Le Vademecum philosophique.com L’évolution I
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I. 1. Le transformisme
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Impossible de comprendre la théorie de l’évolution sans connaître les théories
transformistes qui l’ont précédée. Il faudra donc nous attacher à examiner
nombre d’œuvres aujourd’hui largement oubliées.
Autant en prévenir tout de suite, ce détour historique sera assez fastidieux,
surtout dans la ronde hésitante des idées qui devront être retracées. Souhaitons
néanmoins que cette promenade ressemble à une visite au Museum d’histoire
naturelle de Paris, dont les vieilles salles encombrées de squelettes poussiéreux ne
sont pas sans charme...
Le charme de la découverte tout d’abord : reconnaître que le transformisme,
contrairement à ce qu’on croit généralement, est une très vieille idée, liée à bien
des thèmes inépuisables, comme la prodigalité de la nature, la continuité de ses
formes et créations, le jeu du hasard et de la nécessité. En regard, les idées
fixistes furent relativement nouvelles, qui passent pourtant pour traditionnelles,
soumises aux dogmes religieux. En fait, le fixisme d’un Linné était résolument
moderne en son temps : les productions de la nature, affirme-t-il, sont rares,
discontinues. L’un des premiers, Linné rompt avec l’idée d’une grande chaîne des
êtres. Par comparaison avec les boulimiques Sommes produites jusque-là,
l’histoire naturelle au XVIII° siècle est un exercice de restriction et de
clarification. Or, que découvre-t-on ? Avec Buffon, que le règne de la nature n’est
pas parfaitement ajusté et ses productions non plus. Et, plutôt que prodigue, que
la nature paraît surtout économe. Sur la base de quelques plans d’organisation,
elle multiplie les variétés mais non les genres. C’est là ce que révèle l’anatomie
comparée. Qui verra Goethe, à Venise, méditer sur une mâchoire de mouton. Qui
verra le fixiste Cuvier, parce qu’il prend acte de la discontinuité des formes
vivantes, être bien plus moderne que le transformiste Geoffroy Saint-Hilaire,
malgré ce qu’on en dit.