DOSSIER HISTOIRE DES ARTS
Thème "Art et autobiographie" (Comment les artistes parlent d’eux-mêmes à travers l’art?)
Période historique: le monde d'aujourd'hui
Domaines artistiques:
arts du son (chanson, style rap)
arts du visuel (peinture, tag & graffiti)
arts du langage (genres littéraires autobiographiques)
Sommaire
1. La chanson
2. La culture urbaine, le Hip Hop
- Break Dance
- Rap
- Tag
- Graffiti
1. La chanson (genre musical)
En tant que morceau: pièce musicale destinée à être chantée, texte mis en musique souvent
divisé en couplets et refrain
En tant que genre: genre musical caractérisé par l'association de paroles et de musique sur
des formes généralement brèves,. La chanson est habituellement simple, accessible à tous,
destinée à être largement diffusée et à se conserver; souvent elle se transmet de génération
en génération.
Une chanson est une œuvre composée d'un texte et d'une musique indissociables l'un de l'autre.
Simple comptine enfantine de quelques mots ou longue chanson de geste (voir les 4 002 vers de La
Chanson de Roland du XIIe siècle), cette expression littéraire et musicale peut revêtir des formes et
des structures diverses (couplet/refrain, strophe ou laisse, canon, mélodie accompagnée ou lied
allemand… ) et couvrir des genres bien différents comme la musique traditionnelle ou folklorique,
la musique classique ou éthnique, le rock 'n' roll ou le jazz.
Elle peut être chantée a cappella (sans accompagnement instrumental), à une voix (monodie) ou
plusieurs comme dans un choral (polyphonie), mais le plus souvent, la chanson est accompagnée
par un ou plusieurs instruments (guitare, piano, groupe...), voire un big band ou un grand orchestre
symphonique.
"Longtemps, longtemps après que les poètes ont disparu, leurs chansons courent encore dans les
rues..." Charles Trenet, 1951.
La création d'une chanson nécessite généralement la complicité de deux artistes : l'auteur des
paroles (parolier), le compositeur de la musique. Leur travail se fait à leur gré, la mélodie naissant
parfois du texte ou le texte de la mélodie, ou même les deux simultanément comme pour certains
auteurs-compositeurs. Alain Souchon/Laurent Voulzy, Boris Bergman/Alain Bashung, Mylène
Farmer/Laurent Boutonnat, Jacques Lanzmann/Jacques Dutronc ont formé des duos
auteur/compositeur devenus célèbres en France.
Intervient ensuite l'interprète (le chanteur ou la chanteuse) qui donnera vie à la création. Certains
réunissent les trois fonctions et sont donc nommés auteurs-compositeurs-interprètes.
Parfois, un quatrième musicien intervient : l'arrangeur musical, celui qui harmonise et donne la
couleur particulière à la chanson par son orchestration
2.Culture urbaine, la culture hip hop (rap, danse urbaine -break, smurf, hype-, art
graphique -tag & graffiti-, mode vestimentaire, langage, attitude)
Break dance: Le break dance (ou break) est un terme utilisé pour désigner un style de danse
développé à New York dans les années 1970, caractérisé par son aspect acrobatique et ses figures au
sol. Un danseur de break dance est appelé breaker, b-boy, ou encore b-girl s'il s'agit d'une femme.
Le rap, historique
Comme pour beaucoup de genres musicaux, il est bien difficile de dater précisément les débuts.
Une chose est certaine, le rap n’est pas venu de nulle part, il est l’héritage d’une longue tradition
musicale depuis le gospel jusqu’au Reggae. Autre certitude, le rap est né dans le Bronx, dans un
quartier de New York livré à lui-même.
Le mot rap signifie en anglais américain quelque chose comme "baratin". Il est utilisé dans des
expressions comme « Don’t give me this rap » (sors pas ton baratin) ou dans un autre sens « take
the rap » (payer pour les autres).
