cours - nouveaux horizons geographiques et culturels des europeens

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H„ - NOUVEAUX HORIZONS GÉOGRAPHIQUES ET
CULTURELS DES EUROPÉENS À L’ÉPOQUE MODERNE
Introduction
Les XVème et XVIème siècles sont les deux premiers siècles de l’époque moderne (qui débute
en 1492 et s’achève en 1789) où de nombreuses transformations ont lieu. Les « nouveaux
horizons géographiques » font référence à l’élargissement du monde, c’est-à-dire à la nouvelle
vision que les Européens ont de la planète du fait des voyages de découverte qu’ils effectuent.
L’expression « nouveaux horizons culturels » signifient l’apparition d’un nouveau
mouvement intellectuel (l’Humanisme), l’épanouissement de nouvelles formes artistiques (la
Renaissance) et le développement d’un nouveau rapport à Dieu (la Réforme). C’est donc tout
le rapport que les Européens entretiennent avec le monde qui les entoure qui est transformé.
Problématique : Comment le rapport que les Européens entretiennent avec le monde qui
les entoure est-il transformé aux XVème et XVIème siècles ?
I. L’élargissement du monde aux XVème et XVIème siècles
A. Les causes ayant conduit à l’élargissement du monde
Doc. 1 page 170 : « La prise de Constantinople par les Turcs en 1453 »
Doc. 9 page 173 : « Istanbul, carrefour majeur des routes commerciales »
Consigne : Analysez les documents pour raconter ce qui s’est passé à Constantinople
en 1453 puis pour en évaluer les conséquences territoriales et commerciales.
En mai 1453, les Turcs ottomans (peuple musulman venu d’Asie centrale) assiègent
Constantinople, capitale de l’Empire byzantin : ils attaquent la ville par la mer. Malgré
la résistance byzantine, la ville tombe aux mains des ottomans et l’Empire byzantin
cesse d’exister. Les ottomans rebaptisent donc Constantinople, qui devient Istanbul.
Les ottomans créent un nouvel État, l’Empire ottoman, installé de part et d’autre des
détroits du Bosphore et des Dardanelles (sur la Grèce et sur la Turquie actuelles). Cet
empire s’étend vers le nord (les Balkans) mais surtout vers le sud (le Proche-Orient et
l’Afrique du Nord). Les ottomans se rendent donc maîtres de la route commerciale qui
relie la Méditerranée à l’Asie, que les Européens utilisaient depuis l’Antiquité.
Doc. 2 page 170 : « Mehmet II protège les marchands chrétiens de Galata dès 1453 »
Doc. 3 page 171 : « Vue intérieure de Sainte-Sophie (vue actuelle) »
Consigne : Identifiez les documents puis analysez-les afin de montrer qu’Istanbul est
un lieu de contacts variés entre les différentes cultures présentes dans la ville.
Point méthode : Construire l’introduction d’une étude critique de documents :
1. Identifier les documents proposés par le sujet :
- donner leur nature : un décret du sultan ottoman et une photographie actuelle
de l’intérieur de la mosquée Sainte-Sophie ;
- préciser leurs auteurs : le décret a été pris par le sultan (mot turc signifiant
empereur) Mehmet II ; on ignore qui a pris la photographie ;
- repérer leur date et leur contexte : le décret date de mai 1453, juste après la
prise de Constantinople ; on ignore la date à laquelle la photographie a été prise
- indiquer leur source : le décret est conservé à la bibliothèque d’Istanbul ; la
source de la photographie n’est pas mentionnée ;
- résumer leur contenu : le décret de Mehmet II évoque la politique qu’il mène
vis-à-vis des chrétiens de Galata (un quartier d’Istanbul) ; la photographie
montre l’intérieur actuel de la mosquée Sainte-Sophie.
2. Annoncer le plan suggéré par la consigne
Après avoir mis en évidence les contacts politiques (I), on étudiera les contacts
commerciaux (II) puis les contacts culturels (III).
