contre les insectes - Perspectives Agricoles

Octobre 2013 - N°404
PERSPECTIVES AGRICOLES
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VENTILATION DE REFROIDISSEMENT
UNE PRÉVENTION EFFICACE
contre les insectes
La ventilation de refroidissement offre
une garantie facile à obtenir pour la bonne
qualité de stockage en ramenant les grains
à une température inférieure à 10 °C, voire
à 5 °C. Elle assure alors un effet insecti-
cide sans traitement phytosanitaire. Son
automatisation améliore son efficience.
À
la ferme comme en organisme
stockeur, les actions préventives de
lutte contre les insectes contribuent
à assurer une qualité optimale des
grains. Elles s’organisent dans un
itinéraire technique du stockage qui démarre dès
le nettoyage de l’installation (figure 1). Il s’agit de
se débarrasser de la poussière et des reliquats de
grains présents avant la récolte qui constituent un
milieu favorable pour que les insectes colonisent
les stocks d’une année sur l’autre.
Quand le lot stocké présente un taux élevé d’impu-
reté, le nettoyage du grain s’impose. Ces impure-
tés encombrent les espaces libres entre les grains,
entravant le bon fonctionnement de la ventilation
de refroidissement. De surcroît, ils risquent d’être
des points d’échauffement car leurs humidités,
souvent supérieures à celles du grain, favorisent
le développement des insectes et des moisissures.
C’est seulement après ces deux étapes que la ven-
tilation de refroidissement peut jouer pleinement
son rôle. Son objectif est de ramener le grain à une
température inférieure à 10 °C, voire à 5 °C, pour
un effet insecticide et limiter le développement des
moisissures.
Cet enchainement d’actions préventives permet
d’éviter l’utilisation systématique de produit insec-
ticide. Néanmoins, un traitement chimique (des
locaux ou/et des grains) peut être nécessaire si de
fortes populations d’insectes ont été détectées les
années précédentes (voir article suivant).
Trois paliers pour repousser
les insectes
Pour amener les grains à une température incom-
patible pour les insectes, la ventilation de refroidis-
sement utilise l’air ambiant. Elle n’est cependant
efficace que si la différence de température entre
l’air et le grain est de 7 à 10 °C. Une différence
moindre limite les échanges thermiques entre
l’air ambiant et le grain, et augmente le nombre
d’heures de ventilation (surconsommation d’élec-
tricité). Inversement, une différence trop forte (su-
périeure à 15 °C) induit de la condensation sur les
parois et au-dessus des cellules, sauf à la récolte
où les risques de condensation sont faibles.
À la récolte, les grains peuvent atteindre des tem-
pératures proches des 35 °C, propices au déve-
loppement des insectes. La ventilation de refroi-
dissement doit donc débuter le plus tôt possible,
dès que les conditions de températures sont favo-
rables. En général, le refroidissement est réalisé
en deux à trois paliers successifs.
En savoir plus
Retrouvez cet article sur
www.perspectives-agricoles.
com avec les résultats
économiques obtenus avec
le boîtier Sec-LIS.
La ventilation reste le premier levier de
prévention pour repousser, endormir
voire détruire les insectes présents
dans des installations de stockage.
LE DOSSIER STOCKAGE
© ARVALIS-Institut du végétal
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LE DOSSIER STOCKAGE
°C, c’est la température
des grains à partir de
laquelle les insectes
sont éliminés.
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De la répulsion à la destruction
Le palier 1 vise à abaisser la température des
grains à 20 °C, pour avoir un effet répulsif vis-à-vis
des insectes et réduire l’activité physiologique des
grains. Les températures nocturnes sont généra-
lement suffisamment froides dès le mois de juillet.
Le palier 2 cible une température des grains à
12 °C, pour poursuivre la lutte contre les insectes
en réduisant leur activité, en particulier la fonction
de reproduction. L’offre climatique est disponible
dès le mois de septembre.
Le palier 3 pointe une température des grains à
5 °C, pour un effet de désinsectisation. Les tem-
pératures moyennes de novembre à janvier per-
mettent d’atteindre cet objectif.
L’automatisation allège la conduite
de la ventilation
D’un point de vue pratique, le déclenchement et
l’arrêt de la ventilation imposent un suivi quotidien
des températures du grain et de l’air ambiant pour
s’assurer que l’air insufflé respecte les écarts de
température. Le pilotage manuel de la ventilation
reste donc délicat car il oblige à un niveau élevé de
vigilance pour déclencher au bon moment.
Différents outils d’automatisation existent pour
optimiser ces actions : ils déclenchent la ventila-
tion lorsque ces écarts sont atteints. Ils apportent
une véritable garantie pour refroidir progressive-
ment la température des grains, conserver la qua-
lité des produits stockés et réaliser des économies
d’énergie (cf. zoom).
Pour cela, l’alimentation électrique du ventilateur
est asservie grâce à un thermostat couplé à la me-
sure de la température de l’air ambiant. Au niveau
du pilotage des automatismes, il suffit de définir
une température de « consigne », en dessous de
laquelle le ventilateur va se mettre en marche. Le
thermostat sera donc réglé sur une valeur de tem-
pérature inférieure de 7 à 10 °C de celle du grain.
Cette opération doit être recommencée à la fin de
chaque palier.
Pour mesurer la température du grain, des sondes,
fixes ou mobiles, sont plongées dans le grain. Pour
chaque palier de refroidissement, la ventilation ne
doit être arrêtée que lorsque toute la masse de
grain est refroidie. La prise de température doit
donc être réalisée en haut du tas, pour s’assurer
que le front de refroidissement a atteint le sommet
du talus naturel.
