Destins partagés

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1963-2013
Cinquantenaire
F a c u l t é d e M é d e c i n e & DE P H AR M A C IE d e G r e n o b l e
Grenoble,
son université & ses facultés
de médecine et de pharmacie
Destins partagés
Jean-Jacques Sotto
« La médecine comme la maladie, est si intimement liée à la vie
des hommes que son histoire se confond forcément avec
l’histoire générale. »
Arthur Bordier - 1896
Directeur de l’école de médecine et de Pharmacie de Grenoble
Sommaire
- 300 à 1789
Les bâtisseurs de remparts et de digues,
précurseurs des pionniers de l’industrie et de la science
5 à 26
-300 - 1030 : La naissance romaine et le haut Moyen-Age
1030 - 1347 Grenoble, capitale princière des dauphins
1347 - 1789 : Grenoble, au cœur de l’histoire du royaume de France
Les guerres
Grenoble face aux adversités : Peste et inondations
La vie publique et les bâtisseurs de la cité
La deuxième Université 1542 -1567 : renaissance et fin
Les hôpitaux compensent la faillite universitaire
Les prémisses de l’explosion économique et culturelle au 19ème siècle
5
7
11
11
15
17
20
22
24
1789 - 1939 : L’expansion économique de Grenoble
et le réveil de l’université
27 à 42
La Révolution française et l’épopée napoléonienne
Cent cinquante ans de transformation et d’évolution de Grenoble
L’expansion économique de Grenoble
La guerre de 14-18 accélère l’expansion industrielle de Grenoble
Création d’une nouvelle université en 1806
La formation médicale
Transfert des hôpitaux à La Tronche
27
28
31
34
36
39
41
1939 - 1970 : Epilogue
Grenoble vers son destin de métropole internationale
43 à 51
La deuxième guerre mondiale et ses glorieux lendemains
Les heures de gloire de l’Université scientifique et des sciences dures
L’Université, moteur de l’expansion industrielle
Enfin la faculté de médecine et de pharmacie
Les vertus de la cité grenobloise, fil conducteur de son histoire
43
45
47
48
51
La faculté de médecine et de pharmacie de Grenoble, indissociablement liée
à l’université Joseph Fourier, a hérité de son passé et au-delà de l’histoire
tumultueuse de Grenoble et du Dauphiné. Elle a légué à ses ressortissants
les vertus fondamentales de pugnacité, de créativité et d’ouverture avec une
propension à la rébellion et au non conformisme qui l’ont parfois desservie
dans ses soutiens mais qui lui ont permis d’être souvent à l’avant-garde des
évènements marquants de l’histoire et de la science.
Il est étonnant qu’une petite ville de garnison, fortifiée et fermée sur ellemême par enceintes concentriques jusqu’au milieu du 19ème siècle, devienne
une métropole accueillante et ouverte sur le monde, de renommée
internationale en moins d’un siècle. Il est non moins étonnant qu’en
dépit des calamités innombrables et des adversités constantes qu’elle a
subies, elle ait pu rebondir, à chaque fois avec encore plus d’énergie et de
détermination.
Des noms successifs lui ont été donnés depuis Cularo, bourgade gauloise
habitée par les Allobroges ; Gratianopolis, ville fortifiée romaine en 381 ;
Gragnovol qui témoigne de l’adoption du vocable franco-provençal en
1178 ; Grenoble en 1347 au moment du « transport » du Dauphiné au
royaume de France et en l’honneur du fils ainé du roi de France qui prend le
titre de Dauphin. Par la suite, pour caractériser ses malheurs successifs, elle
fut dénommée « Gronoblo malherou » en 1740 par le poète François Blanc
et illustrée un siècle plus tard par Diodore Raoult et aussi Grelibre sous la
révolution pour remplacer le suffixe noble par libre.
Il est probablement vain de vouloir expliquer la réussite grenobloise à
travers les péripéties de son histoire mais il est passionnant de découvrir
une ville avec un passé aussi riche et avec si peu de vestiges apparents.
Par rapport à beaucoup d’autres villes qui ont su garder la mémoire
de leur histoire, peu d’édifices prestigieux ont été construits à Grenoble,
probablement par crainte des inondations si fréquentes et destructrices.
Mais aussi beaucoup de constructions ont été sciemment détruites pour
rebâtir sans cesse la cité, ce qui fait penser que Grenoble a la tentation de
faire table rase de son passé pour se tourner résolument vers son avenir.
Jean-Jacques Sotto
Septembre 2013
p i o n n i e r s d e l’ i n d u s t r i e e t d e l a s c i e n c e
-300 à 1789
Les bâtisseurs de remparts et de digues,
précurseurs des pionniers de l’industrie
et de la science
-300 à 1030 :
La naissance romaine et le haut Moyen Age
Cularo était une petite bourgade gauloise
dont les premières allusions remontent
à -300 avant J-C. Elle suscita l’intérêt des
romains pour pénétrer dans les Alpes et en
contrôler les accès en vue de conquérir le
sud de la Gaule.
4
Au tout début de notre ère, elle devient
un lieu de passage entre l’Italie et Vienne,
capitale gallo-romaine, pour transporter
troupes et marchandises via la Maurienne
et Montgenèvre. Un port (de la Madeleine)
sur l’Isère permet le transport par voie
fluviale. Elle acquiert le statut de vicus. Puis
elle devient ville fortifiée avec la première
enceinte romaine sur la rive gauche
de l’Isère, sous le règne des empereurs
Dioclétien et Maximin (284-293). Il s’agit
d’une première muraille de 9 m de haut,
4,5 m d’épaisseur et longue de 1,5 km dont
il ne reste que d’exceptionnels vestiges. Elle
délimite un territoire de 9 hectares. Cette
enceinte lui donne le statut de cité et elle
abrite alors une garnison romaine.
L’empereur Gratien (359-383) donne à la
Cité le nom de Gratianopolis et lui attribue
le titre d’évêché.
La première mention d’un évêché à
Gratianopolis est attestée en 381 avec
comme évêque Domin 1er.
5
Les voies de communication entre Vienne et l’Empire romain.
Un des rares vestiges de l’époque romaine, rue Lafayette.
L’Empereur Gratien
à l’origine du nom
de Gratianopolis.
p i o n n i e r s d e l’ i n d u s t r i e e t d e l a s c i e n c e
Domin 1er et ses successeurs s’intituleront
“Princes de la ville” jusqu’à la Révolution
de 1789. Ils ont joué un rôle clé dans la vie
de la cité y compris ultérieurement dans le
domaine universitaire et hospitalier. Ils seront
ainsi souvent en conflit avec les autorités
laïques de la cité et du royaume des Francs.
Ainsi en 660, le roi mérovingien Clotaire III
prenant ombrage de l’influence de l’évêque
Fergus, commanditera son assassinat.
1030-1347
Grenoble, capitale princière des dauphins
Les comtes d’Albon : fondateurs du Dauphiné
C’est une période cruciale
de l’histoire de Grenoble et
du Dauphiné qui se déroule
en toute indépendance de la
France au temps de la dynastie
des rois Capétiens. L’archevêque
de Vienne qui régnait alors sur une
vaste région Bourgogne Alpes et vallée du
Rhône, cède en 1030, la Savoie au comte
Humbert aux Blanches Mains et le sud
Viennois au comte Guigues 1er d’Albon.
6
Plan de Cularo et de ses remparts en 300.
Au cours du haut Moyen Age (450 à
1030), l’identité de la région autour de
Gratianopolis va se dessiner.
L’une d’entre elles va pourtant émerger, celle
des comtes d’Albon, et donner son identité
au Dauphiné.
Les terres qui donneront naissance plus
tard au Dauphiné et qui s’étendent sur
les actuels départements de l’Isère, de la
Drôme et des Hautes Alpes, ont acquis
un semblant d’unité à la suite du partage
de l’héritage de Charlemagne au traité de
Verdun en 843.
Pendant cette période, la cité a participé au
rayonnement du christianisme avec comme
objectif de bâtir des édifices religieux
(églises funéraires, crypte Saint-Oyand)
et de se défendre, grâce à ses remparts,
contre les vagues successives d’assaillants
germaniques, lombards puis sarrazins.
Mais cette région reste très diverse au plan
géographique et culturel, car on y parle
deux langues : le provençal et le francoprovençal. Elle l’est aussi en terme de
suzeraineté car gérée de façon disparate
par des ecclésiastiques très puissants et des
seigneurs issus des grandes familles locales
laïques, au pouvoir morcelé.
Elle fut parfois soumise comme en 443
au royaume des Burgondes mais toujours
défendant avec acharnement l’intégrité de
la cité. On peut dire que ce furent des siècles
creux pour la bourgade de Gracianopolis,
étrangère à l’histoire des Francs. Pendant ce
demi-millénaire, elle a gardé une population
stagnante de quelques centaines de citadins.
Depuis le berceau d’Albon, près de Saint
Marcellin, les comtes vont s’ériger en famille
princière. Ils étendent leurs territoires vers
l’est et prennent Gratianopolis comme
capitale de leur comté. Il prendra en 1285
le nom de Dauphiné, relevant de la lontaine
autorité du Saint Empire romain germanique
fondé en 1157.
Le sud viennois, future province du Dauphiné.
Cette période faste verra l’accroissement de
la ville qui comptera 4 500 habitants.
La construction de nouveaux remparts par
extension de l’enceinte romaine en 1218 et
1288, fera gagner 6 hectares à la cité. Plus
tard en 1338, il sera bâti une enceinte de
800 m sur la rive droite de l’Isère autour du
futur quartier Saint-Laurent.
De nombreux bâtiments seront construits :
collégiale Saint-André, cathédrale et église
Saint-Hugues accolées entre 1228 et 1237,
palais Delphinal en 1345.
Il ne reste que très peu de vestiges de ces
premières constructions. Ils localisent
cependant les édifices qui seront, en
grande partie, reconstruits sur les mêmes
emplacements.
7
CAPITALE PRINCI È RE DES DAUP H INS
Humbert II Comte d’Albon, fondateur
du pouvoir administratif et de la première université
Gratianopolis. A gauche la collégiale Saint-André, quartier des dauphins et à droite l’Evêché, quartier des évêques.
8
C’est
aussi
une
première
organisation de la vie publique.
Les comtes prennent le titre de
dauphin et en adoptent l’emblème
en 1133. L’autorité sur la cité sera
partagée entre les dauphins, princes
d’Albon dont le quartier se situera
autour de la collégiale Saint-André
et les évêques, princes de la ville,
résidant dans l’évêché autour de
la cathédrale.
ville, notamment destinés à collecter
l’impôt et garantissant les droits des
habitants.
C’est ainsi qu’ils obtiennent de
l’empereur Frédéric 1er du Saint
Empire romain germanique un atelier
monétaire commun. Mais leur
entente aura des hauts et des bas.
Les comtes bâtissent aussi les premiers
hôpitaux sur les rives de l’Isère : la
Madeleine (1090) sur la place des
Cordeliers (actuellement place de
Bérulle), Saint-Antoine (XIème siècle)
au niveau du Quai Perrière et SaintJacques (1329) rue du pont de Saint
Jaime (actuellement rue de Lorraine).
Ce furent des institutions religieuses,
aujourd’hui disparues, destinées au
soulagement de la misère.
Les dauphins élaborent une
charte des libertés pour les
habitants. Ils mettent en place un
processus démocratique par l’élection
de 4 consuls représentants de la
Comtes d’Albon :
Guigues V – Jean I – Humbert I
Jean II et Béatrix – Guigues VI
Ceci conduit à un conflit avec l’évêque et à
une rébellion, place du mal conseil (place
aux herbes actuellement), avec irruption
dans l’évêché. Cet incident provoque la
fuite momentanée de l’évêque. Ces droits
seront ainsi maintenus et confirmés plus
tard par Louis XI.
Comte d’Albon et dernier des
dauphins, Humbert II, a joué
un rôle essentiel pour l’essor et
l’identité de la ville.
Son œuvre sera malheureusement anéantie
par deux évènements : la ville de Grenoble
est ravagée par la peste, et lui-même ruiné
par le prix des Croisades.
Inspiré par la cour de Naples
où il avait séjourné, il initie la
première université de Grenoble, créée en
1339 par une bulle du Pape Benoit XII en
Avignon.