1
Après la conquête ottomane, les différentes cultures présentes à Istanbul – notamment
les ottomans et les chrétiens – entretiennent des relations de nature variée.
Citation
Reformulation
Explication
Mehmet II affirme
- « Les magistrats
Les représentants
catholiques
de
des chrétiens du
son autorité
politique sur les
Galata ont prié ma quartier de Galata
seigneurie »
ont demandé le
chrétiens d’Istanbul,
maintien de leurs
qui doivent accepter
- « Je raserai les
leur infériorité vis-àprivilèges. Mais
1. Des contacts murs de Galata »
- « Ils seront tenus Mehmet II a imposé
vis de lui. Ils
politiques
des contreparties
doivent se plier à
de payer un droit de
capitation » (impôt (raser les murs du
des décisions
payé par chaque quartier chrétien et
politiques parce
non-musulman dans imposer le paiement qu’il est le nouveau
l’Empire ottoman)
d’un impôt)
chef de l’État
- « Ils pourront
Mehmet II se
conserver […] leurs
montre tolérant visMehmet II accorde
magasins,
leurs
à-vis des marchands
aux chrétiens de
leur
chrétiens car ils
2. Des contacts navires,
Galata le maintien
assurent la
commerciaux commerce »
de leurs privilèges
prospérité
commerciaux
économique de la
ville.
Les
ottomans
Les ottomans font
transforment Saintepreuve de tolérance
Sophie, initialement
religieuse vis-à-vis
basilique orthodoxe,
des lieux de culte
en une mosquée :
orthodoxes : certes,
dans
la
partie
ils les transforment
Pas de
supérieure,
les
en mosquée mais ils
reformulation ici
3. Des contacts
mosaïques byzantine les rasent pas et
puisqu’il s’agit
culturels
nes sont maintenues
conservent
d’une photographie.
et les ottomans – qui
l’architecture
sont musulmans –
byzantine : on parle
ajoutent un décor
de syncrétisme
musulman (tableaux
(mélange de
avec des sourates
plusieurs traditions
culturelles)
extraites du Coran)
Outre les motivations commerciales (la fermeture de la route des Indes par les
ottomans), d’autres raisons expliquent que les Européens essaient de mettre au jour de
nouvelles routes commerciales vers les Indes. Les monarques européens (tels Isabel la
Catholique et Ferdinand d’Aragon en Espagne) financent les expéditions (comme celles
de Christophe Colomb) afin de conquérir de nouvelles terres et de christianiser de
nouveaux peuples. Les expéditions sont motivées par le caractère aventurier des
explorateurs (qui prennent des risques) et par la volonté de mieux connaître la planète.
Enfin, ces voyages sont possibles grâce à l’amélioration des techniques de navigation.
Elles se font toutes en caravelle (nouvelle génération de navire disposant de voiles
carrées), dotée d’un gouvernail, ce qui rend ces embarcations bien plus maniables que
les précédentes et les marins disposent de boussoles et de portulans (cartes maritimes
faisant apparaître les vents et les courants marins) afin de se repérer en mer.
2
B. Les découvertes ayant contribué à l’élargissement du monde
Dossier pages 176-177 : « Magellan se lance dans le premier tour du monde »
Consigne : Analysez les documents pour racontez le voyage de Magellan, en
distinguant les raisons du voyage, le déroulement de celui-ci ainsi que son bilan.
Plusieurs raisons expliquent que Magellan se soit lancé dans un tour du monde entre
1519 et 1522. Bien que Magellan soit portugais, son expédition est financée par le roi
d’Espagne, Charles Quint, (parce que le roi du Portugal ne s’intéresse pas vraiment à sa
proposition) avec un double objectif : ramener des épices et des perles de culture mais
aussi faire le tour de la Terre en partant par l’ouest de l’Europe.
