Pharma-News

publicité
Mai 2003
Pharma-News
Numéro 3
Le journal de l'équipe officinale
Sommaire
Nouveautés : MYFORTIC°
RELPAX°
NOSE FRESH + D°
immunosuppresseur proche du CELLCEPT°
nouvel antimigraineux, à utiliser en dernier
recours
un nouveau traitement contre l'hyperplasie
bénigne de la prostate (HBP)
larmes artificielles avec nouvel agent
conservateur
humidifiant et cicatrisant nasal
VISTABEL°
traitement antirides à ne pas banaliser !
AVODART°
CELLUFLUID°
A paraître :
Phytothérapie :
Plantes et interactions
Pharmacovigilance : DESURIC°
Coxibs
plus nombreuses qu'on ne le croit
retrait du marché
réactions allergiques graves
Pour en savoir plus : L'hyperplasie bénigne de la prostate (HBP)
En bref :
PRACTO-CLYSS° / CLYSSIE° - NOVOPEN° - KINZAL/PLUS°
Dernière minute :
La pneumonie atypique
Editorial
Références
Lors de la parution du premier Pharma-News, on nous a demandé pourquoi nous mettions tant
de références dans nos articles. Certains nous ont dit que c'était inutile, que la plupart des
lectrices et lecteurs n'iraient de toute façon jamais lire le Prescrire, le Medical Letter ou le
Compendium pour approfondir un article du Pharma-News. C'est probable, en effet.
Mais les références ne servent pas qu'à vous dire où aller pour approfondir un sujet. Elles
servent aussi à vous indiquer d'où vient l'information et donc dans quelle mesure vous pouvez
vous y fier. Il est clair que la confiance dans une source sera différente suivant qu'elle est un
journal médical ou un prospectus publicitaire de la firme qui commercialise le produit !
Lorsque nous rédigeons nos articles, nous tâchons de nous baser autant que possible sur des
informations obtenues auprès de sources indépendantes plutôt qu'auprès des fabricants, qui
par définition ont intérêt à présenter leurs produits sous leur meilleur jour. C'est pourquoi
nous indiquons le nom et la page du livre ou périodique d'où nous avons tiré les informations,
afin que vous puissiez toujours vérifier leur validité.
Alors lisez de manière critique et apprenez à reconnaître les sources dignes de foi !
Pour vous y aider, voici un petit aperçu (non-exhaustif) des sources que nous utilisons le plus
et un bref commentaire sur leur validité :
Prescrire : c'est un peu LA référence francophone en matière de médicaments; ce mensuel
a comme principe de ne fournir que des informations vérifiées par des études
scientifiques de qualité; cette démarche donne une grande valeur aux
informations qui y figurent, mais ne permet pas d'évaluer les médicaments pour
lesquels de telles études font défaut (médicaments anciens, plantes, etc…); de
plus, comme c'est un journal français, certains médicaments du marché suisse n'y
ont jamais été traités
Medical Letter : en quatre pages toutes les deux semaines, le ML présente les médicaments
nouvellement mis sur le marché aux Etats-Unis, ainsi que des revues annuelles
de thèmes spécifiques, comme les anti-infectieux, etc… Informations fiables
British Medical Journal (BMJ), Lancet et New England Journal of Medicine (NEJM) : ce
sont trois périodiques de langue anglaise de référence qui rapportent des études
scientifiques ou des synthèses de très bonne qualité; il est rare qu'on les trouve
en pharmacie…
Martindale : Le Martindale est une autre référence en
matière de médicaments, qui a pour seul Petit truc utile à la pharmacie
Martindale contient dans ses dernières
défaut de n'être publié que tous les deux Le
pages les nom et composition d'énorméans, ce qui fait que certains produits très ment de médicaments commercialisés en
récents n'y sont pas encore mentionnés; si Europe, aux Etats-Unis, en Asie et en
Bien plus
l'information sur les médicaments est Australie-Nouvelle-Zélande.
complet que l'Index Nominum, car il
bonne, les traitements proposés ne sont contient aussi les spécialités composées !
malheureusement pas toujours très actuels
Compendium Suisse des Médicaments : contrairement à ce que l'on croit souvent, ce n'est
pas la "bible" du pharmacien… En effet, les informations qui y figurent sont
rédigées par les firmes pharmaceutiques (sous contrôle de Swissmedic, il est
vrai) qui ne se "mouillent" pas trop (voir par exemple les informations sur les
catégories de grossesse qui permettent rarement de prendre une décision en toute
confiance); nous y avons aussi trouvé des informations discutables (posologies
des anti-poux, p.ex)
Pour finir, rappelons qu'il n'y a pas de "bible universelle" en matière de médicaments. Les
informations que nous considérons comme certaines aujourd'hui peuvent être invalidées
demain par de nouvelles études plus poussées. C'est justement pour cette raison que la lecture
d'un périodique comme le Pharma-News, qui suit l'actualité, est importante !
Bonne lecture !
Pierre Bossert
Marie-Thérèse Guanter
Caroline Mir
Christophe Rossier
Martine Ruggli
Marie-Laure Savoia Bossert
© Pharma-News
page 2
Numéro 3, Mai 2003
Nouveautés
MYFORTIC° (acide mycophénolique)
MYFORTIC° est un immunosuppresseur indiqué pour l'instant uniquement pour prévenir
les rejets après une transplantation rénale.
MYFORTIC° est très proche du CELLCEPT° qui
est la prodrogue de l'acide mycophénolique (cf.
encadré). Tous deux doivent être administrés en
association
avec
la
ciclosporine
(SANDIMMUN°) et des corticostéroïdes.
L'équivalence thérapeutique entre MYFORTIC° et
CELLCEPT° a été démontrée chez des patients
après transplantation rénale 1. Le CELLCEPT°,
qui est sur le marché depuis plusieurs années, est
quant à lui prescrit dans la prévention des rejets de
greffe de rein, de foie et de cœur.