La mort dramatique de son fils unique, le
laisse sans héritier. Il est alors contraint en
1347 au “transport” du Dauphiné vers le
Royaume de France par le traité de Romans
pendant le règne de Philippe VI. Par ce
“transport” sans transaction financière,
Humbert II confie au roi de France la
province du Dauphiné pour la gérer. En
contrepartie, le roi remboursera les dettes
immenses que le comte avait contractées.
Pour attirer étudiants et “professeurs”, il
pratique une politique d’ouverture et de
facilitation avec rémunération et protection
privilégiée des étudiants. Cette université
est créée sur la base d’un studium de droit :
droit canon, droit civil (sept professeurs),
arts (un professeur) et médecine (sans
enseignant). En contre-partie, il fait venir de
Palerme un médecin célèbre, Pantufle, qui
transmettra son savoir.
En paralèlle à cette création universitaire
déterminante, la quatrième en France après
Montpellier (1180), Paris (1200) et Toulouse
(1229), il créera le conseil delphinal en 1337,
base du futur parlement et la chambre
des comptes en 1340, siège des affaires
financières.
C’est un statut ambiguë, car le Dauphiné
appartient à la couronne mais n’est pas
rattaché au royaume. Cette ambigüité
perdurera pendant plus de quatre siècles
avec l’extinction progressive des prérogatives
de la province : disparition du pouvoir des
familles nobles et des privilèges fiscaux,
obligation de la langue française et surtout
remise en question du pouvoir politique et
juridique du parlement qui comme on le
verra, est à l’origine de la révolte à Grenoble,
prémisse de la Révolution de 1789.
239 ans de période noire pour l’université
C’est le début d’une longue période noire
de deux siècles où l’université s’éteint mais
ne disparaît pas.
Néanmoins, il restera de cette période faste
la vocation universitaire et juridique de
Grenoble.
9
Grenoble au cœur de l’histoire du royaume de France • 1347-1789
Les guerres
Sous le règne des rois de France et jusqu’à
la Révolution française, cette période
représente celle de la formation des
territoires français. Elle est animée par
des guerres incessantes dont la finalité
essentielle est celle de l’hégémonie du
royaume de France vis-à-vis de ses grands
rivaux européens conduisant à l’annexion
ou à la soumission de nouveaux territoires.
Humbert II, comte d’Albon, transmet ses pouvoirs au Roi de France Philippe VI le 16 juillet 1349.
10
L’évêché, quartier des évêques, “princes de la ville”.
Place Saint André, quartier des dauphins.
C’est ainsi qu’au gré des victoires et des
défaites, des alliances et des pactes, furent
rattachés au royaume de France : la
Bretagne, le Calaisis et les Trois Evêchés du
nord, l’Alsace, la Lorraine, les Dombes, la
Franche Comté et la Corse pour constituer le
territoire national. A la France d’aujourd’hui
et à la veille de la révolution il ne manquera
que la Savoie et Nice.
Cette période est aussi marquée par les
conflits religieux entre l’Eglise catholique et
les adeptes de la Réforme. Dans la première
moitié du 16ème siècle, ils diffusent le
luthérianisme en Prusse et dans une grande
part de l’Europe du nord. Le calvinisme
s’implantera à Genève et dans le sud de
la France ce qui engendrera les guerres de
religion en France où l’église catholique
restait dominante.
L’époque est aussi fortement influencée par
la dimension coloniale avec la découverte
et l’exploitation du nouveau monde à partir
de 1492. Ces conquêtes ont fortifié l’Espagne
et le Saint-Empire romain germanique de
Charles Quint au détriment de la France
tant au plan politique qu’économique.
La ville fortifiée en 1600, le pont sur l’Isère et la collégiale Saint-André.
Plus tard, la rivalité économique et
coloniale entre l’Angleterre et la France
consacrera, après la guerre de 7 ans et
le traité de Paris (1763), l’hégémonie de
l’Angleterre en Amérique du Nord et en
Inde et l’humiliation de la France.
Le bilan de cette époque est contrasté.
Il est positif en terme de constitution
territoriale, conférant à la France un
territoire reconnu et limité par les
frontières naturelles que sont le Rhin,
l’océan Atlantique, les Pyrénées, la mer
Méditerranée les Alpes et le Jura.
Il est positif également en terme d’identité
nationale par l’évolution d’une mosaïque
de pouvoirs vers une allégeance à la royauté
puis vers une administration commune.
C’est ainsi que naît la conscience d’une
nation française qui prendra sa plénitude
au 19ème siècle.
Il est désastreux en terme d’influence
extérieure et de participation aux empires
coloniaux
Il est catastrophique en terme sociologique
avec de longues périodes de ruines et de
misère où toutes les amorces de prospérité
se soldaient par de nouvelles calamités,
guerres ou catastrophes naturelles qui ont
fait le lit de la Révolution française de 1789.
11
Dans ce contexte mouvant de guerres et de
remembrements territoriaux, Grenoble et le
Dauphiné ont montré une grande stabilité
politique et une fidélité au royaume de
France, contrairement à beaucoup d’autres
territoires.
Concernant l’implication de Grenoble dans
les évènements de l’histoire, deux périodes
sont à distinguer :
• La première de 1347 à 1610, où Grenoble a
été très impliqué dans les conflits qui ont
souvent dévasté la région. Cette période
se situe sous le règne des Valois et le début
de celui des Bourbons jusqu’à Henri IV.
• Au cours des deux siècles suivants
et jusqu’à la Révolution, la cité a été
relativement épargnée car les enjeux se
situaient davantage au nord et à l’est.
Les guerres de religion en Dauphiné 1562-1590
Trois ans seulement après le Traité de paix
de Cateau-Cambresis en 1559, les guerres
de religion vont déchirer pendant trente
ans, Grenoble et le Dauphiné.
Déclenchées en 1562 par le massacre d’une
soixantaine de protestants à Wassy en
Champagne par le Duc de Guise, la réplique
dans le Dauphiné est immédiate. Hector
Pardaillan, seigneur de la Motte Gondrain,
militaire violent et borné est assassiné à
Valence.
François de Beaumont, dit le “Baron rouge”,
s’autoproclame lieutenant général du
Dauphiné et, rallié aux huguenots, s’empare
de Grenoble.
Il saccage les édifices religieux et étend ses
exactions sur toute la population.
Il est destitué en 1564 par le prince de
Condé, chef des calvinistes. Bertrand de
Gorde, mandaté par Catherine de Médicis,
prend alors le contrôle du territoire.
Homme modéré, il refuse les injonctions
de Charles IX du massacre des huguenots.
Néanmoins une dizaine d’entre eux sont
pendus et leur chef Charles Dupuy de
Montbrun, décapité sur la place du mal
conseil en août 1572, à l’époque du massacre
de la Saint-Barthélémy.
François de Bonne de Lesdiguières : le pacificateur
12
Le troisième épisode des guerres de religion
est marqué par l’épopée de François
de Bonne de Lesdiguières, originaire de
Champsaur et nommé chef des huguenots.
Il conquiert les villes des Hautes-Alpes et,
après un premier échec à Grenoble, finit par
prendre la ville le 13 décembre 1590, après
trois semaines de siège sur les hauteurs de
la future bastille.
Les berges de l’Isère et le pont de bois.
Les guerres d’Italie 1494-1559
Les historiens s’accordent à affirmer
l’inutilité de ces guerres destinées à la
conquête des Etats italiens : Milan, Naples,
Venise et opposant la France à l’Empire
hispano-germanique de Charles Quint en
particulier.
Charles VIII, Louis XII, François 1er, Henri II
passent avec leurs troupes par Grenoble et
y laisseront leurs traces. Si les guerres d’Italie
furent un échec politique, elles auront une
influence considérable dans le domaine
culturel et artistique de la Renaissance.
Sa prise de pouvoir sur Grenoble se déroule
sans exaction. Elle correspond, à la fin des
guerres de religion et aux premières années
du règne d’Henri IV qui assoit son autorité
et le soutient en le nommant gouverneur
de Grenoble en mars 1591.
Homme politique avisé, il
prêche la tolérance et la
réconciliation huit ans avant
l’Edit de Nantes, promolgué
en 1598. Lieutenant général
du Dauphiné en 1597, il se
convertit au catholicisme
en 1622 et il est nommé
connétable de France, le
dernier de l’histoire de France.
Au cours de son mandat, il
recevra triomphalement les visites d’Henri
IV en 1600 et de Louis XIII en 1622.
Son œuvre à Grenoble fut considérable et
elle changera le cours de l’histoire de la ville.
13
Grenoble épargnée par les guerres
pendant plus de deux siècles
Grenoble face aux adversités :
Peste et inondations
A la fin des guerres de religion, au cours
des deux siècles suivants et jusqu’en 1789,
Grenoble fut épargné par les guerres et n’eut
pas à pâtir des combats lointains : guerre de
30 ans (1618-1648), guerre de dévolution
(1667-1668), guerre de Hollande (16761678) et guerre de succession d’Espagne
(1701-1714).
Cette longue période de plus de quatre
siècles fut surtout pour Grenoble, celle
des catastrophes naturelles qui ont parfois
Trois aspects cependant méritent d’être
soulignés en termes sociopolitiques sur
cette longue période de 200 ans :
La suppression des états provinciaux
par le cardinal de Richelieu. Elle équivaut à
la fin des libertés politiques du Dauphiné,
notamment sur la répartition de l’impôt.
La révocation de l’édit de Nantes. En 1685
Louis XIV révoque l’Edit de Nantes établi
par Henri IV. Plus de 3000 protestants, soit le
cinquième de la population, émigrent vers
la Suisse et le nord de l’Europe. Ce départ
des élites stoppera net le développement
de la cité, alors en plein essor.
La guerre de succession d’Espagne à la fin
du règne de Louis XIV. Cette guerre aura un
impact indirect sur la ville de Grenoble. En
effet, le traité d’Utrecht (1713-1715) qui
mettait fin aux velléités avec l’Espagne et
l’Angleterre, consolidait les frontières du
territoire français. La France, ne disposant
plus de bastions avancés, eut le souci de
protéger ses frontières à l’est.
14
La peste
En 1348, la peste entamait en Europe son
troisième cycle de pandémie, après celui de
l’antiquité et du haut Moyen Age. Il s’étalera
à Grenoble sur presque deux siècles jusqu’en
1530.
A la fin du règne d’Humbert II, elle entraine
famine et ruine décimant des milliers de
personnes et faisant fuir les autres. Ce
fléau fut attribué aux juifs dont 74 furent
jugés, condamnés à mort et périrent sur le
bucher, ce qui ternit l’œuvre de Humbert II
si productive par ailleurs. La peste est ainsi
la cause principale de l’extinction de la
première université.
Par la suite, le Dauphiné étant annexé au
royaume de France, les épidémies vont se
succéder accentuant encore les méfaits des
guerres et des inondations.
La maisonLesdiguières, futur hôtel de ville de Grenoble.
La porte de Bonne, entrée de la garnison.
Grenoble, Ville de garnison
Ainsi, les troupes militaires qui jusque-là ne
faisaient que passer, notamment pendant
les guerres d’Italie, se localisent à Grenoble
qui devient alors, comme Besançon et
Briançon, une ville de garnison.
Une école d’artillerie s’installe en 1720. La
caserne de Bonne est construite en 1730
renouant ainsi avec le statut de ville de
garnison, 1300 ans après la disparition
de la garnison romaine. Les terrains du
Polygone, récemment sécurisés vis-à-vis du
Drac, servent de terrains d’entrainement et
plus tard de garnison. Quelques milliers de
soldats s’installent et donnent à la ville de
Grenoble une grande bouffée d’oxygène en
relançant l’activité économique.
anéanti la ville et nécessité des efforts
considérables pour les surmonter.
La dernière épidémie en 1528, fut aussi
dramatique que la première, interrompant
toute activité et en particulier la
construction du nouvel hôpital pendant
huit ans.
15
La vie publique et les bâtisseurs de la cité
Les inondations
Elles avaient déjà détruit de nombreuses
fois le pont de bois qui traversait l’Isère
depuis l’époque romaine.
Au cours du siècle qui suivit “le transport”
du Dauphiné au royaume de France (13471447) et qui correspond grosso-modo
à la guerre de Cent Ans, Grenoble fut
administrée par les Dauphins du royaume
qui se désintéressèrent de la cité.
