A la fin des années 1870, la France gagne à peine plus de 2 millions d’habitants. La natalité recule à
nouveau, dû à l’individualisme républicain, les progrès de l’esprit de calcul et de prévoyance et la
propagande néo-malthusienne délibérée d’inspiration anarchisante. La mortalité, longtemps stationnaire, ne
diminue sensiblement qu’à partir de la fin du siècle. Cette amélioration finale est largement due à la
révolution pastorienne : les vaccins se multiplient et les médecins savent désormais enrayer les pathologies
pulmonaires, digestives ou infantiles. Malgré tout, le vieillissement démographique est évident. Le nombre
des inactifs s’accroit pas rapport à celui des actifs, qui reste stable. L’appel à la main d’œuvre est rendue
nécessaire, d’où cette vague d’immigration essentiellement européenne au début du XXe siècle.
II. Evolution sociale de la population française au cours du XIXe siècle.
1. Les ruraux
La France au début du XIXe siècle est très majoritairement paysanne. La Révolution a même accru la
population des ruraux dans la population globale. Les campagnes ont un poids politique considérable, mais
sont très inégalitaires. Au sommet de la société rurale, on trouve les grands propriétaires encore souvent
nobles. Leurs relations avec leurs fermiers, leurs métayers, leurs journaliers, sont empreintes de
paternalisme. Les bourgeois ruraux peuvent jouer un rôle d’intermédiaire culturel et politique. Une barrière
symbolique très importante sépare cependant ces propriétaires non-exploitants de tous ceux qui travaillent la
terre de leurs mains, et des artisans du village. Les plus modestes d’entre les paysans ont très peu de biens
propres et travaillent donc pour autrui, comme métayers ou comme ouvriers agricoles, les fermiers
bénéficiant pour leur part d’une condition et de revenus bien supérieurs. La paysannerie française réussit
assez bien à préserver ses intérêts dans le cadre du nouveau régime à partir de 1870. Elle a su résister à
l’attraction urbaine, avec le soutien de l’état. La société rurale reste contrastée. Les petits exploitants
fournissent les principales victimes de la conjoncture de la fin du XIXe siècle, tandis que le nombre de
salariés agricoles diminuent. La vie de tous s’est modernisée. Le niveau culturel des ruraux s’améliore
sensiblement en raison de la politique scolaire des républicains. Alors que la moitié des français ne parlaient
pas français vers 1863, le nombre des français non francophones a littéralement fondu entre 1880 et 1914.
L’école de la République a joué ici un rôle éminent, en imposant une norme culturelle exigeante et en
valorisant l’utilité de l’instruction. Les moyens de communication se sont améliorés en favorisent de leur
coté le désenclavement commercial et culturel.
2. La condition ouvrière
Il s’agit avant tout du compagnon ou de l’apprenti, c'est-à-dire le salarié qualifié de l’artisanat urbain lié à
la bourgeoisie républicaine. C’est lui qui participe aux révoltes politiques et aux mouvements sociaux de la
monarchie de Juillet, qui affirme l’existence d’une classe ouvrière solidaire et qui réclame pour elle les
promesses non tenues de la Grande révolution. La question de la pathologie sociale est, elle, soulevée à
propos des nouvelles formes du travail industriel, c'est-à-dire, des « fabriques » et de leur main d’œuvre
hétérogène, peu qualifiée et sans défense (en particulier de femmes et d’enfants). Les ouvriers offrent un
groupe social aux limites floues du coté de l’artisanat comme du coté de la paysannerie. D’un coté, il y a
l’ouvrier traditionnel, qu’il soit typographe, horloger, mécanicien, ou ébéniste, mobile, fort, conscient de sa
qualification, très politisé et adepte du repos hebdomadaire, et de l’autre coté, le journalier, homme de peine
sans qualification qui ne vend que sa force musculaire, sans oublier l’ouvrier du coton, travaillant en usine,
ni les dentellières ou les brodeuses rurales, travaillant à domicile et que menace la concurrence des
productions mécanisées. A la fin du second Empire, l’expression des tensions sociales est favorisées par le
droit de grève (1864). Entre 1868 et 1870, les conflits se multiplient, l’organisation ouvrière se renforce, les
ouvriers se battent désormais résolument pour un meilleur partage des profits.