Les comprimés de MYFORTIC° sont enrobés d'un film gastrorésistant, ce qui permet une libération du principe actif
uniquement dans l'intestin et diminue ainsi les effets secondaires
gastriques 2. Comme les autres médicaments de cette classe,
MYFORTIC° entraîne beaucoup d'effets secondaires
potentiellement graves dont les plus fréquents sont la diarrhée et
la leucopénie (chute du nombre de globules blancs). Cependant
des études semblent avoir montré que le MYFORTIC° entraînait moins d'effets indésirables
graves que le CELLCEPT° 3. (Attention : les patients sous traitement immunosuppresseur
sont par définition fortement exposés aux infections opportunistes et aux tumeurs malignes 4)
Une prodrogue est une
substance qui n’est pas active
en elle-même, mais qui le
devient après transformation
dans le corps (le plus souvent
dans le foie). On parle alors de
"métabolite actif".
Le traitement par MYFORTIC° doit être débuté dans les 24 heures suivant la transplantation.
La posologie recommandée est de 2 comprimés à 360 mg 2 fois par jour (CELLCEPT° :
2 comprimés à 500 mg 2 fois par jour). D'autre part il est totalement contre-indiqué pendant
la grossesse car il peut entraîner des malformations : un résultat négatif au test de grossesse
doit être obtenu avant d'instaurer le traitement et deux méthodes de contraception différentes
doivent
être
utilisées
Rappel : Traitement immunosuppresseur anti-rejet de greffe
pendant le traitement et
Après la transplantation d'un organe, l'organisme a le réflexe de réagir afin de
durant les 6 semaines qui
rejeter le greffon qui constitue pour lui un corps étranger. Le but d'un
suivent l'arrêt. En effet,
traitement immunosuppresseur est de prévenir ce rejet en inhibant l'activité
des cellules responsables de cette réponse immunitaire (en particulier les
l'efficacité des contraceptifs
globules blancs). Sont utilisés dans ce but la ciclosporine (SANDIMMUN°),
oraux n'est pas garantie lors
les autres immunosuppresseurs comme MYFORTIC° ou IMUREK°, et les
du
traitement
par
corticostéroïdes, souvent en association.
MYFORTIC° 4.
Le grand problème des traitements immunosuppresseurs est qu'ils diminuent
également l'immunité des patients vis-à-vis des hôtes indésirables de
l'organisme comme les bactéries et les virus, les rendant ainsi très vulnérables
face aux infections, et aussi vis-à-vis des tumeurs.
1
Salvadori M et al. Transplantation Proceedings 2001; 33: pp. 3245-3247
Infos Novartis – site internet: www.transplantation-suisse.ch
3
Pelletier RP et al. American Transplant Congress. Washington 2002
4
Compendium suisse des médicaments 2003
2
© Pharma-News
page 3
Numéro 3, Mai 2003
D’autres précautions sont à prendre en compte :
- La formule sanguine doit être contrôlée régulièrement pendant la première année de
traitement, car les médicaments immunosuppresseurs perturbent la formation des cellules
sanguines, en particulier les globules blancs.
- Les patients doivent immédiatement contacter le médecin en cas de signes d'infection,
d'ecchymoses inexpliquées ou de tout saignement.
- Il faut éviter de prendre en même temps que MYFORTIC° des antiacides contenant de
l'hydroxyde de magnésium et d'aluminium (ALUCOL°, MAALOXAN°), car ces derniers
réduisent l'absorption du principe actif 4.
- Les patients recevant un traitement immunosuppresseur doivent se protéger au maximum
des rayons UV (port de vêtements et utilisation d'un écran solaire à indice élevé), afin de
limiter le risque de cancer cutané.
MYFORTIC° – A retenir pour le conseil :
Immunosuppresseur administré en association avec la ciclosporine (SANDIMMUN°)
et les corticostéroïdes après transplantation de rein
Efficacité équivalente à son prédécesseur le CELLCEPT°, avec peut-être moins
d'effets secondaires
Attention à l'augmentation de la sensibilité aux infections
Totalement contre-indiqué pendant la grossesse
Peut diminuer l’efficacité des pilules contraceptives => utiliser un moyen de
contraception supplémentaire
Interactions avec les antiacides type ALUCOL°
Bien se protéger du soleil durant le traitement
RELPAX° (élétriptan)
RELPAX° est le 5ème représentant de la famille des triptans commercialisé en Suisse après
IMIGRAN° (sumatriptan), ZOMIG° (zolmitriptan), NARAMIG° (naratriptan) et MAXALT°
(rizatriptan). Ces substances - des agonistes de
la sérotonine - agissent spécifiquement dans le
traitement des crises migraineuses car elles
provoquent une vasoconstriction des artères du
cerveau qui sont dilatées lors de migraine; elles
soulagent également les symptômes associés à la
migraine tels que nausées, photophobie et
intolérances au bruit. Les triptans ne doivent être
utilisés qu'en cas de diagnostic formel de
migraine, mais ils n'ont aucune efficacité
prophylactique 5.
Selon les études disponibles, la balance entre bénéfices et risques est proche pour les cinq
triptans existant sur le marché; certains semblent agir plus rapidement (p.ex. MAXALT°),
d'autres plus longtemps (p.ex. NARAMIG°), mais leur efficacité et leur tolérance sont dans
l'ensemble comparables. Pour l'instant l'IMIGRAN° reste le triptan de référence, car c'est
celui où l'on possède le plus de recul. En cas d'échec ou d'intolérance, trois autres triptans
5
Compendium suisse des médicaments 2003
© Pharma-News
page 4
Numéro 3, Mai 2003
étaient déjà disponibles sur le marché. Etant donné que le RELPAX° ne semble rien apporter
de plus, qu'il est récent (donc moins bien documenté) et qu'il semble causer plus d'interactions
que les autres, il constitue le triptan de 5ème choix dans le traitement par voie orale des formes
sévères de crise migraineuse non soulagées par les AINS ou des dérivés de l'ergotamine
associés à la caféine 6.
Il est reconnu que les effets indésirables sont étroitement liés à la dose, donc il est important
d'obtenir un soulagement avec une dose la plus faible possible 6. Toutefois, la réponse à un
triptan donné peut varier fortement d'un patient à l'autre et il faut souvent tâtonner pour
déterminer le médicament (et la dose) le plus efficace et le mieux toléré 7.