En 1219, une inondation catastrophique
dévasta la ville faisant plus de 3000 morts
soit plus de 50% de la population.
Trois ans plus tôt, un énorme éboulement
dans la vallée de la Romanche avait créé un
immense lac en amont, interrompant pour
quelque temps le cours de la rivière. Le
barrage s’est ensuite rompu et des milliers
de tonnes d’eau ont déferlé par le Drac vers
Grenoble. Cette vague de plus de 20 mètres
est remontée vers l’Isère à contrecourant,
formant un lac dans le Grésivaudan qui se
vida à son tour par un effet de balancier.
16
Ils déléguaient leur pouvoir à un gouverneur
souvent corrompu.
Une foire se tenait dans la ville, et les portes
étaient fermées en bloquant la population.
Aucune construction n’est retrouvée
antérieure à cette date hormis la crypte
Saint Laurent et quelques résidus de
murailles. Cette catastrophe est à l’origine
du symbole du serpent et du dragon qui
représente la lutte entre les deux rivières.
Aujourd’hui, la fontaine du lion terrassant le
serpent, au bas de la montée de Chalmont,
commémore ce symbole.
C’est une époque de stagnation au cours
de laquelle le sentiment dauphinois va se
renforcer à travers les rudes épreuves. Les
réalisations sont essentiellement portées
par les évêques et les consuls (représentants
de la bourgeoisie), la noblesse ayant émigré
vers les lieux de bataille contre l’Angleterre
et ses alliés.
On assiste à l’édification des tours de
Premol au sud des remparts en 1350 et de
l’Isle à l’est en 1381 (seul édifice persistant
aujourd’hui). Elles sont essentiellement
destinées à la protection contre les brigands
et à l’édification d’une enceinte autour du
couvent des Jacobins. Les rues commencent
à être pavées et les premiers endiguements
du Drac à être tentés. Une première voie, à
travers la montagne, est tracée sur la rive
droite de l’Isère.
17
La tour de l’Isle, un des dernier vestiges des remparts.
Grenoble et ses fortifications. A gauche, le Drac n’est pas encore canalisé.
Louis XI, Le renouveau
A la suite d’un éboulement, un grand lac naturel se forme dans la vallée de la Romanche en 1216.
Trois ans plus tard, le barrage cède, une énorme vague submerge la ville.
Par la suite, il n’y eut pas moins de 150
inondations graves avec parfois 5 m audessus de l’étiage en 1778 détruisant ponts
et bâtiments riverains. La dernière eut lieu
en 1859. Sur ces 600 ans écoulés depuis
1219, cela représente une inondation grave
tous les 4 ans.
Un véritable renouveau aura
lieu avec l’avènement du
dauphin Louis, futur roi Louis
XI, qui administra Grenoble de
1447 à 1456.
le vieux conseil delphinal en
parlement du Dauphiné, le
troisième en France, faisant
passer la cité au statut de
capitale provinciale.
Même s’il n’y séjourna que
par intermitence. Son œuvre
reste principalement socioéconomique. Il pratique une
politique d’ouverture, faisant
revenir les banquiers juifs et
attirant les artisans étrangers.
En termes de constructions,
il engage celles du palais des
Dauphins et du Fort Rabot
sur la colline. Parallèlement
la population croit jusqu’à
10 000 habitants et Grenoble
devient le centre industriel
et agricole de la province
ainsi qu’un carrefour important entre la
république de Gênes, le Duché de Savoie et
les villes de la vallée du Rhône.
Il confirme la charte des
libertés établie en 1226 par les dauphins
d’Albon. Il réforme la fiscalité et transforme
Au cours des décennies
qui ont suivi, on assiste
à une nouvelle récession
importante de la cité,
ravagée par la peste, les
inondations, les brigands
et le début des guerres
d’Italie.
Pierre Terrail de Bayard
connu sous le titre de Chevalier Bayard qui
fut un grand chef de guerre pendant les
campagnes d’Italie, fut nommé lieutenant
général du Dauphiné en 1515.
Il trouva la ville dans un piteux état avec
une population réduite à 4 000 habitants.
De façon moins connue, il exercera une
activité considérable pour l’aménagement
de la ville : digues, égouts, début du
détournement du Drac.
Il fera la chasse aux brigands et soutiendra
les pauvres et les pestiférés.
Directement impliquée dans les guerres
d’Italie, Grenoble bénéficiera des retombées
de la Renaissance, notamment dans le
domaine de l’imprimerie.
La première fut installée par Etienne Forest
en 1490, peu de temps après la découverte
de Gutenberg en 1446. On peut penser que
cela participa à la vocation ultérieure de
Grenoble pour la papeterie.
L’œuvre de Lesdiguières 1543-1626
18
François de Bonne de Lesdiguières va
accomplir, à l’issue des guerres de religion,
une œuvre considérable pour la cité :
démolition de l’enceinte romaine et début
de construction de la citadelle près de la
Tour de l’Isle, achèvement des fortifications
de la rive droite de l’Isère avec le Fort de La
Bastille, édification de murailles escarpées
entre la porte Saint-Laurent et la Porte de
France.
Il organise le centre-ville avec la place de
la grenetterie. Il entreprend des travaux
gigantesques pour que le Drac ne se
déverse plus dans la plaine par la digue
Marcelline depuis le Pont de Claix. Il engage
enfin le début de construction de l’hôtel
Lesdiguières (ancienne mairie de Grenoble)
et le couvent de Sainte-Marie-d’en-Haut.
Il construit une deuxième enceinte de
la ville, concentrique à la première et
augmente ainsi sa surface de 36 hectares
(1591-1606).
Grenoble au 16ème siècle. Les grandes allées d’arbre préfigurent le futur cours Jean Jaurès.
Dans le prolongement de son action et
jusqu’à la fin du 17ème siècle, de nombreuses
constructions seront érigées :
Edifices religieux : Couvents, collèges et
monastères dont persistent aujourd’hui les
églises Sainte-Marie-d’en-Bas et Saint Louis.
Extension des remparts, enceinte Créqui
en 1675 englobant le nouvel hôpital,
puis constructions de poudrières sous la
conduite de Vauban en vue de la protection
de Grenoble vis-à-vis de la Savoie (Frontière
des Alpes).
Pendant le 17ème et 18ème siècle, à l’abri des
campagnes militaires de Louis XIII, Louis
XIV et Louis XV, Grenoble bénéficiera
d’une grande prospérité économique avec
l’essor de la ganterie et l’exportation des
gants vers les Etats-Unis. En même temps
se développe l’artisanat de l’ébénisterie
(Hache) et la faïencerie à La Tronche.
Poursuite de l’endiguement du Drac,
1665-1686 avec le canal Jourdan rectiligne
et le cours Saint-André (futur cours
Jean-Jaurès) parallèle, servant de digue
supplémentaire.
Cependant au fil du temps, cette prospérité
accroit les injustices, notamment fiscales
par les fermiers généraux, alors que
l’accroissement de la population (22 000
habitants en 1789) attise les tensions.
Une seconde partie des travaux se déroulera
un siècle plus tard en 1778 à la suite du
déluge de la Saint Crépin pour repousser
le confluent du Drac et de l’Isère en angle
aigu. C’est cette position qui délimite le
polygone scientifique actuel.
La maison Lesdiguières avec le pont sur l’Isère et sa tour, détruits aussi par une inondation.
François de Bonne de Lesdiguières
la justice, des finances et de la police qui
appliqueront quelques années plus tard, la
réforme de la taille en 1634, obtenue sous
Louis XIII par le Tiers état pour une plus
grande justice fiscale.
Parallèlement sous Lesdiguières se mettent
en place des réformes administratives avec
la création des intendants en charge de
Cette opposition des ordres est
révélée par les actions de Louis
Mandrin et de sa bande de
brigands en 1753 qui se disait
justicier en dépouillant les riches
pour soulager les pauvres. Il fut
pris et roué vif à Valence en mai
1755 mais il restera une légende
dans l’esprit du peuple.
19
Louis Mandrin
La deuxième université
1542-1567 : renaissance et fin
C’est dans un contexte politique trouble,
à cheval sur la fin des guerres d’Italie et
le début des guerres de religion, que sera
réactivée l’université sur les mêmes bases
juridiques que la première, établies deux
siècles auparavant.
Son histoire déborde largement cette
courte période d’exercice et s’intègre dans
le conflit violent qui a opposé Grenoble à
l’université de Valence.
20
Il prend naissance quand Louis XI, pourtant
grand artisan du développement de
Grenoble, décide en 1452 de créer une
université à Valence. Ses raisons restent
obscures et sa décision paradoxale, vu la
situation politique et économique des deux
villes.
Elles
relèvent
probablement
de
considérations politiques pour contre
balancer les pouvoirs juridiques du
parlement et financiers de la chambre des
comptes dans la capitale du Dauphiné.
Elle relève aussi de la prééminence du
pouvoir de l’évêché de Valence sur celui
de Grenoble, Louis XI ayant eu le souci
d’obtenir l’allégeance de l’évêque de Valence
au pouvoir delphinal.
Quoiqu’il en soit, cette décision aura
de lourdes conséquences sur l’avenir
universitaire de Grenoble jusqu’au début
du 19ème siècle.
Pourtant, c’est à l’initiative des juristes du
Parlement et surtout de l’un d’entre eux,
Pierre Buchet, que l’université de Grenoble
sera réveillée de ses cendres. Le gouverneur
François de Saint Pol l’officialisera en 1542
et obtiendra de Henri II le partage avec
Valence des subventions et de la gabelle.
Elle sera située au couvent des Cordeliers.
Une hiérarchie universitaire est alors
instaurée avec le chancelier qui est l’évêque,
le recteur gestionnaire, le doyen qui détient
le véritable pouvoir et le collège des agrégés.
Pierre Buchet qui fut élu doyen et le restera
jusqu’à la fin en 1567, organisa ses cours sur
la même base que celle des autres universités
de l’époque et à l’image de Valence qui
fonctionnait ainsi depuis un siècle : droit
civil, droit canon, arts et médecine. Mais
elle se consacrera presqu’exclusivement à
l’enseignement du droit.
Valence fait disparaitre l’université de Grenoble
A cette occasion une lutte sans merci
eut lieu avec Valence pour les mannes
financières du royaume et pour attirer
les étudiants et les meilleurs professeurs
venant d’Italie, du Portugal ou de France
qui passaient souvent d’une ville à l’autre.
Grand batailleur, Pierre Buchet fut vite
confronté à des difficultés majeures :
caisses vides, conflit avec les moines du
couvent pour les locaux, inconstance
des enseignants souvent non payés,
expulsion des enseignants protestants dits
“mécréants”.
Tout s’écroule à la suite de la terrible
épidémie de peste en 1564.
Tous les efforts de Pierre Buchet furent vains.
Valence sur la demande de l’évêque Jean de
Montluc, très influent auprès de Catherine
de Médicis, obtient en 1565 la réunion des
deux universités sous la coupe de Valence. Il
accuse l’université de Grenoble de mauvaise
gestion et de protestantisme. Finalement
l’université de Grenoble est carrément
supprimée par Charles IX en avril 1565 et
définitivement fermée deux ans plus tard
après une violente bataille de procédure.
Deux siècles de vide universitaire 1567-1806
Il s’ensuivit une longue période (239 ans)
de vide universitaire jusqu’à l’époque
napoléonienne.
Elle ne fut cependant pas vide d’initiatives
surtout au 18ème siècle où la suprématie de
Grenoble s’affirmait avec la croissance de sa
population (20 000 habitants) sa position
de capitale du Dauphiné, siège du pouvoir
parlementaire judiciaire et financier.
L’industrie textile devenait florissante et
on assistait à l’immigration de 200 familles
nobles s’ajoutant aux 6000 bourgeois de la
cité. Le taux d’alphabétisation était alors
particulièrement élevé.
universités en 1728 et 1732 par Gaspard
de Fontanieu intendant du Dauphiné. Elle
résista aussi à cinq tentatives de transfert
entre 1738 et 1772, ceci bien que l’université
de Valence soit réduite à une distribution
de grades sans dynamique universitaire.
