GAM 2ème Seuil – Séq. 18 : La Torah des prêtres
!
Objectifs
Percevoir que le projet théologique sacerdotal a imprégné tout l’AT par sa rédaction finale.
Discerner les traits qui le différencient de la théologie isaïenne (et plus tard chrétienne), de même
que les implications qui en découlent.
Points de vigilance
Ces divergences, apparemment irréductibles, ne doivent pas nous faire oublier l’apport
constructif de cette théologie. Le courant sacerdotal a permis à Israël de continuer d’exister
comme peuple : au retour d’exil il a donné naissance au judaïsme, à un moment il était
réduit à presque rien. On mettra en valeur la complémentarité de ces deux courants et ce,
d’autant plus qu’à notre époque, nous sommes confrontés aux richesses et aux dangers d’un
pluralisme de fait, dans et en dehors de l’Eglise.
Commenter succinctement Gn 1 (s’appuyer sur le montage) dans cette perspective ; il s’agit
de faire ressortir la théologie sacerdotale qui transparaît à travers le texte.
La littérature sacerdotale est très conséquente, il faut donc s’attacher à l’essentiel : énumérer
les grands thèmes et grands textes et en faire percevoir les implications. La séquence
audiovisuelle y aidera.
Ecueils à éviter : une analyse exégétique trop détaillée, des interprétations plus tardives,
(chrétiennes et autres qui pourront être mentionnées en final). La démarche des seuils met au
contraire en relief, combien le projet théologique sacerdotal diffère de la théologie chrétienne.
Bibliographie
Jacques BERNARD « Les récits de création » Les Cahiers de Message du Secours
catholique n° 455. Cf. Annexe 18.3.
CE 15, 96, 106
Exégèse 2S (94) chap.5, p. 5.3 – 5.13
Théologie 2S (87) chap.4, p. 32-39; cf. ce qui concerne le sacerdotal
Théologie 2S (99) p. 60-75; cf. ce qui concerne le sacerdotal
CE 106 p. 21 en annexe 18.1
Pour l’enchaînement des séquences
Rappel
Gn 1 : Création en sept jours ; Gn 8 : le déluge ; la promesse à Abraham : Gn 12 ; 17 ; Ex 19-20.
Prochaine séquence
Lectures bibliques à demander en préparation :
Ps 126 (125) : chant du retour.
Za 4,14 : les deux oints de Yahvé: le roi Zorobabel et le grand prêtre Josué (voir aussi note BJ)
Is 25,8-9 : le festin messianique
Is 63,15-19 : Ah ! Si tu déchirais les cieux ! ; Is 65,19 : la joie de Jérusalem
Is 61 : la vocation du prophète
GAM 2ème Seuil – Séq. 18 : La Torah des prêtres
Esthétique*
« Dieu restait le seul Dieu. »
Sur un ton solennel, le baryton proclame le chant du premier récit hébreu de la création :
«
Bereshit bara Elohim…
»
Les images de cette séquence évoquent deux grands thèmes, le culte et la création (Gn 1) : les
temps sacrés du culte (136 à 138 et146) servent de cadre d’inclusion au temps primordial de la
création (139 à 145).
Outre ces thèmes, le texte évoque d’autres récits issus de la théologie sacerdotale : Noé et le
déluge (140), Babel, Abraham (141), Moïse et l’Exode (142) ; ils sont rattachés à l’Exil (146).
(136 à 138) Le culte prend une importance considérable au temps de l’Exil.
(136) La Torah, substitut du Temple détruit.
(137) La circoncision, marque l’identité nationale.
(138) Le shofar, évocation des grands jours de Kippour et de Soukkot, ainsi que le
passage des néoménies (mois lunaires) au shabbat hebdomadaire.
Sept dias (139-145) évoquent la création en sept jours de Gn 1.
(139-140) le chaos des origines : la mer peut rappeler le mythe mais aussi l’Exode.
(141 à 145) la création comme œuvre de séparation lumière/ténèbres.
