Notre santé Notre sécurité Volume 6 • Numéro 3 Hiver 2008-2009 Les risques du bruit en milieu de travail À tout moment de notre existence, nous sommes confrontés au bruit. Dans notre vie de tous les jours, que ce soit à la maison, dans nos moments de loisirs et de repos, lors de nos déplacements et dans l'exécution de notre travail, nous sommes constamment entourés de bruits sous différentes formes et intensités, qui nous envoient une multitude d'informations sur l'environnement qui nous entoure. Le bruit est l'ensemble des sons produits par des vibrations perceptibles par l'ouïe. Ces sons nous aident à nous guider et à communiquer entre nous. Mais ces bruits peuvent aussi constituer un danger pour la santé lorsqu'ils sont trop intenses ou répétés. Le bruit devient alors un ennemi pernicieux. Tous les travailleurs et travailleuses de Postes Canada, que ce soit à l'interne ou à l'externe, ainsi que tous les membres des unités de négociation du secteur privé du STTP, sont exposés quotidiennement à des niveaux de bruit qui pourraient avoir des conséquences néfastes qui se font sentir souvent plusieurs années après l'exposition au bruit. Puisque les pertes auditives sont irréversibles, il faut apprendre à connaître cet ennemi avant qu'il ne fasse des dommages irréparables. Il est utile de comprendre la mécanique du son et le fonctionnement de l'oreille afin de bien saisir les dangers que pose le bruit en milieu de travail. Le son Le son est une sensation auditive engendrée par une onde acoustique. Il se propage sous forme d'onde mécanique de quatre manières différentes : • directement de la source à l'oreille; • réverbérations (écho) sur les murs et planchers; • réfractions (transmission) à travers les murs, portes et fenêtres; • par le plancher (basses fréquences). suite à la page 2 Sommaire • Fréquence du son 2 • Bruit en milieu de travail 3 • Lecture du niveau de bruit 4 suite de la page 1 Fréquences Les sons sont classés en deux catégories. Il y a des sons continus comme le son d'un moteur diesel, et des sons d'impact comme le son d'un marteaupiqueur. Le son est caractérisé par sa hauteur (fréquence) et par son intensité (amplitude). La fréquence est le nombre de vibrations par unité de temps. Son unité est exprimée en Hertz. Un hertz (Hz) équivaut à une vibration par seconde. Voici quelques exemples et leurs fréquences : Piano (les 88 notes du clavier) de 27 à 4 200 Hz Voix humaine de 125 à 8 000 Hz Appareil stéréophonique de 20 à 20 000 Hz Notons que les fréquences de plus de 20 000 Hz sont appelées ultrasons et que l'oreille humaine ne peut pas les percevoir. L'amplitude ou intensité est l'expression de la valeur numérique d'une puissance. L'échelle sonore utilisée couramment est exprimée en décibel (dB) et elle est conçue selon une règle logarithmique. Pour une augmentation de 10 décibels sur l'échelle, le son est perçu 10 fois plus fort. Bien que les Fréquences de divers bruits Parties de l'oreille interne hautes et les basses fréquences aient des valeurs identiques, l'oreille humaine entend mieux les hautes fréquences que les basses. Pour permettre de mieux refléter ce qu'entend l'oreille humaine, l'unité couramment utilisée est appelée décibel ajusté (dB (A)). - Un moteur diesel émettant des basses fréquences à une intensité de 100 dB verra sa lecture diminuer à 85 dB (A). Une scie circulaire émettant des hautes fréquences de 100 dB verra sa lecture demeurer à 100 dB (A). Pour déterminer si l'exposition au bruit constitue un danger, il faut deux choses : l'intensité du son et le temps d'exposition (durée). Fréquences dangereuses Conversation normale Danger pour l'audition 50 dB (A) de 70 à 115 dB (A) Autoroute Seuil de la douleur 75 dB (A) +115 dB (A) Marteau-piqueur à six pieds Dommages irréversibles 110 dB (A) +130 dB (A) 2 L'oreille La cochlée est la pièce maîtresse de l'audition. Appelée aussi limaçon, du fait qu'elle est enroulée sur elle-même, elle est formée d'environ 15 000 cellules sensorielles en forme de cils qui transmettent par le nerf auditif des informations sonores au cerveau. Les cellules captant les hautes fréquences sont regroupées vers le centre de la cochlée, tandis que les cellules captant les basses fréquences sont regroupées vers