Influence de la Vitesse de Pré rotation sur le Comportement Dynamique des Joints Lisses Descendants de Turbomachines M. KAMOUNI 1, M. SRITI 2 Formulation et Méthode : 1 L’écoulement est supposé compressible, adiabatique et pleinement turbulent. L’épaisseur du film est supposée suffisamment mince pour négliger les forces de pesanteur et la variation des grandeurs physiques dans la direction radiale. Le gaz est supposé parfait. L’écoulement dans ces joints est gouverné par l’équation de continuité, les équations de conservation de la quantité de mouvement dans les directions axiale et circonférentielle et l’équation de conservation de l’énergie. EST de Fès, Département Génie mécanique et Productique, B.P.2427, Route d’Imouzzer, Fès, Maroc E-Mail: [email protected] 2 FST-Errachidia, Labo. de Mécanique-Energétique, Départ. de Physique, B.P.509, Boutalamine, Errachidia, Maroc E-Mail: [email protected] Introduction : Les joints annulaires sont des éléments mécaniques intégrants de turbomachines. Ils sont intégrés aux entrefers des machines tournantes pour assurer l’étanchéité dynamique tout en évitant l’usure de frottement entre le rotor et le stator. Cependant, leur existence peut modifier les caractéristiques dynamiques de la ligne d’arbre [1]. En vue de contribuer à l’amélioration des performances des joints lisses descendants, le présent travail se base sur un modèle de calcul global pour analyser le comportement dynamique de ce type de joints dans des conditions de fonctionnement variées. L’étude porte, essentiellement, sur l’effet de la vitesse de pré rotation win sur les coefficients dynamiques de ces joints. Les figures 1 et 2 illustrent la géométrie du joint étudié et le système de coordonnées utilisé. Figure 1 : Vue en espace d’un joint lisse descendant ∂ ( ρh ) 1 ∂ ( ρhw) ∂ ( ρhu) =0 + + ∂t R ∂θ ∂z (1) ( ) 1/2 ρu 2 ρu 2 (u + w 2 ) 1/2 f s + u + (w - R ω ) 2 fr 2 2 ∂ u ∂ u w ∂ u ∂ p + +u + ρh = -h ∂ z ∂ z R ∂θ ∂ t 1/2 ρw 2 ρ(w - R ω ) 2 (u + w 2 ) 1/2 f s + u + (w - R ω ) 2 fr 2 2 ∂ w ∂ w w ∂ w h ∂ p + ρh +u + =∂ t ∂ z R ∂ θ R ∂θ ( ) ∂ ( ρ hE ) ∂ ( ρ huE ) 1 ∂ ( ρ hwE ) + + ∂ t ∂ z ∂ θ R 1/2 ρRω(w - R ω ) 2 + u + (w - R ω ) 2 fr = 0 2 u2 w2 avec E = cvT + + 2 2 [ (2) (3) ] (4) p, ρ et T sont respectivement la pression, la densité et la température du fluide. u et w sont respectivement la vitesse axiale et la vitesse circonférentielle de l’écoulement dans le joint. h étant l’épaisseur locale du film. cv est la chaleur spécifique à volume constant. fr et fs sont les coefficients des contraintes de frottement pour un écoulement turbulent relatifs, respectivement, au rotor et au stator. Ces coefficients sont déduits du modèle de Hirs [2] pour les contraintes de frottement visqueux relatives au rotor et au stator : τ r = 1 ρ u 2 + ( w - R ω )2 f r 2 (5) = 1 ρ u 2 + w 2 f (6) s 2 Dans la plupart des applications industrielles, l’effet de la rugosité est pris en considération. Les coefficients de frottement pour des parois rugueuses sont approchés par la formulation de Moody [3] : τ s 1 3 5.10 5 µ 4 δ f s = 0.001375 1 + 10 + h ρh u 2 + w 2 1 2 1 3 δ 5.105 µ fr = 0.0013751 + 104 + h ρh(u2 + (w - Rω )2 )1 2 ( Figure 2 : Vue en coupe longitudinale d’un joint lisse descendant (7) ) (8) ___________________________________________________________________________________________________ 9ième Congrès de Mécanique, FS Semlalia, Marrakech 82 où δ est la longueur caractéristique de la rugosité des parois du rotor et du stator. L’équation d’état pour un gaz parfait est introduite pour éliminer la température dans l’équation de l’énergie. p ρ = ( γ - 1 )c T v (9) où γ est le rapport de chaleur spécifique. Résultats et Discussions: Pour des petits mouvements du centre du rotor par rapport à sa position d’équilibre, les équations de conservation sont linéarisées en fonction de