Finalement la ville de Valence conservait
une forte influence par son évêque et ses
consuls alors que la royauté de son côté ne
voulait rien changer car elle commençait
à redouter le pouvoir grandissant de la
société grenobloise.
La nécessité du transfert de l’université à
Grenoble devenait une évidence. Il était
voulu par la noblesse et les élites dont les
étudiants se rendaient à Orange pour leurs
diplômes, tournant ainsi le dos à Valence.
Les actions furent menées par le parlement
et les intendants, mais Valence résista à
deux enquêtes menées pour la réforme des
La maison de Pierre Buchet, rue Chemoise.
La place Saint André.
21
Les hôpitaux compensent
la faillite universitaire
Jusqu’au milieu du 16ème siècle, les hôpitaux
nouvellement créés : Notre Dame-Hôtel
Dieu en 1425 (rue Chenoise), de l’Ile ou
des Infez en 1485 (sur le site de l’Ile verte)
poursuivent leur mission d’asile pour
soulager la misère des pauvres, des enfants
trouvés, des femmes enceintes et des
prostituées.
Ces bâtiments seront désaffectés et
disparaîtront à la suite de leur transfert vers
l’hôpital général.
22
D’autres structures d’accueil-hospices seront
créées ultérieurement, toujours dans des
buts humanitaires : l’hôpital de la Providence
(une maison de la rue Chenoise) ouvert
en 1676 par l’abbé Lestellet qui mendiait
lui-même pour nourrir ses pensionnaires.
L’hôpital de la présentation (rue Neuve,
Voltaire actuellement) créé par une fille du
peuple, Catherine Raysson en 1700 pour
les jeunes filles en bas âge abandonnées qui
étaient nourries, logées et éduquées.
En terme de santé, la peste crée un nouveau
besoin d’isolement et de soins pour lesquels
la chirurgie montre son utilité. C’est ainsi
qu’elle est consacrée comme compétence
hospitalière en 1485 avec mise en place
d’un cursus de formation et d’un jury de
validation.
L’enseignement officiel de la médecine
fait réellement son apparition en 1545
au moment du réveil de l’université. Il fait
suite à un arrêt du parlement, ordonnant
la réunion de tous les biens de tous les
hôpitaux de Grenoble autour de l’hôpital
Notre-Dame.
Là encore, Pierre Buchet, parmi les six
notables surintendants des pauvres qui
administrent l’hôpital, demeure très actif
pour stimuler l’enseignement. Cependant,
la médecine reste enseignée dans l’hôpital
hors de l’université. Il sera alors créé un
collège de médecins, une société savante,
un ordre professionnel contre les charlatans,
une éthique médicale et un cursus de
formation de six ans.
Pendant la longue période de dormance de
l’université, l’activité hospitalière devient
très importante et l’organisation de la
médecine suit cette trajectoire.
D’abord en 1605 dans le cadre de l’hôpital
Notre-Dame, il est instauré un statut pour
les apothicaires, les séparant des épiciers,
marchands de fer et barbiers.
Puis en 1614, on regroupe les médecins,
chirurgiens et apothicaires dans un corps
de médecine impliqué dans l’organisation
des soins et de l’enseignement. Dès 1620,
cette corporation décerne le titre d’agrégé
hospitalier destiné à qualifier les médecins.
Ecole d’Anatomie.
Projet du nouvel hôpital en 1627.
Un nouvel hôpital, hors des remparts
Sous l’impulsion de Lesdiguières, le
maréchal de Créqui propose la construction
d’un nouvel hôpital hors des remparts en
1627. Malheureusement, les calamités qui
s’abattent sur Grenoble vont retarder sa
construction jusqu’en 1638.
Situé à l’emplacement de la rue de Belgrade
actuelle, il gardera le nom d’hôpital Notre
Dame et restera en fonction jusqu’au début
du 20ème siècle. Sa gestion est confiée aux
hospitaliers de Saint Jean de Dieu avec des
ressources issues de la charité, mais aussi
de la ville et du royaume. Elles fluctuent
en fonction des périodes de grande misère,
mais presque toujours l’hôpital général
se trouvera endetté et son activité sera
limitée aux pauvres et orphelins jusqu’à la
révolution.
Les charges d’enseignement de la médecine
lui sont affectées. Parmi les réalisations,
celles de la chirurgie sont les plus
importantes : constitution d’un noyau de
chirurgiens dont un professeur de chirurgie
et un d’anatomie. Ce noyau représente
l’ébauche d’une véritable école de chirurgie.
En 1684, l’hôpital de la charité, créé au sein
de l’hôpital général, engage une convention
avec l’intendant Bouchut afin qu’il soit
destiné aux malades militaires.
C’est l’acte de fondation du futur hôpital
militaire et une nouvelle aire d’activité
chirurgicale pour les blessés de guerre.
Feront suite en 1761 la pratique organisée
privée de la chirurgie sous la responsabilité
de religieux et enfin en 1771, sous l’impulsion
de la laïcisation des instances, une école
publique de chirurgie, associant les sagesfemmes, érigées en corporation en 1763
et instaurant un vrai cursus de spécialité :
Recrutement par concours, attribution de
bourses pour les plus démunis et cursus de
trois à quatre ans supplémentaires.
Dominique Villars, sorti de l’école de
chirurgie, est un des meilleurs élèves.
Il se consacrera ultérieurement à
l’enseignement de la botanique en
1782.
D’autres écoles de formation
apparaîtront : accouchement en 1774
et anatomie en 1775.
23
Les prémisses de l’explosion économique
et culturelle du XIXème à Grenoble
Au terme de cette longue période de plus
de quatre siècles, transparait la vocation
universitaire de Grenoble. Elle reste tout
de même axée sur le droit et l’activité
du Parlement, même si l’axe médical est
volontairement privilégié ici. Grenoble,
encore cantonnée dans ses fortifications
et limitée dans ses actions par le vide
universitaire administratif, laisse poindre
son caractère inventif. Deux exemples
sont significatifs :
24
Jacques de Vaucanson (17091782), mécanicien et génial
inventeur d’automates se
penche sur l’industrie de la
soie (dévidage automatique
des cocons) et du tissage en
inventant le tour à charrioter,
première machine à tisser.
Cette
invention
a
conduit
au
développement de l’industrie textile dans
les années 1770-1790 par Claude Perrier
qui applique les techniques d’impression
importées de Chine. Ce développement
renforce l’activité économique déjà
prospère depuis le début du 18ème siècle
(ganterie, ébénisterie et faiencerie).
Déodat de Gratet de Dolomieu,
éminent géologue (17501801), s’illustre pendant la
campagne d’Egypte de
Bonaparte et donnera
plus tard son nom aux
Dolomites.
Sur le plan culturel, le
goût des lettres et des
beaux-arts se développe. Le
théâtre est fondé en 1768.
Monseigneur de Caulet, évêque de
Grenoble de 1726 à 1771, est à l’origine
de nombreuses initiatives culturelles.
Sa remarquable bibliothèque a conduit,
grâce à l’action du Docteur Henri Gagnon,
grand père de Stendhal, à l’ouverture de la
première bibliothèque publique en 1774.
Il est aussi à l’origine de la création d’une
société littéraire par les souscripteurs de
son héritage. Elle deviendra académie
delphinale en 1789. Enfin naît en 1774 la
première gazette grenobloise “Les affiches
du Dauphiné” .
Inventions, industrie, culture, beaux-arts et
communication ; c’est ainsi que se dessine
déjà le socle du développement à venir de
Grenoble.
La machine à tisser de Vaucanson.
1789-1939
L’expansion économique de Grenoble
et le réveil de l’université
La Révolution française et l’épopée napoléonienne
Dès 1788, Grenoble détonateur de la révolution
Un mouvement sournois de révolte gronde
dans les parlements de France depuis 1771.
Sous prétexte de plus d’égalité vis-à-vis
de l’impôt, un édit du roi porte atteinte
au droit de remontrance des parlements
provinciaux (doléances de la population)
et au nombre de charges et d’offices du
parlement.
A Grenoble, avocats, greffiers et huissiers
forment avec leur famille une communauté
de 5000 personnes, soit le cinquième de
la population. Le parlement s’insurge et
déclare “traitres à la patrie” les magistrats
qui accepteraient de siéger dans les
nouveaux tribunaux.
Albert de Bérulle premier
magistrat, mène la révolte.
Devant l’ordre du roi de
destituer les magistrats,
la population alertée
sonne le tocsin le 7 juin
1788. Près de 10 000
personnes se réunissent
en masse pour protéger le
parlement. Faisant face au
régiment d’élite du lieutenant
général, la foule monte alors sur
les toits et envoie une pluie de tuiles sur les
soldats. Il y eut peu de victimes, car ordre fut
donné de retirer les troupes pour éviter un
drame. Cette journée historique se terminera
par un feu de joie sur la place Saint André.
25
La journée des Tuiles à Grenoble le 7 juin 1788.
Les édiles de Grenoble prennent le pas sur
le mouvement et bravent l’interdiction
de réunion. Un texte est adressé à Louis
XVI pour la préservation des privilèges du
parlement en province.
Le mouvement s’amplifie et aboutira à la
tenue des Etats Généraux de Grenoble à
Vizille le 21 juillet 1788 avec les trois ordres :
Noblesse, Clergé et Tiers-état. Un décret
royal convoque alors les Etats Généraux du
Dauphiné le 10 septembre 1788 à Romans et
six jours plus tard, un autre décret convoque
les Etats Généraux du Royaume à Versailles
pour le 6 mai 1789. Grenoble entre dans
l’histoire et Albert de Bérulle effectue un
retour triomphal dans la cité en liesse.
Grenoble soutient Napoléon et l’Empire
Sous l’Empire, Grenoble va vouer un
soutien inconditionnel à Napoléon qui la
citera comme l’une des 36 bonnes villes de
France.
Plan de Grenoble en 1788 avec à gauche l’extension des remparts pour construire le nouvel hôpital.
Conséquences de la Révolution
26
Si les conséquences de la Révolution furent
considérables en France, trois évènements
méritent d’être soulignés à Grenoble :
Suppression des vieilles provinces fin 1789,
le Dauphiné est divisé en 3 départements :
Isère, Drôme et Hautes Alpes.
Suppression des ordres religieux en février
1790 et fermeture des couvents impliqués
dans la formation médicale et donc de
l’école de chirurgie.
Suppression des collèges de plein exercice
et des facultés de théologie, de médecine,
des arts et du droit, détruisant ainsi toute
la structure universitaire du pays.
Mais Grenoble garde une aura de ses
actions de gloire. Jean-Joseph Mounier et
Antoine Barnave sont ovationnés à Paris
et les délégués du Dauphiné reçoivent une
“standing ovation” dans la salle du congrès
de Versailles.
En hommage à la Révolution, le fort audessus de Grenoble confirme son nom de
Bastille, baptisé sous Lesdiguières. En 1794,
Joseph Chanrion, délégué à la convention
s’oppose à l’envoi d’une commission
révolutionnaire, évitant les exécutions en
masse à Grenoble.
Antoine Barnave sera élu maire, avant
d’être jugé et condamné à mort pendant
la terreur. Le parlement du Dauphiné est
transformé en cours de justice.
Le fait le plus marquant concerne le retour
triomphal de Napoléon de l’île d’Elbe vers
Paris. Le 7 mars 1815 à Grenoble, il reçoit un
accueil triomphal de la population et, avec
son soutien, il recrute des soldats et puise
dans les armureries de quoi équiper cinq
régiments.
En parlant de Grenoble, il dira : « J’étais un
aventurier ; dans cette ville je suis redevenu
un souverain ». Cent jours plus tard,
Waterloo brisa tout et les retombées de cet
engagement napoléonien furent sévères
pour Grenoble et son université.
Parmi les épisodes, en mai 1816, le complot
bonapartiste fomenté par le doyen de
l’école de droit Jean-Paul Didier est réprimé.
Il est condamné à mort et exécuté avec une
vingtaine de complices.
Pendant tout le 19ème siècle et pendant
le premier tiers du 20ème siècle, Grenoble
fut peu impliquée dans les mouvements
insurrectionnels de la capitale, ni dans les
combats des guerres franco-prussiennes.
L’événement le plus marquant, pour la
région, a été le rattachement de la Savoie à
la France en juin 1860.
La nouvelle fonction de maire est créée,
remplaçant celle de consul.