l'extrémité. Plus le son est fort, plus la cochlée est sollicitée, ce qui peut occasionner des dommages aux cils, qui finissent par se détacher. Un des facteurs à prendre en considération pour diminuer les risques de dommages à l'oreille, mis à part le temps d'exposition et l'intensité du bruit, est la période de récupération entre les expositions. Lorsque cette période est insuffisante, les cils n'ont pas le temps de récupérer. Faisons une comparaison avec un terrain gazonné où l'on marcherait. Si on marche une fois à un endroit, le gazon a le temps de se redresser. Si on marche plusieurs fois au même endroit, le gazon sera aplati et n'aura pas le temps suite à la page 3 Volume 6, Numéro 3 • Hiver 2008-2009 suite de la page 2 Le bruit au travail de se redresser. C'est le même principe avec la cochlée. Si un des facteurs ou une combinaison de ces facteurs constitue un danger pour l'oreille, il peut en résulter des dommages tels que l'éclatement du tympan, l'apparition d'acouphènes (sensations auditives telles que des bourdonnements ou des sifflements perçus en l'absence de tout son extérieur), des pertes auditives temporaires allant jusqu'aux pertes auditives permanentes. La surdité est la conséquence la plus connue en ce qui a trait aux maladies de l'ouïe. La surdité est la perte ou la grande diminution du sens de l'ouïe. Elle se caractérise par une perte du niveau de la perception de l'intensité d'un bruit. Elle peut survenir à tout âge, selon notre hérédité ou notre exposition au bruit. La perte de certaines fréquences (entre 2 000 et 8 000 Hz) est plus importante lors des premières années d'exposition au bruit, et peut prendre des années avant de se développer. La surdité dite professionnelle est une condition où la surdité est apparue à cause de l'exposition répétée au bruit dans le milieu de travail, qu'il soit d'impact ou continu. L'audiométrie est la mesure de l'acuité auditive. Pour mesurer la perte d'audition, on doit effectuer un test d'écoute. Ce test d'écoute consiste à faire entendre dans chaque oreille des sons de différentes fréquences à différentes intensités. Le silence total ayant une valeur de 0 dB, on utilise habituellement des sons de 125, 250, 500, 1 000, 2 000, 4 000 et 8 000 Hz et on mesure l'intensité nécessaire pour distinguer entre le silence et la fréquence. Les résultats de ces lectures sonores sont inscrits sur un graphique et reliés entre eux en formant une courbe descendante que l'on appelle audiogramme. C'est en étudiant ces Audiogramme : résultats de lectures sonores audiogrammes et en les comparant d'une année sur l'autre que l'on peut mesurer la perte auditive. Le bruit au travail En tant que travailleur ou travailleuse à Postes Canada ou ailleurs, nous sommes aux prises avec des niveaux de bruit de différentes intensités. Que ce soit dans un établissement mécanisé ou dans un camion de livraison, dans une installation de facteurs et factrices ou à l'extérieur dans la rue, le bruit peut devenir un risque pour l'oreille s'il dépasse les limites acceptables ou s'il est d'une durée prolongée. Bien que ces effets puissent être ressentis des années plus tard, la prévention demeure la seule solution. Mais que pouvons-nous faire pour réduire le bruit en milieu de travail? Il y a trois façons de prévenir et de diminuer l'exposition au bruit : • à la source; • en cours de processus; • auprès des travailleurs et travailleuses. À la source : C'est sûrement le moyen le plus efficace de corriger la situation. Par exemple, on peut coffrer Notre Santé Notre Sécurité • Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes une partie de machine particulièrement bruyante, on peut changer des roulements métal sur métal par du caoutchouc, on peut utiliser une technologie plus récente ou effectuer un entretien plus fréquent. En cours de processus : Il peut arriver qu'il soit impossible de diminuer le bruit à la source. Dans certains cas, il faut agir en cours de processus, par exemple en ajoutant un paravent antibruit entre la source et l'oreille. On peut aussi éloigner la source du bruit ou encore isoler dans une pièce fermée le travailleur ou la travailleuse. Auprès des travailleurs et travailleuses : C'est la solution la plus facile pour