42 L’HÔTEL DE SAINT-AIGNAN
vinrent s’installer à Paris au début du siècle, et dont les
chemins aboutirent à l'hôtel de Saint-Aignan. À partir de
sources d'archives, le musée propose une séquence docu-
mentaire sur l'histoire du judaïsme européen, la fin des
communautés exterminées, l'immigration à Paris, la vie
juive dans le quartier du Marais, les métiers, les struc-
tures associatives.
Une oeuvre murale de Christian Boltanski rend hommage
aux habitants de l'hôtel de Saint-Aignan en 1939, artisans
juifs pour la plupart, dont une grande partie furent assas-
sinés dans les camps nazis.
1.2 Le Fonds Dreyfus
En même temps qu'une exposition en 2006, Alfred Drey-
fus, le combat pour la justice, le musée a mis en ligne
une présentation de l'affaire Dreyfus et de son « fonds
exceptionnel relatif à l'Affaire et à la famille Dreyfus, en
permettant une consultation en ligne des plus de 3 000
documents, lettres, photographies, et autres qui le com-
posent ».
Au centre de la cour intérieure se trouve une grande statue
moderne représentant Dreyfus tenant à la main son épée
brisée, une copie de Hommage au capitaine Dreyfus.
•Alfred Dreyfus en uniforme (1890)
•Galons arrachés à Dreyfus le jour de sa dégradation
publique (1895)
•J'accuse... !, une du journal l’Aurore publiant la lettre
d’Emile Zola (1898)
•Affiche de l'exposition Alfred Dreyfus, le combat
pour la justice (2006)
2 L’hôtel de Saint-Aignan
2.1 Historique
L'hôtel est bâti en 1644-1650 pour Claude de Mesmes,
comte d'Avaux, surintendant des finances de Mazarin.
C’est Pierre Le Muet, architecte du roi, qui en dresse les
plans.
En 1688, l’hôtel est racheté par Paul de Beauvilliers,duc
de Saint-Aignan, qui entreprend une campagne de travaux
de réfection et de modernisation. Il aménage le premier
étage en appartements et fait appel à André Le Nôtre pour
redessiner un jardin à la française.
En 1792, l'hôtel de Saint-Aignan est saisi et mis sous sé-
questre à la suite de la Révolution. Il devient le siège de la
septième municipalité en 1795, puis du septième arron-
dissement jusqu'en 1823, avant d'être partagé en locaux
commerciaux de toutes sortes.
La cour d'honneur
Ayant fait l'objet de reventes successives, l'hôtel est voué
à partir de 1842 au commerce et à la petite industrie. Des
photographies d'époque, en particulier celles d’Eugène
Atget, évoquent la vie de cet immeuble où vivent désor-
mais des artisans juifs immigrés de Pologne, de Rouma-
nie et d'Ukraine.
Lors des grandes rafles antijuives de 1942, plusieurs per-
sonnes vivant dans le bâtiment sont arrêtées et déportées.
Au total, treize des habitants juifs de l'hôtel seront assas-
sinés dans les camps.
L'hôtel de Saint-Aignan est racheté par la Ville de Paris
en 1962, et est classé monument historique en 1963.
En 1978 débute une première campagne de restauration,
sous la direction de Jean-Pierre Jouve, architecte en chef
des Monuments historiques. Le bâtiment est alors affec-
té aux Archives de Paris. Une seconde campagne de res-
tauration de l'hôtel s’ouvre en 1991, sous la direction de
Bernard Fonquernie, architecte en chef des Monuments
historiques.
En 1998, à l'initiative du maire de Paris,Jacques Chi-
rac, l'hôtel de Saint-Aignan est affecté à l'installation d'un
musée consacré à la civilisation juive : le Musée d'art et
d'histoire du Judaïsme.
2.2 Architecture
L’hôtel est bâti en 1644-1650, sur une grande parcelle
irrégulière où s’élevait l'hôtel familial hérité par Claude
de Mesmes. Son auteur, l'architecte Pierre Le Muet, pro-
pose un décor sans précédent dans l'architecture civile
parisienne. Ayant abattu le vieux bâtiment, il adopte le
plan usuel des grands hôtels aristocratiques, corps de lo-
gis principal en retrait de la rue, au fond d'une grande cour
légèrement rectangulaire et aile unique en retour à droite
avec une grande galerie à l'étage. Au rez-de-chaussée de
l'aile droite se trouvaient les cuisines, réaménagées au-
jourd'hui pour accueillir des ateliers, ainsi que la salle
à manger, désormais rattachée à la librairie du MAHJ,
qui présente un décor de fresques exceptionnel attribué à