En mémoire de cette période glorieuse, la
Fontaine aux trois ordres sera inaugurée en
1897 place Notre-Dame.
Etats Généraux de Grenoble à Vizille le 21 juillet 1788.
Napoléon est accueilli à la porte de Grenoble le 7 mars 1895.
27
La fin des hostilités se fera dans la liesse à
Grenoble. Cette annexion aurait dû rendre
caduques les fortifications et les ouvrages
titanesques de la Bastille mais, après la
guerre de 1870, la ville reste désignée
comme une place forte de première classe
en regard de sa proximité avec la frontière
italienne.
Cent cinquante ans de transformation
et d’évolution de la ville de Grenoble
Les fortifications se poursuivent
C’est là toute la contradiction entre
une ville confortée dans sa vocation de
citadelle et de garnison et parallèlement
dans sa mutation vers une ville ouverte
industrielle et scientifique. Les réalisations
militaires sont donc restées importantes
au 19ème siècle. En 1815, après la destitution
de Napoléon, Louis XVIII demande au
général Haxo d’entreprendre de nouvelles
fortifications en cascades sur la colline de
La Bastille. Les précédentes fortifications
construites par Lesdiguières disparaissent.
En 1824, le fort de la Bastille et la citadelle
Rabot sont construits pour abriter des
casernes. Une nouvelle enceinte délimite
l’actuelle place de Verdun. Plus tard (1879),
une autre est érigée au sud (boulevard des
fortifications) sur le tracé actuel des grands
boulevards, en direction du Drac et du
polygone.
La présence militaire est renforcée avec
quatre régiments d’infanterie ou d’artillerie
et trois bataillons de chasseurs alpins ainsi
que de nombreuses casernes.
La gare de Grenoble dans les années 1900.
Le chemin de fer arrive à Grenoble en 1858
28
L’évènement qui va bouleverser l’urbanisme
de la ville est l’arrivée du chemin de fer et
la construction de la gare en 1858. Cette
révolution aboutira à la destruction de
toutes les enceintes et fortifications de la
ville (hormis celle de la Bastille).
Place Victor Hugo et les grandes avenues qui
ouvrent les ruelles du centre-ville vers les quais
de l’Isère et vers la gare . Elles témoignent de
la grande poussée vers l’ouest de Grenoble
en faisant table rase des fortifications et
notamment de l’hôpital général.
Pourtant à l’époque, et paradoxalement,
l’argument le plus convaincant pour que
le plan ferroviaire initial adopte Grenoble
comme destination fut celui d’une ville
frontière fortifiée qui devait nécessairement
être desservie.
Cela conduira à l’annexion jusqu’au Drac
des territoires appartenant aux communes
de Seyssins, Fontaine et Saint-Martin-leVinoux. Il s’ensuivra les grands travaux de
nivellement du Polygone et de la Porte
de France (1848), d’aménagement et
d’assainissement du cours Saint André
(cours Jean-Jaurès) ce qui donnera l’actuelle
superficie de Grenoble de 18,3 km².
C’est ainsi qu’à partir des années 18801914 les grands chantiers d’ouverture et
de communication ont donné au centre
ville son visage actuel. Sous la conduite des
maires bâtisseurs de l’époque s’ouvrent les
grandes places de Grenoble :
Place de la Constitution (place de Verdun)
et les beaux bâtiments administratifs,
militaires et universitaires qui l’entourent.
Grenoble en 1887. En bas, les dernières lignes de fortifications Haxo.
C’est aussi à cette époque que l’on bâtit les
ponts si importants pour l’essor de la ville :
1828 pont du Drac, 1838 pont Saint Laurent
et de l’ancien hôpital, 1893 pont de la Porte
de France et surtout en 1899 le pont de l’Ile
Verte qui a permis le transfert de l’hôpital
général du centre-ville vers La Tronche.
29
L’extension géographique
et démographique de Grenoble
L’expansion économique de Grenoble
Le début du 20ème siècle verra se confirmer
l’extension de la ville vers le sud et l’est et
en 1920 l’adoption par la municipalité
du déclassement des fortifications et
du nouveau plan d’alignement de la
ville. L’aménagement du boulevard des
fortifications (1938) prendra le nom des
trois maréchaux Foch, Viallet et Joffre.
L’aéroport Grenoble Mermoz s’installe
dans le sud de la ville, inauguré par Paul
Cocat en 1936 ainsi que le stade vélodrome
la même année et le téléphérique de la
Bastille initié en 1934 par Paul Mistral est
inauguré par son successeur Léon Martin.
Les communes alentours s’étendent
préfigurant l’agglomération grenobloise du
21ème siècle.
Les inventeurs, initiateurs de l’essor industriel
La démographie suit une courbe lentement
progressive jusqu’en 1830, de 20 000 au
moment de la révolution à 30 000, puis la
croissance est plus rapide pour doubler
à la fin du siècle (68 000) puis 100 000 au
moment de la guerre de 1940.
Le vrai “boom” démographique se fera après
la guerre de 1940 au moment des trente
glorieuses. La ville se sature rapidement
à 160 000 habitants mais l’agglomération
passe de 150 000 au moment de la guerre
pour atteindre plus de 400 000 habitants
aujourd’hui.
Dans les cinquante dernières années, la
population s’est renouvelée par tiers tous
les dix ans.
30
Ils sont bien sûr la cause principale
du développement de la ville et de sa
dimension universitaire. En retour, les
aménagements urbains sont à l’origine
du creuset industriel notamment avec le
raccordement au chemin de fer en 1858
qui crée un enchainement spectaculaire et
amène la ville à la pointe du progrès.
les universitaires mais aussi les pouvoirs
publics locorégionaux qui ont soutenu
cette grande proximité entre les hommes.
C’est ainsi qu’à la fin du 18ème siècle, la
bourgeoisie grenobloise (avocats, notaires,
médecins) est rejointe par des négociants
et des marchands préfigurant l’économie
du lendemain.
Cette mutation est à Grenoble plus
qu’ailleurs la conséquence d’une collusion
forte et souvent interpénétrée entre les
pionniers industriels, les chercheurs et
Cette activité économique, déjà inaugurée
au 18ème siècle par l’industrie du tissage,
suite aux inventions de Vaucanson, fut
florissante au cours du 19ème siècle.
L’industrie gantière
Xavier Jouvin dépose en 1838 un brevet
pour la découpe du cuir, et pour la mise
au point des formes de mains en métal
permettant d’obtenir 250 pointures. C’est
l’âge d’or pour Grenoble. La ville bénéficie de
cette découverte et la production des gants
devient exclusive et fulgurante. En 1860,
112 fabriques emploient 32 000 ouvriers.
Ils réalisent 400 000 paires de gants dont la
moitié est exportée vers les Etats-Unis.
“Si j’ai été assez heureux pour me créer une position
exceptionnelle, c’est à l’ouvrier à qui je la dois, sans l’aide
que j’en ai reçue et sans celle que j’en obtiendrai je croirais
ma position illusoire ; par conséquent je crois plutôt
acquitter une dette que faire un don.”
Extrait d’une lettre de Xavier Jouvin
au Commissaire Général de la Société des Gantiers de Grenoble.
La population de Grenoble a fortement évolué après 1945 pour se saturer à 160 000 habitants,
et au profit de l’agglomération qui compte aujourd’hui plus de 400 000 habitants.
31
L’industrie lourde
C’est elle qui va faire la prospérité de la ville.
La région de Grenoble a peu de matières
premières (de la pierre, du bois et un peu
Le développement de l’électricité
de charbon) mais elle possède une énergie
potentielle puissante, l’eau, qui fait tourner
les moulins.
Le besoin d’énergie représente le facteur
primordial du développement industriel. Ce
fut alors le miracle de l’énergie hydraulique
qui naquit par une succession d’expériences :
premiers essais fructueux, pour le ciment à
Uriage (Régis Joya), pour les défibreurs du
papier à Rioupéroux (Neyret) ou à Domène
(Amable Matussière).
Aristide Bergès (1833-1904)
Il est le grand instigateur
de ce qu’il appellera plus
tard “La Houille Blanche” à
l’exposition internationale
de Paris en 1889.
En 1869, il crée à Lancey
une conduite forcée pour
une turbine de son invention. Les
conséquences technologiques, industrielles
et universitaires de cette invention vont
être fulgurantes.
32
Louis Vicat invente le ciment
Papeterie
Devant un aréopage de
scientifiques, il établit en 1818
la loi de la fabrication du
ciment artificiel et le principe
de l’hydraulicité en exposant
ses travaux sur les calcaires des
parois autour de Grenoble.
Elle émerge à Grenoble quand le bois
remplace le chiffon dans la fabrication
du papier et rejoint l’implantation de
l’imprimerie depuis 1490.
Congrès de la Houille Blanche. La Grande Halle est éclairée à l’électricité.
Marcel Desprez, un ingénieur parisien,
invente la dynamo en 1870. C’est lui
qui l’amène à Grenoble pour tenter un
transport de l’énergie électrique. En 1883, il
réussit à la transporter de la halle aux grains
jusqu’à Jarrie pour faire tourner à distance
différentes machines. En 1898, il est créé la
société anonyme de l’éclairage électrique
de la vallée du Grésivaudan.
En 1902, ces initiatives seront couronnées
par le grand Congrès de la Houille Blanche
organisé par Joseph Bouchayer.
En 1827, ses méthodes sont appliquées et
son fils Joseph Vicat construit en 1853 un
groupe industriel implanté dans huit pays
et employant 6100 personnes.
Les premiers fours Héroult à Froges en 1890.
Electrochimie
Métallurgie
Paul Héroult découvre en 1886 comment
l’électrolyse se substitue à la chimie pour
purifier et rentabiliser la production
d’aluminium. Ceci conduira à un essor
considérable de cette industrie notamment
dans la vallée de la Maurienne.
Son développement a été induit par le
besoin de machines et d’installations
électriques : Etablissements BouchayerViallet en 1870.
33
La guerre de 1914-1918
accélère l’expansion industrielle
Au début du siècle dernier, la Grande
Guerre est un véritable cataclysme pour la
France. Pourtant, elle accélère l’expansion
économique de Grenoble, loin du front.
La ville est mandatée pour fournir énergie
et matériel électrique, obus et explosifs,
papier à cartouche et coton nitré, engrais et
aussi nourriture pour les soldats.
Ce dernier point conduira à développer
plus tard l’industrie alimentaire : biscuits
Brun, chocolats Cémoi, pâtes Lustucru, etc.
34
De nouvelles usines et des
complexes chimiques se
montent à Pont de Claix
et à Jarrie, surtout liés à la
production de chlore (utilisé
pour les gaz de combat et
plus tard pour le traitement
industriel des polymères).
Dans l’après-guerre, on
assiste à une diversification
et au développement de
nombreuses entreprises :
Neyrpic créée en 1917 par deux associés
Neyret et Piccard, spécialisée en matériel
et régulateurs hydrauliques, Merlin-Gerin
créée en 1920 par Louis Merlin et Gaston
Gerin. Elle spécialisée en matériel électrique
et deviendra plus tard Schneider Electric.
Paul Louis Merlin va jouer un rôle
considérable à Grenoble. Outre son
impact socioprofessionnel de première
entreprise de la ville, il va rayonner au plan
international avec de multiples succursales
notamment en Chine. Il va créer des liens
privilégiés avec l’université et ses directeurs
Félix Esclangon puis Louis Weil.
Tourisme et sport d’hiver
Il fut rapidement un
secteur essentiel de
l’activité grenobloise.
Henri Duhamel découvre
en 1888 à Paris de
curieuses planches étroites
recommandées par un
exposant suédois pour
marcher sur la neige.
Il les essaye sur une pente en les modifiant.
Il fait rapidement des adeptes et garde le
mot norvégien « ski ».
En 1889, il mesure l’avenir touristique de
cette nouvelle technique et un comité
d’acteurs de la ville crée une association
« Syndicat d’initiative dans l’intérêt de la
ville de Grenoble et du Dauphiné ». Les
sports d’hiver et le principe de l’office du
tourisme viennent de naître en même
temps. La première société française de ski
est créée en 1896 « Ski club des Alpes ».
Jean Pomagalski sera dans les années 1930
un pionnier pour le développement des
remontées mécaniques : première remontée
débrayable en 1936 à l’Alpe d’Huez.