Comme genre musical, le rap peut être défini ainsi (Rousselot et Lapassade) : « c’est la diction, mi-
parlée, mi-chantée, de textes élaborés, rimés et rythmés, et qui s’étend sur une base musicale
produite par des mixages d’extraits de disques et autres sources sonores ».
Le rap émerge dans un ensemble plus vaste que l’on a progressivement appelée la culture hip-hop et
qui comprend également des danses urbaines (break, smurf, hype), des modes vestimentaires, des
arts graphiques (graffiti, tag), un langage.
Aux sources musicales du rap
Les deux sources principales du Rap sont la musique noire américaine et la musique jamaïcaine, en
particulier le reggae .
Le rap s’inscrit en effet dans une filiation allant du Gospel à la funk en passant par le blues, le jazz,
la soul, le rock.
Ces différents genres musicaux ont tous inspirés le rap, par leur rythmique, leur instrumentation,
leurs mélodies (ne serait-ce que par les samples utilisés par les DJ).
Une tradition verbale existe déjà dans la culture afro-américaine, celle des dirty dozens, ces insultes
à connotation sexuelle, le plus souvent adressées à la mère de la personne visée (le Motherfucker
vient de là….). Mais là, il ne s’agit pas de politique. Pour retrouver les prémices du rap dans sa
dimension politique et sociale, il faut s’intéresser au groupe des Last Poets. Ils sont en effet les
précurseurs du rap par les thèmes qu’ils abordent (la défense de l’homme noir persécuté et son
affirmation), par le langage qu’ils utilisent (celui de la rue parlé par les noirs), par le choix de la
rime enfin. Le groupe se forme en 1969, il est proche des Black Panthers qui scandent alors leur
slogan « Black Power ». Leur premier album sort en 1970. Ils vont, en parallèle à l’émergence du
rap, mener une carrière de chanteurs militants, marquée par des titres comme « Niggers are Scared
of Revolution » (« Les nègros ont peur de la révolution ») ou « Run, Nigger, Run » (« Cours,
Négro, Cours »).
L’autre source importante du rap, surtout pour les conditions dans lesquelles la musique est réalisée,
est la musique jamaïcaine, elle-même très liée aux genres précédemment cités. L’histoire de la
musique est en effet faite d’allers-retours constants et d’influences réciproques. Dans les années
1950, parmi les animateurs de radio, une tradition du parler en rythme sur la musique diffusée se
développe chez des DJ’s noirs de Floride. Les DJ’s jamaïcains, qui captent les radios de Miami et de
la Nouvelle-Orléans, s’en inspirent pour créer le toasting. Mais en Jamaïque, le toasting se
développe plutôt dans la rue, à bord de sound-systems mobiles, lancés par les disquaires pour faire
connaître la musique que les gens n’ont pas les moyens de s’acheter. Les disques de reggae joués en
version instrumentale, les dubs (sur les faces B le plus souvent) font ainsi les beaux jours de ces
discothèques ambulantes que sont les sound-systems. Précisons qu’il y a alors de moins en moins de
musiciens live du fait de l’émigration vers les Etats-Unis ou le Royaume-Uni et du développement
du tourisme sur la côte Nord de l’île. Dans les années 1960, les sound-systems, (pour lesquels une
personne suffit : le selector) remplacent donc progressivement les musiciens.
Au cours des années 1960, le toast débarque aux États-Unis et rencontre un grand succès dans les
rues des ghettos. Les techniques évoluent, le parler des toasting s’américanise. Un DJ d’origine
jamaïcaine, DJ Kool Herc (Clive Campbell, de son vrai nom) affirme le style DJ rap au début des
années 1970, il est un des pères du rap.
Revenons donc aux États-Unis et plus précisément dans le Bronx.
Le rap naît dans les années 1970, dans les ghettos urbains des grandes villes des États-Unis, en
particulier dans le quartier du Bronx à New York (au Nord de la ville de New York). Malgré
l’émergence progressive d’une classe moyenne noire, l’essentiel de la communauté noire vit alors
dans des ghettos aux cœurs des grandes villes, le plus souvent dans des projects (ces HLM à
l’américaine).