(145) le « grand luminaire » rythmant les fêtes qui marquent les événements de salut ;
rappel du désert et de la terre donnée par YHWH sur laquelle on va reconstruire le
Temple.
(146) Coffre de Torah dans une synagogue, évocation du Temple reconstruit, neuf.
Le culte, lieu de mémoire des événements de salut,
fait de toute la vie une liturgie.
137
instruments
de
circoncision
136
rouleau
de Torah
ornementé
138
Shofar
(art juif)
146
plaque en métal
pour la Torah
(art juif)
139
masse
d’eau
noire
140
idem
avec partie
noire
au milieu
141
ciel
(trucage)
terre noire
142
rayons
circulaires
terre noire
143
soleil qui se
lève
terre noire
144
soleil
se lève plus
terre noire
145
le soleil est
levé
terre éclairée
Objets
de culte
2. Sept dias : les sept jours de la création avec, au centre, le rappel de la vision d’Ézéchiel
3.
}
}
1. Rappel
d’Ézéchiel
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Données*bibliques*et*historiques*
Contexte politique
« Loin du Temple de Jérusalem... »
Dans le contrat de rapatriement, les exilés rentrent au pays avec leur clergé. Les ustensiles du
Temple sont restitués. Des cadres perses aident les autorités locales à faire régner l’ordre
politique tout en assurant éventuellement les bases stratégiques et économiques d’une nouvelle
conquête vers l’Egypte. Les prêtres soucieux d’assurer les appuis de leur pouvoir tout en
sauvegardant la foi des Pères, vont se servir de cette opportunité et mettre la Torah ébauchée
par Josias dans un ensemble qui corresponde aux souhaits des Perses. Dans une lecture
politique, on voit une des raisons de l’édition de la Torah et on comprend pourquoi les Perses
s’appuieront sur le pouvoir sacerdotal pour assurer la tranquillité dans la province de Judée, zone
frontalière avec l’Egypte.
Les prêtres et le courant sacerdotal
« Le Temple avec ses prêtres pourrait reprendre place au cœur de l’univers. »
Les prêtres avaient pris de l’importance avec la réforme cultuelle de Josias, mais l’œuvre littéraire
sacerdotale apparaît avec la fin de l’Exil, où des prêtres exilés, vivent dans l’espoir de la
restauration du Temple.
Au retour d’exil ils auront à cœur de refaire l’identité et l’unité du peuple. Ils organisent la religion
à partir du Temple et de la Torah. Ils développent les rites d’identification (circoncision, shabbat
hebdomadaire…) et la liturgie pour se démarquer des païens. Ils vont œuvrer à la reconstruction
du Temple (cf. livres d’Esdras et Néhémie) et mettent en place une liturgie synagogale et les
grands pèlerinages au Temple à Jérusalem.
La littérature sacerdotale
« Les prêtres, eux aussi, relevaient le défi. »
Une œuvre importante
La littérature sacerdotale encadre principalement les quatre premiers livres de l’Ancien
Testament (Genèse, Exode, Lévitique, Nombres, et une bonne partie du Deutéronome). C’est
une grande composition théologique qui utilise des traditions de récits anciens qu’elle organise
avec des codes législatifs, en insistant sur la dimension communautaire et la foi spécifique
d’Israël. Elle est mise progressivement en forme à l’époque des retours tandis que les auteurs
deutéronomistes (partie du peuple restée en Judée) retravaillent surtout la rédaction du
cinquième livre.1
Sous la domination perse, plusieurs courants pourtant différents, élaborent un texte unique (la
Torah) qui deviendra au 4ème siècle avant JC le texte traditionnel du Pentateuque ou ‘Loi de
Moïse’. De nombreux psaumes et des inserts dans les livres des prophètes viennent du
Sacerdotal (ex. : Ps 8 ; 106 ; Am 4,13 ; 5,8-9 doxologies) ; l’histoire sacerdotale laissera son
empreinte jusque dans les livre dits historiques (cf. Josué).
