Karl MARX et Friedrich ENGELS, Sur la religion 5
1. KARL MARX
Préface à la thèse de doctorat :
« Différence » entre la philosophie de la nature de Démocrite et
celle d’Epicure »*
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La forme de ce mémoire eût été strictement scientifique d’une part,
et, d’autre part moins pédante dans maint développement, s’il n’avait
pas initialement été destiné à être une thèse de doctorat. Des raisons
extérieures me déterminent néanmoins à le donner sous cette forme à
l’impression. En outre, je crois y avoir résolu un problème jusqu’ici
pendant, de l’histoire de la philosophie grecque.
Les spécialistes savent qu’il n’existe pas de travaux antérieurs qui
soient utilisables en quelque manière pour le sujet de ce mémoire. Les
bavardages de Cicéron et de Plutarque ont été ressassés jusqu’à
l’heure actuelle. Les exposés de Gassendi 1, qui a levé l’interdit que
les Pères de l’Eglise et le Moyen âge tout entier, cette période de la
déraison réalisée, avaient lancée contre Epicure, ne constituent qu’une
étape intéressante. Gassendi cherche à concilier sa conscience
catholique avec sa science païenne, et Epicure avec l’Eglise, ce qui,
bien sûr, était peine perdue. C’est comme si l’on voulait affubler
d’une robe une nonne chrétienne la beauté sereine et épanouie d’une
Laïs 2 grecque. On peut dire que Gassendi a appris plus dans la
philosophie d’Epicure qu’il nous apprend de chose sur elle.
* Publié pour le première fois dans Œuvres littéraires posthumes de Karl
MARX-Friedrich ENGELS et Ferdinand LASSALE, éditées par Franz Mehring ;
1er volume : Ecrits de mars 1841 à mars 1844. Stuttgart, 1902.
1 Il s’agit du livre de Pierre GASSENDI : Animadversiones in decimum Librum
Diogenis, qui est de Vita, Moribus, Placitisque Epicuri, Lugduni, 1649.
(Remarques sur le Xe livre de Diogène Laërce, qui traite de la vie, des mœurs
et des conceptions d’Epicure, Lyon, 1649.)
2 Nom de plusieurs courtisanes grecques. La plus célèbre vécut à Corinthe (2e
moitié du IVe siècle av. J.-C.)