peut empêcher le chaos et les exactions dont sont d’abord victimes, dans les
périodes intermédiaires, les minorités ; qu’elle seule a le pouvoir de préserver le
pays de l’état islamique auquel les chrétiens ne pourraient survivre.
Les résultats des élections qui, pour l’Assemblée du Peuple, s’étaleront
jusqu’au 10 janvier, sont en effet extrêmement préoccupants. Au Caire et à
Alexandrie les frères musulmans, principale force d’opposition sous le régime
de Moubarak, l’ont, comme prévu, emporté haut la main via leur parti Liberté et
Justice qui totalise plus de 36 °/° des voix. Plus inattendue, en revanche, et ô
combien inquiétante, est la percée des salafistes. En obtenant près de 25 °/° des
suffrages leur parti, El-Nour, devient la seconde force politique du pays.
Trois facteurs ont contribué à la victoire des islamistes : leurs chefs qui
furent pourchassés par l’ancien régime, ont pour le peuple l’aura des martyrs ;
grâce à l’argent de l’Arabie Saoudite, ils ont pu en outre développer leurs
œuvres de bienfaisance et gagner le cœur, non seulement des pauvres gens, mais
aussi de la classe moyenne. Depuis des décennies enfin, ils se préparent, dans
l’ombre, à prendre le pouvoir. Leur parti est à ce jour le seul parti véritablement
organisé de la scène politique égyptienne.
Ceci explique que le Bloc égyptien, la coalition des partis libéraux et
laïcs à laquelle participent les chrétiens, n’ait réussi à séduire que 13 °/° des
électeurs. Les coptes, pourtant sont entrés avec détermination dans le débat
politique. Aujourd’hui, ils se font entendre et réclament, haut et fort, la pleine
citoyenneté, la liberté religieuse et l’instauration d’un État civil. Sur ce dernier
point, sur la forme de l’État, les Frères musulmans, débordés sur leur droite par
les salafistes, sont eux-mêmes divisés.
Le temps de la révolution et la période post Moubarak ont ainsi été
marqués par leurs atermoiements et leurs incessantes voltes faces.
Dès sa formation, le Parti de la Liberté et de la Justice, s’est déclaré en
faveur d’un « État civil à référence islamique » liant les « demandes de
l’extraordinaire révolution » aux valeurs portées par l’Islam. Cependant, une
partie des militants, les plus jeunes principalement, ne se reconnaissent plus
dans les orientations de la direction. L’institution al-Azaharienne a tenté, sans
grand succès, d’arbitrer entre les uns et les autres. Dans cet esprit, elle a préparé
un document de référence où apparaît la notion d’ « État civil citoyen et
démocratique ». Notion aussitôt rejetée par l’aile conservatrice des Frères ainsi
que par les salafistes. Aujourd’hui, l’expression « État civil à référence
islamique » tend à disparaître des discours où se multiplient les références à un
« État islamique »1.