DARWIN HÉRÉTIQUE THOMAS LEPELTIER DARWIN HÉRÉTIQUE L’éternel retour du créationnisme Préface de Jean Gayon ÉDITIONS DU SEUIL 25, bd Romain-Rolland, Paris XIV e ISBN ---- © Éditions du Seuil, octobre 2007 Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle. www.seuil.com À Jenny, sans le soutien et l’affection de qui ce livre n’aurait tout simplement pas pu être écrit. Et à nos deux petits lutins qui ne cessent d’évoluer. Préface Il existe trois grandes modalités historiques du rapport entre la science et la religion1. Ce rapport peut d’abord prendre la forme du conflit : la science et la religion s’opposent alors par des connaissances ou des croyances incompatibles, le conflit pouvant aller d’une simple concurrence culturelle à une opposition violente et intolérante. Un autre régime est celui de la séparation : on considère alors que les buts de la connaissance scientifique et ceux de la foi appartiennent à des ordres différents ; science et religion répondent à des besoins humains différents, et ne devraient donc pas en principe interférer. Stephen Jay Gould a superbement illustré cette position par son principe du NOMA (Non-Overlap of Magistery, « non-empiétement des magistères »)2. Le troisième rapport possible consiste en une 1. John Hedley Brooke, Science and Religion. Some Historical Perspectives, Cambridge, Cambridge University Press, 1991. 2. Stephen Jay Gould, Et Dieu dit : « Que Darwin soit ! » Science et religion, enfin la paix ?, Paris, Éd. du Seuil, 2000. interaction positive et harmonieuse, favorable à la fois à la science et à la religion. Ce troisième régime d’interaction va souvent de pair avec l’apologétique religieuse. Ces trois sortes de rapports sont, bien entendu, des idéalisations. On ne les observe que rarement à l’état pur. Les termes mêmes de « science » et de « religion » sont des mots commodes pour désigner des réalités complexes, qui n’existent quasiment jamais comme des entités monolithiques et parfaitement définies. Et c’est précisément parce que la science et la religion renvoient à des ensembles complexes de croyances et de pratiques sociales qu’on passe si souvent dans l’histoire d’un régime d’interaction à un autre. L’ouvrage de Thomas Lepeltier offre un bel exemple de ces mouvements de balancier. Dans ce livre particulièrement clair et documenté, l’auteur a réussi à donner un panorama précis et compréhensible des enjeux religieux qui ont traversé l’histoire de l’évolutionnisme, de ses prodromes (spéculations des XVIIe et XVIIIe siècles sur la génération et sur l’origine des espèces) aux péripéties contemporaines du « créationnisme scientifique » ou des théories du « dessein intelligent ». L’évolution constitue l’un des rares cas historiques de conflit ouvert, radical et durable entre science et religion, l’autre cas majeur ayant été celui de la théorie héliocentrique (affaire Galilée). De manière récurrente, et dans des contextes religieux différents, des Églises, ou des mouvements de pensée d’inspiration religieuse, ont ressenti l’idée même d’une évolution des espèces comme une atteinte insupportable à leurs convictions. Réciproquement, comme préface le souligne bien Thomas Lepeltier, l’évolution a souvent été utilisée comme un argument pour discréditer la vision religieuse du monde. Le créationnisme, dont on ne rappellera jamais assez que c’est un néologisme apparu au début du XXe siècle, en est une illustration spectaculaire. Toutefois, la théorie de l’évolution a tout autant favorisé les deux autres régimes d’interaction. La plupart des évolutionnistes ont développé leur science dans un esprit de neutralité quant à la religion. Darwin, quoiqu’il soit allé au cours de sa vie vers un athéisme de plus en plus franc, s’est toujours gardé de suggérer publiquement que sa théorie de la modification des espèces par sélection naturelle était en contradiction avec la théologie. À condition d’admettre que Dieu n’intervient pas directement dans le détail de la Création, mais opère par l’intermédiaire des lois de la nature, la