Traits typiques de la littérature sacerdotale
Le Sacerdotal a souci de signifier l’importance de l’unité des douze tribus d’Israël en présentant
des liens généalogiques entre les traditions d’époques et de lieux différents : la trilogie : Abraham
– Isaac – Jacob.
Il donne beaucoup d’importance aux lois : Ex 20,1-17 (Décalogue)
1 Cf. CE 106, p. 21.
GAM 2ème Seuil – Séq. 18 : La Torah des prêtres
Juxtaposées à ces lois, des prescriptions rappellent le lien indissociable entre culte et attitude vis-
à-vis du prochain : Ex 19,1–24,15a ; 22,20-26.
Pour le sacerdotal, la Loi doit rappeler à l’homme son statut de créature, tout en lui donnant le
moyen de se maintenir pur et saint. Ainsi, l’action créatrice de Dieu pourra-t-elle se prolonger à
travers la Torah.
Présentation du texte de Gn 1
Dans le contexte de l’exil, affrontée aux fastes de la religion babylonienne, la communauté
sacerdotale veut montrer que Yahvé est plus grand que les dieux babyloniens. Prolongeant leurs
traditions ils en font une confession de foi marquée par la démythologisation : On y trouve les
thèmes mésopotamiens de la séparation des eaux supérieures et des eaux inférieures, du
surgissement des astres... Le tout encadré dans une semaine de sept jours.
[cf. Les Cahiers de Message du Secours catholique n° 455, p. 108 à 117.]
Enjeux*théologiques*et*implications*morales*
Commentaire théologique de Genèse 1
« Par là commencerait l’histoire d’Israël. »
[Cf. Les Cahiers de Message du Secours catholique n° 455, p. 108 à 117.]
L’essentiel de la théologie sacerdotale est affiché dans le récit qui ouvre la Bible, le premier
chapitre de la Genèse.
Par le texte Gn 1, est affirmée la souveraineté de Dieu sur la création qu’Il vient d’appeler à
l’existence en la sortant du chaos. Ainsi Dieu sauve son peuple et « transforme la situation
d’Israël exilé, faite de pauvreté, de misère et de désespoir en une situation de joie et de paix.» 2
La parole créatrice
« Dieu dit... et cela fut ainsi. »
Face au système babylonien de création la lutte des dieux entre eux fondait le cosmos, le
Dieu d’Israël crée à partir du chaos (tohu bohu) par sa parole. Sa première création, la lumière, le
situe au dessus du principe spirituel perse : Que la lumière soit et la lumière fut. (Cf. Ezéchiel
36,36 qui avait déjà mis au compte de YHWH la parole toute puissante des dieux mythiques
babyloniens et surtout le 2ème Isaïe sur le rapport entre l’ordre du salut et l’ordre de la création).
Sortie du chaos par une œuvre de séparation
« Au commencement de créer le ciel et la terre, la terre était informe et vide. »
Le sacerdotal décrit l’œuvre de Dieu. A partir d’un chaos préexistant3 tout comme il a fait sortir
son peuple de l’exil, par une œuvre de séparation : Dieu fit le firmament qui sépara les eaux qui
sont sous le firmament… (Cf. Ex 14, 21 : les eaux se fendirent).
Toute la théologie sacerdotale se fera sur cette conviction qu’Israël est un peuple ‘séparé’ ‘saint’,
‘mis à part par Dieu’ : pas de mariages mixtes, règles alimentaires, etc.)
Œuvre de création et démythologisation
A Babylone, le jour est le jour de l’AKI TU, l’on célébrait les deux grands dieux
babyloniens : le soleil et la lune. En Gn 1, grand et petit luminaires, ne sont plus que les créatures
du quatrième jour (leurs noms ne sont pas mentionnés). Cela évite le risque de les diviniser et les
relègue dans un rôle subalterne, au service des fêtes et du calendrier liturgique juif.
