cette plante protège les neurones du
stress oxydatif.
Effets vasodilatateurs. Le gingko
biloba contribue à augmenter le débit
sanguin, et ses effets ont été étudiés
chez des patients atteints de maladie
vasculaire périphérique.
Effets antiplaquettaires. Le
gingko biloba exercerait également
une activité antiplaquettaire.
Compte tenu de cette gamme
d'effets bénéfiques, on a utilisé le
gingko biloba pour soulager diverses
affections, notamment l'insuffisance
cérébrale, les acouphènes, le vertige,
la claudication et la démence.
Quelles données cliniques
justifient le recours au
gingko biloba dans la démence?
En 1997, Le Bars et ses collabora-
teurs ont mené une étude de grande
envergure sur les effets du gingko
biloba, et les résultats ont été favo-
rables2. Cette étude a produit cer-
taines données démontrant les effets
bénéfiques de cette plante sur la
mémoire. Les auteurs de l'étude d'une
durée de 52 semaines ont évalué et
comparé la préparation EGb 761
(120 mg par jour) au placebo chez
des patients atteints de la maladie
d'Alzheimer ou de démence vascu-
laire. Au total, 309 patients ont été
recrutés, mais seulement 202 ont
présenté des résultats évaluables
après 52 semaines de traitement. Les
principaux paramètres étaient le
score sur l'échelle d'évaluation de la
maladie d'Alzheimer et la sous-
échelle d'évaluation de la fonction
cognitive (ADAS-Cog), le score avec
le Geriatric Evaluation by Relative's
Rating Instrument (GERRI) et le
score au sujet de l'impression cli-
nique globale de changement
(CGIC).
L'analyse menée selon le principe
de l'intention de traiter a montré que les
patients du groupe EGb ont présenté
un score ADAS-Cog plus élevé de
1,4 point par rapport aux sujets du
groupe placebo (p= 0,04) et un
score GERRI plus élevé de 0,14 point
comparativement au groupe placebo
(p= 0,004). L'analyse des données
évaluables a révélé que 27 % des
patients traités par l'EGb ont présenté
une amélioration d'au moins
quatre points du score ADAS-Cog, par
rapport à 14 % des sujets dans le
groupe placebo (p= 0,005). De son
côté, le score GERRI a été amélioré
chez 37 % des patients du groupe EGb,
par rapport à 23 % des sujets dans le
groupe placebo (p= 0,003). Enfin, les
scores CGIC ont été semblables dans
les groupes EGb et placebo. Ces
résultats ont donc montré que la prise
d'EGb avait influé favorablement sur
la performance cognitive et sur le
fonctionnement social, bien que ces
changements aient été, au mieux,
modestes.
Effets indésirables
Il est évident que la plupart, sinon
tous les produits ayant des propriétés
médicinales, entraînent des effets
indésirables. Les médecins doivent
donc évaluer les effets bénéfiques
potentiels en regard des effets
indésirables des agents qu'ils pres-
crivent. Si un agent produit des
bienfaits modestes sans entraîner
d'effets indésirables marquants, il
vaut la peine de l'utiliser.
Même si l'étude clinique de
Le Bars a montré que les effets
indésirables étaient semblables dans
les deux groupes de patients, on
trouve dans la documentation
quelques études de cas de complica-
tions hémorragiques liées à la prise
de gingko biloba et attribuables aux
effets antiplaquettaires de cette
plante. En effet, un agent doté de pro-
priétés antiplaquettaires peut entraî-
ner une hémorragie spontanée
lorsqu'il est pris en monothérapie ou
il peut causer des complications
hémorragiques en accroissant les
effets d'autres antiplaquettaires ou
anticoagulants, notamment la war-
farine, l'acide acétylsalicylique
(AAS) ou les anti-inflammatoires
non stéroïdiens (AINS). Il importe
donc d'éviter ces associations
médicamenteuses.
Quelles sont les craintes au sujet
des effets du gingko biloba?
Comme il l’a été dit auparavant, on a
signalé plusieurs cas de complica-
tions liées à la prise du gingko biloba.
En voici quelques-unes.
Hémorragie. On a rapporté le cas
d'un homme de 56 ans qui a subi une
hémorragie cérébrale spontanée après
avoir pris régulièrement et de son
propre chef des préparations à base
de gingko biloba3.
Un autre cas est survenu chez un
patient qui avait subi une cholécystec-
tomie par laparoscopie. Ce patient a
présenté des complications hémorra-
giques après l'opération, possiblement
liées à la prise de gingko biloba4. À la
suite de ce rapport de cas, on a recom-
mandé fortement aux médecins de
demander à leurs patients s'ils
prenaient du gingko biloba et, le cas
échéant, de leur dire de cesser de
prendre cette plante médicinale au
moins une semaine avant l'interven-
tion chirurgicale.
10 • La Revue canadienne de la maladie d’Alzheimer • Décembre 2001
Les médecins doivent donc évaluer les effets
bénéfiques potentiels en regard des effets indésirables
des agents qu'ils prescrivent. Si un agent produit des
bienfaits modestes sans entraîner d'effets indésirables
marquants, il vaut la peine de l'utiliser.