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2013/16
Siréas asbl
        Analyses & 
      Études
Économie
Les BRICS en difficulté :
le cas indien
par Pascal de Gendt
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Avec le soutien
de la Fédération
Wallonie-Bruxelles
Service International de Recherche,
d’Éducation et d’Action Sociale asbl
Secteur Éducation Permanente
Rue du Champ de Mars, 5 – 1050 Bruxelles
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www.lesitinerrances.com – www.sireas.be
Siréas asbl
Nos analyses et études, publiées dans le cadre de l’ÉÒducation permanente, 
sont rédigées à partir de recherches menées par le Comité de rédaction de 
SIREAS sous la direction de Mauro Sbolgi, éditeur responsable. Les ques-
tions traitées sont choisies en fonction des thèmes qui intéressent notre pu-
blic et développées avec professionnalisme tout en ayant le souci de rendre 
les textes accessibles à l’ensemble de notre public.
Ces publications s’articulent autour de cinq thèmes
Monde et droits de lhoMMe
Notre société à la chance de vivre une époque les principes des Droits de l’Homme
protègent ou devraient protéger les citoyens contre tout abus. Dans de nombreux pays ces
principes ne sont pas respectés.
ÉconoMie
La presse autant que les publications officielles de l’Union Européenne et de certains
organismes internationaux s’interrogent sur la manière d’arrêter les flux migratoires. Mais
ceux-ci sont provoqués principalement par les politiques économiques des pays riches qui
génèrent de la misère dans une grande partie du monde.
culture et cultures
La Belgique, dont 10% de la population est d’origine étrangère, est caractérisée, notamment,
par une importante diversité culturelle
MiGrations
La réglementation en matière d’immigration change en permanence et SIREAS est
confronté à un public désorienté, qui est souvent victime d’interprétations erronées des
lois par les administrations publiques, voire de pratiques arbitraires.
sociÉtÉ
Il n’est pas possible de vivre dans une société, de s’y intégrer, sans en comprendre ses
multiples aspects et ses nombreux défis.
Toutes  nos  publications  peuvent  être  consultées  et  téléchargées  sur  nos  sites 
www.lesitinerrances.com et www.sireas.be, elles sont aussi disponibles en version 
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Apparue au tout début du XXIe siècle, l’abréviation BRIC pour
Brazil, Russia, India, China – est rapidement entrée dans le langage
économique usuel pour désigner ces nouvelles superpuissances
économiques, appelés aussi « économies émergentes ». En 2011, l’Afrique
du sud rejoignait ce club qui devenait ainsi les BRICS. Jusqu’il y a peu,
l’avenir semblait leur appartenir : ensemble, ces pays contiennent 40%
de la population mondiale et, selon, le FMI, devraient assurer 61% de
la croissance mondiale en 2015 (1). Jusqu’il y a peu, leurs économies en
forte croissance contrastaient avec celles des puissances occidentales
traditionnelles empêtrées dans la crise. La crise économique planétaire ne
les a cependant pas épargnés et aujourd’hui plusieurs de ces pays font face à
des difficultés qui ont quelque peu entaché cet optimisme. Le Brésil et l’Inde
semblent être les deux membres du BRICS dont la situation économique
est la moins reluisante. Attardons-nous sur la deuxième nommée, dont les
difficultés sont moins médiatisées que celles du Brésil, pour faire un petit
état des lieux et cerner les problèmes.
le Malaise en chiffres
L’économie indienne est toujours en croissance mais entre avril-juin
2012 et avril-juin 2013, celle-ci n’était plus que de 4,4%. Son plus bas niveau
depuis 2009 (2). Une situation notamment due à la baisse des exportations en
direction des États-Unis et de l’Europe dont les économies sont également
au mieux convalescentes, au pire, pour certains pays, à l’agonie.
La population du pays est, pour sa part, surtout inquiète de l’inflation.
La hausse des prix a atteint 11% en un an (3) et touche surtout les produits
alimentaires (+18,4%) dont les légumes. L’envolée du prix de l’oignon,
ingrédient de base dans la cuisine indienne, a d’ailleurs donné son nom à ce
qu’on appelle « la crise de l’oignon ».
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D’autres indices révèlent la gravité de la situation. À commencer par la
baisse de valeur de la roupie. Début mai, un dollar valait 55 roupies, deux
mois plus tard, il en valait 68. Soit une perte de valeur de 26% pour la monnaie
indienne (3). Une conséquence du gros problème que rencontre l’Inde : la
fuite des investissements venant de l’étranger : entre juin et août de cette
année, ce sont près de 11 milliards d’euros qui ont été retirés des marchés
financiers indiens (4). Ce manque d’argent assèche l’économie indienne et
rend plus difficile le financement d’infrastructures et d’unités de production.
