Les interactions sol-plante et la disponibilité des éléments nutritifs Compétence 4 : Les interactions sol-plante et la disponibilité des éléments nutritifs Le sol est une ressource fondamentale dans les systèmes terrestres. Les plantes affectent et contrôlent à des degrés différents les mécanismes de base de la structure du sol et la dynamique des éléments nutritifs et ce, par des interactions complexes avec les organismes du sol. Les plantes ont besoin des éléments nutritifs provenant du sol pour croître mais la disponibilité de ces éléments nutritifs est contrôlée étroitement par les activités des microorganismes du sol. Les cycles des éléments nutritifs et leur disponibilité sont grandement affectés par les interactions entre le sol et les plantes. Ce chapitre discutera de ces interactions et des mécanismes de prélèvement des éléments nutritifs. Les effets de la texture du sol, du pH, de la capacité d’échange cationique, de la saturation en bases, de la matière organique et de l’influence de la compaction du sol sur la disponibilité des éléments nutritifs seront aussi examinés. La Compétence 4 vise principalement à réviser les concepts de base de la science du sol en ce qui à trait à la gestion des éléments nutritifs. Pour plus d’information ou un approfondissement sur ce sujet, vous pouvez consultez Havlin et al., 1999. Objectif de performance 4.1 : Faire la liste des formes chimiques sous lesquelles les éléments nutritifs sont disponibles aux plantes. Les processus biologiques et chimiques transforment constamment les éléments nutritifs plantes dans le sol. Les éléments nutritifs changent d’une forme à une autre dans un cycle chimique continu. Dans certains cas, ces transformations peuvent résulter en un gain ou une perte d’éléments nutritifs dans le sol. Dans d’autres situations, les éléments nutritifs sont simplement transformés en une forme qui est plus ou moins disponible pour la plante. Donc, ces processus biologiques permettent l’addition ou le retrait du système ou bien, ils donnent lieu à une transformation de la forme des éléments nutritifs dans le sol. Ainsi, ces processus sont importants dans la compréhension de l’approvisionnement des éléments nutritifs aux plantes. Ce cycle biogéochimique comprend des transformations chimiques, biologiques et minérales qui peuvent rendre les éléments nutritifs plus disponibles ou moins disponibles à la plante. Le cycle fondamental biogéochimique des éléments nutritifs est décrit à la Figure 4.1. Les éléments nutritifs peuvent être trouvés sous une des trois principales formes ou pools dans le sol : l La biomasse représente les éléments nutritifs trouvés dans les tissus vivants. l Le pool organique contient les éléments nutritifs trouvés dans les composés organiques dans les tissus morts ou en décomposition (indiqué en gris dans la Figure 4.1), et l Le pool inorganique contient les différentes formes minérales des éléments nutritifs (pools sans ombre dans la Figure 4.1). 4-1 Les interactions sol-plante et la disponibilité des éléments nutritifs Figure 4.1 : Cycle biogéochimique des éléments nutritifs du sol. Les rectangles représentent les pools majeurs du sol, les ovales représentent les entrées et les sorties du système. Les pools organiques sont ceux ombragés en gris. Les éléments nutritifs ne sont pas liés dans aucun pool mais ils sont transformés de l’un à l’autre en réponse aux processus chimiques et biologiques. La mort, les excrétions et les exsudations accidentelles libèrent des composés organiques de la biomasse microbienne. Dans le processus appelé minéralisation, la décomposition microbienne des composés organiques brise les composés organiques en composés minéraux simples et libère des ions d’éléments nutritifs qui se dissolvent dans l’eau du sol. Les ions des éléments nutritifs peuvent être absorbés par les racines des plantes et les autres organismes du sol et ainsi, être assimilés dans leurs tissus. Dans les systèmes naturels, on peut assister à un cycle continu avec des pertes par lessivage, ruissellement et volatilisation en