Magellan quitte Séville le 10 août 1519 avec cinq navires et 18 marins. Il traverse
l’océan Atlantique, longe les côtes de l’Amérique du sud puis traverse d’est en ouest
tout l’océan Pacifique (jamais exploré par un Européen jusque là). Il atteint l’archipel
des Philippines (où il meurt lors d’une bataille avec les populations locales) et c’est son
second, El Cano, qui termine l’expédition et ramène le seul bateau à destination en
traversant l’océan Indien puis en longeant les côtes africaines afin de regagner Séville,
où il arrive le 6 septembre 1522. Cette expédition constitue la première
circumnavigation (terme désignant un tour du monde par la mer) de l’histoire.
Ce voyage permet de mettre au jour des terres nouvelles (archipels de l’Asie du sudest comme les Philippines) mais aussi de prouver que la terre est bien ronde. Elle
témoigne également du danger que représente une telle expédition puisque le chef est
tué et parce que seul un navire sur cinq revient à destination.
Doc. 2 page 167 : « Les grandes découvertes : une première mondialisation »
Doc. 2 page 168 : « Les limites du monde connu au XVème siècle »
Doc. 1 page 176 : « Le premier tour du monde réalisé »
Consigne : Analysez les documents pour mettre en évidence les routes empruntées par
les explorateurs et montrez qu’ils font progresser la connaissance de la planète.
Les premiers navigateurs, d’origine portugaise comme Bartolomé Diaz et Vasco de
Gama, longent les côtes africaines afin de gagner les Indes par l’est (en contournant
l’Afrique). Ils font leurs voyages à la fin du XVème siècle. Puis, viennent les voyageurs
pour le compte de l’Espagne, comme Christophe Colomb et Ferdinand de Magellan, qui
explorent des routes par l’ouest en traversant l’océan Atlantique entre la fin du XVème
siècle et le début du XVIème siècle. Colomb tombe sur un nouveau continent en 1492
sans en avoir conscience (c’est Amerigo Vespucci, qui navigue pour le compte du
Portugal en 1504, qui réalise qu’il a découvert une nouvelle terre) ; Magellan fait le
premier tour du monde entre 1519 et 1522. Enfin, les navigateurs au service de
l’Angleterre et de la France (Jean Cabot et Jacques Cartier) empruntent une route
maritime par l’ouest en traversant l’Atlantique nord à la fin du XVème et au début du
XVIème siècle : ils explorent les côtes de l’Amérique du nord.
Au final, tous ces voyages ont contribué à mieux connaître les mers et les océans du
monde (dont certains n’avaient jamais été parcourus par des Européens comme l’océan
Pacifique et l’océan Indien). Surtout, ces voyages ont permis de mettre en évidence de
nouvelles terres jusque là inconnues des Européens :
- les côtes africaines sont explorées par les navigateurs portugais Bartolomé
Diaz et Vasco de Gama à la fin du XVème siècle ;
- le continent américain est exploré par les navigateurs Christophe Colomb,
Jean Cabot, Amerigo Vespucci et Jacques Cartier au début du XVIème siècle ;
- les archipels de l’Asie du sud-est sont explorés par le navigateur Ferdinand de
Magellan du début du XVIème siècle.
Mais la connaissance de la planète est encore limitée : certaines zones restent encore
totalement inconnues des Européens (centre de l’Afrique et de l’Amérique, Océanie).
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C. Les conséquences découlant de l’élargissement du monde
Dossier pages 180-181 : « Tenochtitlan, capitale d’un Empire aztèque conquis par… »
Consigne : Analysez les documents afin de mettre en évidence les effets politiques,
culturels et sociaux de la mise en contact entre Espagnols et Aztèques à Tenochtitlan.
En 1519, le conquistador (nom donné aux hommes chargé de faire la conquête de
territoires pour le compte des monarques espagnols) espagnol Hernan Cortez débarque
au Mexique actuel et fait le siège de la capitale de l’Empire aztèque, Tenochtitlan, en
1521. La ville tome aux mains des Espagnols au bout de 75 jours de siège. L’Empire
aztèque s’effondre au moment où l’empereur aztèque Moctezuma II meurt. C’est donc
un État pluriséculaire qui disparait avec l’arrivée des Espagnols.