théorie de l’évolution organique était pour lui compatible aussi bien avec une vision matérialiste qu’avec une vision théologique de l’origine du cosmos. On ne s’étonnera donc pas qu’à sa suite les évolutionnistes, et notamment ceux qui ont construit la théorie synthétique de l’évolution, aient été tantôt des matérialistes (par exemple Simpson ou Stebbins), tantôt des chrétiens engagés appartenant à toutes les Églises possibles (Dobzhansky, orthodoxe ; Fisher, anglican ; Wright, presbytérien ; L’Héritier, catholique), tantôt des agnostiques (Julian Huxley). Enfin, l’évolution a aussi favorisé toutes sortes d’hybridations entre science et religion. Depuis Darwin, les exemples de théisme évolutionniste n’ont pas manqué. La figure de Pierre Teilhard de Chardin, pour ne donner qu’un exemple, est emblématique à cet égard. Dans le temps où son ordre lui enjoignait de refuser la chaire de paléontologie au Collège de France, et où ses ouvrages philosophico-théologiques étaient mis à l’Index, il représentait sans doute le plus bel exemple d’une théologie naturelle à la mesure de la science moderne de l’évolution. Thomas Lepeltier offre une galerie remarquable de personnalités évolutionnistes (ou parfois antiévolutionnistes) qui ont illustré les régimes conflictuel, indépendantiste et harmonique du commerce entre science et religion. Bon connaisseur d’une historiographie particulièrement fournie, il a l’art d’en extraire sans aucune pédanterie mais avec précision les éléments les plus saillants. L’ouvrage s’achève par un examen du « dessein intelligent ». On peut se demander dans quel registre les zélateurs de cette conception opèrent. Le mouvement du dessein intelligent se démarque nettement du créationnisme. Il n’est là aucunement question de nier l’évolution des espèces, et leur transformation indéfinie dans le temps. Il n’est pas non plus vraiment question de refuser en bloc les schèmes explicatifs communément avancés pour rendre compte de la modification des espèces. Mais les tenants du dessein intelligent soutiennent que le dessin (sans « e ») général de l’évolution présente des caractères tellement improbables qu’on ne peut le comprendre qu’en postulant une intelligence organisatrice. Manifestement, on n’est pas là dans le cadre d’une relation d’indépendance réciproque entre science et religion. Mais s’agit-il de conflit ou d’interaction positive ? Je penche pour la seconde hypothèse. Les théories du dessein préface intelligent me font en effet beaucoup penser à la manière dont Newton renonçait aux principes de sa mécanique lorsqu’il s’agissait d’expliquer la stabilité des trajectoires des planètes, ou tout simplement le fait que les orbes des planètes sont dans la position où elles sont relativement au Soleil. Confronté à cette question cosmologique, Newton demandait à la science de céder devant la théologie et de s’en référer à elle. Les théoriciens du dessein intelligent me semblent être dans une position semblable, à cette différence qu’ils n’ont pas à ma connaissance et à ce jour montré une grande inventivité dans la partie proprement scientifique de leur entreprise. Il y a au fond deux manières de faire de l’apologétique religieuse à partir de l’évolution. L’une consiste à prendre pour acquis ce que nous en dit la théorie de l’évolution, et à amplifier la grande geste transformiste en spéculations visionnaires sur le destin de l’homme et du cosmos (Teilhard). L’autre consiste à croire qu’il y a dans l’évolution un résidu de réalité qui échappe irréductiblement à la positivité, et qui témoigne d’un plan. Comme le note opportunément Thomas Lepeltier, citant un auteur du XIXe siècle, tout programme de ce genre est exposé à voir ses hypothèses réduites comme peau de chagrin à mesure que les connaissances positives s’accumulent. Jean Gayon, professeur à l’université Paris I Avertissement Depuis deux ou trois ans, les initiatives se multiplient aux États-Unis pour que soit mentionnée une alternative à la théorie darwinienne de l’évolution dans les cours de