
2 LA VIE PERTURBÉE PAR LE CANCER
Mon cœur n’a fait qu’un tour quand, un soir, un médecin et deux internes sont venus dans ma
chambre d’hôpital pour m’annoncer une nouvelle qui allait changer ma vie à jamais : « Vous avez
le cancer. Il n’y a aucune chance de survie. » C’était un mois de septembre. « Nous doutons que
vous vous rendrez au nouvel An », a dit le médecin. Je me suis sentie comme transpercée par un
poignard. Mais mon état de choc et mon incrédulité ont alimenté une détermination qui allait
déer tout ce qui jouait contre moi et me faire découvrir ce que j’appelle, depuis, « l’autre facette
du cancer ».
J’avais 30 ans. Seulement deux ans plus tôt, j’avais perdu ma mère, décédée d’un mélanome
malin. Sachant à quel point elle avait souffert, il me coûtait d’appeler mon père et ma sœur pour
leur faire part de la mauvaise nouvelle. Mais les mots de mon père m’ont encouragée : « On fera
tout ce qu’il faut. On est ici pour toi et on va lutter ensemble. » C’est à ce moment que j’ai su que
je n’allais pas vivre ce cancer dans la solitude.
J’allais ensuite endurer une gamme de traitements agressifs qui donnent envie de vomir,
notamment la chirurgie, la chimiothérapie et la radiothérapie, et qui ont gravement endommagé
des nerfs dans ma colonne vertébrale et mes jambes. Mais le soutien et l’encouragement que
j’ai reçus d’un vaste réseau composé de ma famille, d’amis et de professionnels de la santé
dévoués me donnaient une force vitale qui m’énergisait et me propulsait vers un mieux-être et
un rétablissement.
Aujourd’hui, plus de 20 ans se sont écoulés et chaque fois que je pense au fait que mon corps
est libéré de ce cancer ovarien à petites cellules de stage IV qui a menacé ma vie, je ne ressens
que de la gratitude. Mais tous les matins quand j’enle les orthèses et la prothèse qui m’aident
à marcher – avec une canne –, je me rappelle que le cancer fera toujours partie de
ma vie.
En 1992, membre du conseil de l’Association canadienne des cosmétiques, produits de toilette
et parfums (CCTFA), je faisais partie du comité d’exploitation qui allait établir la fondation de la
CCTFA pour soutenir les femmes atteintes de cancer et le programme Belle et bien dans sa
peau. J’ai été l’une des premières bénévoles du programme et aujourd’hui, près de deux
décennies plus tard, en tant que directrice générale de la Fondation, je peux dire avec conviction
que mon travail est davantage qu’une carrière, il constitue ma vocation, littéralement. Rien n’a
plus de valeur pour moi que de participer à notre vision améliorée, qui est d’encourager la
conscientisation, la compréhension et tout le soutien dont ont besoin les gens qui vivent avec
le cancer, à chaque étape. Je suis persuadée que le rapport « La vie perturbée par le cancer :
800 femmes parlent » est le premier pas vers l’implantation de notre vision d’un avenir où les
soins centrés sur les besoins des patients seront normalisés.
Avant-propos