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LA LOI DES SI GNATURES ( OU THEORI E DES SI GNATURES)
Par Amaël Ferrando,
Praticien et formateur en Médecine traditionnelle Chinoise, Massage Qi Gong, Acupression.
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4 - APPLICATIONS A DES PLANTES DE MONTAGNE DES ALPES MARITIMES
Compte tenu des dimensions de cet article, je men suis tenu à évoquer les propriétés en lien avec la
signature de la plante, bien que beaucoup de plantes aient de multiples autres usages en
phytothérapie. Je men suis également tenu à des plantes que jai rencontrées de visu.
L’identification, autre domaine à part entière, ne sera pas non plus abordée dans ces pages.
BOULEAU (BETULA)
Oswald Crollius1 écrit « Le bouleau, que les Latins appellent Betula () a une escorce intérieure verte,
laquelle porte tout à faict la signature de la matrice avec ses petites veines sanguines, à raison dequoy
mise en decoction sert grandement pour la purgation de la matrice ».
On lutilise aujourdhui comme diurétique, dépuratif et antirhumatismal. C’est aussi un adjuvant utile
contre les maladies de peau, du fait de la texture si particulière de son écorce. Tombé un peu dans
loubli au XIme siècle, il est remis à lhonneur au début du XXe siècle grâce à de nombreuses
expériences qui confirment son efficacité.
On utilise ses feuilles, quon récolte vers la Saint-Jean, quon fait sécher sur des toiles.
Pour lusage interne : verser un litre deau bouillante sur 10 à 50g de feuilles séchées. Quand linfusion
est tiède, rajouter 1g de bicarbonate de soude, et boire 3 tasses par jour, entre les repas.
On utilise également lécorce : la lever sur des rameaux de 2-3 ans, avant la floraison, et faire sécher
promptement. Conserver dans des récipients hermétiques, à labri de lair et de la lumière. Il faut la
pulvériser au moment de lemploi, par exemple dans un moulin à café robuste. Se prépare en
décoction, 30g par litre deau.
La sève du Bouleau, quant à elle, se récolte au début du mois de mars. On fait à la vrille un trou de
2 à 5 cm de profondeur dans le tronc dun bouleau adulte, à environ 1 mètre du sol, de préférence côté
sud. Son introduit un tube (par exemple un tronçon de roseau), et on pose au sol un récipient couvert
dun linge pour éviter les impuretés. Un bouleau de 50cm de diamètre donnera en quatre jours 3 à 4
litres de suc. On peut alors boucher le trou avec une cheville pour ne pas épuiser larbre.
On conseille den consommer 3 à 4 cuillères à soupe par jour pour ladulte.
1 Oscar Crollius (1560-1608) est un alchimiste et professeur de médecine allemand, et un des premiers
disciples de Paracelse. Les citations de cette partie sont toutes tirées de son ouvrage Traicté des
signatures ou vraye et vive anatomie du grand et petit monde.
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EUPHRAISE (EUPHRASIA OFFICINALIS)
L’euphraise a pour noms vernaculaires « casse-lunettes »,
« herbe aux myopes », ou encore « brise-lunettes ». On
peut observer dans lintérieur de la fleur le dessin de deux
yeux. Elle est reconnue particulièrement efficace en
ophtalmologie, et conseillée en bains oculaires, en
particulier en cas de conjonctivite ou dophtalmie des
neiges.
Dans ce cas, il faut faire une décoction avec les fleurs
fraîches ou séchées, puis attendre quelle refroidisse et
lutiliser en bains oculaires.
Le célèbre médecin italien Mattiole 2 écrivait : « Si son
usage se généralisait, cela gâterait par moitié le
commerce des marchands de lunettes ».
GARANCE VOYAGEUSE (RUBIA PEREGRINA)
La Garance Voyageuse porte trois signatures :
- Ses racines étant jaunes et ne virant au rouge quau contact de leau, on la conseillée pour
soigner la jaunisse. Pouvoir quasi-talismanique puisquau XVIème siècle, on assurait quil
suffisait de porter une racine de garance sur soi et de la regarder souvent pour guérir dune
jaunisse.
- On a également utilisé la signature des crochets des tiges et feuilles pour la conseiller, pilée et
cuite dans du vin, contre les morsures de vipère (en voie interne).
- Sa décoction, de couleur rouge, la fait prescrire dans les pays musulmans contre lanémie et les
« maladies du sang ». Par extension, elle est aussi considérée comme aphrodisiaque.
La phytothérapie actuelle a remis à lhonneur
certaines de ces propriétés, notamment son
action contre certains calculs urinaires quelle
dissout3.
2 Pietroandrea Mattioli (1500-1577), médecin de lempereur et botaniste italien, surtout connu pour ses
traductions et commentaires du De Materia Medica de Discoride.
3 La garance traite bien les calculs calciques et phosphatiques, mais pas les calculs oxaliques.
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LIERRE GRIMPANT (HEDERA)
Suivant les époques, différentes signatures furent interprétées :
- Le lierre était considéré comme lennemi de la vigne, quil étouffait. On a donc conseillé
linfusion de ses feuilles dans du vin, en prévention et en traitement de livresse.
- En raison de ses innombrables racines, on a conseillé les racines de lierre pour leur vertu
dépilatoire.
- On a pensé que le lierre qui enlace les troncs les amincit, et on a ainsi conseillé le lierre dans le
traitement de la cellulite.