2 CE n° 15 p. 53 1e colonne.
3 La mention d’une création « ex nihilo » est plus tardive (2 M 7,28).
GAM 2ème Seuil – Séq. 18 : La Torah des prêtres
L’œuvre de démythologisation se fait aussi par le biais de l’insertion en tête de la plupart des
strophes la phrase : il dit… et il en fut ainsi, parole qui va de pair avec la formule « et il donna
pour nom ». C’est ainsi que le Dieu d’Israël donne l’être aux éléments primordiaux. Il les crée.
Dès lors, plus aucune puissance mythique n’est à craindre ni à révérer. Les animaux en relation
avec les cultes de vie sont eux aussi créés. La mention des animaux dits ‘mythiques’ (reptiles,
oiseaux…) est une invitation à recevoir comme don de Dieu tout ce à quoi les autres religions
attribuaient un caractère divin.
Toute fécondité est le résultat d’une bénédiction de Dieu, et non plus le fruit des cultes païens.
C’est l’âge d’or de l’humanité hommes et animaux vivent en paix, se nourrissant des plantes4.
Héritant du Lévitique, le Sacerdotal rappelle que la vie est bénédiction de Dieu ; il ne s’agit pas de
l’accaparer par l’intermédiaire du sang et de viandes impures.
L’homme
La relation de création atteint son sommet quand il s’agit de l’homme (3 fois « créa »). Adama =
la terre ; (Adam = le terreux, le glaiseux).
« Qu’il domine » (Gn 1,25) : Adam, l’homme prêtre domine la création, c’est à dire qu’il la
consacre au Seigneur.
« Multipliez », « emplissez » (Gn 1,20-30) : ce thème est très présent dans la littérature
sacerdotale (Gn 9,1-14…). Il s’agit essentiellement de repeupler la terre d’Israël, pour faire
la conquête du monde (et après Zacharie, une royauté de prêtres, c'est-à-dire une
théocratie).
« A notre image, comme à notre ressemblance », (image = tselem : porte étendard qui
figurait le Dieu ou le roi absent à la fin de la procession babylonienne) ; pour les
sacerdotaux, le tselem ne sera plus celui de Mardouk mais Adam, ‘lieu tenant’ de Dieu qui
ordonnance le sacré, et fait du monde entier une grande procession liturgique.
C’est donc une vision sacerdotale de l’homme : à qui il revient de donner signification religieuse à
la vie des exilés et à toute la création. (Cf. Ex 19,6 « royauté de prêtres » et « peuple saint »).
L’Alliance de Dieu avec Israël
L’homme est créé à l’image de Dieu, c'est-à-dire qu’il est créé pour l’Alliance avec Dieu (Gn
1,27).
L’Alliance adamique en Gn 1 est le première d’une suite de ruptures et de recommencements :
Alliance noachique (Gn 9 : avec Noé ; Gn 15 : avec Abraham ; Ex. 19–20 : Alliance mosaïque au
Sinaï).
Cf. Exégèse 2S (94) p. 5.11-12 : Les grands thèmes sacerdotaux dans l’ensemble du
Pentateuque
Shabbat repos de Dieu
Le cadre sacerdotal de sept jours remplace un poème de création babylonien en dix jours.
L’auteur introduit dans le récit de création son calendrier sacerdotal. C’est à cette époque que se
sont affirmés avec acuité le calendrier liturgique et le sabbat, en réaction contre le mois lunaire et
la semaine de dix jours de Babylone. L’année liturgique et la semaine de sept jours sont données
par le Dieu d’Israël.
Conclusion Gn 1
« Ce poème liturgique a la force de renverser les dieux de l’oppresseur pour tout remettre dans le
bon ordre : c’est notre Dieu qui nous sauve de tous les chaos, celui des origines, comme celui de
l’exil. »
Ce texte de Gn 1 confesse un monothéisme ‘de rejet’, différent du monothéisme du 2nd Isaïe. Ce
monothéisme a vu le jour dans un contexte Israël devait marquer sa différence, en s’opposant
4 Cf. note BJ 1978, note f.
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