Entre les années 50 et la fin des années 60, la moitié des blancs a quitté le South Bronx pour les
banlieues plus éloignées et uniformes du New Jersey, du Queens et de Long Island. HLM et
autoroutes sont alors concentrées dans le South Bronx pour les épargner à Manhattan.
Le South Bronx perd 600 000 emplois dans l’industrie, 40% du secteur disparaît. Au milieu de la
décennie 70, le revenu annuel moyen par habitant du Bronx est à 2430 $, soit la moitié de la
moyenne à New York et 40% de la moyenne nationale. Le taux de chômage de jeunes est à 60%,
sans doute plus (80% par endroit).
La paupérisation du Bronx entraîne l’essor de l’économie parallèle. Celle de la drogue bien sûr,
l’héroïne en particulier à partir de 1968. C’est aussi la période des grands incendies. De nombreux «
marchands de sommeil », n’ayant aucun intérêt financier à l’amélioration des logements, mettent
eux-mêmes le feu aux appartements pour être indemnisés, de mèche avec les assurances. Mais tout
cela incite les autorités au laissez-faire et leur permettent de justifier la réduction des services
publics. 7 compagnies de pompiers sont ainsi supprimées dans le Bronx. La municipalité de New
York, sous le mandat d’Abraham Beame, va d’ailleurs tout droit vers une ruine financière (ce qui ne
l’empêche pas de dépenser des millions contre les graffeurs, autre composante essentielle de ce qui
devient le hip-hop…). Tout le monde semble purement et simplement envisager la disparition du
Bronx et de sa population, à petit feu. La visite du président Jimmy Carter en 1977 n’y change rien.
Le Bronx est devenu l’angle mort de la ville. Un quartier à l'abandon d'où va sortir une culture
nouvelle.
Après 1968, les Black Panthers et d’autres mouvements politiques comme les Young Lords avaient
tenté de s’implanter sans succès. Après 1971, « ne restaient que les gangs de jeunes pour remplir le
vide laissé par les révolutionnaires » (Jeff Chang). Dans les années 1960, au fur et à mesure que des
Afro-Américains, des Afro-Caribéens et des Latinos s’installaient dans des secteurs autrefois
peuplés d’Irlandais, de Juifs et d’Italiens, des gangs de jeunes blancs s’attaquaient à eux. Cela
suscita en réaction la formation de gangs noirs et latinos, défensifs au départ, qui allaient devenir
des gangs comme les autres. Pendant quelques années, « ils structuraient le chaos ». Pourtant, cette
structuration montrait ses limites et de véritables traités de paix signés entre gangs, notamment à
l’initiative des Ghetto Brothers en 1971, devaient progressivement changer le climat sans faire
disparaître la violence. C'est parmi les jeunes de ces gangs que l'on va trouver certains des
fondateurs du hip-hop et du rap, à l'image d'Afrika Bambaataa.
Le rap ne vient donc pas de nulle part, mais le sample, le collage, le scratch, le cut, toute la gestuelle
sur scène, vont progressivement lui donner de fortes spécificités qui en font un genre musical
original promis à un bel avenir.
Tag (ou writing) & Graffiti
TAG: signature répétitive et de manière identique. Travail fait rapidement. Il demande une grande
habilité dans son exécution. Se fait à la bombe aérosol ou au marqueur. "Tag" est un mot anglais, il
signifie "insigne" ou "étiquette".
GRAFFITI: dessin ou inscription réalisé seul ou à plusieurs sur différents supports (sur une surface
non officielle) comme les wagons de trains, les rideaux de fers des commerces, les camions etc...à
l'aide de bombes aérosols.
Le terme graffiti, vient de l'italien graffito qui signifie "égratigner".
Le Tag
Les motifs des tagueurs sont nombreux, les principaux sont la trangression et la recherche de
liberté.
La transgression est l'acte de contrevenir à un ordre, à une loi.
La liberté est le fait d'agir sans contrainte et le fait de pouvoir choisir.
