2014 - 56 - 1er Trim. - N° 218
les IFN (ISG)2tels que l’enzyme 2’-5’ oligoadénylate synthé-
tase (OAS), la protéine kinase RNA dépendante (PKR) ou la
protéine MxA (Myxovirus resistance A). Ils se distinguent des
IFN de type I par l’utilisation de récepteurs spécifiques IFN-
λR1 et IL-10R2 qui présentent une expression cellulaire res-
treinte par rapport aux récepteurs IFN de type I. L’importan-
ce biologique des IFN de type III a été mise en évidence par
leur inductibilité en réponse à de nombreux virus tels que le
virus Sindbis, celui de la Dengue, de la stomatite vésiculaire,
le virus Influenza, etc., par leur capacité à inhiber la réplica-
tion des virus de l’Hépatite B ou C et par leur utilisation
potentielle comme agent thérapeutique ayant moins d’effets
secondaires que les IFN de type I.
1. 3. VOIES D’INDUCTION DES GÊNES IFN DE TYPE I PAR LES
RÉCEPTEURS CYTOSOLIQUES ET MEMBRANAIRES
Depuis 1997, les nombreuses études menées dans le
domaine de la reconnaissance des agents pathogènes ont per-
mis de décrire en détail les voies de signalisation qui condui-
sent à l’activation des IFN de type I [5, 6]. Ainsi, la découver-
te des récepteurs «Toll-like» (TLR-3, -4, -7, -8 et -9) présents
à la surface des membranes plasmiques et endosomales, sui-
vie de celle des récepteurs cytoplasmiques de la famille des
hélicases de type RIG-I (Gène Inductible par l’acide Réti-
noïque) et des récepteurs cytosoliques à l’ADN, ont permis
l’identification d’un nombre sans cesse croissant de compo-
santes des voies d’induction des IFN de type I, telles que les
adaptateurs MAVS (Mitochondrial Anti-Viral Signaling pro-
tein), STING (Stimulator of Interferon Genes), MyD88 (Mye-
loid Differentiation primary response gene 88) ou différents
membres de la famille TRAF (TNF Receptor Associated Fac-
tor), les kinases TBK-1 (TANK-Binding Kinase-1) et IKK-ε
(I
κ
B-kinase-
ε
). Ces études ont également mis en évidence les
très nombreuses protéines régulatrices de ces voies qui
agissent de façon positive ou négative via des interactions
protéines-protéines ou des modifications post-traduction-
nelles (ubiquitination, sumoylation, phosphorylation, etc.) et
permis de décrire de nombreux mécanismes moléculaires
d’échappement des virus au système IFN.
1. 4. INDUCTION DE L’EXPRESSION DES GÊNES IFN DE TYPE I
Les études réalisées sur les voies d’induction des
gènes IFN de type I, et en particulier celles concernant la
transcription du gène IFNB, ont permis l’identification des
facteurs de transcription de la famille des facteurs régulateurs
Plus de 50 ans après la découverte des Interférons par
Alick Isaacs et Jean Lindenmann qui ont décrit l’existence
d’un facteur soluble sécrété par les cellules et capable d’inter-
férer avec la réplication virale, les Interférons (IFN) font encore
et toujours l’objet de nombreuses études dans des domaines
fondamentaux ou appliqués, aussi variés que l’infection virale
ou bactérienne, l’immunité innée et adaptative, l’auto-immu-
nité, l’inflammation ou le développement tumoral. Depuis la
parution, en 1997, dans le bulletin de l’AAEIP, d’un article [8]
qui détaillait les mécanismes moléculaires d’induction des
gènes IFN de type I, leur voies de signalisation et leurs indica-
tions thérapeutiques, les avancées sur le «système Interféron»
ont été impressionnantes et sources d’une multitude de publi-
cations. Quelques aspects sont résumés ci-dessous.
1. INDUCTION DES GENES IFN ET DES GENES STI-
MULÉS PAR LES IFN
1.1. IDENTIFICATION DES PRINCIPALES CELLULES PRODUC-
TRICES D’IFN
Même si les IFN de type I sont produits par la plupart
des cellules en réponse à des infections virales ou bacté-
riennes, l’identification d’un sous-type de cellules dendri-
tiques, appelée «cellules productrices naturelles d’IFN
(NIPC)», capables de produire une quantité de 10 à 100 fois
plus élevée que les autres cellules en réponse à un stimulus
viral, a permis l’explosion de la recherche sur les fonctions
des cellules dendritiques, sur leur implication dans la défense
immunitaire et sur la réponse à des infections par des patho-
gènes [9]. Ces cellules ont par la suite été identifiées comme
un sous-type particulier de cellules dendritiques, appelées
plasmacytoïdes (ou pDC), ne représentant que 0,2 à 0,5% des
cellules du sang périphérique, mais ayant un rôle critique
d’intermédiaire entre les effecteurs de l’immunité innée et les
cellules de la réponse immunitaire acquise.
1. 2. FAMILLE IFN : MISE EN ÉVIDENCE DES IFN DE TYPE III
La mise en évidence de nouveaux membres de la
famille IFN, les IFN de type III, IFN-λou Interleukines 28 et
29, qui comprennent trois protéines homologues IFN-λ 1 à 3,
élargit considérablement la liste des IFN ayant des activités
antivirales [7]. En effet, comme pour les IFN de type I, les
IFN-λ sont induits en réponse à une infection virale, trans-
mettent leurs signaux par la voie Jak-STAT, activent le facteur
ISGF3 et induisent ainsi l’expression des gènes stimulés par
Association des Anciens Élèves de l’Institut Pasteur
LES INTERFÉRONS DE TYPE I
Pierre GÉNIN1
Institut Pasteur, Paris
1URA 2582, Unité Signalisation moléculaire et activation cellulaire, Institut Pasteur, 25, rue du Docteur Roux, 75724 Paris Cedex 15.
2ISG pour Interferon Stimulated Genes.
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