équilibre avec la désagrégation minérale et les entrées provenant de l’atmosphère. Les racines des plantes peuvent seulement absorber les formes inorganiques des éléments. Les plantes ne peuvent pas utiliser directement d’autres formes d’éléments. Ils doivent être transformés en formes inorganiques simples pour être absorbés. Les formes communes sous lesquelles les plantes absorbent les éléments nutritifs sont : l l l l l l l l l l l l l l azote – nitrate (NO3-) ou ammonium (NH4+) ; phosphore – phosphate (HPO 42-, H2PO 4-) ; potassium – cation (K+) ; soufre – anion sulfate (SO42-) ; calcium – cation (Ca2+) ; magnésium – cation (Mg2+) ; fer – ion ferreux (Fe2+), ferrique (Fe3+) ou chélate1; zinc – cation (Zn2+) ou chélate ; cuivre – cation (Cu2+) ou chélate ; manganèse – cation (Mn2+) ou chélate ; bore – acide borique (H3BO3), tétraborate (B4O72-) et borate (H2BO3-, HBO32-, BO33-) ; chlore – anion chlore (Cl -) ; molybdène – molybdate (MoO 42-, HMoO 4-). Chélates résultent de l’association entre les molécules organiques et des métaux peu solubles qui permet d’augmenter la solubilité du métal et améliorer sa disponibilité à la plante. 1 4-2 Les interactions sol-plante et la disponibilité des éléments nutritifs Objectif de performance 4.2 : Décrire le mécanisme de l’absorption des éléments nutritifs par les plantes. Il y a trois mécanismes par lesquels les racines des plantes viennent en contact avec les plantes (Figure 4.2) : l l l écoulement massique (mouvement de l’eau dans la racine de la plante en réponse à l’absorption de l’eau par les racines) ; diffusion (mouvement des ions dans la solution du sol en réponse à l’appauvrissement d’éléments nutritifs près des racines) ; et interception par les racines (croissance des racines et/ou extérieur des mycorhizes dans la solution du sol). Racine de la plante Eau Écoulement massique Diffusion Interception par la racine Figure 4.2 : Modes de contact des éléments nutritifs avec les racines des plantes. L’importance relative de chacun de ces mécanismes dépend de la nature de l’ion, des propriétés du sol et des habitudes de croissance du système racinaire de la plante. Les éléments nutritifs qui atteignent la racine par l’écoulement massique sont habituellement ceux qui sont présents dans la solution du sol en concentrations relativement élevées. L’absorption des éléments nutritifs par l’écoulement massique sera augmentée dans certaines situations où les racines prendront de grandes quantités d’eau. Les plantes prennent la plupart des ions NO3-, Ca2+, Mg2+, SO42 et Cl - par écoulement massique. La diffusion est le mécanisme principal qui déplace les éléments nutritifs à la surface des racines pour ceux qui sont modérément solubles et /ou relativement immobiles dans le sol. Quand la plante absorbe ces éléments, il y a un appauvrissement de ces composés à la surface de la racine. Par exemple, NH4+, K+ et le phosphate. Le taux d’humidité dans le sol influence beaucoup l’écoulement massique et la diffusion des éléments nutritifs dans les racines des plantes. En plus de prélever des ions de la solution du sol, les racines des plantes se procurent des cations (NH4+, K+, Ca2+,Mg2+, Fe3+, etc.) par des échanges directs avec les colloïdes (particules d’argile et d’humus). Les cations sont adsorbés sur les colloïdes par une attraction électrostatique entre les charges négatives sur la surface des colloïdes et les charges positives des cations. Les cellules des racines des plantes qui sont en contact avec les surfaces des colloïdes adsorbent les cations échangeables et ensuite, transportent les cations dans la cellule. Les racines des plantes absorbent certains éléments nutritifs passivement (sans dépenses d’énergie) quand il absorbe de l’eau. Cependant, les parois et les membranes cellulaires des cellules des racines offrent une barrière au passage de la plupart des ions; ainsi, dans plusieurs cas, la plante doit dépenser de l’énergie pour transporter les ions à travers la membrane 4-3 Les interactions sol-plante et la disponibilité des éléments nutritifs cellulaire. Par