La mise en contact entre les Aztèques et les Espagnols, lors de la conquête de
Tenochtitlan, entraîne une incompréhension réciproque (ces deux peuples n’ont jamais
été en contact et ne se comprennent pas). Les Espagnols sont choqués par les sacrifices
humains pratiqués par les Aztèques en l’honneur de leurs dieux et les Aztèques prennent
les Espagnols pour des dieux (du fait des armes à feu qu’ils ne connaissent pas).
Enfin, cette mise en contact génère de nombreux morts, chez les Aztèques, notamment
du fait du siège de la ville : les habitants de Tenochtitlan sont affamés pendant 75 jours
(Cortez bloque les entrées de la ville, coupant l’approvisionnement en vivres de celleci). La population de Tenochtitlan est contrainte de quitter la ville. L’arrivée des
Européens dans le « Nouveau monde » est donc violente pour les populations locales.
Doc. 2 page 189 : « Les possessions des pays européens au milieu du XVIIème siècle »
Doc. 3 page 183 : « Une exploitation économique des populations locales »
Doc. 1 page 189 : « Les Aztèques victimes du choc microbien »
Consigne : Analysez les documents afin de mettre en évidence les effets politiques,
économiques et sociaux de la colonisation européenne sur le « Nouveau monde ».
La colonisation (conquête d’un territoire par un État qui le peuple et l’exploite
économiquement) européenne se manifeste par des effets politiques. Les Européens
conquièrent des territoires (ils font donc disparaître des États, comme les empires
aztèque, inca et maya en Amérique latine) et les transforment en colonies : les Portugais
et les Espagnols sont les premiers à créer des empires coloniaux (ensemble d’une
métropole – qui est l’État colonisateur – et de ses colonies – qui sont les territoires
colonisés). Afin d’éviter les guerres coloniales, ces deux États signent deux traités de
partage du monde (celui de Tordesillas en 1494 et celui de Saragosse en 1529).
De plus, la colonisation s’accompagne d’une exploitation économique des colonies au
profit des métropoles : dans les plantations et les mines, la main-d’œuvre locale est
contrainte de travailler pour des propriétaires européens qui envoient leur production
dans la métropole, ce qui contribue à son enrichissement. Ainsi, se met en place la
première mondialisation (processus de diffusion de flux humains et économiques à
l’échelle mondiale) : des esclaves sont achetés en Afrique et amenés en Amérique afin
de travailler dans les plantations et les mines aux côtés des populations locales puis le
fruit de leur travail est expédié en Europe. C’est le « commerce triangulaire ».
La colonisation génère aussi des effets sociaux : elle entraîne de très nombreux morts
chez les colonisés du fait de la violence de la conquête, de la dureté des conditions de
travail mais aussi du fait du « choc microbien » (arrivée de maladies inconnues qui tuent
une population importante du fait de l’absence de défenses immunitaires).
⇒ Au milieu du XVème siècle, les ottomans bloquent la route commerciale vers les
Indes, contraignant les Européens à partir à la recherche de nouveaux itinéraires
maritimes en passant par l’ouest. Ils découvrent ainsi de nouvelles terres, les
colonisent et les exploitent économiquement, ce qui entraîne notamment la
disparition de certaines civilisations amérindiennes.
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II. Les hommes de la Renaissance aux XVème et XVIème siècles
A. L’Humanisme, une nouvelle façon de penser ?
Dossier pages 202-203 : « Une famille d’imprimeurs, les Estienne »
Consigne : Analysez les documents afin de mettre en évidence la nouvelle façon de
penser prônée par les ouvrages édités par les Estienne et la façon elle se diffuse.
