
Paediatr Child Health Vol 10 No 2 February 2005 121
Énoncé de la SCP : FN 2005-01
n’ont pas calculé cette issue et ne transmettent pas de don-
nées d’études d’autopsies qui en définissent clairement l’im-
portance (38-40) (constatation 1a). Aucune autre issue
clinique négative n’a augmenté par suite d’un traitement
par surfactant.
On remarque souvent une amélioration très rapide des
échanges gazeux chez les nourrissons traités par surfactant
exogène qui souffrent d’un déficit de surfactant. Celle-ci
s’accompagne d’une amélioration remarquable de la com-
pliance pulmonaire statique (41,42). Par contre, lorsque la
compliance dynamique est mesurée, on remarque peu de
changements aigus (43). Cet écart s’explique par l’impor-
tante augmentation de la capacité fonctionnelle résiduelle
découlant du recrutement du volume pulmonaire (constata-
tion 1b). Par conséquent, les boucles de volume de pression
pulmonaire sont normalisées, mais à moins de réduire les
pressions administrées, une distension exagérée peut se pro-
duire. Une hyperventilation, accompagnée d’un très faible
PCO2, peut également être accidentelle. Ainsi, le sevrage
des pressions ventilatoires administrées et des paramètres
ventilatoires doit être prévu dans les quelques minutes suivant
l’administration de surfactant naturel, et les dispensateurs
de soins doivent connaître la nature et la vitesse de ces
changements.
Les surfactants naturels contiennent des protéines
(protéines-A du surfactant, protéines-B du surfactant) de
sources bovine ou porcine. Des questions ont été soulevées
quant à leurs effets immunologiques. Jusqu’à présent,
aucune donnée probante n’indique de changements
immunologiques justifiant des inquiétudes cliniques. Les
bébés souffrant de SDR présentent des complexes immuns
circulatoires décelables orientés vers les protéines des sur-
factants, mais ceux-ci ne semblent pas plus fréquents chez
les bébés traités par surfactant (44-48). Une étude (44) a
démontré une plus faible incidence de protéines-A et B
antisurfactantes chez des bébés traités par surfactant com-
parativement à des sujets témoins. Le petit nombre de
patients suivis pendant une période prolongée n’affiche pas
de taux décelables d’anticorps aux protéines de surfactant
exogène (49). Les familles peuvent préférer certaines
sources de surfactants étant donné la nature animale de la
source. C’est rarement un problème dans la pratique quoti-
dienne, mais il faut aborder la question de manière sensible.
Les surfactants exogènes approuvés sont produits confor-
mément aux normes de réglementation d’innocuité micro-
biologique. Cependant, étant donné l’incertitude reliée à la
transmission de pathogènes émergents tels que les prions, il
est impossible, pour l’instant, de commenter la possibilité
de transmission de ces agents.
QU’EST-CE QUI EST PRÉFÉRABLE :
LES SURFACTANTS NATURELS
OU SYNTHÉTIQUES?
Au total, 11 études aléatoires comparant les surfactants
naturels aux surfactants synthétiques pour les bébés souf-
frant de SDR ont fait l’objet d’analyses systématiques (10).
L’analyse démontre que le taux de mortalité global diminue
avec l’usage de surfactants naturels par rapport aux surfactants
synthétiques (RR de décès = 0,86, 95 % IC 0,75 à 0,99;
différence de risque absolu [DRA] = 0,025, 95 % IC –0,047 à
–0,003; nombre devant être traité [NDT] par surfactant
naturel plutôt que synthétique pour prévenir un décès = 40,
95 % IC 21 à 333). La plupart des études ont révélé que les
bébés traités à l’aide de surfactant naturel ont moins besoin
d’oxygène et de ventilation assistée pendant au moins trois
jours après la dose, par rapport aux bébés traités par surfac-
tant synthétique. Le syndrome de fuites d’air des poumons
est moins courant chez les bébés traités par surfactant
naturel (RR de pneumothorax = 0,63, 95 % IC 0,52 à 0,76;
DRA=0,044, 95 % IC -0,061 à -0,027; NDT=23, 95 % IC
16 à 37; constatation 1a). L’incidence de DBP ne diffère pas
entre les deux groupes de bébés, mais puisque le taux de
mortalité diminue chez les bébés qui reçoivent des surfac-
tants naturels, l’issue combinée de décès ou de DBP chute
(RR=0,95, 95 % IC 0,90 à 1,01). On possède peu d’infor-
mation sur les issues à long terme de bébés traités par sur-
factant naturel par rapport à ceux traités par surfactant
synthétique.
Par conséquent, les surfactants naturels améliorent la
survie sans DBP, assurent une plus faible incidence de fuites
d’air et sont préférables aux surfactants synthétiques
(constatation 1a). Cependant, il convient de souligner que
toutes les études comparant les surfactants naturels aux sur-
factants synthétiques ont été exécutées à l’aide de prépara-
tions synthétiques ne contenant pas d’analogues aux
protéines des surfactants. De nouveaux surfactants synthé-
tiques ont été mis au point et sont peut-être plus efficaces,
mais il sont en cours d’essais cliniques.
Recommandation
• Au moment de la publication du présent énoncé, les
surfactants naturels devraient être utilisés de préférence
à n’importe quels surfactants artificiels offerts
(catégorie A).
QU’EST-CE QUI EST PRÉFÉRABLE :
LA PROPHYLAXIE PAR SURFACTANT OU
LE TRAITEMENT DE RATTRAPAGE POUR
LES PRÉMATURÉS ATTEINTS DE SDR?
Plusieurs études ont permis d’évaluer si des surfactants
devraient être administrés à tous les bébés présentant un
risque marqué de SDR ou seulement après la détérioration de
la maladie. Soll et Morley (50) ont analysé sept EAC
comparant la prophylaxie au traitement de rattrapage. Ces
essais faisaient tous appel à des surfactants naturels. Six des
EAC portaient sur des bébés de moins de 30 semaines d’âge
gestationnel, et l’un, sur des bébés de 29 à 32 semaines d’âge
gestationnel. La mortalité, tant avant 28 jours de vie qu’avant
le congé de l’hôpital, diminuait grâce à une prophylaxie par
surfactant (constatation 1a) (RR de mortalité néonatale = 0,61,
95 % IC 0,48 à 0,77; DRA= –0,046, 95 % IC –0,067 à –0,024;
NDT=22, 95 % IC 15 à 42). L’incidence de SDR, de
pneumothorax (RR=0,62, 95 % IC 0,42 à 0,89; DRA= –0,021,
95 % IC –0,037 à –0,005; NDT=50, 95 % IC 27 à 200) et
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