l’excentricité relative ε [ε =2e/(Ce+Cs)<< 1, où e est l’excentricité du rotor par rapport au stator]. Cette méthode de linéarisation conduit à un système différentiel non linéaire en z correspondant aux grandeurs moyennes (p0, ρ0, u0 et w0) de l’écoulement et un système d’équations aux dérivées partielles du premier ordre correspondant aux fluctuations (p1, ρ1, u1 et w1) des mêmes grandeurs [4, 5]. Ces fluctuations sont cherchées de la même forme harmonique que celle de l’épaisseur locale du film. La résolution de ces systèmes nécessite la satisfaction des conditions aux limites qui découlent des équations de la pression d’arrêt pour un écoulement isentropique à l’entrée du joint [6]. La vitesse de pré rotation est une donnée indépendante. A la sortie, le joint débouche dans l’atmosphère. Ensuite, Les forces de pression exercées sur le rotor sont déterminées par intégration des fluctuations de pression le long du joint et le long de la circonférence. Par ailleurs, la relation liant la force au déplacement, la vitesse de déplacement et l’accélération est représentée par le modèle dynamique linéaire [7] suivant : Fx K k x C c x M 0 x - = + + (10) Fy - k K y - c C y 0 M y où (K, k) et (C, c) sont, respectivement, les coefficients direct et croisé de raideur et d’amortissement. M est le coefficient direct de masse ajoutée. F = F (t = 0) = -Ka - cb Ω + Ma Ω 2 r x Ft = F y ( t = 0 ) = ka - Cb Ω Les coefficients dynamiques K, c et M peuvent être obtenus par une régression du second ordre de la composante radiale Fr(Ω) dans l’équation (11). Les coefficients dynamiques C et k sont déterminés par une régression linéaire de la composante tangentielle Ft(Ω) dans l’équation (12). (11) (12) Figure 3: Diagramme des forces de pression et coefficients dynamiques du joint pour une orbite elliptique Comme dans la plupart des applications industrielles, on suppose que le rotor décrit, dans le même sens de rotation de l’arbre, une trajectoire circulaire autour de sa position d’équilibre initiale. Les conditions de fonctionnement du joint sont regroupées dans le tableau 1. Longueur totale du joint Lt Longueur descendante Ld Rayon du rotor R Jeu radial à l’entrée Ce Jeu radial à la sortie Cs Pression amont Pe Pression aval Ps Viscosité dynamique µ Facteur de perte ζ Rugosité de la paroi δ Vitesse de rotation angulaire ω Vitesse de vibration du rotor Ω Température T Rapport. de chaleur spécifique γ 50.8 mm 40.64 mm 76.2 mm 0.381 mm 0.127 mm 3 bars 1 bar 18 10-6 Kg/m.s 0.1 0.813 10-6 m 10000 tr/min 10000 tr/min 300 °K 1.4 Tableau 1 : Géométrie et conditions opératoires du joint Du point de vue stabilité dynamique, la force tangentielle Ft est généralement considérée à l’origine du mouvement orbital qui conduit à l’instabilité du rotor. Le coefficient croisé de raideur k tend souvent à déstabiliser le rotor et il peut être négatif ou positif suivant le signe de la différence des vitesses tangentielles entre l’entrée et la sortie du joint [8]. Le coefficient direct d’amortissement C joue un rôle important sur la stabilité du rotor, il réduit l’effet déstabilisant de la raideur croisée. La force radiale Fr tend, généralement, à centrer le rotor et à réduire l’excentricité dynamique. Cependant, elle a une faible influence sur la stabilité du rotor. En conséquence, les coefficients dynamiques qui contribuent à la force radiale (raideur directe K, amortissement croisé c et masse ajoutée M) ne jouent pas de rôle majeur sur la stabilité ou l’instabilité du rotor. Pour résumer, la stabilité ou l’instabilité du rotor dépend essentiellement des coefficients croisé de raideur k et d’amortissement direct C. Par conséquent, les résultats de ce travail portent, principalement, sur l’effet de la vitesse de pré rotation sur les coefficients de raideur croisée et d’amortissement direct. La figure 4 représente