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Les grandes villes du monde
Londres
Par Annie-Claude Labrecque Février 2013
1. Introduction
Depuis les dernières années, différentes firmes privées ou organismes internationaux ont mis en
place des palmarès afin de classer les villes du monde (consulter la capsule introductive pour
plus de détails sur les palmarès et la méthodologie menant aux choix des villes retenues).
L’objectif poursuivit dans cette série de capsules est d’explorer les réalités historiques,
géographiques, économiques, sociales et urbaines de différentes grandes villes du monde qui se
retrouvent dans les grands palmarès de ville. La notion de ville mondiale sous-entend à la fois
une grande relation avec les autres villes du globe, avec un rôle de point de relai dans
l’économie mondiale, mais aussi une importance sur différents plans soit économique, culturel
ou politique (Braudel 1979; Friedmann 1986; Dollfus 1996; Sassen 2001).
C’est dans cette perspective que Londres a été sélectionnée pour faire partie des capsules, étant
donné sa position au sommet de certains des six palmarès retenus dans ce projet et son
importance économique internationale. Londres se démarque d’autres villes mondiales par sa
puissance économique et financière, et par son influence sur les flux et les échanges
internationaux.
Le but de cette capsule est donc de donner un portrait global de la ville de Londres en se servant
des palmarès et en amenant des éléments de nature plus factuelle, en faisant un survol de son
histoire, de sa géographie, de son économie et de sa démographie, pour ensuite faire ressortir
les enjeux urbains caractéristiques de la ville et faire état de la recherche récente sur la ville et
l’agglomération de Londres. Ce travail n’est pas exhaustif; il veut plutôt être un outil qui réuni
des informations de base sur la ville, afin de proposer des textes pouvant démarrer une
démarche de recherche plus approfondie. La recherche documentaire qui a permis l’élaboration
de cette capsule est basée sur des monographies et des articles scientifiques récents recensés
dans les principales bases de données, ainsi que sur la recherche internet.
2. Londres dans les palmarès
Bien que Londres soit une métropole hautement mondialisée, elle a perdu beaucoup d’influence
au niveau démographique depuis les 60 dernières années. En 1950, avec ses 8,36 millions
d’habitants, l’agglomération londonienne était la troisième plus populeuse au monde. Après
deux décennies de décroissance démographique, Londres a renoué avec un solde migratoire
positif au cours des années 2000, si bien qu’en 2010, la population de l’agglomération
londonienne a dépassé le seuil de 1950 avec une population de 8.92 millions d’individus. Malgré
cette croissance démographique, Londres se retrouve, en 2011, au dernier rang du palmarès des
plus grandes agglomérations du monde du Department of Economic and Social Affairs de l’ONU.
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Avec sa population de 9,01 millions d’habitants, Londres se classe tout juste derrière les villes de
Lima, Chicago et Séoul.
Selon le classement du GaWC de 2010 du département de géographie de la Loughborough
University, Londres se partage, avec New York, le titre de ville alpha ++, signe incontournable de
son intégration complète aux réseaux et aux flux mondiaux. À elles seules, Londres et New York
(le NYLon), villes jumelles hautement mondialisées, constituent leurs propres normes
d’intégration internationale grâce à leurs caractéristiques intrinsèques. Le NYLon suppose donc
un ensemble de réseaux, de flux et de structures qui se déploient, mais également qui
convergent vers ces villes.
Le palmarès du MasterCard Worldwild Centers of Commerce suit la même logique que celui du
GaWC et place Londres à son sommet en 2008. Londres se démarque particulièrement de ses
consœurs, dont la ville de New York, grâce à ses flux financiers, son cadre légal et politique, son
centre des affaires et ses structures de diffusion et de création de connaissances et de savoirs.
Elle performe cependant moins bien que plusieurs autres villes pour les indicateurs liés à la
qualité de vie et à la stabilité économique.