ailleurs, le prélèvement des éléments nutritifs est limité lorsque la respiration racinaire (processus par lequel les racines des plantes génèrent de l’énergie) est diminuée par un excès d’eau. Objectif de performance 4.3 : Décrire comment le pH du sol influence le comportement des éléments nutritifs dans le sol. En Atlantique, le pH du sol est peut être l’indicateur le plus important de l’aptitude d’un sol pour la production végétale. La plupart des plantes ont une meilleure croissance dans un sol de pH 6 à 7 (légèrement acide à neutre). La croissance des plantes et la production peuvent devenir progressivement plus difficiles quand le pH est au-dessus de 7 et en bas de 6. Les pH de base au-dessus de 7 sont rares en Atlantique; la plupart des sols sont naturellement acide, pH inférieur à 6. Ainsi, le contrôle de l’acidité du sol est une préoccupation majeure dans la gestion des sols. Plusieurs changements importants dans la chimie des sols se produisent quand le pH descend en bas de 6. Certains éléments tels les cations métalliques aluminium(Al), fer (Fe) et manganèse (Mn), deviennent plus solubles, tandis que certains anions, tels phosphore (P) et molybdène (Mo), deviennent moins solubles. l Al et Mn sont des métaux abondants dans le sol, spécialement en Atlantique mais ils demeurent insolubles et ne réagissent plus à des pH neutres. Quand le pH du sol descend en bas de 6, ces deux éléments deviennent graduellement plus solubles et plus réactifs. Dans les sols acides, ils peuvent augmenter jusqu’à des niveaux toxiques et ainsi, diminuer la croissance des racines aussi bien que la santé et la vigueur du plant. L’activité de l’Al et du Fe dans les sols acides peut influencer la chimie des sols et affecter la production de la culture. En conditions acides, l’Al et le Fe réagissent avec les engrais chimiques et le phosphore pour produire des composées phosphatés insolubles : ce processus se nomme fixation de phosphore. Dans cette situation, le phosphore devient non disponible pour les plantes. La plupart du P contenu dans les engrais chimiques appliqués en des sols acides subissent ce sort. l l Les concentrations de Ca et de Mg dans le sol diminue quand le pH baisse ; donc, l’addition de ces deux éléments nutritifs est habituellement nécessaire pour la production végétale. Les microorganismes qui libèrent des éléments nutritifs solubles de la matière organique sont aussi affectés défavorablement par l’acidité du sol; alors, l’approvisionnement naturel d’éléments nutritifs pour la croissance des plantes est interrompu. Lorsque le pH du sol baisse, la santé générale et la vigueur des plantes diminuent. Les plantes sont moins aptes à prélever d’autres éléments nutritifs et aussi, les engrais chimiques sont moins bien utilisés. 4-4 Les interactions sol-plante et la disponibilité des éléments nutritifs Un regard holistique : Une augmentation de l’acidité du sol et ses effets peuvent créer une spirale négative. Lorsque la vigueur des plantes est. réduite, elles produisent moins de biomasse. Cette situation ne réduit pas seulement le rendement (et tous les profits s’y rattachant), mais aussi, ceci réduit la quantité de biomasse retournée au sol. Cette biomasse est un approvisionnement de valeur lors de sa décomposition. À cause des conditions acides du sol, les microorganismes sont dans des conditions difficiles pour s’activer à la décomposition du matériel retourné au sol. La carence nutritive qui s’en suivra devra être compensée par des augmentations d’applications d’engrais chimiques, élevant ainsi les coûts pour l’agriculteur. L’application périodique de chaux agricole dolomitique empêchera les effets négatifs de l’acidité des sols et rendre disponible les quantités nécessaires de Ca et Mg pour la croissance des plantes. Lorsque le pH descend en bas de 6, une quantité de chaux suffisante devrait être appliquée pour monter le pH à 6,5. Garder le pH entre 6 et 7 assure une solubilité maximum et le prélèvement adéquat des engrais chimiques phosphatés tout en réduisant la solubilité du Al et