La posologie initiale recommandée est d'un comprimé de 40 mg dès les premiers signes de
céphalée migraineuse. Plus le traitement est commencé tôt, plus il est efficace (mais il est
inutile de prendre le comprimé pendant la phase d'aura (troubles visuels, fourmillements,
parfois vertiges) qui précède la migraine. Si les céphalées réapparaissent après soulagement
de la crise initiale, un 2ème comprimé peut être pris à un intervalle d'au moins deux heures
après le premier (dose maximale: 4 comprimés par jour). Par contre, si le premier comprimé
n'a eu aucun effet, il ne faut pas en prendre un 2ème pour traiter la même crise, ni un autre
triptan, dans les 24 heures suivant la première prise. D'autre part, les patients ne doivent pas
prendre de dérivés de l'ergotamine (type TONOPAN°, CAFERGOT°, DIHYDERGOT°) dans
les 24 heures précédant et suivant la prise d'un comprimé de triptan, parce que les effets
vasoconstricteurs peuvent s'additionner.
Les effets secondaires les plus fréquents sont vertiges, flushs (rougeurs du visage),
somnolence, fatigue et douleurs (ou picotements, pressions, chaleur) au niveau de la cage
thoracique. Une augmentation transitoire de la pression artérielle peut apparaître et entraîner
des troubles cardiaques potentiellement sévères, c'est pourquoi les triptans ne doivent pas être
administrés à des patients ayant un problème cardiaque, ni en général à des patients de plus de
65 ans 5.
Une interaction a été observée entre le RELPAX° (et pas avec les autres triptans) et les
macrolides (ERYTHROCINE°, KLACID°, RULID°, ZITHROMAX°, etc) ou les
antifongiques azolés (DIFLUCAN°, NIZORAL°, SPORANOX°) : les concentrations
plasmatiques d'élétriptan augmentent (car son métabolisme hépatique est alors freiné) et il
faut réduire les doses de RELPAX° (max. 40mg par jour). Par contre l'interaction des autres
triptans avec les IMAO (type AURORIX°) n'est pas à craindre avec RELPAX° (car
l'élétriptan n'est pas substrat de la MAO) 6.
Tous les triptans sont contre-indiqués pendant la grossesse et l'allaitement; ils ne doivent pas
être prescrits à des jeunes de moins de 18 ans 5.
RELPAX° – A retenir pour le conseil :
5ème triptan mis sur le marché sans réel avantage par rapport aux autres
risque d'interaction plus important avec marcolides et imidazolés
attention : pas de prise simultanée de plusieurs triptans ou de triptans
et de dérivés de l'ergotamine dans un intervalle de 24 heures
contre-indiqué en cas de grossesse, allaitement, ou chez des patients
< 18 ans ou > 65 ans
dose maximale : 4 comprimés par jour
6
La Revue Prescrire 2002; 22 (n° 234) : pp. 808-811
© Pharma-News
page 5
Numéro 3, Mai 2003
AVODART° (dutasteride)
AVODART° (dutastéride) est un médicament qui
bloque deux enzymes responsables de la
transformation de la testostérone en dihydrotestosterone, substance responsable du grossissement
de la prostate 8. En empêchant sa formation,
AVODART° permet donc de traiter l'hypertrophie (ou
hyperplasie ou grossissement) de la prostate. Il existe
déjà sur le marché un médicament similaire, le
PROSCAR° (finastéride).
Comme ce dernier ne bloque qu'une seule des deux enzymes, il est possible que la
dihydrotestostérone continue d'être partiellement formée, ce qui ne permettrait pas de stopper
totalement l'hypertrophie de la prostate. Il semblerait donc que AVODART°, en inhibant les
deux enzymes, soit plus efficace que PROSCAR°. C'est en tout cas l'argument avancé lors de
sa promotion, mais pour l'instant on n'a pas assez de recul pour juger de cette différence 8 .
AVODART° améliore les symptômes urinaires : le flux
urinaire devient plus important, le débit plus constant et le
besoin d'uriner moins pressant et fréquent . Ainsi il permet de
diminuer le nombre d'interventions chirurgicales d'ablation de
la prostate 8. Il doit être pris au moins durant 6 mois, à raison
d’une capsule par jour, pour que le patient remarque la
diminution des symptomes urinaires 9.
Notons que le PROSCAR° est
commercialisé dans des doses
cinq fois plus faibles pour le
traitement de l'alopécie sous le
nom de PROPECIA°. On ne sait
pas si l'AVODART à doses
faibles aurait les mêmes effets 9.
L'AVODART° comme le PROSCAR° ont peu d'effets secondaires : une dysfonction sexuelle
(diminution de la libido, troubles d'éjaculation, impuissance) est cependant décrite chez moins
de 1% des patients 8.
Attention: AVODART° et PROSCAR° sont extrêmement dangereux chez la femme
enceinte : normalement un film protecteur entoure le comprimé, mais si ce film a été
endommagé, ou si le comprimé est partagé ou écrasé, les substances peuvent être absorbées
par la peau et entraîner des malformations génitales chez le foetus mâle 8. Un patient ayant
pris de l'AVODART° ou du PROSCAR° devrait attendre en tout cas 6 mois après la fin du
traitement avant de donner du sang pour éviter le risque de contaminer une femme enceinte
recevant une transfusion 8 .
AVODART° – A retenir pour le conseil :
AVODART° est un nouveau traitement de l’hyperplasie bénigne de
la prostate, peut-être un peu plus efficace que le PROSCAR°
les effets bénéfiques sur les symptomes urinaires n'apparaissent
qu'après au moins 6 mois de traitement
tous deux ne doivent en aucun cas être donnés à des femmes
attention : les femmes enceintes ne doivent pas être en contact avec
le médicament ni même le toucher à cause du risque de provoquer
des dommages sexuels au bébé mâle
7
Lancet 2001; 358 (n° 9294): pp. 1668-1675
Pharmacist's letter 2002; # 181211
9
Pharmavista.net fév 2002
8
© Pharma-News
page 6
Numéro 3, Mai 2003
NOSE FRESH + DEXPANTHENOL° (sel marin, dexpanthenol)
NOSE FRESH + DEXPANTHENOL° vient enrichir la gamme
NOSE FRESH de la maison Rappai. Sous forme de spray et de
gel nasal, il est indiqué pour humecter, nettoyer et régénérer la
muqueuse nasale irritée tout comme le BEPANTHENE° onguent
nasal ou le SICCALIX°.