Les deux premières signatures ne furent jamais confirmées par lexpérience clinique moderne. En
revanche, les recherches confirmèrent la troisième : aujourdhui encore, le lierre grimpant est utili
pour traiter la cellulite et les vergetures, et on le trouve dans nombre de crèmes et de gels du
commerce.
Par ailleurs, il est aussi utili en traitement des infections des voies respiratoires (coqueluches,
bronchites asthmatiformes… ).
On conseille généralement une cuillère à café
de feuilles séchées (environ 0,3g) à faire
bouillir 10 minutes dans 150ml deau. Boire
jusquà trois tasses par jour pour les
problèmes respiratoires ; utiliser en externe
pour la cellulite.
Attention : Si les feuilles provoquent
quelquefois des irritations cutanées, les fruits
quant à eux sont notoirement toxiques et ne
doivent pas être consommés !
Les femmes enceintes doivent également
s’abstenir de consommer les feuilles, qui
contiennent une substance qui pourrait
provoquer des contractions utérines.
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MENTHE POIVREE (MENTHA PIPERITA)
Les anciens ont observé que la
menthe sauvage porte des feuilles
velues, semblables à la muqueuse
nasale. Elle a effectivement été
reconnue dans le traitement des
rhumes, et plus généralement des
glaires des voies aériennes
supérieures. Elle est aussi utilie
comme antispasmodique (troubles
du système nerveux), et tonique
stimulante générale.
Elle s’utilise généralement en
infusion : 5 à 8g de feuilles dans 1
litre deau bouillante, consommer
une tasse matin et soir.
Menthe à feuilles longue (mentha longifolia)
photographiée dans le vallon de Fontanalba (Haute Roya)
MILLEPERTUIS (HIPERICUM PERFORATUM)
Cette plante, dont les feuilles sont criblées de
petits points transparents ressemblant à des
trous (autrefois appelés pertuis), servait à
traiter les « pores de la peau ». Herbe à mille
trous, elle a donc été indiquée pour
« lobstruction des pores et la sueur », mais
aussi toutes blessures de la peau, tant internes
quexternes.
La couleur rouge de la macération des fleurs a
indiqué un usage pour les plaies.
On a aussi évoqué la couleur jaune des fleurs
(comme le soleil) et rouge des fleurs écrasées
(comme les brûlures). Cette signature a amené
à utiliser le millepertuis pour traiter les coups de
soleil.
Le millepertuis a prouvé son efficacité en tant que cicatrisante, anti-inflammatoire, antivirale et
antibiotique. En usage externe, il est sans doute lun des meilleurs cicatrisants en cas de blessures ou
de brûlures, surtout lorsque le tissu nerveux a été lé.
On la cueille à la Saint-Jean, vers midi (ou un autre jour bien ensoleillé). On en bourre un bocal, on la
couvre immédiatement dhuile dolive, et on fait marer, bien fermé, au soleil durant environ 3
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semaines. Il ne reste plus quà presser, filtrer, et mettre en flacon cette huile de couleur rouge, qui doit
être utilisée dans lannée (en externe).
Herbe solaire, et à lodeur balsamique rappelant un peu celle de lencens, le Millepertuis fut aussi
bapti Fuga Demonium, et conseillé pour chasser les démons et esprits des ténèbres des maisons (ils
ont, comme chacun le sait, horreur des créatures solaires et des odeurs de sainteté).
ORCHIS BOUC (HIMANTOGLOSSUM HIRCINUM)
C’est la loi des signatures qui donna son nom à lOrchis, qui signifie en grec « testicule », car chez
nombre dOrchis, lancien tubercule coexiste avec le nouveau, leur donnant laspect de deux testicules
(car rare chez les autres plantes à bulbe). La biologie de la pollinisation renforça cette image
aphrodisiaque car la fleur de lOrchis imite la forme dun insecte femelle pour attirer des mâles, qui
vont ainsi, en copulant avec de multiples « femelles artificielles », assurer la fécondation dune fleur à
lautre.
Déjà dans la Grèce antique, Discoride relate que les femmes de Tessalie faisaient boire à leur mari un
mélange de bulbes dOrchis et de lait pour les rendre plus virils.
En Haute-Savoie, on croyait encore au milieu du XXème siècle que le bulbe dOrchis pouvait vaincre la
froideur dune personne que lon souhaitait séduire. Dans ce but, les jeunes filles cachaient autrefois
des bulbes dOrchis sous leurs oreillers. Les mères, afin déviter les « risques » de ces pratiques,
supprimaient les oreillers des lits
Le plus aphrodisiaque et recherché des Orchis, lOrchis Bouc a une odeur de bouc, animal considéré
comme particulièrement viril. La forme de linflorescence fut aussi souvent comparée à la barbe du
démon
C’est pourquoi on la de tout temps considéré comme un puissant aphrodisiaque. Mais quel bulbe
consommer ?
Si lon en croit Oswald Crollius, le tubercule le plus haut excite, tandis que le plus bas a leffet contraire
(anaphrodisiaque). Dans la Grèce antique, on donnait aussi le tubercule situé le plus à lest (soleil
levant) comme étant aphrodisiaque, et celui de louest comme étant anaphrodisiaque.
Enfin, toujours dans la Grèce antique, on croyait que la consommation des bulbes dOrchis permettait
de choisir le sexe de lenfant. Si on consommait le tubercule supérieur, c’est un fils qui devait naître.
Choisir celui du bas favorisait la naissance dune fille.
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