Mn, potentiellement phytotoxiques. Maintenir le pH du sol dans l’intervalle optimum pour accroître l’efficacité des engrais chimiques améliore la vigueur de la culture et la qualité ainsi que le rendement. Quelques cultures de cette région, comme les bleuets et les pommes de terre, sont bien adaptées aux conditions acides du sol. l l Les bleuets demandent une concentration plus élevée en Fe que la plupart des cultures. Comme indiqué plus haut, le Fe du sol devient progressivement plus soluble quand le pH descend; ainsi, la production de bleuets est limitée à des sols naturellement acides. Par ailleurs, les pommes de terre sont cultivées dans des sols acides pour combattre la gale commune de la pomme de terre. Elle est une infection du tubercule qui affecte son apparence visuelle et la rend moins attirante pour le consommateur. Historiquement, dans la production de pommes de terre, l’application de la chaux se fait après la culture de pommes de terre dans la rotation; alors, le pH du sol est endessous de 5,5 environ lorsque les pommes de terre sont produites à nouveau. En Atlantique, la plupart des cultures demandent l’application de 2 à 5 tonnes de chaux à l’hectare chaque 3 à 5 années. Les sols contenant beaucoup d’argile et/ou de matière organique ont besoin de plus grandes quantités de chaux mais de moins fréquentes applications ; comparativement aux sols sableux avec moins de matière organique. L’analyse de sol demeure la meilleure méthode pour déterminer les quantités précises et la fréquence des applications de chaux. Objectif de performance 4.4 : Discuter du rôle de l’échange cationique et de la saturation des bases dans la rétention des éléments nutritifs dans le sol et de la disponibilité des éléments nutritifs aux plantes. L’échange cationique est l’adsorption-désorption des ions positifs à la surface des colloïdes du sol. Les colloïdes sont de très petites (~ 1 mm) particules d’argile et d’humus qui ont des charges nettes négatives à leur surface. Ces charges négatives attirent et gardent les ions positifs (cations) et repoussent les ions négatifs (anions). Puisque la majorité des éléments nutritifs essentiels sont des cations, l’échange cationique a des effets importants sur la fertilité du sol. 4-5 Les interactions sol-plante et la disponibilité des éléments nutritifs Les liens électrostatiques entre les colloïdes du sol et les cations aident à retenir les cations dans le sol et ainsi, ils sont moins aptes à être perdus par lessivage. Les cations adsorbés ne sont pas liés de façon permanente aux colloïdes; cependant, ils sont en équilibre dynamique avec les cations dissous. Si un type de cation dissout est épuisé par le prélèvement des plantes, le système répond en désorbant des cations dans le but de refaire l’équilibre entre la phase dissoute et la phase adsorbée. Les cations K+, Ca2+ et Mg2+ adsorbés représentent le plus grand pool d’éléments disponibles dans un sol en santé. Exemple : Pour illustrer l’échange de cation, regardons le potassium (K+ ) qui est requis en grande quantité par les plantes. Les racines des plantes absorbent le K + du sol à partir de la solution créant un débalancement entre le K+ en solution et le K + adsorbé. La distribution du K+ entre la solution et la phase d’adsorption s’ajuste pour restaurer la balance initiale, tel que le K+ enlevé de la solution du sol est replacé par la désorption de K+ de la surface des colloïdes du sol. L’échange cationique a aussi un effet tampon sur le pH du sol. Des sols avec une CEC élevée ont la capacité d’adsorber la plupart des H+ produit ou additionné au sol. Lorsque les H+ sont adsorbés au lieu d’être en solution, ils n’affectent pas le pH du sol. Alors, une CEC élevée diminue les changements dans le pH du sol. Ces sols auront besoin moins de chaux que les sols avec une faible CEC. Par ailleurs, un sol très tamponné devient acide et il demande beaucoup d’application de chaux pour neutraliser la grande quantité de cations H+adsorbés et gardés en réserve à la surface des colloïdes. La rétention des cations par l’échange cationique