Ces diverses spécialités contiennent comme principe actif
commun le dexpanthénol, rapidement transformé dans
l’organisme en vitamine B5 (acide pantothénique). Il semble
toutefois mieux résorbé que cette dernière lors d’une application
locale 10. Le dexpanthénol entre dans la composition de
nombreuses spécialités, aussi bien pour application externe
(ex. NOSE FRESH°, BEPANTHENE°, GORGONIUM°) que
pour usage interne (MULTI SANASOL°, ORANOL
GOUTTES°, EPICRIN°).
La vitamine B5 est fortement impliquée dans la dégradation des combustibles alimentaires
tels que glucides, lipides et protides, afin de fournir de l’énergie aux cellules. Elle est
nécessaire au développement et à la régénération des
épithéliums ainsi qu’à la croissance des phanères
(cheveux et ongles). Elle intervient également dans la
détoxification des corps étrangers et dans la résistance
aux infections 11. Les carences en vitamine B5 sont
fort improbables chez l’être humain car elle est
largement distribuée dans l’alimentation. On en trouve
dans la viande, les fruits, les légumes, le lait, les œufs
et les céréales complètes 12.
NOSE FRESH° – A retenir pour le conseil :
appliquer 2 à 3 fois par jour en cas de muqueuse nasale
irritée ou écorchée
faire pénétrer en massant légèrement les ailes du nez
chez l’enfant dès l’age de 3 ans 13
ne contient pas d’agents conservateurs
13
10
Dorvault, L’officine, 1987, XXII éd., 1852
Site internet du biam : www.biam2.org
12
Martindale, 1999, 32ème éd., 1352-3
13
Compendium Suisse des médicaments 2003
11
© Pharma-News
page 7
Numéro 3, Mai 2003
CELLUFLUID° (carboxymethylcellulose) 14, 15
CELLUFLUID° sont des larmes artificielles destinées au traitement de
"l'œil sec". Ce qui fait la nouveauté, c'est l'agent conservateur qui sous
l'influence de la lumière se dégrade en chlorure de sodium, en eau et en
oxygène. Ainsi on n'a pas d'agent conservateur en contact direct avec
l'œil tout en ayant un flacon multidoses (le flacon est opaque pour éviter
la destruction prématurée de l'agent conservateur). Ceci est un avantage
lorsqu’on sait que des réactions allergiques aux agents conservateurs sont
relativement fréquentes et qu'elles peuvent entraîner une conjonctivite
ou, plus grave, une lésion de la cornée. Le benzalkonium, agent
conservateur le plus utilisé, peut aussi endommager le film lacrymal,
surtout quand les gouttes sont appliquées très fréquemment dans la
journée (ce qui est presque toujours le cas dans le traitement de "l'œil
sec"). De même, si une personne emploie différentes sortes de gouttes
ophtalmiques, le risque de lésions de l'oeil va augmenter.
D'autres produits sont commercialisés avec d'autres agents conservateurs se détruisant au
contact de l'oeil ou étant moins toxiques pour l'oeil : GENAQUA°, TEARS NATURALE°
nouvelle formule, POLYQUAD°.
CELLUFLUID° – A retenir pour le conseil :
les porteurs de lentilles doivent enlever leurs lentilles et les remettre au
plus tôt 5 min après l'instillation : les monodoses restent donc plus
agréables
en cas d'application de différentes gouttes ophtalmiques, laisser 15 min
avant et après l'application de CELLUFLUID°
CELLUFLUID° peut être une alternative moins chère aux monodoses :
- pour toutes les personnes ayant eu une réaction allergique
aux agents conservateurs
- pour toutes les personnes utilisant plus de 8 fois par jour
leurs gouttes ou utilisant plusieurs sortes de gouttes
ophtalmiques 15
14
15
Pharmavista.net
Review of Ophthalmology dec 2002; 9
© Pharma-News
page 8
Numéro 3, Mai 2003
A paraître
VISTABEL° (toxine botulique de type A)
La toxine botulique de type A, déjà commercialisée en Suisse sous le
nom de BOTOX° pour des indications neurologiques et
ophtalmologiques a récemment reçu l’approbation de Swissmedic pour
être vendue à des fins esthétiques sous le nom de VISTABEL° (pas
encore obtenable en officine !).
Toxine botulique et botulisme
Le Clostridium botulinum est une bactérie présente
dans le sol, les eaux et l’organisme de nombreux
animaux. Elle produit des spores qui , une fois
absorbées (par voie digestive ou à partir d’une
blessure), sécrètent une toxine (toxine botulique)
qui bloque de façon irréversible la transmission des
influx nerveux, provoquant ainsi des paralysies du
muscle touché. Dans la plupart des cas, le botulisme
est provoqué par l’ingestion de viande, de poisson,
de crustacés ou de légumes conservés de façon
artisanale (stérilisation insuffisante), bien que dans
nos pays, cette maladie apparaisse très rarement et
plutôt suite à une blessure par un objet contaminé 1.
La toxine botulique A, produite par le
Clostridium botulinum (voir encadré), bloque
la conduction neuromusculaire (entre le nerf et
le muscle) en empêchant la libération
d’acétylcholine (neurotransmetteur) lorsqu’elle
est injectée dans un muscle. Ceci a pour effet
de diminuer la contraction du muscle concerné
et de tendre la peau qui le recouvre. Ainsi, la
toxine botulique A permet de lisser la peau et
réduire les rides, ridules et plis aux sites
d’injection 16. VISTABEL° est autorisé pour le
traitement des rides glabellaires (entre les
sourcils) 17.