La section textile redémarre en 1927 avec la
Viscose, créant plus de mille emplois et une
nouvelle cité ouvrière à Echirolles.
Ce fut enfin une nouvelle heure de gloire
pour l’industrie grenobloise quand Paul
Mistral organise en 1925 l’Exposition
Internationale de la Houille Blanche et du
Tourisme dont le site du parc Paul Mistral
garde le souvenir.
Les premiers ski d’Alain Duhamel.
Activités culturelles et sociales
Elles sont à l’avant-garde du progrès. Dès
1798 le musée de Grenoble est créé par
Louis Joseph Jay, trois ans avant l’arrêté du
1er septembre 1801, stipulant la création
de dépôts d’objets d’art dans 15 villes de
France.
Situé au départ dans l’Ecole Centrale
(ex-couvent des jacobins, bientôt Lycée
impérial et futur Lycée Stendhal), le musée
sera transféré en 1872 dans un nouveau
bâtiment place de la Constitution (place
de Verdun). Avec le soutien de nombreux
donateurs, viendront ensuite le musée
archéologique en 1846 et le muséum
d’histoire naturelle en 1851.
Mais c’est avant tout, les initiatives mettant
en valeur le progressisme grenoblois qui
sont à noter :
Création de la première mutuelle
d’entraide des gantiers grenoblois en 1803,
et leur future chambre syndicale.
Affiches de l’exposition internationale de la Houille Blanche et du tourisme à Grenoble en 1925.
Création de la première société
mutualiste féminine en 1822 : système
de prévoyance qui donnera naissance à la
maison de la mutualité.
Mise en place de la bourse du travail
regroupant les activités des diverses
chambres syndicales en 1894.
D’autres initiatives verront le jour au siècle
suivant :
Manifestations syndicales. Elles sont
massives en 1934. Elles sont parmi les
mouvements qui conduiront à la victoire
du Front Populaire deux ans plus tard.
Elaboration de la charte de Grenoble
au congrès de l’UNEF en 1946, base d’un
nouveau syndicalisme étudiant en France.
Création du premier planning familial de
France en 1961.
35
Création d’une nouvelle université en 1806
Sa “re”naissance est chaotique au sortir de la
Révolution française. Si on se remémore
que l’activité reste dominée par le droit
dans une ville de parlement (300 avocats
pour 15 médecins en 1789), on conçoit
que les directives données par les comités
révolutionnaires soient apparues très dures.
Ils décident de l’inutilité des écoles et des
universités de droit pour une simplification
des lois à la portée des citoyens.
ville universitaire, lorsque l’école de droit
est créée en 1805 en même temps que dans
onze autres villes.
Puis les relations de la ville avec l’Empire
évoluant bien, l’université Impériale fut
créée en 1806 et activée en 1808.
En 1801, on voit la suppression des écoles
centrales pour des lycées d’où le droit est
exclu.
Elle comprenait le droit, les lettres et les
sciences, la médecine étant explicitement
exclue de cette création. Dans cette nouvelle
université, seul le droit eut une activité
soutenue. Les lettres n’ayant pas d’activité
significative, sa faculté fut supprimée en
1815 puis rétablie en 1847.
Ces contraintes entrainent une levée de
bouclier à Grenoble. Il faudra attendre les
premières réformes napoléoniennes pour
voir réapparaître à Grenoble le statut de
Quant à l’université des sciences elle aura
un départ prometteur grâce à l’œuvre
de Joseph Fourier et des personnalités
grenobloises marquantes de l’époque.
36
Joseph Fourier 1768-1830
Passionné de mathématiques, Joseph Fourier suit
un cursus exemplaire à
l’école royale d’Auxerre
puis à l’école de l’an III
(Ecole Normale Supérieure)
pour
être
finalement
nommé professeur à l’école
polytechnique de Paris.
Par ailleurs, il accomplira son rôle de préfet
avec succès dans l’aménagement des voies
de communications autour de Grenoble et
dans l’assainissement du territoire.
Après avoir suivi Napoléon lors de sa
campagne d’Egypte, il est nommé préfet
de l’Isère en 1802. Il participe activement
à la renaissance de l’université scientifique
effectivement mise en place en 1811. Ses
travaux sur les “Mathématiques régissant
la chaleur” et les outils mathématiques
qu’il a élaborés : tels que les “intégrales”
et la “transformée de Fourier” si utile en
imagerie médicale moderne lui confèrent
une grande renommée scientifique.
Jean-François Champollion, génial inventeur
du déchiffrage des hiéroglyphes, fut
nommé, grâce à Joseph Fourier, professeur
d’histoire à la toute nouvelle université en
1812. Son frère Jacques Joseph, professeur
à la faculté des lettres, publia à la mort de
son frère ses deux ouvrages majeurs sur
l’égyptologie.
Il aura en outre le mérite de valoriser la
vie intellectuelle locale, de promouvoir
l’Académie delphinale et de favoriser la
carrière des frères Champollion.
Un nouvel essor de l’université
Malgré l’impulsion donnée par Joseph
Fourier, l’université va demeurer latente
jusqu’à la fin du 19ème siècle. Elle assiste
passivement à l’essor industriel. Celuici va conduire à l’évidence du besoin de
spécialistes pour le développement induit
par les inventions du siècle.
C’est sous la troisième république que
l’université de Grenoble va être réactivée
comme en témoigne la création d’une
académie en 1879 regroupant les facultés
de droit, de lettres et de sciences. A cette
époque elle comptait 560 étudiants.
François-Marie Raoult
Eminente personnalité de
la chimie, célèbre pour ses
travaux sur la cryométrie, il
occupe la chaire de chimie
et de toxicologie de 1870 à 1901. Doyen
de la faculté des sciences, il conduit la
réorganisation universitaire en 1896.
Paul Janet, pionnier de l’enseignement des sciences appliquées
Cette période est symbolisée par
l’ouverture en 1892 du premier cours
public d’électricité naturelle par Paul Janet.
Au début cette initiative fut rejetée par la
faculté des sciences comme traitant d’un
sujet bassement appliqué, mais elle est
soutenue par le maire Stéphane Jay et elle
aboutit en 1898 à la création de l’institut
électrotechnique de Grenoble.
37
C’est alors une succession de créations
conduites par des personnalités éminentes
de la faculté des sciences, orientant
l’enseignement et la recherche vers les
spécialités industrielles de la région.
Louis Barbillon, père de l’institut polytechnique de Grenoble
Louis Barbillon va faire évoluer la structure
vers l’institut polytechnique de Grenoble
(IPG) en 1902. Il accueillera l’école
française de papeterie en 1907, l’école
d’électrochimie et d’électrométallurgie en
1921 et d’hydraulique en 1928.
La formation médicale
Proche de cette explosion industrielle et
scientifique, la médecine a eu un parcours
beaucoup plus chaotique, mais ses
hommes ont su, le moment venu, saisir
cette opportunité pour s’associer à cette
démarche de progrès.
Dès le lendemain de la révolution, la
formation médicale qui était en grande
partie aux mains des frères de Saint Jean
de Dieu, est anéantie par le décret du 12
juillet 1790 qui retire aux religieux le droit
d’enseigner la médecine.
L’école de chirurgie
René Gosse et Louis Merlin, la rencontre de l’université et de l’industrie
René Gosse, élu doyen en 1927 et en même
temps directeur de l’IPG en 1929, eut
une action déterminante tant au niveau
des interpénétrations avec l’industrie
notamment avec Louis Merlin, qu’au niveau
structurel pour l’obtention des moyens
dédiés à l’université.
38
C’est grâce à sa détermination au sein
de la municipalité de Paul Mistral et
à son engagement politique avec le
Front Populaire qu’il réussit à obtenir
la construction de locaux universitaires
près de la gare : école de papeterie et
institut Joseph Fourier pour y héberger
les mathématiciens et les physiciens qu’il
souhaitait attirer.
Ces locaux ne seront vraiment opérationnels qu’après la guerre de 1940, mais
ils permettront d’accueillir les grands
scientifiques qui feront ultérieurement la
réputation internationale de Grenoble.
Parmi les autres réalisations universitaires
qui font aussi la spécificité de Grenoble,
il faut souligner l’initiative de la faculté
des lettres pour la création du comité de
patronage des étudiants étrangers en 1897.
Ce comité a contribué au développement
du français et au rayonnement de Grenoble.
Il donnera naissance au CUEFA (Centre
Universitaire d’Education et de Formation
des Adultes) qui accueille maintenant
chaque année 3000 stagiaires.
Il faut aussi souligner l’arrivée de Raoul
Blanchard, jeune normalien qui occupera
à Grenoble un poste de professeur de
géographie en 1906. Il est à l’origine du
développement de cette discipline et de la
création de l’institut de géographie alpine.
L’école de chirurgie disparaît donc en
1790, ce qui est cruellement ressenti par la
municipalité et la population. C’est alors
que dans un contexte de grande misère de
l’hôpital général, le conseil d’administration
se désigne lui-même comme responsable
de l’enseignement.
L’internat
L’autre aspect de cette démarche ouvre la
voie à une institution fondamentale pour la
formation médicale de haut niveau :
A Grenoble, l’Internat a été créé en 1794
selon le profil suivant : “Quatre élèves
internes apprendront la chirurgie à
l’hôpital”. Il sera officialisé par un décret
napoléonien en novembre 1806.
L’internat n’accordait que des cours
pratiques de médecine, de chirurgie et de
pharmacie en sélectionnant uniquement
pour ceux qui se destinaient à la profession
d’officier de santé : “Concours pour la
classification des élèves parmi lesquels on
en choisira trois qui seront nourris et logés
aux dépens de l’hospice”.
Malgré cette “faveur”, la médecine sera
délaissée au moment de créer l’université
impériale et la création d’une faculté lui
sera refusée (il en existait six en France et
Lyon n’en faisait pas partie).
Napoléon avait donné à l’école une
orientation militaire. Elle formait des
L’Institut Joseph Fourier, construit en 1938.
Cette volonté de renouer avec les missions
universitaires de la médecine conduit à
maintenir l’école de chirurgie. Elle a à sa
tête le docteur Michal, chirurgien, aide
major à l’hôpital militaire de Grenoble.
Cette initiative sera confortée par un arrêté
préfectoral en 1802.
chirurgiens avec un bagage minimum pour
les envoyer plus vite aux armées. L’école
devenait alors, indigne de l’enseignement
supérieur.
Plus tard, en 1815, le décret instituant
une faculté de médecine à Grenoble était
accepté par l’empereur après son passage
dans la ville au moment des cent jours. Il
ne manquait que la signature. Hélas il y eut
Waterloo, tout tomba à l’eau et pour 147
longues années ! Rancune oblige…
Par la suite, l’internat sera pérennisé, mais
pendant un siècle de façon très réduite
et inconstante. Il deviendra réellement
opérationnel au cours de la première moitié
du 20ème siècle (5 à 10 lauréats par an) pour
devenir le garant d’une formation élitiste,
ouvrant la voie aux carrières hospitalières
et universitaires.
Sa spécificité fut d’éviter le protectionnisme
local et de favoriser l’accès aux candidats de
issus de toute la France. Cette politique a été
bénéfique pour la diversité et la compétence
des futures élites universitaires.
39
Nouveaux bâtiments de l’école de médecine et
de pharmacie, rue Lesdiguières
L’école de médecine et de pharmacie
40
Pour en revenir au parcours universitaire
de la médecine, dans les suites de son
effondrement post révolutionnaire, il
reste balbutiant en 1820 quand un décret
octroie à l’école publique de chirurgie
(créée en 1771 et demeurée active par
arrêté préfectoral en 1804) le titre d’école
secondaire de médecine et l’intègre dans
l’université.
Elle ne bénéficiera d’aucuns moyens, ne
fonctionnera pratiquement pas, tout au
plus pour nommer des officiers de santé.
En 1841, elle devient Ecole Préparatoire de
Médecine et de Pharmacie. Cette création
est purement formelle, car elle est assujettie
à des conditions inaccessibles : financement
de chaires, fonctionnement des laboratoires
etc. qui ne peuvent pas être satisfaites
par la municipalité, seule responsable de
la structure. Les crédits seront votés par
étapes, mais au fur et à mesure la législation
se complique par les décrets de 1877 et
1885 réorganisant les études de médecine
et de pharmacie.
