Ce qu’il faut et ne faut pas raconter, et comment on
le raconte : le cas de l’installation et de l’inhumation
du bouc sacr´e de Mend`es sous Ptol´em´ee Philadelphe
St´ephane Pasquali∗1
1Egypte Nilotique et M´editerran´eenne (ENiM) – Universit´e Paul-Val´ery Montpellier 3, CNRS :
UMR5140 – France
R´esum´e
Connue de tr`es longue date, la ” St`ele de Mend`es ” de Ptol´em´ee Philadelphe a surtout ´et´e
utilis´ee par l’´egyptologie pour ´ecrire l’histoire ´ev´enementielle du r`egne et pour documenter
le culte `a l’animal sacr´e de cette ville du Delta, `a savoir le bouc du dieu poliade Banebd-
jed. Parmi les ´ev´enements relat´es, figurent l’installation d’un bouc par le pharaon lagide,
la r´enovation puis l’inauguration de sa demeure, l’apparition d’un nouvel animal dans la
campagne mend´esienne, puis son auscultation par des sp´ecialistes suivie de son installation
en tant que bouc sacr´e.
Une relecture de ce texte fameux, attentive aux personnages de l’action, `a la structure nar-
rative et `a sa strat´egie ainsi qu’aux pr´esences et aux absences dans la trame du r´ecit, ouvre
de nouveaux champs de r´eflexion. Celle-ci r´ev`ele notamment une diff´erence fondamentale
entre les r´ecits des deux installations de l’animal sacr´e de Mend`es qu’il faudra expliquer,
l’´el´ement clivant ´etant la situation du roi (pr´esence physique ou absence ; acteur ou orches-
trateur). Elle met aussi en ´evidence un exemple patent de ” non-dit ” relatif `a la mort et `a
l’inhumation de l’animal sacr´e qui pose bien des questions `a l’historien.
Cette ´etude s´emio-narrative du texte se fera en parall`ele `a l’analyse de la sc`ene d’offrande
grav´ee dans le cintre de la st`ele dont l’historicit´e m´erite, dans ce cadre, d’ˆetre interrog´ee.
Les conclusions de cette ´etude de cas incitent `a revoir quelque peu nos certitudes (voire
nos a priori) quant `a l’implication du Pharaon (qu’il soit mac´edonien ou ´egyptien) dans
le culte rendu aux animaux sacr´es, particuli`erement pour les deux moments cruciaux de
l’installation et de l’inhumation. De mani`ere plus g´en´erale, elles permettent de questionner
les ” documents historiques ” de l’´egyptologue et leur production `a l’aune des m´ethodes de
l’anthropologie historique.
∗Intervenant
sciencesconf.org:isaae2016:88419