construit la réserve de cations. Cette réserve peut agir comme une importante provision pour les cations qui sont des éléments nutritifs pour les plantes. Ainsi, un sol avec une CEC élevée est généralement plus fertile qu’un sol avec une faible CEC. Objectif de performance 4.5 : Expliquer comment la matière organique et les propriétés biologiques du sol influencent la disponibilité des éléments nutritifs. Il y a différents « pools » de matière organique dans le sol. Une partie du pool de matière organique du sol (MOS) est active ; c’est-à-dire, qu’elle est rapidement formée par la croissance des organismes du sol, dégradée lors des la décomposition des résidus et minéralisée dans la même saison de croissance. Une autre partie est plus passive; elle peut résister à la dégradation pour une grande période de temps, cent à milles années telles que l’humus du sol. La résistance à la dégradation est due à la complexité chimique de la matière organique (Figure 4.3). La proportion relative de ces pools comprenant la fraction organique d’un sol typique est illustré à la Figure 4.4. 4-6 Les interactions sol-plante et la disponibilité des éléments nutritifs Figure 4.3 : Modèle de la structure d’un acide humique (de Schulten and Schnitzer, 1997). Figure 4.4 : Composition de la matière organique. 4-7 Les interactions sol-plante et la disponibilité des éléments nutritifs La matière organique est une bonne provision d’éléments nutritifs. Lorsque la fraction active de la matière organique se décompose, les éléments nutritifs sont relâchés dans le sol et ils deviennent disponibles pour les plantes. La matière organique active et la biomasse microbienne peuvent compter pour 50% des éléments nutritifs disponibles aux plantes dans une saison de croissance. Les organismes du sol réalisent la décomposition de la matière organique. La composition de la population du sol influencera le taux de décomposition et la mesure à laquelle le relâchement des éléments nutritifs se fera. Pour comprendre cet effet, il faut étudier l’écologie des organismes du sol. Écologie du sol Il y a une grande diversité et une multitude d’organismes dans les sols en santé tel que montré au Tableau 4.1 et à la Figure 4.5. Il a été évalué que 50% des espèces qui existent sur la terre se trouvent dans le sol. La population bactérienne dans une cuillère à thé dépasse 10 milliards, ce qui représente plus que la population humaine de la terre. Cette diversité est due en partie à l’extrême diversité de l’environnement du sol (Figure 4.6). La variété de substrats et d’environnement présente permet une grande variété d’espèces de coexister. Ces organismes recherchent de l’énergie (composés organiques) et utilisent ces sources d’énergie dans le but de survivre. Dans ce processus de vie, ils décomposent la MOS et relâchent différents éléments contenu dans les protéines, les acide aminés, etc. Ces éléments dont plusieurs sont essentiels pour les plantes, se déplacent dans la solution du sol ou sont adsorbés par les particules de sol et elles peuvent ainsi être utilisées par les plantes. Tableau 4.1 : Indication de la taille, de la biomasse, de l’activité et du taux de retour de certains organismes du sol. 4-8 Organismes Diamètre Biomasse Bactérie Champignon (cm) 1-2 µm 2.5 µm Amibe Nématodes Collembole Mites Vers de terre 30 µm 40 µm 5000 µm 1000 µm 5000 µm (kg ha-1) 500-750 7002700 50 1.5-4 0.2-0.5 2-8 25-50 Pourcentage d’activité (%) 15-30 2-10 0-100 0-100 80-100 80-100 0-100 Taux de retour (saison-1) 0.5 4-8 2-4 2-4 2-3 2-3 3 Les interactions sol-plante et la disponibilité des éléments nutritifs Figure 4.5 : La représentation de la diversité des organismes dans une pile de compost, démontrant la grande variété de fonctions de la décomposition primaire aux consommateurs secondaires et tertiaires d’organismes (de Dindal, 1989). Les sols ont encore une plus grande diversité de vie. 4-9 Les interactions sol-plante et la disponibilité des éléments nutritifs Figure 4.6 : En scannant aux micrographes électroniques un agrégat de sol, on peut démontrer la