Les ouvrages édités par les Estienne – famille d’imprimeurs parisiens de la fin du
XVème siècle – prônent une nouvelle façon de penser. Cette nouvelle façon de penser
s’appuie sur l’héritage intellectuel de l’Antiquité puisque les ouvrages édités par les
Estienne font référence au philosophe grec Platon (qui a vécu au Vème siècle avant J.-C.)
et parce qu’ils recommandent l’usage du latin comme langue du savoir. Ils proposent
également de traduire et d’éditer les ouvrages en Français.
Cette nouvelle façon de penser se diffuse principalement grâce à l’imprimerie, dont
les Estienne possèdent un atelier dès 1470. Dans cet atelier, des ouvriers impriment et
reproduisent des ouvrages. Le typographe (ouvrier travaillant dans un atelier
d’imprimerie, chargé de composer les pages de texte avec les caractères mobiles)
assemble les caractères mobiles (cube de plomb sur lequel est gravé une lettre ; ces
caractères sont disposés les uns à côté des autres et les uns en-dessous des autres afin de
composer la page à imprimer) ; le texte ainsi composé est relu et corrigé. L’ensemble
des caractères mobile est ensuite encré et on presse une feuille de papier dessus. On la
fait ensuite sécher et on assemble l’ouvrage en cousant les pages et la reluire entre elles.
Doc. 3 page 207 : « Un humaniste fait le bilan de l’éducation au XVIème siècle »
Doc. 2 page 207 : « Érasme, un humaniste européen »
Consigne : Analysez les documents afin de mettre en évidence les nouveautés
introduites par l’Humanisme dans la façon de penser ainsi que les moyens de diffusion
de ce nouveau courant de pensée.
Au XVème siècle, apparaît un nouveau courant intellectuel, l’Humanisme, qui prône de
se pencher de nouveaux sur les textes de l’Antiquité – écrits en hébreu, en grec et en
latin – afin de le traduire (ce que les auteurs du Moyen-Âge avaient déjà fait), de les
commenter et de s’en servir afin de faire progresser le savoir et la science. Pour ce faire,
les humanistes inventent une nouvelle discipline, la philologie (étude d’une langue et de
ses textes). La redécouverte de ce savoir antique a pour but de permettre à l’homme
d’accéder à la sagesse et de d’exercer sa liberté en pleine conscience. L’homme devient
donc le centre d’intérêt des humanistes, qui peuvent être des hommes d’Église, des
hommes de lettres (comme Érasme) ou des hommes de science (comme Vésale). Ils
centrent leurs études sur l’homme dans les traités de philosophie ou d’anatomie.
Plusieurs vecteurs contribuent à la diffusion des idées humanistes en Europe :
- les ateliers d’imprimerie : cette invention, mise au point vers 1450 à Mayence
par Gutenberg, permet d’imprimer des textes et de les reproduire à un grand
nombre d’exemplaires. À la différence des manuscrits du Moyen-Âge, les
textes ne sont plus recopiés à la main et leur présentation est uniformisée ;
- les cours dans les universités : de nombreux humanistes sont professeurs dans
des universités européennes (comme Érasme à l’université de Louvain) : là, ils
enseignent les préceptes de l’humanisme à leurs étudiants ;
- les courriers que s’envoient les humanistes : les humanistes se lient souvent
d’amitié et entretiennent une correspondance dans laquelle ils évoquent leur
travaux et leurs réflexions (comme Érasme et Thomas More) ;
- les visites que se rendent les humanistes : les humanistes voyagent en Europe
afin de rendre visite à des amis ou de se mettre au service de grands
personnages (comme Érasme qui rend visite à son imprimeur Alde Manuce à
Venise ou qui devient le précepteur du fils du roi d’Écosse à Padoue).
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B. La Renaissance, une nouvelle façon de créer ?
Doc. 4 page 199 : « Une perspective maîtrisée à la Renaissance »
Doc. 1 page 214 : « L’affirmation de l’individu : autoportrait d’Albrecht Dürer »
Consigne : Analysez les documents afin de montrer que la peinture de la Renaissance
utilise de nouvelles techniques et s’inspire des préceptes de l’Humanisme.
