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Comtes d’Albon :
Guigues V – Jean I – Humbert I
Jean II et Béatrix – Guigues VI
C’est aussi une première
organisation de la vie publique.
Les comtes prennent le titre de
dauphin et en adoptent l’emblème
en 1133. L’autorité sur la cité sera
partagée entre les dauphins, princes
d’Albon dont le quartier se situera
autour de la collégiale Saint-André
et les évêques, princes de la ville,
résidant dans l’évêché autour de
la cathédrale.
C’est ainsi qu’ils obtiennent de
l’empereur Frédéric 1er du Saint
Empire romain germanique un atelier
monétaire commun. Mais leur
entente aura des hauts et des bas.
Les dauphins élaborent une
charte des libertés pour les
habitants. Ils mettent en place un
processus démocratique par l’élection
de 4 consuls représentants de la
ville, notamment destinés à collecter
l’impôt et garantissant les droits des
habitants.
Ceci conduit à un conflit avec l’évêque et à
une rébellion, place du mal conseil (place
aux herbes actuellement), avec irruption
dans l’évêché. Cet incident provoque la
fuite momentanée de l’évêque. Ces droits
seront ainsi maintenus et confirmés plus
tard par Louis XI.
Les comtes bâtissent aussi les premiers
hôpitaux sur les rives de l’Isère : la
Madeleine (1090) sur la place des
Cordeliers (actuellement place de
Bérulle), Saint-Antoine (XIème siècle)
au niveau du Quai Perrière et Saint-
Jacques (1329) rue du pont de Saint
Jaime (actuellement rue de Lorraine).
Ce furent des institutions religieuses,
aujourd’hui disparues, destinées au
soulagement de la misère.
capitale princiÈre des daupHins
Humbert II Comte d’Albon, fondateur
du pouvoir administratif et de la première université
Comte d’Albon et dernier des
dauphins, Humbert II, a joué
un rôle essentiel pour l’essor et
l’identité de la ville.
Inspiré par la cour de Naples
où il avait séjourné, il initie la
première université de Grenoble, créée en
1339 par une bulle du Pape Benoit XII en
Avignon.
Pour attirer étudiants et “professeurs”, il
pratique une politique d’ouverture et de
facilitation avec rémunération et protection
privilégiée des étudiants. Cette université
est créée sur la base d’un studium de droit:
droit canon, droit civil (sept professeurs),
arts (un professeur) et médecine (sans
enseignant). En contre-partie, il fait venir de
Palerme un médecin célèbre, Pantufle, qui
transmettra son savoir.
En paralèlle à cette création universitaire
déterminante, la quatrième en France après
Montpellier (1180), Paris (1200) et Toulouse
(1229), il créera le conseil delphinal en 1337,
base du futur parlement et la chambre
des comptes en 1340, siège des affaires
financières.
Son œuvre sera malheureusement anéantie
par deux évènements : la ville de Grenoble
est ravagée par la peste, et lui-même ruiné
par le prix des Croisades.
La mort dramatique de son fils unique, le
laisse sans héritier. Il est alors contraint en
1347 au “transport” du Dauphiné vers le
Royaume de France par le traité de Romans
pendant le règne de Philippe VI. Par ce
“transport” sans transaction financière,
Humbert II confie au roi de France la
province du Dauphiné pour la gérer. En
contrepartie, le roi remboursera les dettes
immenses que le comte avait contractées.
C’est un statut ambiguë, car le Dauphiné
appartient à la couronne mais n’est pas
rattaché au royaume. Cette ambigüité
perdurera pendant plus de quatre siècles
avec l’extinction progressive des prérogatives
de la province: disparition du pouvoir des
familles nobles et des privilèges fiscaux,
obligation de la langue française et surtout
remise en question du pouvoir politique et
juridique du parlement qui comme on le
verra, est à l’origine de la révolte à Grenoble,
prémisse de la Révolution de 1789.
239 ans de période noire pour l’université
C’est le début d’une longue période noire
de deux siècles où l’université s’éteint mais
ne disparaît pas.
Néanmoins, il restera de cette période faste
la vocation universitaire et juridique de
Grenoble.
Gratianopolis. A gauche la collégiale Saint-André, quartier des dauphins et à droite l’Evêché, quartier des évêques.