biologie. Cette récente « croisade » antidarwinienne ne se fait plus au nom de la Bible, comme celle menée au XXe siècle par les créationnistes, partisans d’une lecture littérale du livre de la Genèse. Cette fois-ci, les nouveaux adversaires du darwinisme avancent, arguments prétendument scientifiques à l’appui, que la théorie darwinienne est incapable d’expliquer l’évolution de toutes les structures organiques. Du coup, ils estiment nécessaire de recourir à l’intervention d’une cause intelligente, derrière laquelle il n’est pas interdit de voir la main de Dieu. Ce mouvement, connu sous le nom d’« Intelligent Design », est très peu défendu dans les milieux scientifiques, mais il rencontre quelque succès en dehors du monde universitaire, notamment grâce à des livres et des vidéos grand public. Il trouve d’ailleurs un certain écho de ce côté-ci de l’Atlantique. Aussi, récemment, une partie de la communauté scientifique française en a-t-elle appelé à la vigilance face à ce retour du divin dans la science. Ces scientifiques s’inquiètent également de ce qu’ils appellent des « intrusions spiritualistes » en science. Par exemple, en octobre 2005, ils ont protesté contre la diffusion d’un documentaire de télévision intitulé Homo sapiens, une nouvelle histoire de l’homme. Était présentée, comme une alternative crédible au scénario darwinien, la thèse controversée d’une paléontologue du CNRS, selon laquelle l’évolution d’un os à la base du crâne des hominidés ne peut pas s’expliquer par une adaptation à l’environnement mais refléterait plutôt une « dynamique interne ». Partant de cette interprétation contestée, cette chercheuse introduit ensuite le concept de finalité dans l’évolution et tente de lui associer une dimension spirituelle. De même, une partie de la communauté scientifique française dénonce le rôle de l’Université interdisciplinaire de Paris (UIP) auprès du grand public. L’UIP est une association, n’ayant d’une université que le nom, qui essaie de promouvoir le rapprochement entre la science et la spiritualité. Elle organise notamment de grands colloques ouverts au public où des scientifiques acquis à sa cause viennent exposer les raisons pour lesquelles, selon eux, la science, loin de détourner de la spiritualité, peut y conduire. En particulier, son secrétaire général défend activement l’idée qu’une finalité est vraisemblablement à l’œuvre dans l’évolution. C’est contre ce message spiritualiste, prétendument déduit de la science, que s’insurgent certains scientifiques. Ils affirment que l’entreprise scientifique est menacée par la diffusion de ces idées. La distribution gratuite, début 2007, dans un très avertissement grand nombre d’établissements scolaires et universitaires français, d’un ouvrage créationniste imprimé en Turquie (L’Atlas de la Création), très richement illustré – ce qui souligne les importants soutiens financiers dont a bénéficié l’opération –, leur est apparue comme un exemple supplémentaire de la montée en puissance d’un discours obscurantiste cherchant à remettre en cause les progrès de la science. Bref, la multiplication des offensives antiévolutionnistes et antidarwiniennes suscite l’inquiétude dans certains milieux scientifiques, voire au-delà. Comment peut-on encore douter de l’évolution ou de la théorie de Darwin au XXIe siècle alors que toutes deux sont acceptées par la quasi-totalité des scientifiques ? Telle est finalement la question que se posent nombre d’observateurs devant la persistance de ces mouvements de contestation. Il y aurait certainement plusieurs façons d’essayer d’y répondre, mais ce livre entend privilégier une approche historique. Il se propose tout simplement de retracer dans ses grandes lignes l’histoire des différentes formes d’opposition à l’idée d’une évolution naturelle des organismes vivants. Il espère ainsi éclairer le présent par le passé. La première chose à savoir sur un plan historique est d’ailleurs que l’idée d’une transformation des organismes vivants au cours de l’histoire n’est pas née au XIXe