À partir du XVème siècle (que les Italiens appellent le « Quattrocento »), de nouvelles
façons de créer voient le jour, notamment en peinture. Les peintres utilisent des
plusieurs techniques afin de suggérer la perspective (illusion de la profondeur sur un
support en deux dimensions) et de donner une impression de réalisme :
- les lignes de fuite (lignes obliques présentes dans une œuvre d’art,
convergeant toutes vers un point unique, le point de fuite, et donnant l’illusion
que la troisième dimension, la profondeur, existe). Dans La Flagellation du
Christ, Pierro della Francesca a dissimulé ces lignes dans le dallage au sol. Le
point de fuite est l’élément « central » (pas forcément au sens géométrique du
terme) qui attire l’œil de celui qui regarde l’œuvre (ici, les pieds du flagellant) ;
- le rectangle d’or (rectangle dont le rapport entre la longueur et la largeur est
égal au nombre d’or, c’est-à-dire environ 1,618) permet de tracer un espace à
peindre dont les proportions (rapport longueur-largeur) sont idéales pour
suggérer une perspective très réaliste : ici, Pierro della Francesca a utilisé la
colonne corinthienne pour délimiter les deux parties du rectangle d’or ;
- le clair-obscur (technique consistant à peindre des éléments au fond ou en
creux en couleurs sombres et des éléments devant ou en relief en couleurs
vives pour suggérer une impression de relief et de mouvement) : ici, Pierro
della Francesca a utilisé cette technique pour les vêtements des personnages de
droite ou dans le fond de la scène (on voit l’ombre du toit sur le dallage).
Point méthode : Tracer le schéma de composition d’une œuvre d’art :
- retracer de façon schématique les contours et les grandes lignes de l’œuvre ;
- tracer les lignes structurantes (lignes de fuite, rectangle d’or) et le point de fuite ;
- colorier les zones sombres et les zones claires :
- faire une légende à côté du schéma et donner un titre à celui-ci
Titre : La composition de La flagellation du Christ de Pierro della Francesca
Légende
Lignes de fuite
Point de fuite
Rectangle d’or
Zones claires
Zones sombres
L’art de la Renaissance s’inspire de l’Humanisme. L’homme est mis au centre des
œuvres : dans La Flagellation du Christ, les personnages sont au premier plan ou au
niveau du point de fuite ; dans son Autoportrait, Dürer se peint comme sujet unique du
tableau sur un fond noir. De plus, les artistes signent les œuvres (Pierre della Francesca
le fait sur la dernière marche qui supporte le fauteuil de Ponce Pilate et Dürer le fait audessus de sa tête). Enfin, ces œuvres s’inspirent de l’Antiquité : dans La Flagellation du
Christ, Pierro della Francesca représente une scène qui se déroule dans l’Antiquité et
peint un décor (colonnes corinthiennes) et des vêtements (toges) antiques.
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C. La Réforme, une nouvelle façon de croire ?
Dossier page 216-217 : « Luther, un moine réformateur créateur d’une nouvelle Église »
Consigne : Analysez les documents pour mettre en évidence les critiques formulées par
Luther contre des pratiques et croyances chrétiennes et les réformes qu’il propose.
Dans le contexte d’un essor de l’Humanisme, un moine allemand, Martin Luther,
placarde en 1517 sur la porte de l’église de Wittenberg, un intitulé les « 95 thèses », où
il dénonce des pratiques et des croyances chrétiennes. Il rejette les indulgences
(dispense de la peine que le chrétien encourt pour ses péchés contre le versement d’une
somme d’argent). De plus, il refuse la distinction entre le clergé et les laïcs au motif que
tous sont chrétiens. Le pape Léon X condamne les « 95 thèses » et menace Luther
d’excommunication (annulation du baptême, empêchant l’accès au paradis) s’il ne
renonce pas à ses écrits : Luther refuse et excommunié en 1520. En 1521, Luther est
convoqué par Charles Quint mais il maintient ses écrits et est expulsé du Saint-Empire.