Les systèmes automatisés permettent de « cap-
ter » toute l’offre climatique favorable. Ils apportent
donc des garanties tant en matière de rapidité (sai-
sir toutes les occasions dès le début du stockage)
que d’efficacité énergétique.
Amandine Bonnery - a.bonner[email protected]
ARVALIS-Institut du végétal
STOCKAGE : un itinéraire technique pour lutter
contre les insectes
Figure 1 : Enchaînement d’actions préventives qui contribue à
assurer une qualité optimale.
Ventilation de
refroidissement
Suivi et lutte contre
les insectes
Rongeurs et oiseaux
Préparation des lots
Contrôle à expédition
Nettoyage et traitement
des installations
Echantillonnage
Contrôle à livraison
Nettoyage des grains
La ventilation n’est efficace
que si la différence de
température entre l’air et le
grain est de 7 à 10 °C. »
© ARVALIS-Institut du végétal
Le suivi des températures du grain
est indispensable pour piloter de
la ventilation de refroidissement.
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LE DOSSIER
STOCKAGE
DES PERFORMANCES VALABLES POUR TOUTES
INSTALLATIONS
Quelle que soit la capacité stockée, le nombre
d’heures de ventilation nécessaire est identique car
toutes les installations sont conçues pour respecter
deux paramètres : la dose spécifique (1 000 m3 air/
m3 grain) et le débit spécifique (15 m3 air/h/m3 grain).
Le nombre d’heures obtenus dans l’essai et, donc, le
différentiel entre les deux moda-
lités, reste valable quelle que soit
l’installation, sous réserve que
cette dernière respecte ces deux
paramètres.
En revanche, la capacité de l’ins-
tallation aura un impact sur le
retour sur investissement. Il sera
d’autant plus rapide que l’ins-
tallation est de grande capacité,
c’est-à-dire qu’elle dispose d’un ventilateur puissant.
Car, pour un même nombre d’heure de ventilation, la
consommation électrique en kWh va être plus élevée.
EFFICACITÉ ET RAPIDITÉ : l’automatisme
fait gagner sur tous les plans
Figure 2 : Cinétique de refroidissement avec Sec-LIS comparé à un
déclenchement manuel.
Le refroidissement piloté avec Sec-LIS a été réalisé en 220 h, contre
480 h en déclenchement manuel.
-6
-4
-2
0
2
4
6
8
10
12
14
16
18
20
22
24
26
28
30
Température (°C)
T°C grain avec déclenchement Sec-LIS
T°C grain avec déclenchement manuel
T°C air extérieur minimales
Objectif palier 1 : 20°C
Objectif palier 2 : 12°C
Objectif palier 3 : 5°C
7/08
13/08
19/08
25/08
31/08
6/09
12/09
18/09
24/09
30/09
6/10
12/10
18/10
24/10
30/10
5/11
11/11
17/11
23/11
29/11
5/12
11/12
AUTOMATISER
pour gagner en efficacité
L’essai réalisé en 2 012 sur le boîtier
Sec-LIS par ARVALIS-institut du
végétal montre tout l’intérêt technique
et économique d’une automatisation de
la ventilation.
ZOOM
Mis en place sur la Plateforme Métiers du
Grain, l’installation de stockage expéri-
mentale d’ARVALIS – Institut du végétal
à Boigneville (91), un essai a permis de
comparer le refroidissement de deux cellules de 50 t
de blé tendre, conduit en trois paliers, avec ou sans
automatisme. La ventilation a été soit déclenchée
automatiquement grâce au boîtier Sec-LIS à partir
d’une température consigne, soit manuellement, de
20 h à 8 h.
UN REFROIDISSEMENT PLUS RAPIDE
L’automatisation de la ventilation a confirmé deux
éléments indispensables pour la conservation des
grains : l’efficacité et la rapidité.
L’efficacité : le refroidissement d’une cellule pilo-
tée par un boitier Sec-LIS a été possible en 220 h
contre 480 h pour un déclenchement manuel, pour
une même température finale du grain à 1 °C. Avec
l’automatisation de la ventilation, le refroidisse-
ment du grain est progressif en fonction de l’offre
climatique saisonnière. Il a été plus compliqué
pour le déclenchement manuel par l’opérateur,
notamment sur le palier 3. Entre fin novembre et
début décembre, des évènements climatiques ont
provoqué le réchauffement du grain sur des pé-
riodes de fortes montées de températures (sur 1
ou 2 jours). Le refroidissement a donc été ralenti et
le nombre d’heures de ventilation augmenté.
La rapidité : sur le palier 3, le déclenchement auto-
matique avec Sec-LIS a permis de « capter » dès la
fin octobre les quelques jours où les températures
d’air extérieur étaient efficaces, permettant ainsi
de ramener la température du grain à 7 °C, alors
que pour la modalité « déclenchement manuel »,
la température était de 13 °C pendant tout le mois
de novembre, une plage où la prolifération des ra-
vageurs du grain est possible. Ce refroidissement
plus précoce crée des conditions défavorables au
développement des insectes un mois plus tôt que
pour la modalité « déclenchement manuel ».
© ARVALIS-Institut du végétal
Avec l’automatisation
de la ventilation, le
refroidissement du grain
est progressif en fonction
de l’offre climatique
saisonnière. »
L’essai 2 012 a montré tout l’intérêt
à la fois économique et technique de
l’automatisation de la ventilation.
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