siècle avec Darwin, même si ce dernier a joué un rôle fondamental dans l’élaboration de la théorie moderne de l’évolution. Esquissée dans l’Antiquité, mise sous le boisseau au Moyen Âge, elle fait un retour en force à la Renaissance, puis est régulièrement défendue au cours des siècles suivants par différents pen seurs, avant de devenir la conception dominante dans le monde scientifique au XXe siècle. Cela dit, cette idée n’a jamais cessé d’être critiquée et combattue à des degrés divers. Du coup, se placer sur le long terme est une des meilleures façons de comprendre les tenants et les aboutissants des différentes controverses actuelles autour de l’évolution. Cet ouvrage ne commence donc pas avec Darwin : il débute au XVIIe siècle, à un moment où les caractéristiques de l’antiévolutionnisme moderne se mettent en place. Pour éviter une trop grande dispersion, il se limite toutefois au monde occidental. À l’exhaustivité, il préfère également la focalisation sur quelques étapes et problématiques importantes de cette longue querelle. Enfin, à partir de la seconde moitié du XIXe siècle, il privilégie, sans s’y limiter, le monde anglophone. Il y a deux raisons à cela. D’abord, les débats que Darwin eut avec ses compatriotes britanniques contiennent des éléments clés pour comprendre l’attrait et le rejet du darwinisme. Ensuite, c’est aux États-Unis que l’opposition à l’idée d’évolution a été la plus forte tout au long du XXe siècle, et c’est encore de ce pays que vient le dernier en date des mouvements d’opposition au darwinisme, à savoir l’« Intelligent Design ». Il reste enfin à évoquer une mise en garde d’ordre méthodologique. Si ce livre présente un ensemble d’idées qui sont actuellement rejetées par les scientifiques modernes, autrement dit, s’il raconte l’histoire de ce qui est désormais considéré par la communauté scientifique comme une « erreur », voire – selon le jugement de certains – une absurdité, son propos n’est pas de contribuer à cette mise en avertissement accusation. Un livre d’histoire des sciences doit s’efforcer d’éviter tout côté partisan. Son objectif est d’exposer l’évolution des idées sur tel ou tel sujet. À ses lectrices et lecteurs de se faire une opinion. Prologue La Bible et la science Lecture des textes, lecture du monde En 1678, le naturaliste anglais John Ray publie L’Ornithologie de Francis Willughby (The Ornithology of Francis Willughby). Francis Willughby était son ami et collègue, décédé prématurément à l’âge de trente-sept ans, avec qui il avait travaillé sur la classification de la flore et de la faune. Ce livre sur les oiseaux n’est pas le plus célèbre de Ray. Il marque toutefois une rupture fondamentale dans le domaine de l’ornithologie. Pour la première fois depuis des siècles, on parle des oiseaux sans faire référence à leur dimension symbolique, aux fables qui les mentionnent, à leurs rôles dans les présages, à leur utilisation en tant qu’emblèmes, aux leçons de morale qu’on tire de leurs comportements, aux petites histoires que l’on raconte à leur propos, etc. Dans ce livre, il est question uniquement de ce qui a rapport à l’histoire naturelle. Cela peut paraître normal au lecteur moderne, mais c’était à l’époque une nouveauté. Les prédécesseurs de Ray se complaisaient dans ces détails. C’est que, tout au long de la période médiévale, le monde naturel était perçu comme un livre à interpréter. Tout objet avait une signification qu’il fallait déchiffrer, au même titre que des hiéroglyphes de l’ancienne Égypte. Avant d’être une chose, animée ou inanimée, un objet était un signe. C’est pour cela que la référence aux présages, aux emblèmes, aux leçons de moralité, etc., faisait partie intégrante des études sur le monde naturel. Mais, cette vision symbolique de la nature, Ray la rejetait. Dans le monde que le naturaliste anglais laissait derrière lui, les choses n’étaient pas fondamentalement distinctes des mots. Elles aussi renvoyaient à autre chose qu’ellesmêmes. Du coup, dans ce monde médiéval, l’interprétation d’un texte, et