distribution de particules de sol, de matière organique et microorganismes. Un sol en santé est la résultante de la diversité de ses composés organiques (types et persistance relative) et la diversité des organismes du sol. Un sol en santé réalise ses fonctions de support de la croissance des plantes à travers un relâchement naturel d’éléments nutritifs et de recyclage. Objectif de performance 4.6 : Décrire comment la texture et la structure du sol influence le comportement des éléments nutritifs. La plupart des éléments nutritifs essentiels à la croissance des plantes sont des cations. Ceux-ci sont retenus dans le sol par le processus d’échange cationique. La capacité du sol de maintenir les éléments nutritifs dans le sol est déterminée en grande mesure par sa CEC laquelle est presque exclusivement déterminée par le pourcentage d’argile et de matière organique dans le sol. 4-10 Les interactions sol-plante et la disponibilité des éléments nutritifs Méthode empirique pour l’Atlantique : 0.4 cmol[+]/kg sol pour chaque 1% d’argile + 2.0 cmol[+]/kg soil pour chaque 1 % de MO. Dans ce contexte, la texture du sol est importante. Les sables et les loams sont chimiquement inertes. Alors, la dynamique de la chimie du sol est presque exclusivement dirigée par le contenu en argile (< 0.001 mm en diamètre) et la matière organique colloïdale (spécialement l’humus). La texture et la structure influencent aussi le taux auquel l’eau coule à travers le sol. Les textures grossières (sables) ou les sols avec une structure bien développée permettra à l’eau de couler à une vitesse plus rapide. La vitesse à laquelle l’eau coule influence le lessivage des éléments nutritifs de la zone des racines. Dans les régions humides du monde, où les précipitations excèdent l’évapotranspiration pendant plusieurs périodes de l’année comme en Atlantique, il y a un mouvement net vers le bas de l’eau à travers le profil du sol. Dans les sols qui laissent passer l’eau rapidement, il y a un plus grand potentiel pour que ce mouvement d’eau vers le bas transporte avec elle des éléments nutritifs. Cette situation est aggravée par la faible CEC de ces sols à texture grossière. Alors, ces sols sont ordinairement moins fertiles que les sols de texture moyenne à fine et il y a un plus grand risque d’avoir un impact sur l’eau souterraine. Il faut prendre certaines précautions dans la gestion des éléments nutritifs de ces sols pour assurer un impact minimum sur l’eau souterraine. En particulier, des stratégies doivent être considérées pour minimiser les éléments nutritifs mobiles durant les périodes de risques élevés de lessivage (printemps et automne). Objectif de performance 4.7 : Décrire comment les conditions dans un sol détrempé influencent le comportement des éléments nutritifs. Les sols saturés en eau ou détrempés sont généralement en manque d’oxygène. La croissance des racines des plantes et leur fonctionnement sont dépendantes d’un approvisionnement constant en oxygène provenant du sol ; alors, elles souffrent considérablement d’un manque d’aération du sol. Des plantes en sol détrempé souffriront du manque d’oxygène ou de l’accumulation des rejets toxiques de la fermentation dans un période de temps relativement courte, de quelques heures à quelques jours. Les racines des plantes peuvent pousser dans des zones dépourvues d’oxygène alors que les racines existantes peuvent mourir en quelques heures seulement si elles manquent d’oxygène. Puisque la respiration des racines dépend de l’apport d’oxygène, les sols détrempés limiteront l’absorption par les racines d’éléments nutritifs par transport actif. Des carences en K+ peuvent apparaître dans les sols détrempés même quand ils ont apparemment une concentration suffisante de K+ pour la croissance normale des plantes. Les autres éléments nutritifs sont affectés à des moindres degrés. La plupart des organismes du sol sont aérobies (utilisent l’oxygène pour leur métabolisme) ; cependant, quelques bactéries sont anaérobies (utilisent des substances autres que l’oxygène pour leur respiration, telles