Dans son ouvrage sur les villes mondiales (1991, réédité en 2001), Saskia Sassen mentionne
d’emblée que Londres est l’une des villes les plus mondialisées de la planète avec New York et
Tokyo. Londres domine l’ensemble du réseau des 20 à 25 villes mondiales reconnues par Sassen
pour leur influence en tant que poste de commandement de l’économie mondiale autant à un
niveau régional qu’international. Toujours selon Sassen, Londres est tellement intégrée aux
réseaux et flux mondiaux qu’elle semble en apesanteur, complètement déracinée des réalités et
enjeux urbains des autres villes et régions du Royaume-Uni. Il en ressort une inégalité singulière
entre Londres et les autres villes du pays.
Dans les palmarès de 2008, 2010 et 2012 d’AT Kearney et du Foreign Policy Magazine, Londres
se classe toujours en deuxième place derrière New York, grande gagnante des villes
mondialisées. L’analyse des indicateurs démontre l’existence d’une très grande connectivité
entre New York et Londres. Quoi qu'il en soit, la capitale londonienne est surpassée par la
Grosse Pomme pour ce qui est des indicateurs liés à l’engagement politique, à l’activité
économique et aux flux et au partage d’informations. Si l’on regarde de plus près l’indicateur
activité économique, Londres arrive au cinquième rang derrière New York, Tokyo, Paris et Hong
Kong. Londres fait cependant meilleure impression au niveau de l’expérience culturelle, arrivant
bonne première au classement.
Selon la Mori Memorial Foundation et son Global Power City Index de 2011, Londres est la
deuxième ville mondiale, encore une fois tout juste derrière New York. Sur les 35 villes
recensées dans ce palmarès, Londres arrive au 1er rang pour ce qui est des interactions
culturelles, au 2e rang lorsque l’on parle d’accessibilité aux réseaux de transport et de mobilité,
au 4e rang pour les indicateurs liés à l’économie et à la recherche et au développement. Elle fait
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cependant moins bonne figure en ce qui a trait à l’environnement (12e sue 35) et la qualité de
vie (15e sur 35).
3. Portrait de Londres
Histoire
Londres (Londonium) fut fondée par les Romains il y a plus de 2000 ans sur le territoire toujours
occupé par la City (ville historique). C’est le début d’une longue épopée caractérisée par les
guerres et invasions (des Celtes, des Vikings), mais également par la construction d’une ville
dynamique et emblématique dont la position stratégique sur les bords de la Tamise facilite
grandement sa vitalité économique et commerciale. C’est entre les Xe et XIIe siècles que les rois
anglais construisent certains des plus grands emblèmes londoniens : l’Abbaye de Westminster,
le palais de Westminster, la Tour de Londres et le premier London Bridge en pierre (seul lien
entre les deux rives jusqu’en 1750).
Tout au long de son histoire, Londres sera victime de plusieurs tragédies : des épisodes de peste
noire qui décimeront, en 1665 et 1666, 20 % de la population de la ville, le grand incendie de
1666 qui détruit presque entièrement le centre de Londres et ses faubourgs, les
bombardements allemands de la Deuxième Guerre mondiale qui tuent plus de 30 000
personnes et les attentats de juillet 2005 dans les transports publics de la ville (métro et
autobus) qui font 56 mots et plus de 700 blessés.
Londres fut, entre 1825 et 1925, la ville la plus peuplée du monde sous l’impulsion de son
industrialisation précoce et du développement du chemin de fer. La capitale anglaise a ainsi
se moderniser, se reconstruire et s’étendre rapidement dès le XIXe siècle, par la construction
d’un vaste réseau d’aqueduc et d’égout (1849) et d’un métro (1865). Entre 1950 et 1970,
Londres subira une nouvelle phase de modernisation et de reconstruction afin d’effacer la
Tour de Londres et Tower Bridge.
Source : Image libre de droits.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Tower_of_london_f
rom_swissre.jpg
Gravure de Claes Van Visscher représentant l’ancien
pont de Londres en 1616. En premier plan, la catdrale
de Soutwark
Source : Image libre de droits.
http://commons.wikimedia.org/wiki/File:London_Bridg
e_(1616)_by_Claes_Van_Visscher.jpg
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destruction causée par les bombardements de la Luftwaffe et ainsi renaître en tant que grande
ville européenne.
Londres connaîtra donc de profonds changements physiques, mais également économiques et
sociaux à partir des années 1960. Elle passe d’une ville industrielle à une ville post-industrielle,
bref d’une ville manufacturière à une ville de services, accentuant du même coup la polarisation,
l’iniquité, la discrimination et la ségrégation au sein de sa population, mais également par
rapport aux autres villes anglaises (Hamnett, 2003a; Appert, 2008a).