Par deux fois donc, la banque centrale indienne est intervenue en injectant
de la monnaie avec comme objectif de maintenir les taux d’intérêts à un
bas niveau afin que les banques puissent continuer à octroyer des crédits
aux entrepreneurs et consommateurs. Cette fuite des capitaux occidentaux
a d’ailleurs touché l’ensemble des économies émergentes. Par quoi est-elle
motivée ?
le rôle de la fed
Prenons le 22 mai 2013 comme date symbolique. Ce jour-là, Ben
Bernanke, le président de la Réserve fédérale des États-Unis (Fed)1 évoque
la fin progressive de la politique monétaire qu’elle mène depuis l’éclatement
de la crise financière. Depuis 2009, pour soutenir l’économie américaine, la
Fed fait tourner la planche à billets et injecte massivement des dollars sur
les marchés financiers. Une politique qui a plusieurs effets : vu l’abondance
de dollars sur le marché, celui-ci baisse de valeur et reste compétitif sur le
marché des changes lui permettant ainsi de rester la valeur de référence.
De plus, cette arrivée d’argent frais permet aux financiers de continuer à
investir. Cela contribue également au maintien de taux d’intérêt bas et les
banques peuvent donc continuer à octroyer des crédits. Cela revient en
quelque sorte à placer l’activité économique, et donc la croissance, sous
respiration artificielle en attendant qu’elle se rétablisse.
Cet argent frais a été massivement investi dans les pays émergents
les taux d’intérêts en vigueur et la croissance rapide promettaient des
rendements très intéressants (5). Lorsque la Fed a commencé à parler d’une
politique plus restrictive, signe que l’économie américaine commençait à se
redresser, les investisseurs se sont retirés des marchés des pays émergents
pour se tourner vers des placements plus traditionnels aux États-Unis et en
Europe. Dans les faits, la Réserve Fédérale continue à injecter de l’argent, 85
milliards de dollars par mois depuis septembre (6), et ne devrait pas arrêter à
court terme. La dernière crise politique américaine, suscitée par l’importance
de leur dette publique et qui a notamment conduit la première puissance du
1. Le nom donné à la banque centrale des États-Unis
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monde à devoir fermer partiellement une partie de ses administrations, est
venue rappeler que l’économie de la première puissance mondiale est encore
loin de la guérison. Mais le mal est fait. La Fed a lancé un signal qui a conduit
les marchés financiers à se rendre compte que les économies émergentes
souffraient de certains maux qu’elles devront guérir si elles veulent vraiment
rivaliser avec les États-Unis, l’Allemagne, le Canada ou encore la Grande-
Bretagne.
des raisons structurelles
Les obstacles sont économiques, géopolitiques et sociétaux. En ce qui
concerne l’Inde, ses deux principaux maux économiques sont le déficit
budgétaire du pays et le déficit de la balance des paiements courants, ce
qui signifie que le coût des importations est plus important que ce que
lui rapportent les exportations. C’est une situation de fragilité qui a pour
résultat d’affaiblir la monnaie indienne, et donc son économie au moindre
choc. L’un de ces chocs a été causé par la décision des autorités de restreindre
la sortie du pays des capitaux pour les entreprises et particuliers indiens.
Une manœuvre qui a pour objectif d’éviter un « bank run », soit des retraits
massifs d’argent des banques indiennes vers des banques étrangères, ce
qui assécherait encore un peu plus l’économie indienne. Une partie des
investisseurs étrangers se sont dit qu’ils seraient les suivants sur la liste et
ont préféré partir avant d’être captifs (7).
Ceci constitue un problème pour plusieurs raisons. En effet, attirer les
capitaux internationaux est une obligation pour financer le déficit de l’État.
D’autant que la politique de relance de la consommation intérieure, mise en
place en 2009, s’est heurtée à un obstacle de poids : le manque d’infrastructures
de l’industrie indienne qui la rend incapable de répondre seule à la demande.
Les importations sont donc restées à un haut niveau. Certains produits
importés ayant augmenté de prix ont creusé le déficit commercial du pays
(4) et entretenu l’inflation. Pour lutter contre celle-ci, la banque centrale a
tendance à relever les taux d’intérêts pour justement restreindre la demande,
en rendant plus difficile les crédits, et donc limiter la hausse des prix. De
plus, cela soutient le cours de la monnaie et l’image internationale de celle-ci.
Mais des crédits plus chers freinent également les investissements intérieurs
et empêchent l’industrie indienne de se développer. Il est très difficile pour
l’Inde de sortir de ce cercle vicieux.
D’autant que la fuite des capitaux étrangers est également due à des raisons
sur lesquelles elle n’a pas vraiment prise. La corruption, en premier lieu.
Dans le classement annuel de l’ONG Transparency International, l’Inde
apparaît en 94e position sur 176 pays étudiés (le 176e étant le plus corrompu)
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