l’effet du rapport win / Rω sur le coefficient de raideur croisée k. Cette figure montre que la raideur croisée croit presque proportionnellement avec l’accroissement de la vitesse de pré-rotation. Ce résultat concorde qualitativement avec les mesures expérimentales ___________________________________________________________________________________________________ 9ième Congrès de Mécanique, FS Semlalia, Marrakech 83 et les prédictions obtenues par Childs et Scharrer [8] et Nelson et al. [9] respectivement dans le cas des joints labyrinthes et des joints à marche utilisés dans des turbines à gaz. En outre, Le coefficient de raideur croisée a un effet déstabilisant. Par conséquent, une valeur minimale est souhaitable pour ce coefficient. [1] D. W. Childs, Turbomachinery Rotordynamic, Phenomena, Modelling and Analysis, J. Wiley & Sons, New York, 1991. [2] Coefficient de raideur croisée k (kN / mm) 0,4 [3] L. Moody, Friction Factors for Pipe Flow, Transactions of the ASME, Vol. 66, 671, 1944. 0,3 0,2 [4] M. Kamouni and M. Sriti, Rotor-dynamic Coefficients for Partially Tapered Annular Seals for Compressible Flow, AMSE Journal, Modelling B, Vol. 74, N° 1, pp. 1-14, 2005. 0,1 0,0 -0,1 [5] M. Kamouni and M. Sriti, Rotor Speed and Inlet Swirl Effects on Leakage and Rotordynamic Coefficients of Tapered Annular Gas Seals, AMSE Journal, Modelling B, Vol.76 , N°6 , pp. 1-14, 2007. -0,2 -0,50 -0,25 0,00 0,25 0,50 Win / Rω Figure 4: Coefficient de raideur croisée k en fonction du rapport de la vitesse de pré rotation sur la vitesse de rotation (win/Rω) La figure 5 représente le coefficient d’amortissement direct C en fonction du rapport win / Rω. Cette figure montre que ce coefficient est très légèrement sensible à la variation de la vitesse de pré-rotation et les valeurs les plus élevées de ce coefficient sont obtenues pour des vitesses de pré rotation légèrement négatives. De plus, l’amortissement direct a un effet stabilisant et une valeur maximale est souhaitable pour ce coefficient. Coefficient d'amortissement direct C (N S / mm) G. G. Hirs, “A Bulk Flow Theory for Turbulent in Lubricant Films”, Journal of Lubrication Technology, pp.137-146, 1973. [6] M. Kamouni, Simulation Numérique du comportement Statique et Dynamique des Joints Annulaires de Turbomachines, Mémoire d’Habilitation Universitaire, Faculté des Sciences et Techniques de Fès, Maroc, 20 Novembre 2007 [7] T. Staubli and M. Bissig, Numerically Calculated Rotordynamic Coefficients of a Pump Rotor Side Space, International Symposium on Stability Control and Rotating Machinery (ISCORMA), South Lake Tahoe, California, 2001. 0,64 [8] D. W. Childs and J. K. Scharrer, Experimental Rotordynamic Coefficients Results for Teeth on Stator Gas Labyrinth Seals, AMSE Trans. Journal of Engineering for Gas and Turbines and Power, Vol. 108, pp. 599-604, 1986 0,60 [9] 0,68 0,56 0,52 -0,75 -0,50 -0,25 0,00 0,25 0,50 C. Nelson, M. Dunn and J. Scharrer, Rotordynamic Coefficients for Stepped Annular Gas Seals, Proceedings of the Third International Conference on Transport Phenomena and Dynamics of Rotating Machinery, Vol. 2 (Dynamics), pp.259-272, Homolulu, 1990. 0,75 Win / Rω Figure 5: Coefficient d’amortissement direct C en fonction du rapport de la vitesse de pré rotation sur la vitesse de rotation (win/Rω) Conclusions : La stabilité dynamique d’un joint lisse descendant est influencée par la valeur et le signe de la vitesse de pré rotation de l’écoulement à l’entrée du joint. La configuration optimale pour les conditions opératoires cidessus, est obtenue pour une vitesse de pré rotation légèrement négative correspondante à un rapport win / Rω compris entre -0.25et 0. Références : ___________________________________________________________________________________________________ 9ième Congrès de Mécanique, FS Semlalia, Marrakech 84