctif de
leur identité sacerdotale (croix, col romain,
bure, soutane) et ceux qui n’en portent aucun;
• entre ceux qui pratiquent la Liturgie des Heures
et ceux qui l’ont abandonnée;
• entre ceux qui célèbrent la messe quotidien-
nement et ceux qui la célèbrent seulement de
manière occasionnelle;
• entre ceux qui respectent les textes officiels de
la liturgie eucharistique et ceux qui recourent à
des compositions privées;
• entre ceux qui sont fidèlement attachés au
Magistère de l’Église et ceux qui en prennent
distanceà des degrés divers ;
• entre ceux qui sont pleinement fidèles à leur
célibat sacerdotal et ceux qui admettent des
ambiguïtés, voire des compromissions;
• entre ceux qui sont fortement engagés sur le
plan social et ceux qui s’en désintéressent;
• entre ceux qui sont très soucieux de leur
vie spirituelle (oraison quotidienne, adoration,
retraite annuelle, etc.) et ceux qui la négligent;
• entre ceux qui sont préoccupés de leur forma-
tion permanente (lectures, sessions, recyclages)
et ceux qui vivent simplement sur l’acquis de
leur temps de séminaire;
• entre ceux qui pratiquent le sacrement de la
réconciliation, pour eux-mêmes et pour leurs
paroisses, et ceux pour qui ce sacrement ne
compte plus guère.
toUtes différences ne se valent pas !
Parmi toutes ces différences (et d’autres qu’on pour-
rait encore ajouter), beaucoup sont peu recomman-
dables, voire franchement illégitimes quand il s’agit
d’une prise de distance par rapports à des points
essentiels de la foi, de la morale ou de la liturgie
catholiques. La tâche de l’évêque est alors, rare-
ment, de sévir, et toujours d’inviter à la conversion,
au progrès, par la parole encourageante et surtout
Propos du mois
PASTORALIA – N°5 2014
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© Jacques Bihin