En général, les effets cosmétiques de la toxine apparaissent dans la semaine suivant le
traitement, avec un effet optimal 4 à 6 semaines après l’injection. L’injection ne doit pas être
répétée à un intervalle inférieur à 3 mois. La posologie usuelle recommandée est de 20 unités,
réparties en 5 injections au cours de la même séance.
Les effets indésirables du traitement sont habituellement transitoires mais peuvent durer
quelques mois. Les plus fréquents sont des maux de tête (13 %), douleurs, brûlures, œdème
ou hématomes au site d’injection, ainsi que faiblesse musculaire et affaissement des paupières
(1-10 %).
VISTABEL ° – A retenir pour le conseil :
VISTABEL° ne doit être administré que par des médecins
spécialisés et expérimentés dans ce traitement. Il ne s’agit pas
d’un "nouveau produit miracle sans danger contre les rides "
comme souvent vanté par la presse féminine mais d’un
traitement pouvant exposer à des risques certains (voir effets
indésirables ci-dessus) et ne devant en aucun cas être utilisé
dans des salons de beauté ou par des particuliers.
16
17
The Medical Letter 2002, éd. Française, 24 (13), p. 57
Swissmedic Journal 2002, 10, p. 713
© Pharma-News
page 9
Numéro 3, Mai 2003
Phytothérapie
Interactions entre plantes médicinales et médicaments courants
Les plantes médicinales ont des effets secondaires et des risques d’interactions avec des
médicaments courants. Bien que ces risques n’aient souvent pas encore été bien étudiés, voici
quelques exemples répertoriés parmi les plantes les plus souvent utilisées en automédication :
•
Le
millepertuis :
(REBALANCE°,
REMOTIV°,
HYPERVAL°,
JARSIN°,
LUCILIUM°, …) Antidépresseur. Le millepertuis est efficace lors de dépressions légères à
modérées, il provoque peu d’effets secondaires (principalement des troubles digestifs) et son
prix est modeste par rapport aux antidépresseurs de synthèse 18,19. Les extraits de
millepertuis contiennent plus de 40 substances et on ne sait pas lesquelles sont responsables
de l’action antidépressive 19. Parmi celles-ci on trouve l’hyperforine et l’hypericine qui sont
de puissants inducteurs enzymatiques et peuvent donc accélérer la dégradation et
l’élimination de certains médicaments, ce qui entraîne une
diminution de leur efficacité 18,22.
Voir
dans
le
Pharma-News n°2 :
Ces interactions concernent :
Pour en savoir plus
sur la dépression
- un immunosuppresseur, le SANDIMMUN° (ciclosporine),
- les anticoagulants comme le SINTROM°,
- un antirétroviral pour le traitement du SIDA : le CRIXIVAN° (indinavir) 18,22
- par analogie peut-être d’autres antirétroviraux
Une interaction est aussi théoriquement possible avec les antiépileptiques 18.
Par ailleurs des saignements entre les périodes de règles ont étés observés chez des femmes
prenant une pilule faiblement dosée. Il y a donc un risque de diminution d’efficacité des
contraceptifs oraux 18.
Par un autre mécanisme, le millepertuis diminue aussi l’efficacité de la DIGOXINE° 18,22,19.
Le millepertuis associé à certains nouveaux antidépresseurs (les ISRS : DEROXAT°,
FLUCTINE°, SEROPRAM°, ZOLOFT°) peut provoquer une accumulation d’effets
secondaires tels que nausées, vomissements, tremblements, maux de tête, etc... 18,25.
A part l'association à la ciclosporine qui est une contre-indication absolue, une adaptation
posologique des autres médicaments sous contrôle médical est possible, ceci surtout au
début et à l’arrêt d’un traitement à base de millepertuis 18,19.
Il faut encore noter que les spécialités REBALANCE° et REMOTIV° contiennent très peu
d’hyperforine (< 1mg) par rapport aux autres spécialités à base de millepertuis. Or comme
mentionné plus haut, l’hyperforine est un puissant inducteur enzymatique. On peut donc
penser qu’il y aurait moins de risque d’interactions entre ces spécialités et notamment les
contraceptifs oraux 20, ce que certaines études tendraient à prouver selon la maison Zeller.
•
Le
ginkgo :
(TANAKENE°,
SYMFONA°,
TEBOFORTIN°,
GINCOSOL°,
GINCOSAN° (+ ginseng)…). Traitement des troubles de la mémoire. Des hémorragies sont
survenues lors d’association avec de l'aspirine ou un anticoagulant oral. Le ginkgo ne
devrait donc pas être pris en même temps qu’un antiagrégant (aspirine, PLAVIX°) ou un
18
Forum Med Suisse, 27 novembre 2002 ; n°48
Journal suisse de pharmacie 2002 ; n°18 : pp. 612-614
20
Mailing Zeller, décembre 2000
19
© Pharma-News
page 10
Numéro 3, Mai 2003
anticoagulant (SINTROM°, MARCOUMAR°). De même, il est préférable de stopper la
consommation de ginkgo quelques jours avant une opération 22.
•
Le ginseng : (GINSANA°, GINCOSAN°(+ ginkgo), DIGERON°(+ail)…). Roborant.
Il est conseillé de contrôler plus régulièrement l’efficacité d’un traitement anticoagulant
lors du début et de l’arrêt de consommation de ginseng 22.
•
L’ail : (AVC PLUS°, KWAI°, DIGERON°(+ginseng)…) Diminue les facteurs de risque
cardiovasculaire
L’ail diminuant l’agrégation plaquettaire, il peut provoquer des saignements. Il est donc
recommandé d’arrêter sa consommation quelques jours avant une intervention chirurgicale
et d’être prudent lors d’administration à un patient sous anti-coagulant 21,22. L’ail diminue
les taux de saquinavir (INVIRASE°) utilisé pour le traitement du SIDA et est donc contreindiqué chez les patients traités par des antirétroviraux 22.
