Politique étrangère des États-Unis : Barack Obama et le Moyen-Orient
GéostratéGiques n° 29 • 4
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Cette réaction très négative contraste avec la réception enthousiaste qu’Hillary
Clinton, une autre candidate démocrate, a reçue lorsqu’elle a pris la parole à une
conférence de l’American Israel Public Affairs Committee – Comité américain pour
les affaires publiques d’Israël (AIPAC)
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, le principal lobby d’Israël aux États-Unis.
Afin de capitaliser sur sa position de favorite pour récolter les votes des commu-
nautés juives et se démarquer de son rival, Clinton s’est concentrée sur Israël et sa
sécurité, soulignant que toutes les options étaient sur la table pour une éventuelle
confrontation avec l’Iran sur la question de son programme nucléaire, jugé menace
existentielle pour Israël. En revanche, alors qu’Obama a carrément confirmé : « Je
suis pro-israélien », il a également parlé ostensiblement des Palestiniens. Vers la fin
de son discours, après avoir loué Israël, il a dit : «Nous sommes tous engagés dans
[l’idée de] deux États vivant côte à côte en paix. » Et dès qu’il y aurait des partenaires
palestiniens qui renonceraient à la violence, les négociations de paix avec Israël de-
vraient se dérouler, a-t-il ajouté. Il a uniquement blâmé le Hamas pour le blocage
du processus de paix. Malgré tout, ses remarques ont été timidement reçues.
Selon le compte rendu du New York Times, les contrastes ont été criants dans
l’accueil réservé aux deux candidats. Il y avait de la musique israélienne, une pan-
carte avec le nom de Clinton en hébreu, des banderoles de campagne, des ballons
et une vidéo la montrant au travail. En revanche, les aides d’Obama préparaient
encore une petite plate-forme pour leur candidat à la dernière minute, avec un
minimum de décoration électorale dans la salle. Les assistants d’Obama avaient
indiqué que la rencontre serait une réunion informelle. À la fin, Obama a attiré
près de 1 000 personnes, beaucoup moins que Clinton. Il est nécessaire de rappeler
que Clinton n’a pas toujours été si populaire avec l’électorat juif américain ou le
gouvernement d’Israël. Comme première dame américaine, Hillary Clinton a été
l’un des premiers défenseurs d’un État palestinien. Elle s’est prononcée sur cette
8. En dépit des scandales politiques et accusations d’espionnage qui pèsent lourdement contre
certains de ses membres, l’AIPAC reste le passage obligé des candidats à la présidentielle, et
les présidents en exercice doivent réitérer l’engagement américain dans la protection d’Israël
à la conférence annuelle de l’organisation. L’AIPAC place ses stagiaires dans les bureaux des
membres du Congrès où ils ont un accès privilégié pour rédiger leurs discours, faire de la
recherche ; ils se trouvent dans le cercle intime des membres du Congrès. Les stagiaires sont
des personnes qui, en un sens, deviennent les yeux de l’AIPAC dans les bureaux des membres
du Congrès, des espions. Les stagiaires rédigent également des discours pour le vice-président.
Voir Dennis Bernstein & Jeffrey Blankfort, KPFA/Flashpoints, « AIPAC Lobbying », Audio-
visual item # 286, Transcript of radio program, 6 janvier 2005.
http://www.monabaker.com/pMachine/more.php?id=A2797_0_1_0_M.