Trame urbaine et démographie
Londres comme dénomination désigne plusieurs ensembles géographiques et administratifs
différents qui peuvent semer la confusion.
Il y a d’abord le Grand Londres, d’une superficie d’environ 1 600 km2 (quinze fois supérieure à
celle de la ville de Paris), qui se compose de deux parties : l’Inner London (ville centre
traditionnelle) et l’Outer London (territoire de banlieues entourant l’Inner London et divisé en
32 arrondissements). Le Grand Londres est l’une des neuf subdivisions régionales de l’Angleterre
et est sous l’autorité du Greater London Authority et du Maire de Londres. En 2011, la
population du Grand Londres totalise 8,1 millions d’individus : 3,2 millions dans l’Inner London
et 4,9 millions dans l’Outer London (Cox, 2012). Entre 2001 et 2011, près d’un million de
nouveaux arrivants se sont installés dans le Grand Londres, dont 690 000 provenant de
l’immigration internationale. Cependant, au cours de la même période, le Grand Londres a
perdu plus de 740 000 ménages au profit des zones périurbaines et suburbaines de Londres où
le foncier est plus accessible (Cox, 2012).
Au cœur du Grand Londres, mais indépendante d’un point de vue politique et administratif, se
trouve la Cité de Londres ou la City, territoire d’un mille carré qui représente le berceau
historique de la métropole et principal centre financier. C’est à cet endroit que les Romains
fondèrent leur Londonium sur les berges de la Tamise.
D’un territoire légèrement plus important que celui du Grand Londres, on retrouve
l’agglomération londonienne ou la région urbaine de Londres. En 2011, selon les chiffres de
l’ONU, sa population totalise 9,1 millions d’individus. En Europe, seules les agglomérations de
Moscou et de Paris surpassent en démographie l’agglomération de Londres. L’agglomération
londonienne inclue davantage de banlieues périurbaines que le Grand Londres, ainsi que la
ceinture verte de Londres, la Greenbelt. Créée après la Deuxième Guerre mondiale, la Greenbelt
a pour mission de contenir l’expansion urbaine de Londres, mais également de régler certains
problèmes d’insalubrité liés à la densité urbaine rencontrés depuis l’époque victorienne.
L’agglomération londonienne, à cause de cette ceinture verte connaît donc un très faible
étalement depuis la Deuxième Guerre mondiale.
Au-delà de l’agglomération londonienne, se trouve la London Metropolitan Area, constituée de
deux anneaux périurbains forts dynamiques, quoiqu’économiquement dépendant de Londres.
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Ce territoire concentre une population extrêmement mobile, les commuters ou les navetteurs,
qui doivent faire une grande distance pendulaire quotidiennement pour rejoindre leur lieu de
travail dans le centre de Londres, accentuant d’autant plus la pression sur le réseau autoroutier
de la métropole (Pain, 2008). En 2011, il est estimé que la population de l’aire urbaine de
Londres atteint les 20,3 millions d’individus (Cox, 2012). Ce chiffre représente toute la
population vivant à Londres ou dépendant économiquement de la métropole. Considérant que
la Greenbelt limite l’étalement de l’agglomération londonienne, c’est donc la London
Metropolitan Area qui connait la plus grande croissance démographique et territoriale. D’ici
2030, Londres et sa régions urbaine devra accueillir près de 1,25 million de nouveaux citoyens,
ce qui représente environ 750 000 nouveaux emplois concentré dans la métropole (ICE, 2012).
Administration
La construction du pouvoir et des structures de gestion municipales à Londres dépend
historiquement de la couleur du parti politique au pouvoir au Parlement central. En effet, le
pouvoir central demeure jaloux, au cours des différentes époques, de ses compétences et
pouvoirs. Conséquemment, le pouvoir central affaiblira ou donnera davantage d’influence et de
Limites de la région et de la métropole londonienne, 2005.
Source : Cox, Wendell (2012), The evolving urban form: London, New Geography, Site
Internet.
http://www.newgeography.com/content/002970-the-evolving-urban-form-london
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