
Ainsi, certaines espèces se contentent de tourner leurs feuilles vers le soleil ou d'optimiser au
maximum leurs racines pour capter de l'énergie, d'autres ont choisi une solution plus radicale:
gober des insectes ou des rats. Pour se reproduire, beaucoup de plantes ont mis au point des
méthodes complexes pour attirer les insectes ou oiseaux pollinisateurs. Elles se parent de
couleurs, de senteurs, produisent des substances sucrées... Et enfin, pour se protéger contre les
herbivores, les plantes disposent d'une incroyable variétés de mécanismes de défense.
Le cerveau des plantes fonctionne comme Internet
Les végétaux disposent aussi de sens qui correspondent aux nôtres, et en ont même certains en
plus: la capacité à mesurer l'humidité, à réagir à la pesanteur et à sentir les champs
électromagnétiques. Aujourd'hui, les scientifiques savent également que les plantes
communiquent de multiples façons: par leurs odeurs, des signaux électriques ou des
vibrations. Les peupliers peuvent par exemple envoyer des messages d'alerte à leurs voisins.
Alors, où se situe l'intelligence des plantes? À priori dans leurs racines, comme le soutenait
Darwin. Mancuso a enregistré dans les radicules (les extrémités des racines) les mêmes signaux
que ceux émis par les neurones de cerveaux animaux. Il compare ce système à Internet: la
plante s'étend sur un réseau de millions de petites racines et, même si on lui arrache 90% de ce
réseau, elle peut survivre et continuer à fonctionner.
La survie de l'humanité dépend des plantes
La sensibilité des plantes a été ignorée pendant longtemps. Les végétaux sont trop différents de
nous. Ils peinent à intéresser le monde scientifique, qui en a recensé seulement 20.000 espèces,
soit environ 10% à 50% du total, selon les estimations. Pourtant, ce désintérêt pour le règne
végétal pourrait mettre l'humanité en péril. Les plantes représentent plus de 99% de
la biomasse de la planète. Le monde animal –dont les fourmis, les baleines bleues et nous– pèse
moins de 1%. Et ce poumon vert de la planète est menacé par la déforestation, la pollution, le
changement climatique. Pour Stefano Mancuso, l'importance de la conservation des plantes et la
preuve de leur sensibilité doivent amener à considérer leurs droits:
«Selon moi, on ne peut plus repousser cette discussion sur le droit des plantes. Je sais que la
première réaction, même chez les gens les plus ouverts, sera: “Oh, il exagère. Le droit des
plantes? C'est insensé.” Le combat pour gagner un droit est toujours difficile, mais il est
nécessaire. Donner des droits aux plantes est une manière d'empêcher notre extinction.»