NO2- et SO42- ). Par la dénitrification, l’activité des microorganismes aérobies convertit le NO3- -N disponible à la plante en azote gazeux qui est non disponible à la plante ; ce processus peut faire perdre des quantités significatives d’azote au sol. 4-11 Les interactions sol-plante et la disponibilité des éléments nutritifs On doit reconnaître qu’il y a une grande variété d’opportunités dans le sol ; cependant, les conditions qui sont intéressantes particulièrement sont celles qui peuvent bénéficier à la croissance de la plante. Ce qui comprend : l l l sol en santé avec une aération acceptable ( structure de sol et formation de macroporosité) ; absence de compaction ; et communauté d’organismes diverse et active dans le sol. Sous ces conditions, la décomposition de la MOS est maximisée et on assiste au relâchement d’éléments nutritifs qui seront disponibles aux plantes. Objectif de performance 4.8 : Expliquer l’influence de la compaction du sol sur la disponibilité des éléments nutritifs, le prélèvement des plantes et le ruissellement. Disponibilité des éléments nutritifs La compaction du sol n’influence pas directement la disponibilité des éléments nutritifs ; car, les éléments nutritifs sont disponibles toujours dans la solution du sol même si le sol est compacté. Cependant, la compaction du sol réduit l’espace qu’occupent les pores en augmentant la proportion relative des micropores par rapport aux macropores et ainsi, diminue l’aération adéquate du sol. Cette situation à elle seule dégrade la santé des plantes et de la rhizosphère car elle diminue l’activité microbienne. Dans des sols compactés, la dominance des pores plus petits peut réduire aussi la disponibilité de l’eau pour la plante. L’eau est maintenue dans des pores trop petits ou trop serrées pour que la plante puisse l’extraire. La compaction des sols a plusieurs effets indirects sur les propriétés physiques, hydrologiques, chimiques et biologiques du sol. Ceux-ci interagissent pour réduire la santé générale du sol. Prélèvements par la plante La compaction diminue la porosité totale et la disponibilité de l’eau; tous les deux étant importants pour la rétention et le prélèvement des éléments nutritifs. La compaction influence indirectement le prélèvement des éléments nutritifs en ayant un effet sur les propriétés physiques, hydrologiques, biologiques et chimiques de l’environnement du sol. Les racines des plantes peuvent avoir de la difficulté à pénétrer des sols très compactés et réduisant encore plus le prélèvement de l’eau et des éléments nutritifs. Ruissellement La compaction augmente le ruissellement due à la dégradation de la structure du sol associée au développement des macropores. Les macropores (> 0.08 mm en diamètre) permettent une infiltration de l’eau et un drainage par gravité des sols. La compaction ne réduit pas seulement la porosité totale mais aussi, elle réduit la proportion des macropores et augmentent la proportion des micropores dans le sol. Ces plus petits pores ne permettent pas l’infiltration rapide de l’eau; cependant, l’eau à la surface (pluie ou irrigation) s’accumulera et générera un écoulement et du ruissellement ayant comme conséquence de l’érosion. 4-12 Les interactions sol-plante et la disponibilité des éléments nutritifs Objectif de performance 4.9 : Discuter comment les propriétés chimiques, physiques et biologiques varient avec le paysage. Il est important de réaliser que les sols varient dans leurs propriétés physiques, chimiques et biologiques dans l’espace (espace horizontal) aussi bien qu’en profondeur. Quelques relations entre le paysage du sol sont évidentes à une grande distance (Ex. : les prairies versus les forêts de conifères) mais des différences similaires peuvent apparaître dans l’espace de l’échelle du champ. Les sols varient dans l’espace en réponse aux influences des facteurs de formations du sol (climat ; organismes/ végétations ; topographie/relief ; matériel parental ; temps). Les interactions entre ces variables causent des changements dans l’hydrologie interne du sol, le