Les conditions d’exercice imposent de
nouvelles charges à la municipalité qui
refuse tout net de voter les crédits.
L’école de Médecine.
L’agitation gronde chez les étudiants et
parmi les élites de la ville. C’est alors que sous
l’impulsion du docteur Jules Girard et grâce
à l’appui du nouveau maire Félix Poulat et
du sénateur Edouard Rey, il est envisagé
la construction de nouveaux locaux rue
Lesdiguières. Ils seront adaptés aux derniers
règlements des études pharmaceutiques
(1885) et médicales (1893). Ils sont
ouverts aux étudiants en 1894. Ils créent
l’émerveillement à l’époque pour l’espace
qu’ils donnaient aux nouvelles disciplines
et aux enseignements.
Un décret autorise alors l’école préparatoire
à fonctionner dans la plénitude de ses
droits : année préparatoire et les trois
premières années de médecine ou de
pharmacie. La section “officier de santé” est
supprimée.
L’école acquiert la personnalité civile mais
elle est malheureusement assujettie à la
tutelle de la faculté de Lyon qui supervise
les examens et les diplômes,
ce qui pèsera lourd contre son
épanouissement ultérieur.
Arthur Bordier, son directeur,
donne alors une dimension
scientifique à l’enseignement :
physique, chimie, biologie
et conforte la pratique de
l’anatomie.
Le transfert des hôpitaux à La Tronche
Les locaux de l’hôpital hospice général
vont progressivement se dégrader au cours
du 19ème siècle. Les moyens en personnels
sont réduits et en 1812 l’administration
hospitalière sollicite la congrégation de
Saint Thomas de Villeneuve à Aix en
Provence pour assurer les soins.
Les bâtiments délabrés conduisent à des
travaux de rénovation en 1862. Les locaux
sont partiellement démolis et les façades
reconstruites, mais le projet s’est davantage
préoccupé de l’esthétique que du confort et
des soins.
L’hôpital renferme alors 1400 lits et les
services sont répartis en fiévreux, blessés,
syphilitiques, maternité, crèche et hospice.
Puis d’importants travaux ont lieu en 1891 :
salles modifiées et aérées, aménagement
des cours, apport de l’eau courante et de
l’électricité.
Malgré cela, l’hôpital reste inadapté aux
besoins et au développement des sciences
médicales. C’est ainsi que, sous la pression
des mêmes acteurs politiques et médicaux
à l’origine de la construction de l’école de
médecine vont ouvrir de grands espaces
et de nouvelles voies de communication
dans la ville où va se réaliser le transfert des
structures hospitalières à La Tronche.
Ce qui germe dès 1881 est finalement décidé
en 1890 après de nombreux atermoiements
et négociations avec les autorités militaires
très influentes à l’époque.
Les locaux de l’hôpital général seront
détruits et à leur place seront érigés l’hôtel
Majestic, aujourd’hui disparu, et le bâtiment
du Trésor Public. Une grande partie des
terrains sera dédiée aux nouveaux axes
urbains de communication.
41
Transfert de l’hôpital civil au nord de
l’emplacement sur plus de cinq hectares à
proximité de l’hôpital militaire. Les travaux
débutent en 1909 et s’achèvent en 1913. Il
est constitué d’une vingtaine de pavillons
distribués symétriquement. Les quatre
pavillons principaux : Canel, Brenier, Moidieu
et Chissé seront surélevés entre 1932 et 1934.
De nouvelles constructions se feront côté sud
dénommées “Clinique des Sablons” en 1939 :
pavillon Latreille, pédiatrie, ORL, urologie,
puis après la guerre de 1940, les pavillons
Calmette Guérin et Dominique Villard entre
1956-1958 et le pavillon Neurologie.
Cet ensemble permettra la structuration
des disciplines médicales, chirurgicales et
biologiques et la configuration du futur
CHU jusqu’à la construction de l’hôpital
sud (1966-1968) et de l’hôpital Albert
Michallon (1968-1974) Il sera aussi le
territoire d’accueil des étudiants pour
leurs stages parallèlement à l’enseignement
théorique donné à l’école Lesdiguières.
42
Les bâtiments des hôpitaux de La Tronche.
Le transfert se fera en plusieurs étapes selon
une organisation pavillonnaire :
Transfert au sud du territoire d’un groupe
de pavillons érigés de 1894 à 1922, destinés
aux vieillards, à l’asile et aux tuberculeux.
Transfert de l’hôpital militaire, inauguré
en 1910. Il devient une institution
indépendante directement sous le
contrôle de l’autorité militaire. Il deviendra
beaucoup plus tard le centre de recherche
des armées : CRESSA qui sera transféré à
Brétigny sur Orge en 2004.
Pendant cette période de mutation,
l’influence militaire va s’estomper
progressivement et la ville se tourner
résolument vers d’autres objectifs.
L’influence des maires successifs
Elle fut cruciale pour le développement
urbain, industriel, scientifique et médical
de Grenoble. Parmi les plus déterminants, il
faut citer : Edouard Rey (1881-88), Auguste
Gaché (1888-96), Félix Poulat (1896),
Stéphane Jay (1896-1904), Félix Viallet
(1908-10), Nestor Cornier (1910-19), Paul
Mistral (1919-32), Léon Martin (1932-35)
et Paul Cocat (1935-44).
1939-1970
Epilogue
Grenoble vers son destin
de métrople internationale
Le contexte historique est, bien sûr, celui de
la guerre de 1939-1945 et des années qui
ont suivi dénommées “les trente glorieuses”.
C’est cette période qui a permis l’expansion
économique, démographique et scientifique
de Grenoble.
La deuxième guerre mondiale
et ses glorieux lendemains
En juin 1940, la défense de la ville de Grenoble
est assurée par le général Cartier lors de la
bataille de Voreppe. Les troupes allemandes
sont stoppées à temps par l’armistice, évitant
ainsi à Grenoble de subir une occupation.
La ville fait donc partie de la zone libre et jouit
alors d’un grand calme loin des combats.
Cette situation jouera un rôle crucial dans
l’enrichissement social et démographique de
Grenoble qui voit immigrer des populations
du nord, d’Italie antifasciste, des espagnols
républicains, des juifs, comme tous ceux qui
se sentaient menacés.
Parmi eux, des avocats, des médecins,
des hommes politiques et surtout des
scientifiques de haut niveau qui entraineront
un essor considérable intellectuel et
technologique.
Après une période de calme et de
soutien compréhensible à la politique du
gouvernement de l’armistice, les grenoblois
vont s’illustrer par une participation très
active à la résistance et à la constitution
des maquis environnants dès la fin 1941,
avec une implication importante des élites
universitaires et du monde médical. Parmi les
grandes figures médicales de la résistance on
peut citer les docteurs Léon Martin, Gaston
Valois, Henri Butterlin, Jacques Giraud et
tant d’autres qui ont fait l’honneur de la cité
et de la région.
A la suite du débarquement allié en Afrique
du nord, les troupes italiennes investissent
Grenoble en novembre 1942, puis les troupes
allemandes en septembre 1943. Dès lors les
manifestations, les attentats et les sabotages
s’accentuent et conduisent à des répressions
terribles.
Grenoble paiera un lourd tribut à son
engagement, en particulier lors de la Saint
Barthélémy grenobloise en novembre 1943
et au massacre de jeunes résistants et d’une
partie de la population en août 1944.
Parmi les martyrs, le doyen René Gosse et
son fils avocat furent assassinés par la milice
en décembre 1943.
Grenoble est évacué par les allemands le 22
août 1944, le jour où deux détachements
français
de
parachutistes
entrent
triomphalement dans Grenoble par le
cours Jean-Jaurès. L’occupation de Grenoble
aura duré un peu moins d’un an, mais sera
ressentie très douloureusement par la
population. Le 5 novembre 1944, Le général
De Gaulle vient remettre la médaille de
l’ordre de la libération à la ville qui obtiendra
le titre de capitale du maquis.
43
Les heures de gloire de l’université
scientifique et des sciences dures 1940-1970
La presqu’île vers 1920, avec au premier plan, les terrains de manœuvre des militaires.
Les maires poursuivent l’œuvre de leurs prédécesseurs
44
Par la suite, les maires successifs Léon
Martin (2ème mandat 1945-1947 et 3ème
mandat 1949-1959), Albert Michallon
(1959-1965), Hubert Dubedout (19651983), Alain Carrignon (1983-1995) et
Michel Destot (depuis 1995) poursuivront
pendant les “trente glorieuses” et pendant
la période de ralentissement économique
qui suivra, l’œuvre fondamentale de leurs
prédécesseurs pour le développement de la
ville et de ses atouts scientifiques.
L’urbanisme galopant finit de détruire
enceintes, murailles et vestiges pour ne
plus percevoir de son passé de ville fortifiée
de garnison que quelques casernes qui
disparaitront à leur tour dans les années
2000.
Elles résultent en grande partie de l’arrivée
à Grenoble d’éminentes personnalités
scientifiques déplacées pendant la guerre
et qui disposaient de locaux universitaires
récemment construits par la volonté du
doyen Gosse et inutilisés.
Louis Néel en fut le grand artisan.
Originaire de Strasbourg, il s’installe à
Grenoble en 1940 après un court passage à
Saint-Etienne et à Lyon. Il est accompagné
de son élève Louis Weil. D’autres physiciens
tels Noël Félici et Edwin Bertrand se fixent
à Grenoble. Ce noyau va jouer un rôle
capital en choisissant de rester à Grenoble
après la libération alors que la physique
se développait à Paris. Grâce à l’appui de
Félix Esclangon à la tête de l’INPG et du
doyen René Fortrat, tous deux physiciens,
les “réfugiés” sont stabilisés et des postes
de professeurs leur sont attribués. Puis des
laboratoires entiers vont se délocaliser.
Michel Soutif et son laboratoire de
résonnance magnétique, sur l’initiative
de Louis Néel, quitte l’ENS à Paris pour
Grenoble en 1951 et bénéficie du soutien
du CNRS pour la mutation de ses membres
notamment Daniel Dautreppe.
La presqu’île aujourd’hui avec le Synchrotron.
Jean Kuntzmann, autre pionnier, met au
point le premier calculateur analogique
français en 1952, dans son laboratoire
de mathématiques appliquées. Il crée un
cours sur les techniques mathématiques
de la physique. Soutenu par Louis Néel,
cette association prémonitoire des
mathématiques et de la physique, si
elle a reçu en son temps l’opprobre des
puristes mathématiciens, participe aux
avancées fulgurantes de l’informatique,
de l’automatisme et des techniques de
l’information.
Louis Weil, fondateur du centre de
recherche sur les basses températures,
fut le principal acteur de la collaboration
entre recherche et industrie. Elu doyen
de la faculté des sciences en 1961, il
prend une part essentielle à la création
du campus universitaire à Saint Martin
d’Hères en décembre 1961. Ce premier
campus “à l’américaine” en France, situé
hors de l’agglomération et financé grâce à
une avance de la société Merlin Gerin sera
un atout capital pour le développement
universitaire.
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Création du Centre d’Etude Nucléaire de Grenoble
Grâce à l’action menée par Louis Néel, le
Commissariat à l’Energie Atomique crée
le Centre d’Etude Nucléaire de Grenoble.
C’est un évènement capital pour toute la
région. Il sera le premier centre de recherche
nucléaire de province obtenu au détriment
de Toulouse.
Il met à la disposition des chercheurs des
moyens considérables comme les réacteurs
expérimentaux Mélusine et Siloë et un
personnel scientifique et technologique
très importants. Louis Néel, grâce à cet outil,
poursuivra ses recherches sur le magnétisme
et l’influence des neutrons produits par les
réacteurs nucléaires. Il obtiendra le prix
Nobel de physique en 1970.
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Michel Soutif est à la tête d’un autre élément
fondateur. Il crée un enseignement de génie
atomique à l’IPG, ce qui induit la présence
de physiciens nucléaires et conduira à
l’institut des sciences nucléaires doté d’un
cyclotron en 1965.
Michel Cordelle crée en 1967 le Laboratoire
d’Electronique et des Techniques de
l’Information (LETI).
