3
En second lieu, les congés payés s'insèrent dans le compromis institutionnalisé sur le partage
des gains de productivité entre profits, salaires directs, salaires indirects (via la sécurité
sociale) et congés payés, auxquels peuvent s'ajouter des primes de vacances, des aides et, dans
les grandes entreprises, l’accès aux hébergements du Comité d’entreprise. Les congés payés
sont après les cotisations retraites le second élément de la déconnexion temporelle entre
travail et salaire.
Enfin le tourisme est une des normes de la consommation fordiste, en lien avec la
marchandise fondamentale du fordisme qu’est l'automobile
, et contribue ainsi à assurer
l'adéquation entre production de masse et consommation de masse par l’effet multiplicateur
des dépenses touristiques et des construction d’hébergements (y compris de résidences
secondaires), mais aussi en alimentant les processus d'imitation et de différenciation, moteurs
socio-économiques de la société de consommation.
Avec le fordisme, le tourisme n’est plus un privilège social réservé à une classe d’oisifs
décrite par Veblen, mais acquiert une légitimité économique. Concomitamment à la diffusion
de l’automobile, dont le taux d’équipement des ménages progresse de 45% au début des
années 1960 à 70% à la fin des années 1970, le taux de départ augmente de façon régulière de
44% en 1964, date de la première enquête de l’INSEE sur les vacances des Français, à 56% en
1979. Sur la même période, les nuitées de vacances des Français passent de 611 millions à
886 millions, soit un rythme moyen de progression annuelle de +3% par an (+2,4% pour les
nuitées des Français en France et +7,9% pour les nuitées des Français à l’étranger), dans un
contexte de très forte progression, en termes réels
, du PIB (+4,6% par an en moyenne) et de
la consommation (+4,4%).
Sur la même période, venant renforcer ce développement interne de l’activité touristique, les
arrivées touristiques internationales doublent, passant de 12 millions en 1964 à 25 millions en
1976, soit une progression moyenne de plus de 6% par an, un rythme semblable à celui des
exportations françaises qui progressent alors en termes réels de 8% par an.
Mesurer l’importance du tourisme : deux concepts clés de consommation
touristique…
Le besoin de quantifier précisément le développement du tourisme n’apparait que plus tard, à
partir de 1980. L'impact monétaire de l'activité touristique sur le plan macroéconomique est
identifié à travers l’établissement de Comptes satellites du tourisme (CST), et cela en
conformité avec les conventions internationales
. Des données de dépenses sont collectées
auprès des touristes français et des visiteurs étrangers, qui sont ensuite synthétisées en
catégories emboitées de consommations touristiques, selon des règles en concordance avec les
nomenclatures d’activités et de produits de la Comptabilité nationale. De plus, au suivi des
séjours de vacances (d’au moins 4 nuitées consécutives), sont ajoutés à partir de 1990 les
courts séjours (1 à 3 nuitées), et à partir de 2010 les excursions (voyages à la journée).
En 2014, l’automobile est le mode de déplacement de 74% des séjours touristiques des Français, 80% pour les
séjours en France, 26% pour les séjours à l’étranger (pour lesquels l’avion est prédominant à 57%).
i.e. déduction faite de l’inflation générale.
dont la dernière version sous l’égide des Nations Unies, de l’OMT, d’Eurostat et de l’OCDE est : Compte
satellite du tourisme : recommandations concernant le cadre conceptuel 2008, Études méthodologiques, Série F
N° 80/Rev.1, 2010