•
La réglisse : (BRONCHOSAN°, "bois doux") Fluidifiant et expectorant
Elle peut augmenter les effets de la cortisone en usage local et systémique 21. Une
consommation massive (50g) et chronique (> 6 semaines) de réglisse ou de bois doux peut
provoquer une hypokaliémie, une hypertension et des oedèmes. Pour ces raisons, elle ne
devrait pas être utilisée en même temps que des diurétiques et de façon modérée avec la
DIGOXINE° et les laxatifs (5-15g pendant maximum 4-6 semaines) 22,23,24.
•
Le kawa-kawa : (KAVASEDON°, YAKONA°) Anxiolytique
Il diminue l’effet antiparkinsonien de la levodopa (MADOPAR°, SINEMET°) et ne doit
donc pas être utilisé chez des patients atteints de Parkinson 25,26. De plus, le kawa-kawa
pouvant provoquer des lésions du foie, il ne devrait pas être utilisé chez les patients atteints
d’une affection hépatique 26.
En outre, il faut de manière générale être prudent avec les médicaments à marge
thérapeutique étroite et pour les sujets à risque (personnes âgées, malades chroniques et ceux
ayant un système immunitaire affaibli).
Tableau résumant les contre-indications entre les plantes et les médicaments :
PLANTE
Millepertuis
Ginkgo
Ail
Réglisse
Kawa
MEDICAMENTS CONTRE-INDIQUES
SANDIMMUN° (contre-indication absolue) 18
anticoagulants oraux, DIGOXINE°, antirétroviraux,
contraceptifs oraux
aspirine, PLAVIX°, SINTROM°, MARCOUMAR°
antirétroviraux, anticoagulants
diurétiques, DIGOXINE°, laxatifs
MADOPAR°, SINEMET°
21
Lancet 2000 ; 335 : pp. 134-138
Médecine&Hygiène 21.3.2003 ; Interactions entre les plantes médicinales et les médicaments
23
Journal suisse de pharmacie 2000 ; n°5 : p. 148
24
Circulaire SSPh, décembre 2002
25
Drugs 2001 ; 61(15) : pp. 2163-75 Abstract
26
Journal suisse de pharmacie 2000 ; n°13 : p. 437-438
22
© Pharma-News
page 11
Numéro 3, Mai 2003
Interactions entre plantes médicinales et médicaments courants –
A retenir pour le conseil :
les médicaments à base de plantes (ou les plantes elles-mêmes),
bien que "naturels", exposent aussi à des risques d'interactions
avec des médicaments de synthèse courants
la prudence s'impose particulièrement avec le millepertuis pour
lequel des interactions sont bien documentées (SANDIMMUN°,
SINTROM°, antiviraux, antidépresseurs, voire pilule…), mais
aussi avec d'autres plantes : gingko, ginseng, ail, réglisse, kawakawa,…
de manière générale, demander l'avis du pharmacien lors de
conseil à des patients sous médicaments à marge thérapeutique
étroite (anticoagulants, immunosuppresseurs, digoxine, etc…)
Pharmacovigilance
Coxibs et réactions allergiques
Dans le numéro 1 du Pharma-News (février 2003), nous avons parlé des coxibs et de leurs
effets secondaires (cardiovasculaires, rénaux, gastro-intestinaux et augmentation du risque
d'hémorragie, surtout lors de prise simultanée d'anticoagulants
oraux). Nous avions aussi mentionné le fait que le CELEBREX°
(celecoxib) peut entraîner de graves problèmes de réactions
cutanées et d'hypersensibilité. Depuis, d'autres rapports de
pharmacovigilance viennent confirmer cette affirmation, tout en
l’étendant aux autres coxibs 27 28, 29.
Quels sont les risques de lésions cutanées et d'hypersensibilité ? 30
- des réactions cutanées légères comme un rash ou du prurit
- des réactions cutanées graves qui entraînent la formation de cloques comme lors de brûlures
du 2ème degré, puis une érosion de la peau qui part en lambeaux (syndromes de Lyell ou de
Stevens-Johnson).
- des réactions d'hypersensibilité comme un oedème de Quincke (oedèmes au niveau de la
face, des yeux, de la langue, du pharynx pouvant entraîner la mort par asphyxie) ou comme
un choc anaphylactique (réaction allergique se manifestant par un dysfonctionnement
violent de la régulation de la circulation sanguine entraînant des troubles respiratoires, des
sueurs, une perte de connaissance... et la mort si le patient n'est pas pris immédiatement en
charge)
27
La Revue Prescrire fév 2003; 23 (236): 111
Arzneimittelkommission der deutschen Aerzteschaft nov 2002
29
Agence française de sécurité sanitaires des produits de santé oct 2002; information de l'EMEA
30
Pschyrembel klinisches Wörterbuch
28
© Pharma-News
page 12
Numéro 3, Mai 2003
Quels sont les coxibs incriminés ? 27, 28, 29
Des risques sont décrits pour le CELEBREX° (celecoxib), le
VIOXX° (rofécoxib) et ainsi que pour d'autres coxibs pas
encore commercialisés en Suisse.
Le CELEBREX°, par sa structure chimique proche des sulfamidés, peut entraîner ces effets
graves chez les personnes allergiques aux sulfamidés : il est donc contre-indiqué chez ces
patients 31.
Coxibs et réactions allergiques – A retenir pour le conseil :
si le patient a eu une réaction antérieure d'allergie à un AINS classique il ne
faut pas non plus qu'il prenne de coxibs 27
si le patient a eu une réaction allergique aux sulfamidés (comme le
BACTRIM°), il doit aussi renoncer aux coxibs 29
si le patient présente une éruption cutanée, un gonflement du visage, des
lèvres, de la langue, une respiration sifflante, des difficultés à respirer ou à
avaler, ou s'il présente un gonflement de la peau, une formation de cloques
ou une desquamation de la peau, il doit immédiatement alerter son médecin
ou son pharmacien 29
DESURIC° (benzbromarone) : retrait du marché
Le DESURIC° était un uricosurique, c'est-à-dire
un médicament qui augmentait le taux
d’élimination
rénale
de
l’acide
urique
(cf. encadré). Cependant, dans la grande majorité
des cas, les excès d’acide urique dans le sang sont
la conséquence d’un excès de synthèse de l’acide
urique. C’est donc à ce niveau là qu’il est
préférable d’intervenir, par l’intermédiaire de
principes actifs inhibant cette synthèse tels
l’allopurinol (ZYLORIC°, ACIFUGAN°, ALLO
BASAN°, MEPHANOL°, etc) 32.