l'employeur. Il fournit des équipements de protection individuels (EPI), par exemple des bouchons pour les oreilles ou des coquilles, ou il réduit le temps d'exposition à l'aide du roulement des tâches. Avec l'arrivée de la mécanisation, vers la fin des années 1970, le STTP connaissait les dangers liés à l'exposition prolongée au bruit. Après la grève de 1987, le STTP a réussi à faire inclusuite à la page 4 3 suite de la page 3 Prendre des lectures à l'aide d'un sonomètre re dans la convention collective de l'unité urbaine la clause 33.21. Selon cette clause, intitulée Niveaux de bruit, la Société s'engage à ramener à 85 dB (A) le niveau de bruit dans ses établissements mécanisés. Aujourd'hui, en 2008, cette norme de 85 dB (A) offre une meilleure protection que la norme prévue dans le Code canadien du travail, qui est de 87 dB (A) pour 8 heures d'exposition au bruit (partie 7 du Règlement canadien sur la santé et la sécurité au travail). Le STTP a continué sa lutte contre le bruit et, en 1995, a amélioré la clause 33.21 en y ajoutant que la Société fera l'inventaire du niveau de bruit dans tous et chacun de ses établissements mécanisés et mettra en place des mécanismes de contrôle impliquant les comités locaux et national mixtes de santé et de sécurité. Maintenant, après la signature de chaque nouvelle convention collective, la Société se doit, par l'entremise des comités locaux mixtes de santé et de sécurité, de prendre des lectures du niveau de bruit dans tous ses établissements. Ces lectures se prennent à l'aide d'un sonomètre. Un sonomètre est un appareil qui sert à mesurer le niveau de pression acoustique. Selon le Code canadien du travail, l'employeur est tenu de posséder tous les instruments de mesure nécessaires. Les sections locales n'ont donc pas à se procurer de sonomètre. Des membres du comité local mixte de santé et de sécurité (CLMSS) de la partie syndicale doivent être présents lors de la prise de lectures. Pour avoir des lectures plus fidèles à la réalité, utilisez le sonomètre lorsque tous les équipements fonctionnent à pleine capacité. 4 Avant de vous rendre sur les lieux de travail, il faut que le sonomètre soit calibré à l'aide d'une valeur étalon, et ce, devant vous. Notez le numéro de série de l'appareil utilisé et la date du dernier calibrage en laboratoire (indiqué sur l'appareil). Prenez des lectures avec l'appareil à hauteur d'oreille pour chaque poste de travail exposé au bruit. Prenez deux lectures consécutives en mode continu, c'est-à-dire pendant une minute, et faites la moyenne des deux. Si dans certains secteurs, le niveau de bruit approche ou dépasse les 85 dB (A), inscrivez la question à l'ordre du jour de la prochaine réunion du CLMSS. Des lectures de bruit peuvent être aussi demandées si un nouvel équipement ou une nouvelle machine fait son apparition dans un secteur de travail. Des lectures du niveau de bruit sont aussi souhaitables si le secteur de travail a subi des transformations des dommages irréversibles à l'ouïe. En majeures ou si la configuration du sec- somme, il est de loin préférable de ne teur a été modifiée. pas porter de baladeur au travail, car son usage risque de compromettre Dans plusieurs établissements votre santé et votre sécurité. mécanisés, Postes Canada autorise le port du baladeur (Walkman). Cet En conclusion, le bruit en milieu appareil peut, a priori, sembler une de travail est un risque qu'il faut bonne chose pour ceux et celles qui connaître et apprendre à contrôler exécutent un travail dans un environpour éviter de subir des dommages nement bruyant. Toutefois, il ne fait auditifs permanents. qu'aggraver le danger, puisqu'il réduit la perception STTP • Notre Santé Notre Sécurité auditive, qui vous avise des dangers qui vous entourent. Publié tous les trois mois en anglais et en français par le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes. De plus, il faut souvent 377, rue Bank régler le volume du balaOttawa (Ontario) K2P 1Y3 Canada deur au niveau le plus élevé tél. : 613.236.7238 pour « enterrer » le bruit téléc. : 613.563.7861 ambiant ou en faire usage site Web : www.cupw-sttp.org ISSN : 1708-0681 pendant de longues périodes, ce qui peut occasionner Volume 6, Numéro 3 • Hiver 2008-2009