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monde à devoir fermer partiellement une partie de ses administrations, est
venue rappeler que l’économie de la première puissance mondiale est encore
loin de la guérison. Mais le mal est fait. La Fed a lancé un signal qui a conduit
les marchés financiers à se rendre compte que les économies émergentes
souffraient de certains maux qu’elles devront guérir si elles veulent vraiment
rivaliser avec les États-Unis, l’Allemagne, le Canada ou encore la Grande-
Bretagne.
des raisons structurelles
Les obstacles sont économiques, géopolitiques et sociétaux. En ce qui
concerne l’Inde, ses deux principaux maux économiques sont le déficit
budgétaire du pays et le déficit de la balance des paiements courants, ce
qui signifie que le coût des importations est plus important que ce que
lui rapportent les exportations. C’est une situation de fragilité qui a pour
résultat d’affaiblir la monnaie indienne, et donc son économie au moindre
choc. L’un de ces chocs a été causé par la décision des autorités de restreindre
la sortie du pays des capitaux pour les entreprises et particuliers indiens.
Une manœuvre qui a pour objectif d’éviter un « bank run », soit des retraits
massifs d’argent des banques indiennes vers des banques étrangères, ce
qui assécherait encore un peu plus l’économie indienne. Une partie des
investisseurs étrangers se sont dit qu’ils seraient les suivants sur la liste et
ont préféré partir avant d’être captifs (7).
Ceci constitue un problème pour plusieurs raisons. En effet, attirer les
capitaux internationaux est une obligation pour financer le déficit de l’État.
D’autant que la politique de relance de la consommation intérieure, mise en
place en 2009, s’est heurtée à un obstacle de poids : le manque d’infrastructures
de l’industrie indienne qui la rend incapable de répondre seule à la demande.
Les importations sont donc restées à un haut niveau. Certains produits
importés ayant augmenté de prix ont creusé le déficit commercial du pays
(4) et entretenu l’inflation. Pour lutter contre celle-ci, la banque centrale a
tendance à relever les taux d’intérêts pour justement restreindre la demande,
en rendant plus difficile les crédits, et donc limiter la hausse des prix. De
plus, cela soutient le cours de la monnaie et l’image internationale de celle-ci.
Mais des crédits plus chers freinent également les investissements intérieurs
et empêchent l’industrie indienne de se développer. Il est très difficile pour
l’Inde de sortir de ce cercle vicieux.
D’autant que la fuite des capitaux étrangers est également due à des raisons
sur lesquelles elle n’a pas vraiment prise. La corruption, en premier lieu.
Dans le classement annuel de l’ONG Transparency International, l’Inde
apparaît en 94e position sur 176 pays étudiés (le 176e étant le plus corrompu)