L’acide urique est un déchet normal du
métabolisme des acides nucléiques (ADN, ARN).
Il est habituellement éliminé sans problème par les
urines. Cependant, lorsque le taux d’acide urique
devient
trop important
dans
le
sang
(hyperuricémie), il peut se déposer dans les tissus
mous des articulations sous forme de cristaux
d’urate. Ces dépôts provoquent des attaques de
goutte très douloureuses (notons toutefois
qu’hyperuricémie ne signifie pas automatiquement goutte : il existe des facteurs qui modulent la
cristallisation, soit en l’inhibant, soit en la
favorisant, par des mécanismes encore mal
connus 1).
En mai 1996 déjà, les laboratoires Sanofi-Winthrop mettaient en garde contre les risques
d’atteintes hépatiques liés au DESURIC° 32. L’apparition de nouveaux cas d’hépatite
fulminante et d’insuffisance hépatique majeure ont conduit à son retrait du marché 33.
Signalons que le DESURIC° était déjà strictement limité aux patients chez qui
l’administration d’allopurinol (ZYLORIC°, etc) est exclue (contre-indication, intolérance ou
inefficacité) 34.
31
Pharmacist's letter 2000; #160708
La Revue Prescrire, 1997, 171 (189)
33
Information Sanofi-Synthlabo, 7.4.03
34
Journal Suisse de Pharmacie, 2003,6 (227)
32
© Pharma-News
page 13
Numéro 3, Mai 2003
Pour en savoir plus…
L’hypertrophie bénigne de la prostate (= HBP)
• Définition : L’hypertrophie (appelée aussi hyperplasie)
bénigne de la prostate, ou anciennement adénome
prostatique 35, est une prolifération localisée des
cellules de la prostate qui se développent en
comprimant le reste de la glande, ce qui provoque une
diminution du diamètre de l’urètre et donc un
écoulement de l’urine plus difficile 36,37, ainsi que
plusieurs symptômes reflétant cette obstruction (voir
plus bas).
• Fréquence : Elle augmente avec l’âge :
- 25% des hommes ont une HBP à l’âge de 40 ans,
- 50% à 60 ans
- et jusqu’à 90% à 85 ans 35,36 .
• Causes : Inconnues, mais l’HBP peut être considérée comme un processus naturel de
vieillissement 35,36. L’hormone masculine testostérone est transformée dans les cellules de
la prostate sous l’action d’une enzyme (la 5α-réductase) en dihydrotestostérone qui va
stimuler la croissance de la prostate 38 . Or le taux de dihydrotestostérone augmente
physiologiquement chez les sujets âgés au détriment de la testostérone.
• Symptômes : La plupart des hommes atteints d’HBP n’ont pas de symptômes. Lorsque
ceux-ci sont présents, ils peuvent être quantifiés de 0 à 35 points, à l’aide d’un
questionnaire normalisé (appelé I-PSS = Score international symptomatique de la prostate
36
) qui demande au patient combien de fois au cours du dernier mois il s’est levé la nuit
pour uriner, si les envies sont impérieuses, fréquentes, si le jet urinaire est hésitant,
intermittent, si son débit et sa force diminuent, si la sensation de vidange est souvent
incomplète.
• Evolution de la maladie : Elle est lente et les accidents aigus sont rares mais l’HBP peut
provoquer des complications (rétention urinaire, infection urinaire, insuffisance rénale,…).
Or il est impossible de prédire l’évolution des symptômes ou la survenue de
complications 36.
• Traitements :
- En présence de complications, la chirurgie prostatique (ablation partielle ou totale) est
recommandée car c’est le traitement le plus efficace 36 .
- En absence de complications, la quantification des symptômes selon l’I-PSS et la qualité
de vie du patient ainsi que le suivi de leur évolution sont très importants pour le choix
du traitement :
⇒ Peu ou pas de symptômes (score ≤ 7 au questionnaire I-PSS) : pas de traitement
et réévaluation annuelle. En effet, on ne fait guère courir de risque au patient en
laissant évoluer une HBP sans complication 36 .
35
La Revue Prescrire 1993 ;13 (128) :214-216
La Revue Prescrire 1995 ;15 (154) :597-607
37
Manuel Merck 1992, 2ème édition, pp.1639-1640
38
Compendium suisse des médicaments 2003
36
© Pharma-News
page 14
Numéro 3, Mai 2003
⇒ Symptômes gênants (score ≥ 8 au questionnaire I-PSS) : instauration d’un
traitement ayant montré son efficacité, l’association de deux médicaments ou
plus n’étant pas recommandée 36 .
• α-bloquants : ils modifient la contraction du muscle vésical et des
sphincters, ce qui diminue l’obstruction et améliore la vidange de la vessie
(XATRAL°, PRADIF°, HYTRIN°, MINIPRESS°).
de la 5α-réductase : en diminuant le taux de
• inhibiteurs
dihydrotestostérone, ils diminuent le volume de la prostate (PROSCAR°,
AVODART°).
- Il existe de nombreux médicaments phytothérapeutiques utilisés pour soulager les
symptômes de l’HPB, mais leur efficacité n’étant pas prouvée selon l’OMS, ce ne sont
pas des médicaments de premier choix 36. Ils ne modifient d’ailleurs pas la taille ni la
croissance de la prostate mais soulagent certains symptômes d’irritation 39. Leur
utilisation, basée sur une longue expérience traditionnelle plutôt que sur des tests
cliniques, peut toutefois se faire sans danger lorsqu’on est en présence d’une HBP sans
complication récemment diagnostiquée et présentant des troubles supportables 39.
L’avantage principal de ces médicaments phytothérapeutiques est qu’ils peuvent être
utilisés sur une longue période sans effets secondaires notables 39 .
- On trouve plusieurs spécialités contenant différentes plantes en monothérapie ou en
association, selon le tableau ci-dessous.