Et pour valoriser ces outils et les formidables
investissements devenus internationaux,
la coopération franco-allemande, puis
britannique conduira à la création d’un
réacteur à haut flux de neutrons dans
l’institut Laue Langevin (ILL) en 1974.
Enfin le Synchrotron , dernier né des appareils
internationaux de Grenoble fonctionne
depuis 1994. Là encore, ce fut une bataille
acharnée avec Strasbourg pour l’obtenir.
L’université,
moteur de l’expansion industrielle
Le développement de tous ces investissements sur un même site donne à la
recherche grenobloise une opportunité
unique au monde.
Elle génère aussi une créativité tournée vers
la production industrielle. Ce n’est plus,
comme au siècle précédent, l’industrie
seulement qui induit la formation
d’ingénieurs et stimule la recherche
universitaire.
Maintenant les flux sont devenus
réciproques et l’université stimule la
création et l’accueil d’entreprises multiples
et de start-up qui vont essaimer dans des
zones urbanisées nouvelles et créer un
nombre considérable d’emplois.
Crolles Bernin avec STMicroélectronics et
Soitec et enfin Minatec sur le Polygone de
Grenoble.
Cette liste montre l’occupation du territoire
de la région et explique sa démographie
avec une population de plus de 400 000
habitants pour la grande agglomération de
Grenoble au début du 21ème siècle.
Parallèlement, les effectifs de la population
universitaire qui en résultent deviennent
considérables. En 2002/2003, on dénombrait sur l’ensemble des universités plus de
4500 chercheurs, auxquels il faut ajouter
2800 enseignants chercheurs.
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Parmi les grandes entreprises qui feront
suite aux pionniers que furent Neyrpic et
Merlin Gerin devenu Schneider Electric, on
peut citer sans vouloir être exhaustif :
Sames à Meylan (machines électrostatiques),
Ugimag à Ugine (aimants permanents),
Air Liquide à Sassenage, Thomson à
Saint-Egrève, Alcatel à Veurey, Péchiney à
Saint-Egrève, Efcis (microélectronique) au
Polygone à Grenoble.
La ZIRST de Meylan-Montbonnot, qui
deviendra Inovallée en 2005, regroupe
260 entreprises et 8000 personnes ( avec
en particulier le CNET, l’INRIA, SoGETI…)
Hewlett Packard à Echirolles, la zone de
La presqu’île aujourd’hui avec le Synchrotron.
Grenoble deviendra la première ville
anglophone en France après Paris avec près
de 10 000 personnes. Quant aux étudiants
ils sont près de 60 000 dont plus de 10%
d’étrangers.
Enfin la faculté de médecine et de pharmacie
L’école nationale de plein exercice
C’est dans ce contexte scientifique de pointe et d’activité
universitaire majeure que va se
créer et se développer la faculté
de médecine de Grenoble.
Dans un premier temps, l’école
préparatoire est transformée en
école nationale de plein exercice
de médecine et de pharmacie
en mars 1954. Elle permet aux
étudiants de poursuivre leur cursus jusqu’au
doctorat avec un enseignement grenoblois.
48
En revanche, les examens terminaux se
passent toujours devant la Faculté de
tutelle à Lyon. Les cadres enseignants
deviennent nommés par le ministère alors
que les locaux, leur équipement et leur
fonctionnement sont encore assurés par la
municipalité.
Albert Bonniot a beaucoup œuvré
pour cette transformation. Il est nommé
directeur en 1956. Il sera aussi le père de
l’école de chirurgie moderne du CHU de
Grenoble. Jean Roget lui succédera en 1959.
La naissance tumultueuse des facultés de médecine et
de pharmacie en 1962
Jean Roget est l’artisan de
cette création. En juin 1962, les
examens de la première session
de première année de médecine
en seront le détonateur. Les
professeurs lyonnais avaient posé
une question de physiologie,
non traitée à Grenoble pendant
l’année
universitaire.
Ainsi
sur 60 étudiants, 3 seulement
étaient admissibles, 7 rachetés
et 47 recalés avec note éliminatoire. L’esprit
frondeur grenoblois a déclenché une
vive réaction des étudiants. Après avoir
manifesté, l’ensemble des étudiants a refusé
de se présenter à la deuxième session, suivis
par ceux qui étaient admis ou repêchés.
Le Dauphiné Libéré relate l’évènement en juin 1962.
L’affaire fit grand bruit et entraîna la
démission du directeur Jean Roget et le
soutien unanime de tous les professeurs.
Devant cette insurrection, le préfet alerta
le ministère qui délibéra suffisamment vite,
soutenu par le professeur Debré, pédiatre
comme le professeur Roget et c’est ainsi
que le décret de création de la faculté sortit
en août 1962. La deuxième session se passa
sous les auspices de la faculté de Grenoble
avec un succès collectif, massif pour les
étudiants grenoblois, comme on peut
l’imaginer.
Peu de temps après, des locaux sont érigés
sur le terrain de la Merci à La Tronche, offert
sans délai par le conseil général. Le bâtiment,
proche de la vie hospitalière, sera nommé
Jean Roget et son ouverture se fera en octobre
1967 parallèlement au déménagement des
locaux de la rue Lesdiguières dans le domaine
de La Merci à La Tronche.
La faculté de médecine et de pharmacie
dans les pas de l’université scientifique
La création de la faculté va créer une
dynamique importante dans tous les
domaines :
Ouverture scientifique avec la création
de l’université scientifique médicale et
technologique (USTMG) en 1971 qui
deviendra université Joseph Fourier en 1987.
Création de disciplines nouvelles
Elles sont supportées par une recherche
clinique de haut niveau et engagée dans
une démarche pédagogique de qualité.
C’est ainsi qu’en moins de 10 ans il se créera
14 nouveaux services dont 5 laboratoires.
De plus 70 nouveaux médecins hospitalouniversitaires seront nommés.
Réflexion pédagogique et réforme de
l’enseignement entrainées par les décrets
sur l’enseignement médical et l’évolution
de l’internat. Cette démarche trouvera
son point d’orgue en 1992 avec la réforme
du 2ème cycle des études médicales menée
par le doyen Jacques Fournet. Elle a fait de
Grenoble un pionnier dans l’évolution des
pratiques pédagogiques.
Cependant l’intégration de la médecine
dans l’USTMG qui apparaît fondamentale
aujourd’hui pour la faculté et la médecine
en général, ne se réalisa pas sans douleur.
La réforme universitaire d’Edgar Faure,
suite aux évènements de Mai 1968, décida
de créer de grandes universités pour
pallier la pulvérisation des UFR devenues
ingouvernables. Ainsi, ce fut contraints et
forcés que les représentants de la faculté
de médecine, plutôt tournés vers le
protectionnisme des spécificités médicales,
se plièrent à la loi. Au cours de la première
assemblée constituante, Michel Soutif
proposa sa candidature pour la présidence
de l’université. Il n’obtint aucune voix des
médecins. Il fut tout de même élu. Sans
rancune, il œuvra pour l’épanouissement
de la recherche médicale en suivant la
démarche initiée par Louis Néel, pour
l’intégration des laboratoires de recherche
au CENG et dans l’université avec un grand
succès.
Du côté médecine, le mandat du doyen
Roger Sarrazin fut déterminant pour
s’intégrer, sans arrière-pensée, dans
l’université dans un climat de confiance
et d’intérêt réciproque. Ce fut là une
orientation cruciale pour la faculté de
médecine qui lui a permis de rivaliser avec
l’université de Lyon, non pas en cherchant
à égaler son volume d’activité ou son
expérience clinique mais en faisant valoir
la puissance de la recherche scientifique
médicale comme image de l’identité
grenobloise.
Mais là débute une autre histoire riche en
développement et pleine de promesses pour
l’avenir, ce qui s’est confirmé par la suite.
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Les vertus de la cité grenobloise,
fil conducteur de son histoire
Au terme de cette analyse et en relisant les
premières pages sur la garnison romaine,
l’impression d’une immensité sépare les
deux extrémités. La ville a été tant et tant
bouleversée au cours des siècles que nul
grenoblois ne peut aujourd’hui se targuer
de descendre des allobroges gaulois ni
même des habitants dauphinois du XVIIIe
siècle tant l’apport des immigrants fut
important et déterminant au cours des
deux derniers siècles.
50
Mais il existe comme une magie qui
procure à chaque immigré le sentiment
d’appropriation de la ville, pas tellement
en terme de territoire mais plutôt en terme
d’adoption des valeurs qui ont guidé le
destin de Grenoble.
Tout au long de ce parcours, c’est l’histoire
des hommes de bonne volonté qui émerge
avec peut-être la fierté et le soupçon de
vanité que nous pensons de nos qualités ;
Pugnacité, persévérance et rébellion
devant l’injustice et l’allégeance qui nous
ont pesées, en provenance, selon les
époques, de Vienne, de Valence, de Lyon et
parfois de la Capitale.
Créativité et dynamisme malgré les
calamités et les adversités.
Ouvertures et richesses des apports
extérieurs par rapport à d’autres villes
recroquevillées et protectionnistes.
La ville de Grenoble glorieuse de son passé et pleine de confiance dans l’avenir.
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1963-2013 CINQUANTENAIRE
DE LA FACULTE DE MEDECINE ET DE PHARMACIE
Grenoble, son université & sa faculté de médecine et de pharmacie
Destins Partagés
Auteur : Jean-Jacques Sotto
Professeur honoraire université Joseph Fourier
Direction artistique : Georges Humbert. Unberger
www.unberger.com
Mise en page : Alexandre Seux
Illustrations p. 5,7,16,30 : Joseph Michalski, www.illustrateur.net
Aquarelle p. 49 : Léely
Secrétaires de rédaction : Martine Blanc, cadre administratif
Nathalie Deschamps, chargée de communication santé
Crédits photographiques :
Bibliothèque municipale de Grenoble - p. 8,12,14,15,17,18,19,23,24,25,26,28,36,50,51
Musée Dauphinois - p. 6,8,10,16,19,24,31,32,33,34,35,38
Musée du Château de Vizille - p. 25,26
Ville de Grenoble, Alain Ficher - p. 44,46
Sources bibliographiques
Association du musée grenoblois des sciences médicales :
L’hôpital, 1850-2009 ; évolution et mutation. Grenoble - La Tronche - Echirolles ; 2009
Bordier A. La médecine à Grenoble : notes pour servir à l’histoire de l’école de médecine et de pharmacie.
Grenoble : imprimerie de veuve Rigaudin ; 1896
Dreyfus P. La faculté de médecine de Grenoble. Presse de la SIA Lavaur ; 1970
Favier R. Grenoble : histoire d’une ville. Grenoble, France : Glénat ; 2010
Fondvielle R. Comité de sauvegarde du vieux Grenoble. Le vieux Grenoble, ses pierres et son âme. Grenoble :
Roissard ; 1968
L’Express No spécial 3230, Grenoble 2000 ans d’histoire urbaine 29 mai- 4 juin 2013
L’Express No hors série, comment la France s’est créée : le Dauphiné. Juillet 2013
Joyeux B. Historique de la faculté de médecine et de pharmacie de Grenoble. Grenoble médico-chirurgical,
mai 1967 : p 119-123
Soutif M. Grenoble : carrefour des sciences et de l’industrie. Les patrimoines ; éditeur le Dauphiné : Veurey,
France ; 2005
Soutif M. La connivence entre physiciens de 1950 à 1975, la revue pour l’histoire du CNRS (en ligne)
http:// histoire-cnrs.revues.org/1439. Janvier 2007
Wikipedia : http//fr.Wikipedia.org/wiki/histoire de Grenoble
http//fr.Wikipedia.org/wiki/Chronologie de Grenoble
Remerciements
Jean-Paul Romanet, doyen de la faculté de médecine
Christophe Ribuot, doyen de la facluté de pharmacie
Denise Ruffino, directrice générale adjointe pour le secteur santé
qui ont permis la réalisation de cet ouvrage
Laurent Périllat, conservateur de la bibliothèque de l’université des sciences
pour ses conseils et son aide à la relecture
Imprimé en France :
Imprimerie des Ecureuils - 38610 Gières
Editions Unberger
pour le compte de la faculté de médecine et de pharmacie de Grenoble
Dépôt légal : septembre 2013 - ISBN 978-2-9531716-5-5
Domaine de la Merci - 38700 La Tronche
www. sante.ujf-grenoble.fr
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