Entretien de l`abbé Schmidberger à die Welt

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"Le pape est sincère avec nous"
La Fraternité St Pie X veut réintégrer l'Église et insiste sur ses positions.
Entretien avec le supérieur du District d'Allemagne Schmidberger
Publié le 12 mars 2009 par le grand quotidien allemand « die Welt ».
Bonn, Allemagne
"La Fraternité St Pie X », selon les dires de son Supérieur du district d'Allemagne Monsieur l'Abbé
Schmidberger, compte bien retrouver une place officielle au sein de l'Église, et ceci dans un délai
prévisible. Toutefois, il insiste sur une solution qui exclura des conflits dans l'avenir.
Lors de son interview avec le journal "WELT", Schmidberger s’exprime, d'un ton modéré mais
ferme, sur les faits, quand il s'agit de la "notion de Vérité", et précise ses attentes en vue d'une
réconciliation avec Rome.
« La Fraternité est extrêmement reconnaissante envers le Pape de son travail préalable, qui montre
bien qu’il comprend nos attentes et qu’il est sincère avec nous. »
Le plus haut représentant de la Fraternité Saint Pie X en Allemagne ajoute à ses louanges le souhait
suivant :
« Avant que nous obtenions une solution canonique pour notre société, nous préférerions d'abord
discuter avec Rome des questions théologiques, qui étaient la source de notre conflit. Un tel
procédé nous paraît plus honnête que de conclure un accord quelconque, dans lequel des questions
de fond ne sont pas résolues. Ceci pourrait provoquer dans le futur de nouveaux conflits explosifs. »
Ainsi, Schmidberger fait comprendre qu'il y a encore une multitude de problèmes qui s'opposent à
la pleine réinsertion de la Fraternité Saint Pie X à l'Église catholique-romaine, et ceci, malgré la
levée de l'excommunication de ces quatre évêques. Ces problèmes concernent surtout
l’interprétation du Concile Vatican II, à la suite duquel, selon Schmidberger, "un nouveau printemps
pour l'Église n’est pas arrivé, mais une crise qui laisse craindre pour la survie de l'Église dans
beaucoup de pays."
Le Supérieur du district souligne que la Fraternité, déclarée schismatique par le Vatican, ne
désapprouve pas l'ensemble du Concile. Il dit qu'ils étaient de l'avis que certaines déclarations du
Concile, au sujet du « subsistit in » et des relations avec d'autres religions, nécessitent des
explications sans aucune équivoque. "Nous sommes vraiment malheureux avec toutes ces
ambiguïtés et ces expressions de compromis. Un concile doit créer de la clarté et ne doit pas donner
l'occasion du désarroi."
Il pense que leur critique "de quelques textes" ne devrait pas être un obstacle à leur réintégration
dans l'Église, car le Concile Vatican II n'était pas un Concile dogmatique. Schmidberger cite ici le
Pape, quand celui-ci était encore Supérieur de la Congrégation de la foi, et qui disait, que le Concile
voulait uniquement s’imposer comme un Concile pastoral. Il en déduit: «Dans l’Église il y a donc
une certaine liberté d’expression à propos de sujets qui ne sont pas dogmatiques.»
Où y’aurait-il donc de la marge de manœuvre pour un accord définitif ? Serait-ce le document
« Nostra Aetate » qui évoque la relation de l'Église avec les religions non-chrétiennes ? L’Abbé
Schmidberger nous renvoie à Monseigneur Lefebvre, le fondateur de la Fraternité, qui avait
approuvé « Nostra Aetate » avec quelques réserves. « Nous aimerions surtout éviter que l’on ait
l’impression que toutes les différences entre le Christianisme et les autres religions soient devenues
insignifiantes après le Concile Vatican II » En d’autres termes : Il ne faut pas toucher à l’unicité de
la fonction du salut de l'Église catholique. Ce sujet jouera un grand rôle dans les discussions avec
Rome, car le concile a consciemment reconnu des « éléments ecclésiologiques » étrangers à
l'Église catholique.
Schmidberger s’exprime prudemment sur la question de savoir si la Fraternité soutiendrait le
dialogue entre juifs et catholiques. « En principe », il faudrait toujours être ouvert à la discussion
avec des personnes de confession différente. Mais il rajoute de suite une limite : le terme
« dialogue », dans l’Église postconciliaire, est devenu le contraire de « mission », qui représente,
selon la volonté du Christ le propre devoir de l'Église. « Nous, tous les chrétiens de toutes les
religions, croyons fermement que Jésus de Nazareth, issu du peuple juif, est le Messie promis aux
Juifs et au monde entier !», souligne Schmidberger. « La majorité des Juifs d’aujourd’hui n’y
croient pas, bien qu’il y ait des juifs baptisés. Cette différence ne peut pas être effacée. » Ce passage
coïncide avec la prière contestée du Vendredi Saint, du Pape, pour la forme extraordinaire du rite
romain, dans lequel il demande l’illumination des Juifs, afin qu’ils reconnaissent le Christ comme
Sauveur de tous les hommes. Cela correspond à une approbation cachée de la mission envers les
Juifs, à laquelle s’opposent, depuis la publication du texte de l’an passé, des théologiens catholiques
ainsi que des représentants du Judaïsme. Les Pères du Concile ont rompu avec la vieille thèse qui
désignait les Juifs comme assassins du Christ.
Est-ce que la Fraternité approuve cet éloignement?
Schmidberger se montre « tout à fait » d’accord avec la réponse qui remonte au Concile : «La
passion et la mort de Jésus ne peuvent ni être imputés à tous les Juifs de l’époque, ni aux Juifs nés
après ce temps dans tous les pays du monde. Chaque pécheur, c’est-à-dire, chaque homme, est
l’auteur et l’exécuteur des souffrances du Rédempteur. Cette culpabilité touche surtout tous ceux
qui sont Chrétiens et qui, de façon répétée, retombent dans le péché et se perdent dans les vices. »
Est-ce que la Fraternité appuierait aussi les efforts œcuméniques lors de sa réintégration dans
l'Église ? Schmidberger renvoie alors à l’ambition d’unité des Chrétiens qui existait déjà avant le
Concile : « Ces efforts-là ne doivent pas exclure la notion de Vérité. L’aboutissement le plus réaliste
est à chercher auprès des orthodoxes, qui nous sont les plus proches dans la foi. »
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