Tableau comparatif des traitements phytothérapeutiques 38 :
SABCAPS°
PROSTASAN°
PROSTAURGENIN°
PERMIXON°
PROSTA CAPS°
PROSTAGUTT°
GRANUFINK°
PROSTAFLOR°
ADENOPROSTAL°
VALVERDE PROSTATE°
(= anciennement SIMIC°)
PROSTATONIN°
Palmier nain
+
+
+
+
+
+
+
Ortie
Courge
Pollen
Pygeum Africanum
+
Autre
+
+
+
+
+
+
+
+
Quelques conseils peuvent être donnés lors d’HBP : il faudrait limiter la consommation de
liquide avant d’aller au lit, se rendre dès que possible aux toilettes lorsqu’on ressent le besoin
d’uriner et prendre son temps pour vider sa vessie 39.
39
Manuel pratique du pharmacien suisse 2002-2003, pp.133-135
© Pharma-News
page 15
Numéro 3, Mai 2003
L’hypertrophie bénigne de la prostate – A retenir pour le conseil :
En conclusion, lors de toute demande pour des troubles urinaires chez un
homme, il faut dans tous les cas demander :
Quels sont les symptômes, afin d’éviter une prostatite bactérienne
aiguë (douleurs lors de la miction associées à de la fièvre, des frissons,
des douleurs du dos ou du ventre avec parfois du sang dans les urines)
qui est du ressort du médecin
L’âge du patient : l’HBP touche souvent les hommes âgés tandis que la
prostatite aiguë touche plutôt les hommes jeunes
Si un traitement a déjà été instauré. En effet, si les symptômes
persistent plus de 5 jours lors de prostatite aiguë ou plus de 2 semaines
lors d’HBP, il faut adresser le patient à un médecin 39
En bref…
PRACTO-CLYSS°
Parce qu’elle regroupe les sites de production du PRACTO-CLYSS°, la maison Braun change
son nom en CLYSSIE°, dénomination que ce dispositif médical (attention, il n’est plus LS !)
connaît déjà dans d’autres pays. Les emballages ont également quelque peu changé.
NOVOPEN°
Le dispositif NOVOPEN° à 1,5 ml ne se fabriquera plus en raison d'une trop faible demande.
Toute la production est axée sur le dispostif à 3 ml, cependant les ampoules PENFILL° à
1,5 ml seront encore disponibles jusqu’à fin 2003.
KINZAL° (telmisartan) / KINZALPLUS° (telmisartan + hydrochlorothiazide)
La firme Bayer° met sur le marché la forme PLUS du KINZAL°. Il s’agit de la même
composition que le MICARDIS PLUS°, dont nous avons parlé dans le Pharma-News n°1 de
février 2003.
VOLTAREN OPHTA CD° (diclofenac)
Un nouvel agent conservateur, la cyclodextrine (CD), permet de
conserver les flacons de VOLTAREN OPHTA CD° à température
ambiante et non plus au frigo. A noter que ce médicament est encore
pour l’instant HL.
TRIATEC° (ramipril)
Ce médicament existait en capsules de 1.25, 2.5 et 5 mg. Désormais, il existe aussi en
comprimés de 10 mg, sur la liste des spécialités depuis le 1er mai 2003 selon la firme Aventis.
© Pharma-News
page 16
Numéro 3, Mai 2003
ZAROXOLYNE° (metolazone)
Ce diurétique récemment retiré du marché suisse est désormais à nouveau disponible, mais
sous un autre nom, METOLAZONE GALEPHARM, en comprimés sécables de 5 mg (en
stock chez les grossistes).
Dernière minute ! - Dernière minute ! - Dernière minute ! - Dernière
"Pneumopathie atypique" ou Syndrome Respiratoire Aigu Sévère (SRAS)
Depuis notre premier article sur le SRAS (PN2, avril 2003), le nombre de cas déclarés a plus
que doublé (4400 personnes au 24 avril) et le nombre de morts a plus que triplé (263 décès).
La Chine est particulièrement touchée et les journaux et télévisions ont relayé beaucoup
d'images du chaos sanitaire qui y règne, alarmant en cela de nombreuses personnes en Suisse.
Il nous a donc semblé souhaitable de faire un petit rappel sur ce sujet, à la lumière des
dernières mises à jour de l'Office Fédéral de la Santé Publique (OFSP) 40 :
•
•
•
•
•
•
Les symptômes du SRAS sont une forte fièvre, associée à de la toux et une gêne
respiratoire
Comme ces symptômes ne sont pas très spécifiques de cette maladie, l'OMS a en plus défini
les conditions suivantes pour qu'un cas soit considéré comme suspect : ces symptômes
doivent survenir dans les 10 jours (temps d'incubation maximum) qui suivent un contact
rapproché avec un malade du SRAS ou dans les 10 jours qui suivent un séjour dans une
région fortement touchée par le SRAS (certaines régions de Chine et Toronto au Canada)
Au 25 avril, on dénombrait 25 cas suspects de SRAS en Suisse; tous sont associés à un
séjour en Asie du Sud-est et aucun n'est décédé
Dans notre pays, le risque de transmission est qualifié de "négligeable" par l'OFSP et les
mesures de protection telles que le port d'un masque ne sont pas indiquées, sauf pour les
personnes en contact étroit avec un malade (famille et personnel soignant, principalement)
Aucun vaccin n'existe pour l'instant et aucun traitement n'est encore officiellement reconnu;
les traitements en cours d'évaluation consistent principalement en l'administration
d'antiviraux et/ou d'antibiotiques (pour prévenir et lutter contre les surinfections)
L'OMS recommande d'éviter les voyages à Pékin, Hong Kong et dans certaines provinces
chinoises, ainsi qu'à Toronto au Canada
Pour le reste, les informations et recommandations évoquées le mois passé dans le PharmaNews restent valables.
Vous pouvez trouver en tous temps des informations mises à jour sur le site de l'OFSP :
www.admin.ch/bag
40
OFSP, Syndrome respiratoire aigu sévère : questions et réponses, 25.4.2003 (www.admin.ch/bag)
© Pharma-News
page 17
Numéro 3, Mai 2003
Téléchargement