en particulier de la Bible, était avant tout allégorique. Non pas au sens où la lecture consistait à faire appel aux multiples significations des mots, mais au sens où les objets auxquels renvoyaient les mots faisaient à leur tour référence à d’autres objets. Lire un texte consistait ainsi à être renvoyé d’une chose à une autre, dans une chaîne potentiellement infinie de références. Vision symbolique de la nature et lecture allégorique des textes canoniques allaient donc de pair. Or, Ray avait pu rompre avec la première parce que la seconde avait déjà commencé à être rejetée. C’est en effet au XVIe siècle que le protestantisme avait condamné la lecture allégorique de la Bible et prôné une interprétation exclusivement littérale. Selon les principes de la Réforme, tout individu pouvait avoir accès directement à Dieu et au message biblique sans passer par un médiateur ou un interprète sanctifié. Pour cela, il fallait que la Bible ne présente aucune ambiguïté et ne soit pas sujette à des interprétations multiples. C’est à cette condition que l’on la bible et la science pouvait se passer des commentaires des Pères de l’Église ou des jugements doctrinaux de la papauté. Mais, pour assigner une seule signification à chaque passage de la Bible, il n’y avait pas d’autre possibilité que de recourir exclusivement à l’interprétation littérale. Calvin, Luther et Melanchthon ne cessèrent de le répéter. Cette promotion de l’unique interprétation littérale du texte biblique dans le protestantisme eut pour conséquence d’ôter toute possibilité d’attribuer une signification aux objets naturels. De fait, dans une lecture littérale, seuls les mots font référence. Les choses ne renvoient plus à d’autres objets. Elles ne sont plus les symboles de quoi que ce soit. La lecture exclusivement littérale mit ainsi un terme à la chaîne potentiellement infinie de références dans laquelle les mots renvoyaient à des objets, qui à leur tour faisaient référence à d’autres objets, et ainsi de suite. Autrement dit, l’insistance sur la lecture littérale mit un terme à la conception symbolique de la nature. Or, c’est le vide créé par cette perte d’intelligibilité du monde qui permit l’éclosion d’une autre façon de rendre compte des choses naturelles. C’est parce que les objets n’étaient plus reliés les uns aux autres symboliquement qu’il fut possible d’établir entre eux des liens mathématiques, mécaniques ou causaux, et de les classer suivant leurs seules ressemblances physiques. C’est ainsi que l’élévation de la lecture littérale au statut de norme permit l’essor des sciences naturelles. Ce n’est donc pas parce que les savants, au début de l’époque moderne, commencèrent à regarder différemment la nature qu’ils arrêtèrent de croire à ce qu’ils lisaient dans la Bible, c’est parce qu’ils commen cèrent à croire littéralement à ce qu’ils y lisaient qu’ils durent porter un autre regard sur la nature. Que le nouveau régime d’interprétation des textes apporté par le protestantisme ait rendu possible la naissance de la science moderne ne veut pas dire qu’il en fut le seul facteur : l’émergence de la science moderne est sans conteste un phénomène complexe. Cela ne veut pas dire non plus que la science moderne est intrinsèquement liée à l’interprétation littérale de la Bible. Il en est des modes de connaissance comme des êtres humains : beaucoup cherchent à s’émanciper de leur milieu d’origine. Il n’est donc pas surprenant de voir, à partir du XVIIe siècle, la science prendre de façon croissante ses distances avec le récit biblique. Mais il ne faut pas non plus s’étonner de voir l’interprétation littérale de la Bible continuer de nos jours à avoir des adeptes, et cela quels que soient les conflits qu’un tel mode de lecture provoque avec les positions de la science moderne. À l’émancipation, il y a toujours des personnes qui préfèrent la fidélité1. 1. Ce « Prologue » doit beaucoup au livre de Peter Harrison, The Bible, Protestantism and the Rise of Natural Science, Cambridge, Cambridge University Press, 1998.