contenu en matière organique, le matériel parental (spécialement les caractéristiques particule-taille). Ceci, en retour, influence le relâchement des éléments nutritifs de la décomposition SOM par l’activité microbienne, le statut de l’eau (environnement d’oxydation versus réduction) et la capacité de maintenir les éléments nutritifs (CEC : argile et matière organique). Une relation commune observée est le modèle trouvé le long d’une pente (Figure 4.7). Les sols au bas de la pente ont fréquemment des profils plus épais avec plus de matière organique. L’association des sols faisant partie de la pente se nomme une catena. 4-13 Les interactions sol-plante et la disponibilité des éléments nutritifs Figure 4.7 : Diagramme montrant la distribution des sols dans un paysage (Michalyna et al., 1976). Il est important de comprendre cette distribution des sols et de l’eau dans un paysage car elle peut être très importante dans la compréhension du potentiel de productivité du sol et leur impact possible sur l’environnement. C’est un concept fondamental qui est la base de l’agriculture de « précision » ou la technologie de taux variables. Ces approches visent à ajuster l’application des éléments nutritifs basés sur la variation de la fertilité et la productivité potentielle du site. Ces approches commencent à être adoptées en Atlantique. Ce concept sera discuté à nouveau lors du calcul de l’index phosphore. 4-14 Les interactions sol-plante et la disponibilité des éléments nutritifs Références : Dindal, D. 1989. Yard Waste Composting Guide. Michigan Department of Natural Resources. Havlin, J.L., Beaton, J.D., Tisdale, S.L. and Nelson, W.L. 1999. Soil Fertility and Fertilizers: An Introduction to Nutrient Management. Sixth Edition. Prentice Hall Canada, Toronto, ON. Pp. 499. Michalyna, W., Podolsky, G.P. and Gardiner, W. 1976. Soils of the Brandon Region Study Area. Manitoba Department of Municipal Affairs, Municipal Planning Branch, Winnipeg, MB. 251 pp. Schulten, H. R. and Schnitzer, M. 1997. Chemical Model Structures for Soil Organic Matter in February issue of Soil Science. Contribution : Figure 4.6 : de David Burton. Exemple de questions : 1. Les transformations des éléments nutritifs peuvent avoir pour conséquence sur les éléments nutritifs : a. Deviennent moins disponibles pour le prélèvement par la plante b. Deviennent plus disponibles pour le prélèvement par la plante c. Soient perdus du sol d. Soient remis au sol e. Toutes ces réponses f. Aucune de ces réponses 2. Une raison pour laquelle l’acidité est un problème pour la production de la plupart des cultures est que : a. Il faut que l’aluminium et le manganèse dans le sol soient moins disponibles b. Il faut que le phosphore soit plus disponible c. Il réduit généralement l’efficacité des engrais chimiques ajoutés d. Il faut que les microéléments métalliques soient moins disponibles e. Il augmente l’activité microbienne 3. Il y a a. b. c. d. e. une capacité d’échange cationique dans le sol à cause de : La répulsion électrique entre les colloïdes du sol et les cations L’attraction électrique entre les colloïdes du sol et les cations L’hydrolyse causée par certains cations L’augmentation de la quantité de sels dans le sol Le fait que la majorité des éléments nutritifs essentiels sont des cations. 4. La fraction active de la matière organique compte largement pour quel bénéfice de l’ajout de matière organique au sol ? a. Augmente la CEC b. Augmente la capacité de rétention de l’eau c. Augmente l’activité microbiologique d. Augmente la stabilité des agrégats e. La c) et la d). 4-15 Les interactions sol-plante et la disponibilité des éléments nutritifs 5. Quel est la CEC du sol qui a 10 % d’argile et 2 % de matière organique ? a. 24 cmol [+] /kg de sol b. 16 cmol [+] /kg de sol c. 14 cmol [+] /kg de sol d. 12 cmol [+] /kg de sol e. 8 cmol [+] /kg de sol 6. Un sol a. b. c. d. e. 4-16 compacté aura vraisemblablement : Un échange gazeux élevé Un contenu élevé en O2 dans la zone des racines Des macropores connectés Des micropores non-connectés La b) et la d).