Luther prône la Réforme (volonté de réformer l’Église au XVIème siècle, qui aboutit à
la fracture entre catholiques et protestants). Il propose de se passer du clergé pour dire la
messe et pour célébrer les sacrements (gestes sacrés dispensés par un prêtre marquant
les étapes de la vie d’un chrétien). Il n’en conserve que trois : le baptême, la cène
(célébration du dernier repas de Jésus) et la pénitence (punition donnée à celui qui a
péché). Il propose de redonner une place centrale à la Bible : lors de la messe, il faut
procéder à la prédication (lecture et explication des Évangiles). Enfin, il affirme que
seule la foi sauve l’âme. Luther est considéré comme le fondateur du « protestantisme »
(branche du christianisme née des propositions de Luther) parce que des princes
allemands, ayant suivi ses propositions, ont protesté devant Charles Quint contre son
expulsion. Ceux qui suivent son enseignement sont appelés les « Luthériens » ; on les
trouve surtout en Allemagne et en Scandinavie.
Doc. 2 page 200 : « Des pratiques religieuses différentes »
Doc. 3 page 221 : « Les divisions religieuses en Europe vers la fin du XVIème siècle »
Consigne : Confrontez les documents afin de présenter les différents mouvements
protestants mais aussi de localiser leur étendue géographique en Europe.
Dans la droite ligne de Luther, d’autres prédicateurs proposent des réformes. Dans les
années 1530, Jean Calvin fonde son Église à Genève. Ceux qui le suivent sont appelés
les « Calvinistes ». Calvin ne conserve que deux sacrements (le baptême et la cène),
refuse l’existence du clergé et affirme que la pratique de la foi et la prédestination
(théorie selon laquelle Dieu choisit qui il sauve, sans que le croyant le sache) sauvent
l’âme. Les Calvinistes sont présents en Suisse, en France, aux Pays-Bas et en Écosse.
En 1534, en Angleterre, le roi Henry VIII rompt avec l’Église parce que le pape
Clément VII refuse de prononcer son divorce : c’est un nouveau schisme (éclatement
d’un courant religieux). Il fonde donc une nouvelle Église dont il est le chef : c’est
l’Église anglicane (que l’on ne retrouve qu’en Angleterre). L’anglicanisme ne retient
que deux sacrements (le baptême et la cène) et affirme que seule la foi sauve.
Face à l’émergence de ces Églises concurrentes, la papauté réagit par la Contreréforme (réforme interne lancée par l’Église catholique face au développement des
mouvements protestants). Le concile (réunion regroupant tous les évêques pour prendre
position sur les pratiques ou les croyances) de Trente (1545-1563) réaffirme tous les
points contestés par les protestants : réaffirmation des sept sacrements, capacité à
gagner son salut par la pratique des indulgences.
⇒ À partir du XVème siècle, un nouveau courant intellectuel, l’Humanisme, affirme
l’importance des textes antiques et place l’homme au centre des travaux des
intellectuels. Ce courant inspire aussi les arts, faisant apparaître la Renaissance –
et la religion – lançant la Réforme protestante puis la Contre-réforme catholique.
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Conclusion
Entre le XVème et le XVIème siècle, le rapport que les Européens entretiennent avec le monde
qui les entoure change considérablement. Des navigateurs partent explorer les mers et les
océans du monde pour mettre au jour de nouvelles routes commerciales vers les Indes : ils
découvrent de nouvelles terres, ce qui modifie la vision qu’on avait de la planète jusque là (on
« découvre » l’Amérique et on a la certitude que la Terre est ronde).
D’autre part, un nouveau mouvement intellectuel – l’Humanisme – apparaît à la même
époque : il s’appuie sur les textes et les savoirs antiques pour placer l’homme au centre des
travaux philosophiques et scientifiques. Ce mouvement influence les arts et même la religion,
entraînant un éclatement de la chrétienté avec l’apparition des différents courants protestants.
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