Les tagueurs fuient la captivité, la contrainte, ils recherchent l'autonomie, l'indépendance et la
liberté d'expression.
Le tag est aujourd'hui considéré comme une nouvelle forme de polution mais il peut-être aussi
considéré comme une agression visuelle qui révèle un malaise urbain. Les adolescents n'acceptent
pas l'autorité.
Les tagueurs transgressent les lois, ils taguent pour signaler leur présence dans la société, ils sont en
quête d'une reconnaissance sociale. L'espace urbain, pour eux, est un lieu d'inscriptions sociales.
Cette transgression est dûe aussi au fait que le tag ou le graff n'a pas de place ou peu sur le marché
de l'art, les tagueurs n'ont aucune reconnaissance.
Le but, à l'évidence, n'est pas de saccager ou de vandaliser mais de communiquer, de faire passer un
message.
Le tag est devenu une mode, le muralisme est un nouveau moyen d'expression pour les jeunes. Ils
recherchent la liberté, qu'elle soit d'expression ou qu'elle soit d'inscription.
La majorité des tagueurs a entre 12 et 25 ans, c'est-à-dire l'adolescence, période très sensible où l'on
recherche la liberté, où on essaie de se défaire de certaines normes (le père avec le nom, la scolarité
avec l'écriture et le domicile avec le lieu)pour en retrouver d'autres (le groupe, la mobilité et
l'image).
Ce sont des normes transitoires vers un nouvel état d'être, la liberté individuelle, l'indépendance, la
recherche d'une identité.
Après cette construction d'identité sociale dont la ville est le terrain initiatique, le tagueur explore la
surface et sa dangerosité (quartiers, ponts) et la profondeur (police, municipalité) de l'espace urbain.
Le mouvement du tag s'associe à une culture hip-hop (musique, danse) mais aussi à d'autres
manifestations comme le skateboard, les raves parties. La jeunesse envahit tous les espaces.
La ville est donc pour les tagueurs, un lieu d'affirmation en défiant les lieux gardés, les obstacles...
Le tag est une recherche de connaissance dans le monde social et artistique.
Les tagueurs n'ont pas seulement pour but de transgresser, c'est une recherche de liberté. Le tag
peut-être considéré comme un échappatoire à la violence, un apprentissage salvateur du support,
une incarnation de l'art brut mais non comme une nuisance, un manque de respect ou bien une
régression culturelle.
Le Graffiti
est né il y a quarante ans dans les sombres rues des villes délabrées d’Amérique du Nord. Pour les
adolescents s’aventurant dans ces dédales, peindre son nom sur un mur était l’affirmation d’une
nouvelle identité symbolique, exprimant leur force, et l’humour nécessaire pour « survivre » ici bas.
Ces artistes défièrent la force industrielle des 900 kilomètres d’acier et de machines dessinant
comme des vaisseaux sanguins sous la ville. En prenant possession des tunnels et en martelant les
kilomètres de décombres où se dressaient auparavant des immeubles, ils scandèrent : « Nous
sommes là, nous ne serons pas oubliés. » Ces années furent marquées par la naissance d’une
création innocente, qui enluminait la ville, transformant des ruines abandonnées en de brillantes
œuvres d’art offertes à tous, remettant en jeu le concept de propriété publique. Poussés par un désir
insatiable de création et d’aspiration à la beauté, ces jeunes développèrent leurs talents, pour devenir
des virtuoses de la calligraphie et des spécialistes en images chocs. L’évolution rapide de ce qui
était au départ un jeu d’enfant, en un mouvement artistique mature a été dirigé par la pression que la
vie urbaine exerçait sur le cœur des ces adolescents. Les artistes ont peint des formes et des couleurs
cinétiques, hyperactives, qui ne pouvaient exister que sur un objet en déplacement, imitant la vitesse
chaotique du réseau ferroviaire de la ville.
Le Graffiti explosa sur la scène artistique new-yorkaise. Il s’échappa de la rue pour les galeries
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